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(Journal intime tombé du ciel dans mon jardin alors que je binais mes fraisiers. Après sa lecture - qui m'a bouleversé - je ne pouvais décemment garder cet émouvant témoignage pour moi. C'est pourquoi j'ai décidé aujourd'hui de vous révéler ce déchirant cri d'amour et de fraternité)
Seizième jour – L'Énéide sur la Lune
Donc, pour la deuxième fois, nous avions réussi à nous débarrasser de la limace et de son discours baveux. Nous continuions à remplir le baquet des livres à destination de la Terre, ce qui avait l'air de réjouir tout particulièrement Ferdinando, qui riait tout seul à chaque caisse qu'il balançait. Il devait en savoir plus que moi sur ces livres, qui suis pourtant un vrai rat de bibliothèque, mais plus porté sur la poésie latine que sur la technique de l'extraction du pétrole. Bref, ce livre ne m'intéressait pas du tout, et il allait sûrement ne servir qu'à caler des armoires chez ceux qui le recevraient en cadeau, voire être distribué dans les écoles en manque de fournitures scolaires, pour apprendre à lire aux enfants. Ce devait être pour ça que Ferdinando était content, d'imaginer des millions d'enfants s'alphabétiser avec Les vannes ouvertes de l'Amérique Latine, c'était toujours ça de gagné.
Quand on eut expédié le baquet et sa cargaison vers la Terre, Carla retourna creuser son tunnel d'évasion. Quant à Ferdinando, il partit faire son rapport à l'île formidable des Caraïbes en utilisant, comme toujours, la cabine téléphonique qui se trouvait de l'autre côté de la Lune, à l'abri des regards de la Terre. Par prudence, je l'avais moi-même tapissée avec des boîtes d'oeufs à la douzaine, on ne sait jamais.
Je me retrouvai donc seul, ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Je pris mon Gaffiot et me rendis dans la serre où je repris ma traduction de l'Énéide, assis sur le banc dans la douce lumière du lampadaire (mes camarades m'excuseront du choix de cette œuvre à caractère bien réactionnaire et impérialiste, mais je n'arrive pas à m'en détacher : (...) longtemps celui-là, sur la terre jeté, rejeté sur les mers de toute la violence des suprêmes dieux, tant qu'à sévir Junon persista dans sa rancune...)
Seulement voilà. Il était écrit que je ne pourrais jamais être tranquille dans mon exil sur la Lune (parce que, entre nous, ne plus être emmerdé par les voisins, la télé, le baquet bondé, l'info-propagande omniprésente, le faux-culisme, le pousse à la conso j'en passe et des meilleures, a du bon quand même) ; alors que j'entamais le deuxième Chant,
on toqua à la porte,
bon, la suite, à demain.
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Les épisodes précédents : Quinzième jour – le jugement dernier de la ciboulette Quatorzième jour – sauvés par un mauvais titre ! Treizième jour – l’espion qui venait du surgelé Douzième jour – La grande évasion Onzième jour – un troc en échange de la paix Dixième jour – où Ferdinand révèle sa véritable identité Neuvième jour – catastrophe ! Huitième jour – où la limace saute de joie Septième jour – interview-réalité Sixième jour - Le Comte de Monte Cristo Cinquième jour - une idée formidable ! Quatrième jour - description mon pied-à-terre lunaire Troisième jour - les raisons de mon «expatriation» Deuxième jour - description de «l’élastique» Premier jour - Mon arrivée sur la lune Septième jour – interview-réalité Sixième jour - Le Comte de Monte Cristo Cinquième jour - une idée formidable ! Quatrième jour - description mon pied-à-terre lunaire Troisième jour - les raisons de mon «expatriation» Deuxième jour - description de «l’élastique» Premier jour - Mon arrivée sur la lune