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LE BON USAGE DE L'AMITIÉ

Je ne croyais pas pouvoir faire comprendre cela à la fille du rocher. Je n'avais même pas essayé. Cependant, quand elle m'avait dit :
« T'as qu'à y aller, sur ton tourniquet… »
je m'étais mise à penser tout haut, debout à côté d'elle. Pendant ce temps-là, elle était restée accroupie, la tête baissée, remuant la terre avec son seau. Je croyais qu'elle ne m'écoutait même pas, que je n'avais plus qu'à m'en aller…

Elle se leva soudain, me prit la main et me dit :
« Alors, viens ! Entre dans mon jeu ! C'est facile : fais comme moi et répète ce que je dis ! »

C'est ainsi qu'elle devint mon amie.

Plus tard, Maman m'appela parce qu'il était l'heure de rentrer à la maison pour goûter. Avant de partir, je souhaitai retourner auprès de mon amie pour lui dire au revoir et l'embrasser, comme il est d'usage entre amis. Maman me le permit, à condition que je me dépêchasse.

Je courus vers la fille du rocher et la pris dans mes bras. De son côté, elle se dégagea promptement de mon embrassade, me jeta un regard trouble et me demanda :
« Qu'est-ce qui te prend ?
- Ben, je viens te dire au revoir parce qu'il faut que je rentre à la maison pour goûter. »

répondis-je.

En fait, ce qui l'avait choquée, ce n'était pas la raison de mon départ.

« Pourquoi je t'embrasserais ? J'te connais pas ! »
me dit-elle.

« Ben si, c'est moi ! On a joué ensemble. Tu te rappelles pas ? »

Je n'y comprenais rien. Je regardai autour de moi pour m'assurer qu'il n'y avait pas là une autre fille qui lui ressemblait. Où était passée mon amie ?

Finalement, j'eus la confirmation que c'était bien elle quand je l'entendis répéter ce qu'elle m'avait dit tout à l'heure :
« Je joue avec tous les enfants que je rencontre sur mon rocher, un jour toi, un jour quelqu'un d'autre… »

Elle ajouta alors :
« …mais j'embrasse pas tout le monde et n'importe qui. J'embrasse seulement ma mère. »

Derrière moi, au loin, une voix appela :
« Angélique ! Angélique ! »

C'était ma mère qui me pressait de revenir.

Désemparée, je redescendis du rocher en pleurant. Ce que voyant, ma mère gronda :
« Tu ne vas tout de même pas faire une comédie pour rentrer, non ?
- Èe veut pas m'embrasser, èe m'connait pas ; j'suis pas son amie. »

expliquai-je au milieu de mes sanglots.

Ayant vu la scène de loin, la dame, à qui Maman avait adressé la parole à notre arrivée, appela sa fille et s'enquit de la raison de mes pleurs.

Gentiment, elle dit à sa fille, en parlant de moi :
« Eh bien, embrasse la petite fille ! »

La fille du rocher eut un geste de recul et regarda sa mère avec un air interrogateur, comme s'il lui eut paru que m'embrasser fût contraire aux usages.

La dame précisa dans un sourire :
« Par politesse, ça se fait. »

Comme si une barrière de passage à niveau venait d'être levée, la fille s'avança et me fit la bise.

La dame se baissa vers moi et me dit :
« Tu veux être son amie ? Elle s'appelle Caroline. Tu t'en souviendras ? »

C'était quand j'avais quatre ans et demi.


SEX AND DESTROY un nouveau son rock ?
1ère partie : DATE ET LIEU DE NAISSANCE
Chapitre 4 : Les garçons de la maternelle
section 5 sur 10


#amitié #politesse #enfance #bise #mère

mimoutte@diaspora.psyco.fr

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Ouistreham,
Ouistreham ou l’histoire d’une trahison, par Emmanuel CARRERE d’après le livre Les quais de Ouistrehan de Florence AUBENAS. Témoigner de l’exploitation des salariés des services d’entretien, quoi de plus louable et c’est vrai pour tous ceux qui ne sont pas passés par cette case, le film, comme le livre, est à l’évidence une révélation, un éclairage cru et sans concession sur la violence au travail de ces « invisibles ». Après qu’une plongée in situ soit indispensable pour mieux décrire ces conditions de vie, on peut comprendre, surtout pour une journaliste parisienne tendance bobo. Mais mentir sur sa situation véritable pour faire partie intégrale de cette communauté, avoir besoin de ce subterfuge pour contourner les barrières sociales paralysantes, et se faire accepter c’est un autre problème, qu’à juste titre certaines ne pardonnent pas. Journaliste, écrivain, Binoche \Aubenas fait passer son travail avant la sincérité, la loyauté, l’amitié, que les « autres » lui ont données sans retenue. Elle le sait, elle culpabilise, elle en souffre. La mise en scène de cette trahison est peut-être le prix à payer pour un  reportage réaliste et  émouvant. Il faut peut-être accepter cette ambivalence, sans doute incontournable, même si elle ajoute encore un peu de tristesse et de désillusions au vécu déjà douloureux de ces protagonistes involontaires.

mimoutte@diaspora.psyco.fr

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🎼J’ai usé mes pieds sur la terre
🎼J’ai usé mes yeux en plein au soleil
🎼Au-delà de là, ici ou là et puis voila

🎼J’ai usé ma bouche aux fruits des merveilles
🎼J’ai usé ma carcasse par vents et marées
🎼Au-delà de là, ici ou là et puis voila

🎼J’ai usé l’amitié et l’amour quelquefois aussi
🎼J’ai usé le temps à chercher, perdre et espérer
🎼Au-delà de là, ici ou là et puis voila

🎼J’ai usé toutes les chaînes pour aller un peu plus loin
🎼J’ai tout usé sans aucun remord et ça valait le coup.
🎼Au-delà de là, ici ou là et puis voila 🎶🎶🎶

La prochaine fois je vous le chanterai !!!!