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Vous me direz : tâes un croulant, tâes plus brancheÌ, tu dates, mon pote !
Et vous aurez raison.
Je raÌle devant lâeÌcran du seÌquenceur.
Mes doigts me deÌmangent. Taper un forte sur le clavier du piano, placer un grand moulinet de meÌdiator sur cette guitare rythmique, faire claquer un slap sur la corde reÌ de ma basse, accentuer un coup de caisse claire dâun fla bien sec mais je nâai au bout de mes doigts quâune petite souris dâordinateur et, sous les yeux, des cases coloreÌes qui forment, sur lâeÌcran, un grand quadrillage abstrait dans lequel jâai du mal aÌ trouver mes repeÌres, aÌ y imprimer lâhumeur du moment.
Vous me direz : mon pote, si tu devais vraiment produire ta musique ainsi, il te faudrait deÌjaÌ seÌlectionner quelques zicos pour tâaccompagner et, ensuite, disposer dâun camion de mateÌriel pour monter un studio analogique, comme autrefois. Sans parler des temps de reÌpeÌtitions, de prises de son puis de mixage.
Et vous aurez raison.
Alors que, disposant sous linux de tous ces merveilleux outils, si jâeÌtais suffisamment bon, jâaurais reÌveÌ cette nuit dâune meÌlodie, jâaurais passeÌ la matineÌe aÌ bien eÌcrire mes seÌquences, jâaurais passeÌ lâapreÌs-midi aÌ automatiser et mixer lâensemble et, en deÌbut de soireÌe, jâaurais mis en ligne mon Ćuvrette. Qui sait si deÌs le lendemain je nâaurais pas connu la gloire ?
Je vous envie votre maiÌtrise, du coin de votre bureau, de la chaiÌne de production de votre musique, dâen connaiÌtre les outils, les parameÌtres et les interactions. Je vous envie votre culture numeÌrique qui vous procure un reÌfeÌrentiel vous autorisant toutes les audaces sonores, qui vous libeÌre et vous offre des voies inexploreÌes, les voÌtres.
Je vous envie votre moderniteÌ, moi qui reste coinceÌ dans les analogies. Je compte sur vous pour les bandes-son du futur, moi, je deÌclare forfait. Maudit seÌquenceur !
