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Fantaisie sur « La plage de Heyst » par Félicien Rops 1886,
La femme de la plage,
Câest sĂ»r pour la plage du Nord. Rien Ă reprocher non plus Ă la description du tableau (je vous y renvoie), mais pour le reste jâai une toute autre idĂ©e sur lâhistoire de la dameâŠ. « Que fait-elle lĂ cette femme ? Sur cette plage, ainsi habillĂ©eâŠ.? On aimerait la connaĂźtre, savoir son histoire ».
MĂ©lanie est ravie, ses cousins de Bruxelles sont venus la voir, ça faisait bien 4 / 5 ans quâelle ne les avait pas vus. Ils lâont surprise ce matin. AprĂšs de joyeuses retrouvailles et un copieux repas, Ils ont insistĂ© pour quâelle vienne avec eux sur la plage comme autrefois. Elle a regimbĂ© prĂ©textant du travail en retard. Mais finalement elle sâest laisser convaincre. Il faut dire que le repas Ă Ă©tĂ© bien arrosĂ© et quâelle nâa pas trop lâhabitude de ces fantaisies lĂ .
Ses cousins ont toujours Ă©tĂ© gentils et prĂ©venants avec elle. Câest sa seule famille. Elle reçoit quelquefois de leurs nouvelles, une carte postale de Paris, de Berlin ou de plus loin. Ils ont une bonne situation dans le commerce des cĂ©rĂ©ales et se proposent toujours Ă lâaider. Mais MĂ©lanie aime bien son travail, sa vie au grand air avec les bĂȘtes, la nature et surtout son indĂ©pendance. Deux vaches, trois cochons, quelques brebis, le poulailler et le jardin potager suffisent amplement Ă lâoccuper du matin au soir. Elle ne pourrait de toute façon pas travailler plus de terre. Trouver dâhonnĂȘtes travailleurs pour lâaider nâest pas si facile, surtout pour une femme seule. Elle les a laissĂ© sur la plage en tenue de bain, barbotant Ă moitiĂ© nus. Quelle Ă©poque ! Jamais de son temps on aurait tolĂ©rĂ© une telle dĂ©sinvolture. Mais ils sont jeunes, joyeux, modernes, ils profitent de la vie, ils ont bien raison. Elle a dĂ©cidĂ© de longer la plage, dâaller jusquâĂ la jetĂ©e, de profiter de cette belle journĂ©e pour promener, une distraction rare Ă la ferme. Bien sĂ»r elle se rend compte de sa tenue insolite de paysanne sur cette plage. Personne ne peut la reconnaĂźtre, Ce nâest pas demain la veille quâelle pourra recommencer lâexpĂ©rience. Il faut quâelle prĂ©pare la chambre et un bon repas pour ce soir. Peut ĂȘtre un civet de lapin, elle en a un qui est prĂȘt. Elle comptait le vendre samedi au marchĂ© mais elle prĂ©fĂšre en profiter avec ses invitĂ©s, câest fĂȘte. Il reste du vin de midi, une tomme de ses vaches, ils vont se rĂ©galer et en plus ils ne sont pas trop difficiles Ă satisfaire. Ici tout leur plaĂźt, ils retrouvent leur enfance, les vacances avec mes parents. Ils passaient toujours une quinzaine de jours avec nous. Puis je remontais avec eux sur Bruxelles oĂč jâĂ©tais placĂ©e comme bonne Ă tout faire chez les bourgeois. Quelquefois on se retrouvait pour mes jours de repos, les fĂȘtes. JâĂ©tais un peu leur grande sĆur. CâĂ©tait finalement une belle Ă©poque, mĂȘme si le travail nâĂ©tait pas toujours facile.
Je ne suis pas vraiment jolie et pourtant, jâen ai eu moi aussi des amourettes Ă la grande ville, mais je ne suis jamais tombĂ©e vraiment amoureuse, sauf une fois, mais il Ă©tait mariĂ©. Je suis restĂ©e vieille fille aux grands dam de mes parents qui auraient bien voulu avoir des petits enfants. Je nâai pas trop de regrets, un ou deux gars du coin aurait bien voulu me marier, mais câĂ©taient surtout une travailleuse Ă moindre coĂ»t et les terres quâils lorgnaient. Jâai refusé⊠Ăa ne sâest pas fait. Le temps est passĂ©, câest comme ça. Le plus dur câest les longues soirĂ©es dâhiver avec personne Ă qui se confier. Et puis un ou deux bambins qui courent dans les jambes ça mâaurait bien plu aussi, câest trop tard. Jâai quarante ans tout nâest peut ĂȘtre pas fini ?⊠Un jourâŠ. pourquoi pas ? Rencontrer quelquâun, un compagnon, un amoureux qui sait âŠ. Mais voilĂ que tu rĂȘves ma pauvre fille ! âŠ..tout ce charivari ne te rĂ©ussit pas. Allons, allons il est temps de retourner Ă tes moutons. Mireille MOUTTE