#luttedesclasses

wazoox@diasp.eu

La gauche entre régression néolibérale et obsession identitaire - Le Temps des Ruptures

#politique #luttedesclasses

En fin de compte, le choix proposé aujourd’hui aux électeurs par les partis de gauche se décline en deux grands menus : le premier est celui de la gauche gestionnaire, héritière un peu honteuse des années hollande et qui est persuadée qu’on ne peut agir qu’à la marge sur les structures de l’économie. Elle entend gérer au mieux les contradictions du capitalisme néolibéral sans le remettre en question. Le second menu est celui concocté par la France insoumise et les mouvements qui incarnent les luttes écologiques et sociétales. Cette gauche-là prétend reconstruire la société à partir de combats culturels et de valeurs, mais sans s’intéresser au fonctionnement de l’économie contemporaine et aux contraintes qu’elle impose à l’exercice du pouvoir.

Malheureusement, on ne peut que faire le constat que ces deux menus peinent à convaincre et n’empêchent pas la progression électorale de l’extrême droite. Il faudrait donc inventer une troisième gauche, centrée sur les questions productives et économiques, et qui parvienne à s’adresser aux électeurs des classes populaires qui sont aujourd’hui tentés par l’abstention ou le vote RN. Cette gauche peine encore à émerger.

https://letempsdesruptures.fr/index.php/2024/12/12/la-gauche-entre-regression-neoliberale-et-obsession-identitaire/

dandauge@fedi.thechangebook.org

La Sécurité sociale a-t-elle besoin d'être sauvée ?

Image/photo

La Sécurité sociale a-t-elle besoin d'être sauvée ?

Pour l'économiste de la santé Nicolas Da Silva, la Sécurité sociale est en excellente santé financière, et la plus grande menace à laquelle elle fait face n’est pas seulement la liquidation ou la privatisation, mais aussi l’étatisation. Étatisation qui est déjà en cours : https://www.arte.tv/fr/videos/113629-007-A/la-securite-sociale-a-t-elle-besoin-d-etre-sauvee/

Disponible jusqu'au 01/09/2028 - Merci à @ericalkaest@fedi.thechangebook.org pour son partage :)

#troudelasecu #securitesociale #entraide #luttedesclasses #guerreauxpauvres

vincezd@pod.geraspora.de

#grece

Grèce : les dockers du #Pirée bloquent une cargaison de munitions destinée à Israël

Ce jeudi 17 octobre, des dizaines de dockers grecs ont bloqué le chargement d’un conteneur de 21 tonnes de munitions destinées à Israël. Une action ouvrière exemplaire.

https://www.revolutionpermanente.fr/Grece-les-dockers-du-Piree-bloquent-une-cargaison-de-munitions-destinee-a-Israel


A l’heure où Israël poursuit le génocide en Palestine et multiplie les offensives au Liban, plusieurs dizaines de dockers grecs se sont rassemblés jeudi dernier sur le port du Pirée afin d’empêcher physiquement le transfert d’une cargaison. Cette dernière, en provenance de Macédoine du Nord, devait être transportée à bord d’un navire battant pavillon des îles Marshall, en direction d’Israël. Revendiquant leur droit de ne pas participer à l’effort de guerre israélien, les travailleurs ont donné suite à l’appel à mobilisation de leur syndicat.

[…]

#israel #palestine #solidarité #dockers #luttedesclasses #guerre #syndicats

frenchhope@diaspora-fr.org
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NOTRE CHAOS POLITIQUE : explosion de la gauche, violence du bloc bourgeois - Bruno Amable - YouTube ⬅️ URL principale utilisée pour la prévisualisation Diaspora* et avec plus de garantie de disponibilité.

URL Invidious FDN ⬅️ URL théoriquement plus propre : moins de pistage mais moins de garantie de disponibilité dans le temps.

#brunoamable #politique #gauche #droite #blocbourgeois #blocdegauche #blocdedroite #blocsocial #groupesocial #luttedesclasses #libéralismeéconomique #extrêmedroite

‼️ Clause de non-responsabilité v1.0

frenchhope@diaspora-fr.org
wazoox@diasp.eu

«La croyance de luxe, ou la nouvelle stratégie de distinction de nos élites»

#politique #société #racisme #lutteDesClasses #populisme #CommonDecency

Le summum du prestige, c'est de professer des idées dont seul un statut social élevé permet d'éviter les conséquences. Ainsi, en professant publiquement certaines croyances, on signale indirectement notre appartenance à une élite et on renforce la hiérarchie sociale
[...]
Les membres de cette élite, via leurs relais médiatiques, sont les premiers à remettre en question la famille traditionnelle, l'intérêt du mariage, à encourager la permissivité dans l'école publique, à l'accueil d'une immigration massive, au désarmement de la police, à l'écologie punitive, etc. Ils sont également les premiers à moins divorcer, à mettre leurs enfants dans le privé, à habiter loin des zones défavorisées dans des lieux préservés et à voyager régulièrement en avion. Ce n'est pas uniquement une affaire d'hypocrisie. Le prestige est la monnaie la plus importante de l'économie de cette élite. Dans une société de l'abondance matérielle généralisée, il ne suffit plus d'avoir le chauffage, l'électricité, des vêtements de qualité ou une Rolex, il faut trouver un autre moyen de se démarquer des autres classes et de ses concurrents au sein de la même classe. Et cette solution, c'est ce que Rob Henderson, essayiste et docteur en psychologie de l'Université de Cambridge, nomme une «croyance de luxe».

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/la-croyance-de-luxe-ou-la-nouvelle-strategie-de-distinction-de-nos-elites-20231030

wazoox@diasp.eu

Thread by @Emma___Palmer on Thread Reader App – Thread Reader App

#politique #racisme #lutteDesClasses

Je vois que ça part en vrille total, alors je vais mettre les choses au clair sur ma ligne.

  1. J’ai milité au PCF dès mes 15 ans. Mes années lycée ont été consacrées à lire Marx, Gramsci, Frantz Fanon, Proudhon et Simone Weil.
    Au point que mes profs me demandaient
    “d’arrêter de faire des copies de gauchiste”.

  2. Je suis résolument d’une gauche ouvrière, je pense que la destruction du tissu industriel français et la fin de la conscience de classe qui en a découlé est un désastre qui a énormément déplacé le vote ouvrier vers la droite

  3. Je pense que ce déplacement a été accéléré volontairement par une partie de la gauche, devenue majoritaire, qui a œuvré à se trouver d’autres figures opprimées, en mettant 1000 fois plus l’accent sur l’origine, la religion, l’orientation sexuelle, bref les minorités,
    que sur l’appartenance à la classe sociale, invisibilisant complètement le peuple historique de la gauche, l’ouvrier lambda qui jouissait selon cette gauche de l’immense privilège d’être blanc (alors qu’il y a aussi des étrangers qui bossent à l’usine et qu’on se battait aussi
    pour eux mais bref).

  4. Je pense que les discriminations existent, sont multiples et sont TOUTES condamnables.
    Je ne tolérerai jamais qu’on insulte quelqu’un pour son origine supposée, son orientation sexuelle ou sa religion devant moi.

  5. Contrairement à tous les Jean-Pacôme qui m’insultent depuis leur canapé, j’ai fait les boulots les plus pénibles qu’on puisse imaginer, et j’ai constaté de mes yeux l’utilisation d’une main d’œuvre immigrée par le patronat à des fins d’exploitation.
    J’ai d’ailleurs passé un temps certain à aider des collègues à renouveler leur visa, j’ai donné des cours de français gratuitement, j’ai fait de faux certificats d’hébergement pour permettre à leurs enfants d’aller dans un bon établissement, j’ai gueulé dans les préfectures
    quand j’ai constaté que les démarches étaient rendues volontairement incompréhensibles et ubuesques pour les étrangers, je les informais quand un patron essayait de niquer leurs droits, j’ai accompagné des gens à des permanences juridiques, j’ai harcelé des assos d’aide aux
    migrants pour obtenir des réponses à des imbroglios administratifs, j’ai contacté le défenseur des droits pour des contrôles que j’estimais abusifs.

Pas plus tard que la semaine dernière sur un chantier j’ai recadré un type incapable de parler correctement à un ouvrier
étranger, ce qui m’a valu la perte d’une mission pro (et en ce moment les missions sont précieuses).

C’est pas héroïque, c’est juste normal.

  1. Ça n’empêche pas que j’ai des liens avec le périurbain. J’ai grandi dans une zone modeste où ça vote actuellement turbo RN, j’ai des attaches de cœur dans des zones où ça vote turbo RN, alors que c’était moins le cas avant, et ça m’a interpellée dès 2012 alors j’ai eu envie de comprendre.

Puis ces dernières années, j’ai vu que ça se “démocratisait”, que le vote RN sortait des seules zones ouvrières,
gagnait un peu partout, y compris des gens issus de minorités.
Le premier de mes amis qui m’a avoué voter RN s’appelle Samir. Forcément ça m’a interpellée.

Je connais beaucoup de ces gens, que ce soit les ruraux ou les urbains qui votent maintenant RN et le disent .
Contrairement à ceux qui en parlent derrière leur écran, je discute avec eux et ne les considère pas comme des animaux sauvages sans qui la société se porterait mieux. Je suis persuadée depuis la démocratisation du vote RN que leur vote n’est qu’une conséquence de tout ce qui a
été mené avant.

Beaucoup ne sont pas racistes et ne comptent pas armer des néonazis, comme je peux le lire de la part de gens qui reconnaissent volontiers ne jamais avoir parlé avec eux.
Que leur vote soit un problème ok, mais ça n’autorise pas à dire des contrevérités en les
faisant passer pour des nostalgiques du 3e Reich.

Quand on est de gauche et qu’on prône de donner la parole aux concernés, d’expliquer les raisons des comportements, de donner des deuxièmes chances, de permettre même aux pires criminels de se défendre, et qu’on refuse de
haïr les terroristes (ce qui est ma ligne également), on ne peut pas ne pas appliquer ces beaux principes à des gens qui ont “juste” glissé un bulletin de vote. Pardon mais c’est incohérent.

  1. Comme j’ai vu la catastrophe arriver, j’ai rejoint Fakir en 2016. Je trouvais la ligne de Ruffin intéressante. Enfin un mec de gauche qui reparlait de social, qui avait un vrai ancrage territorial dans une région en souffrance qui votait déjà pas mal RN, et j’ai cru très fort à son succès.

Je n’étais pas pour qu’il se présente sous la bannière insoumis,
mais il n’aurait pas pu y aller seul sans appareil politique derrière.

J’ai participé à quelques actions, notamment à une manif des ouvriers de Whirlpool devant leur siège, et je me rappelle des militants LFI qui me reprochaient de défendre des blancs qui n’avaient pas besoin
d’être défendus.

Ce jour-là j’ai compris que cette gauche-là avait gagné la bataille des idées, alors que c’est une gauche citadine, intellectuelle, universitaire, une gauche complètement déconnectée du Français moyen, et c’est la même qui aujourd’hui l’insulte copieusement
sur les réseaux sociaux parce qu’il “vote mal”, alors que c’est elle qui a fait en sorte que les ouvriers ne votent plus pour elle.

  1. J’ai quitté Fakir, je ne milite plus nulle part car je suis dépitée, je suis orpheline politiquement et extrêmement triste de la situation, et je constate que de plus en plus de gens, d’horizons et d’origines diverses et variées, me disent voter RN ou penser à le faire.

Je vois aussi que la gauche ne se rend pas compte que son électorat est majoritairement une petite élite citadine qui s’autovalide dans un petit
cercle hyper fermé, qu’elle insulte les gens qui ne pensent pas comme elle, qu’elle est absente sur le terrain là où il faudrait, qu’elle fait du clientélisme crasse auprès de gens racisés qui pour beaucoup ne se sentent pas représentés par elle, qu’elle est fière d’avoir perdu
l’électorat populaire, qu’elle pratique du mépris social typique de la bourgeoisie, qu’elle se moque des gens qui ont peu de diplôme, qu’elle est prête à renier toutes ses valeurs si ça lui permet d’insulter les électeurs qui ne lui plaisent pas.

Alors désolée mais non je ne me
reconnais pas dans cette gauche qui nie les problèmes d’une partie des Français, qui n’a rien fait depuis 30 ans pour les résoudre et limiter le vote populiste, qui explique que les pauvres qui ont de l’insécurité en bas de chez eux ne sont pas un sujet ou mentent carrément,
et je désespère de voir que Ruffin va peut-être perdre sa circo.

Et oui j’aime mes amis même quand ils votent RN, et ils sont probablement plus ouverts d’esprit que ne le seront jamais les bourgeois de gauche qui n’ont jamais vu un étranger de trop près.

https://threadreaderapp.com/thread/1808536400171536521.html

magdoz@diaspora.psyco.fr

DE #MACRON AU #RN : les #PARASITES sont prêts à TOUT pour maintenir leurs INTÉRÊTS - Nicolas #Framont
https://indymotion.fr/w/d1704109-416d-4af7-8a88-233a6aea25d5

#NicolasFRAMONT est rédacteur en chef du magazine #Frustration. Ses recherches portent sur la #sociologie de la #bourgeoisie et du #travail, et il est l'auteur de « Parasites » (Ed. LLL). Le parasite est un « organisme qui se nourrit strictement aux dépens d’un organisme hôte d’une espèce différente ». Or, dans notre #société, les parasites sont incarnés dans la classe bourgeoise. Dans cet entretien par Olivier Berruyer pour Élucid, Nicolas Framont montre que la lutte des classes est loin d'être terminée, et que par delà les beaux discours accrédités par le système #politique et médiatique, quelques privilégiés pillent et exploitent la majorité d'entre nous, sans que rien de valable ne puisse justifier cette injustice. Alors que les forces politiques sont en pleine recomposition suite à la #dissolution d'Emmanuel Macron, plus que jamais les intérêts de la bourgeoisie mènent la danse.

❤️❤️ Clause de défense du logiciel libre : Expert ou novice, le logiciel libre a besoin d'une chose : qu'on le fasse vivre ‼️ Donc n'hésite pas à donner la priorité à Peertube au lieu de Youtube, quand c'est possible, n'hésite pas à privilégier une info diffusée par un site avec peu ou pas de traqueur, plutôt qu'un site capitaliste putaclic, bref, mets en avant ce qui fait notre force ici sur Diaspora, le logiciel libre et décentralisé. Et ne t'inquiète pas, les GAFAM et autres twitter/X ne disparaîtront pas, laisse aux autres les mauvaises habitudes. Avec bienveillance pour nous tous, car trop de youtube et hop, le jour où ton message dérange, couic, censure : veille à préserver, pour notre bien, le logiciel libre, en le faisant vivre. ❤️❤️ 😜 ‼️ Mots clés : Recherche Peertube - Framalibre - Clients youtube - Retrouver un lien vidéo youtube à partir d'un lien Invidious/Piped - uBlock Origin - LibRedirect - Protéger sa navigation sous Firefox - Fediverse - Logiciel Libre : à diffuser autour de vous ! - Rien à cacher | Nothing To Hide -

#Politique #Capitalisme #Domination #Patrons #Richesse #Actionnaires #LutteDesClasses #Médias

namas@diaspora-fr.org

Edouard Luis sur Blast : la politique, ça se joue avant tout dans nos #corps et avec la #souffrance ... En voilà un mec premier-ministrable, si le front pop' ne veut pas de Marine Tondelier ou de Clémentine Autain 🌝 (pour pas se contenter de Valérie Rabault ou Carole Delga)

#extremedroite #macron #fascisme et cie et surtout #luttedesclasses #politique #actualite

... aussi #littérature dont "le rôle a changé", #psy #feminisme et #homosexualite un peu mais surtout #violence #social et #gauche #pop :

"Il n'y a que le mal qui puisse être extrémiste (...) la gauche ne peut pas l'être"

« On hait les transfuges de classe comme on hait les personnes transgenre. Les personnes qui ne veulent pas que le monde change se demandent ça, comment maintenir l’ordre social ?

Entre une classe et une autre, il n’y a pas une porte, il y a 800 portes : comment on s’habille, comment on mange, comment on parle, avec quel accent, comment on soigne ses dents, etc. (...)
Le discours de la trahison relève d’une tradition droitière. (…) Les classes sociales c’est pas esthétique, c’est pas symbolique. C’est une question de vie ou de mort.
(…) Aujourd’hui en France, si vous êtes des classes populaires, vous avez une chance sur deux de mourir avant 65 ans. »

... et à la fin, ce qui me semble le plus intéressant, sur l'organisation collective un peu et comment on s'y prend dans ce monde de barges :

"Raconter la fuite, c'est rendre l'expérience possible pour les autres."

https://www.youtube.com/watch?v=Wu9vCDr019Q

wazoox@diasp.eu

Le mal-travail est l'enfant du néolibéralisme et de l'euro - Frédéric Farah - Élucid

#politique #exploitation #luttedesclasses #UE #euro #teamKarlito

Le débat sur le travail est un débat récurrent dans notre société. On peut revenir près de trente ans en arrière lorsque dans des échanges de belle qualité, Dominique Schnapper et Robert Castel croisaient le fer avec Dominique Méda sur la centralité ou non du travail dans notre société alors très largement traversée par un chômage de masse. Mais cette belle controverse s’éclipsa sous l’effet d’une croissance retrouvée pendant trois années, de 1998 à 2001, laissant entendre que le plein emploi devenait presque une réalité. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts et la question du travail est revenue sur les devants de la scène politique, notamment via les discours du gouvernement sur les « assistés » et la « défense de la France qui travaille ».

Depuis plus de trente ans, l’antienne libérale s’est diffusée jusqu’à devenir la doxa inexpugnable du moment. L’État social serait un État « coûteux » qui pousserait au loisir et donnerait toutes les raisons de ne rien faire et de vivre « au crochet de la collectivité ». D’où l’éternel contrôle des chômeurs jugés par essence comme profiteurs et habités par la paresse. Que dire des bénéficiaires du RSA jugés complaisants à l’égard de leur situation. Sans compter les mesures prises par les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron depuis 2017, qui ont réduit les droits des chômeurs et facilité les licenciements.

C’est donc un faux « plein emploi » par le bas qui l’emporte en France. Ainsi, le gouvernement conduit par un Premier ministre de 35 ans et un président de 46 ans redonne vie à la pensée des années 1970 de Margaret Thatcher... L’âge des acteurs n’est pas souvent l’âge de leurs pensées ou de leurs inspirations. Un archaïsme économique dissimulé dans des corps jeunes : voilà la marque de fabrique d’un certain macronisme.

La thématique du travail se fait récurrente sur d’autres thèmes. La productivité française serait déclinante, et les libéraux s'empressent de crier malheur aux 35 heures ou encore à la « flemme française » qui réclame vacances et plus. Mais discours libéral oublie des questions centrales comme la dégradation des conditions de travail. Le « mal-travail », pour reprendre l’expression du député et réalisateur François Ruffin, est probablement l’élément crucial du débat actuel. Ce dernier en a fait un ouvrage qui mérite un arrêt pour mesurer l’ampleur du phénomène, et la nécessité d’y réfléchir pour apporter une réponse sérieuse à la question.

Le récent ouvrage de François Ruffin, Mal-travail : le choix des élites, porte déjà un titre riche de sous-entendus qui dénonce les tragiques résultats sociaux des politiques néolibérales.
Une stratégie low cost aux conséquences sociales tragiques

Depuis plus d'une trentaine d'années, les gouvernements ont mené une stratégie low cost qui a malmené le travail et lui a fait perdre du sens et de l’intérêt. Pour rendre sa démonstration efficace, François Ruffin fait des aller-retour entre le terrain et les références académiques, notamment les travaux de Bruno Palier, chercheur à Sciences Po Paris, qui a dirigé un ouvrage de référence, Que sait-on du travail ?.

Ruffin retrace les raisons de ces choix politiques désastreux, de la promotion du libre-échange à la concurrence libre et non faussée au niveau européen, en passant par l'obsession de la compétitivité à tous les étages. C'est tout cela qui rend possible le mal-travail. Ces choix ont pris naissance alors que le chômage de masse demeurait le nœud central des sociétés occidentales contemporaines. Dans ce contexte, les travailleurs et leurs droits ont été perçus comme autant de freins à la bonne marche de l’économie. Le mal-travail est donc avant toute chose un travail externalisé, mal fait et pressé.

François Ruffin s'oppose fermement aux idées selon lesquelles les Français n’aimeraient pas travailler ou auraient une préférence pour le chômage. Ce sont les conditions de travail et du travail qui sont altérées. Les logiques de rentabilité et d’attrition des moyens dans les services publics, obligent les individus à exercer leurs métiers dans des conditions difficiles. Pire, à travers les exemples de salariés, il illustre comment les métiers du soin, de l’enseignement, du social et des services publics sont réalisés dans des conditions de souffrance aussi bien pour leurs titulaires que pour leurs usagers.
Les symptômes du mal-travail

Les signes de ce mal sont connus : la montée en charge des accidents du travail, la perte de productivité, les phénomènes de burn-out, le développement préoccupant des travailleurs pauvres, etc.

Ruffin rappelle que la France se classe aux pires places des podiums européens en ce qui concerne le mal-être ou, pire, les morts au travail. On dénombre plus de 600 morts au travail par an en France. Il en va de même pour les contraintes psychiques et physiques : la France fait pire que l’Allemagne, l’Espagne ou le Danemark. Notre pays est aussi en retard pour le développement des carrières et la formation professionnelle.

De ces situations se dégagent d’étranges et préoccupants paradoxes : la France se situe parmi les pays riches du continent et reste protectrice en matière d’institutions du marché du travail, mais dans les faits, elle malmène sa main-d'œuvre. Les contraintes qu’exerce le travail sur le corps et les esprits, loin de se relâcher, s’amplifient depuis maintenant quarante ans.

Les Français aiment leur travail d’autant plus qu’il est porteur de sens pour soi et la collectivité, mais ils l’exercent dans des conditions de souffrance. Les délais se raccourcissent, la pression managériale devient incessante. Les contraintes et le mal-travail ne s’abattent pas seulement sur le monde ouvrier, mais aussi sur les cadres et les professions intermédiaires. Les suicides chez France Telecom ou Renault au début des années 2000 en attestent.

Dans cette perspective low cost, le travail a été dévalué à tous les étages depuis quarante ans. Le droit du travail a été largement perçu comme un frein à l’efficacité des organisations, sans compter le recours à une externalisation massive et à de trop nombreuses délocalisations. Quant à la politique d’exonérations des charges sociales, elle a eu pour effet de promouvoir largement un travail peu qualifié, et a contribué à écraser l’échelle des salaires.

Mais si la démonstration de François Ruffin est profonde tant elle s’appuie sur les travaux de Bruno Palier, un point aveugle surgit néanmoins : le rôle de l'euro.
La monnaie unique point aveugle de la démonstration

Ce point aveugle est commun à toute une partie de la gauche française qui, pourtant, est si sensible aux questions sociales. Les effets de la monnaie unique, grande absente de l'ouvrage, est selon nous une cause majeure du mal-travail dénoncé à juste titre par François Ruffin. L'euro impose une rigidité qui empêche toute dévaluation pour des besoins de compétitivité. Et dès lors, la flexibilité perdue sur la monnaie est récupérée sur le travail par le néolibéralisme.

C'est ce qui explique la promotion de la flexibilité en Europe dans les années 1990 et l'obsession pour le coût du travail : la dévaluation de la monnaie a été remplacée par la dévaluation des travailleurs et de leurs de droits. L'environnement du marché et de la monnaie uniques ne pouvait créer qu'une tendance vers le mal-travail. Dès lors, tant que la monnaie unique continuera d'exister dans la forme que l'on connaît, l'une des causes centrales du mal-travail persistera. Certes, il sera toujours possible d'en aménager les effets, mais la racine du problème restera néanmoins entière.

Sans doute inquiet de l'impossibilité apparente de défaire l'édifice monétaire européen ou des conséquences d'une telle entreprise, François Ruffin préfère se concentrer sur des causes internes certes fondamentales, mais qui ne peuvent s'entendre qu'en articulation avec le cadre économique général.

Nous ne le dirons jamais assez : la monnaie unique et ses effets sur la sphère sociale et le monde du travail restent les impensés de la gauche française. Son apparente naïveté de croire que la monnaie unique n’est qu’un instrument que l’on peut conduire dans un sens ou un autre a été largement payée par les travailleurs. On le voit aujourd’hui à gauche, certains peuvent se plaindre de la politique de la Banque centrale, mais rien n’y fait, le pouvoir du peuple souverain sur la monnaie est nul.

Ruffin dénonce également – et à juste titre – le management à la française, particulièrement le « lean management » fait de verticalité et de peu d’autonomie pour les salariés. Dans le même ordre d’idées, se déploie toute une gouvernance par les nombres, pour reprendre Alain Supiot : les travailleurs sont pris dans la logique de la multiplication des indicateurs en tout sens à observer, par un contrôle très fort des salariés et pire, par la mise en œuvre de réformes imaginées par des « planneurs », ces ministres et haut-fonctionnaires qui pensent le travail loin des collectifs de travailleurs et contre les travailleurs eux-mêmes. Ces « planneurs » sont issus de la culture élitaire française, imbue de sa supériorité comme l’atteste le macronisme jusqu’à la caricature. Dans ce cadre, ce sont bien souvent les organisations syndicales qui en pâtissent et qui voient leur rôle dévalorisé.

Au-delà des malheureux accidents du travail, de l'augmentation des troubles psychologiques au travail, sans parler des arrêts maladie, un autre conséquence du mal-travail apparaît : le développement des « inaptes ». 216 000 salariés seraient ainsi considérés comme inaptes au travail chaque année. François Ruffin a raison de s’insurger d'un tel constat, puisqu’au lieu de reconnaître un problème d’organisation du travail qui ne serait pas capable de proposer des modalités de travail différentes, ce sont les individus qui sont désignés comme incapables d’exercer une tâche.

En somme, le mal-travail, c’est de la mauvaise économie comme aurait dit Bourdieu, les économies faites d’un côté sont perdues de l’autre par l’explosion des coûts des accidents du travail, de la perte du sens au travail, et par la désertion des services publics qui assurent la cohésion sociale d’un pays : professeurs, infirmiers et infirmières, policiers et autres métiers du social. La collectivité est toute entière perdante, mais au lieu de s’attaquer à la racine du mal, ce sont les travailleurs qui sont désignés comme des individus fragiles et trop exigeants.

La réalité est toute autre : le travail tue, le travail rend pauvre, le travail rend malade. Ce ne sont pas des malédictions, mais les résultats de choix politiques qui s’inscrivent dans le cycle néolibéral dont la fin prochaine est toujours reportée à demain.

François Ruffin réclame des solutions concrètes par la voie démocratique, c’est-à-dire une reprise en main d’une partie de la direction des entreprises par les salariés, afin qu’ils soient davantage associés à l’organisation et aux décisions des entreprises. Il retrouve là un vieux combat de la gauche : faire entrer la démocratie dans le lieu du travail, un vieil idéal qui a accompagné le XXe siècle et fait rêver certains d’une autogestion des entreprises.

Le livre de François Ruffin est tout à fait passionnant, tant il est documenté par les témoignages d’hommes et de femmes qui vivent leur travail dans des conditions difficiles mais avec vaillance, et aussi par un riche appareil académique qui rend la démonstration encore plus implacable.

Sans céder au pessimisme, on peut douter que les espoirs de François Ruffin trouvent une immédiate satisfaction. Une gauche plus soucieuse du social n’est pas prête à advenir aux affaires et reste pour le moment minoritaire... Malheureusement, il semble que le travail dévalué ait encore de beaux jours devant lui ; l’aliénation identifiée par Marx il y a presque deux siècles est toujours bien présente et ses métamorphoses ne sont pas finies. Le vieil appel de 1848 dans un certain Manifeste, « prolétaires de tous les pays unissez-vous », retentit en 2024 avec une étrange justesse.

https://elucid.media/societe/le-mal-travail-est-l-enfant-du-neoliberalisme-et-de-l-euro-frederic-farah