#Baudelaire et #Mallarmé ont fait de #Poe un grand auteur français. Un maître du #fantastique, un ancêtre de la #science_fiction , un #poète digne de #Valéry . Mais au prix d’un énorme sacrifice, qui consistait à ignorer un tiers des contes, la moitié des poèmes et presque toute l’oeuvre critique. Cette édition offre, pour la première fois en #France , la totalité des contes et des poèmes, accompagnés d’un choix d’essais critiques. Les traductions de Claude #Richard et de Jean-Marie #Maguin , jointes à celles de #Baudelaire et de #Mallarmé , font apparaître un auteur infiniment plus complexe et plus moderne. Poe est d’abord un grand humoriste qui se joue de toutes les modes littéraires, un parodiste qui arrache tous les masques. Un poète, enfin, qui ne cesse de dénoncer l’illusoire pouvoir des mots. Le seul, pourtant, qui nous soit concédé et qui nous aide à vivre. Il fallait enfin rendre Poe à Poe, rétablir les dimensions d’une oeuvre qui, avant d’être française, reste profondément américaine. « Dans les lettres comme dans la politique, disait-il, nous avons besoin d’une Déclaration d’Indépendance, et surtout – ce qui serait mieux – d’une déclaration de guerre. » On ne saurait affirmer plus violemment son originalité.
La narration, chez Poe, est marquée par la polysémie, dont témoignent les nombreux jeux de mot, dans les textes tragiques comme dans les textes comiques. Le narrateur, qui se signale le plus souvent par des lectures néfastes (littérature fantastique à l'allemande, romans gothiques, ésotérisme, métaphysique), décrit une histoire déformée par sa fancy, il ne maîtrise pas son écriture, dans laquelle plusieurs indices permettent d'appréhender la réalité sous-jacente.
Nombre d'histoires d'Edgar Poe, principalement celles qui devaient figurer dans les Contes de l'In-Folio, qu'elles relèvent du tragique ou du comique, appartiennent au registre de la parodie. (...) L'histoire repose sur la croyance en la métempsycose, pour laquelle Edgar Poe a toujours manifesté un profond mépris et qui relevait pour lui de l'aliénation mentale. Dans "Le Duc de l'Omelette", il se moque des maniérismes et du style affecté de Nathaniel Parker Willis. Dans "Un événement à Jérusalem", qui reprend un roman de Horace Smith, Zilhah, a Tale of the Holy City (1829), il ridiculise l'orientalisme des romantiques. Quant à "Manuscrit trouvé dans une bouteille", il représente un pastiche des récits de voyage. (...) "Le Roi Peste", de son côté, démonte les mécanismes du roman Vivian Grey (1826), récit plein de fantaisie débridée à travers lequel, non sans incongruité, Benjamin Disraeli entendait dénoncer l'ivrognerie. De même, dans "Comment écrire un article à la « Blackwood »" et "A Predicament", la satire dénonce l'absurdité des contes à sensation, qui faisaient la fortune du Blackwood's Magazine, très célèbre revue d'Édimbourg. Quant à l'héroïne, Psyché Zenobia, c'est une femme de lettres américaine, un « bas-bleu », Margaret Fuller, dont les sympathies pour les transcendantalistes suffisaient à énerver Poe.
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