Les consignes du Quai d'Orsay pour ne plus programmer les artistes du Niger, Mali et Burkina Faso
Les artistes du Niger, du Burkina Faso et du Mali ne sont plus les bienvenus sur les scènes françaises : le ministère des Affaires étrangères demande de ne plus programmer en France les artistes qui viennent de ces trois pays, selon un document que nous avons pu consulter.
Est-ce une mesure de rétorsion contre le Niger, le Mali et le Burkina Faso, trois pays dont les nouveaux pouvoirs militaires tournent le dos à la France ? Le Quai d'Orsay demande aux programmateurs de salles et organisateurs de festivals de ne plus inviter d'artistes de ces pays. C’est un mail court et direct, qui ne laisse aucune porte de sortie. Il a été envoyé via les directions des affaires culturelles. Il demande expressément à tous les théâtres, tous les festivals, de suspendre jusqu’à nouvel ordre tous les projets de coopération avec ces trois pays.
Les soutiens financiers suspendus
Le Quai d’Orsay demande aussi la suspension de tous les soutiens financiers qui peuvent être apportés à ces associations, à ces troupes du Mali, du Niger et du Burkina Faso, et de ne plus lancer d’invitation à ces artistes. "Sur instruction du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, il a été décidé de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivante : Mali, Niger, Burkina Faso", écrit le ministère. "Par conséquence, tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception (…) De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée. "
Un coup dur pour les festivals
C’est un coup dur pour les artistes africains, pour leur liberté de parole et cela va compliquer de nombreux festivals à venir. Par exemple, la 40e édition des Francophonies de Limoges qui débute la semaine prochaine, avec une forte programmation africaine. Le metteur en scène burkinabè Hassane Kassi Kouyaté s’inquiète de cette situation et se sent impuissant face à cette décision : "On est tous otage des décisions politiques. Ce sont des décisions qui nous dépassent, mais je les subis en tant qu’organisateur et en tant qu’artiste. C’est d’autant plus difficile que l’on est sur certains projets depuis trois ans. On a une décision qui nous dit que ces artistes ne peuvent plus travailler ici, et c’est très très grave. Je le vis très mal."
Le premier syndicat des entreprises culturelles du secteur public (Syndeac) a demandé ce matin une réunion d’urgence avec le ministère des Affaires étrangères pour tenter de faire infléchir cette décision.
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