#maman

angeliqueandthehord@diaspora-fr.org

LE GRAND ORATEUR

Lorsque Maman et moi apparûmes dans le décor, un monsieur était là. Son visage buriné était entouré de boucles bondes, collées par la sueur et la poussière, qu'il cachait sous une casquette. Il était assis sur un muret, accoudé à un gros sac de voyage posé à côté de lui, à main droite ; tandis que sur sa gauche, sur le muret, était posée une bouteille de boisson alcoolisée.

Le monsieur parlait fort, il parlait à tout le monde, aux passants. Comme les p'tits jeunes, il exprimait le message du lieu mais avec plus de charisme. Il prêtait sa voix à l'esprit du lieu qu'il se faisait gloire d'incarner. Il disait… euh… genre :
« Qu'est-ce que vous avez tous à baisser la tête ? Ouvrez les yeux ! Regardez autour de vous ! Y a rien à acheter, ici, rien à vendre. On n'en veut pas à votre argent. De quoi avez-vous peur ? Moi, j'ai pas peur. J'ai dormi ici, moi, cette nuit, tout seul. J'ai écouté le cri des pierres. Et vous, pourquoi ne voulez-vous rien entendre ?… Qu'est-ce qui vous dérange ? Vous voulez tout raser et reconstruire par-dessus pour vous donner l'impression que tout a disparu mais rien de ce qui est là ne disparaitra jamais. Vous pouvez seulement le cacher sous votre béton mais tôt ou tard, ça pètera de nouveau… »

Wouah ! Comme il parlait bien.

Ses paroles furent efficaces. Deux grandes personnes qui auraient dû se croiser les yeux baissés se regardèrent et se parlèrent : Maman et une autre dame.

Je la vis arriver en face de nous. C'était une dame aux cheveux décolorés et au visage maquillé, vraiment pas le genre de dame à parler avec Maman.

Maman, elle ne se maquillait jamais. Le dimanche, quand nous allions chez certains invités, elle se faisait une mise en plis et mettait de la laque sur ses cheveux. Le reste du temps, elle était naturelle.

Avec la mèche rebelle, l'œil dur et le nez crochu, ma mère avait l'air d'une sorcière. Les belles dames maquillées n'avaient pas envie de lui parler, en général.

Seulement, voilà : la raison des adultes revient toujours à celui qui a le dernier mot ; dernier mot que la dame aux cheveux décolorés et au visage maquillé ne voulait pas laisser au monsieur qui avait parlé fort. Elle voulait ajouter quelque chose derrière lui mais elle avait peur de lui dire en face. Elle préférait biaiser, répondre d'une manière indirecte en s'adressant à une tierce personne.

Comme il n'y avait là que Maman et moi et que Maman faisait moins peur que le monsieur, elle s'approcha de nous, sourit à Maman comme si c'était sa copine et lui dit :
« Il ferait mieux de travailler. »

Ma mère qui, jusque là, avait gardé les yeux baissés, jeta un coup d'œil furtif vers la dame et répondit d'un ton sec :
« C'est un fou. »

La dame, surprise par la sévérité de ma mère, hocha la tête avec un sourire-moue et ajouta :
« S‘il buvait moins, ça irait mieux. »

Maman ne répondit plus rien et baissa le regard.

Le monsieur regardait gentiment les dames qui le dénigraient quand il croisa mon regard. Se sentant épaulé, il pointa le menton vers moi et reprit de sa voix forte :
« La gamine, elle a compris ce que vous, adultes, ne comprenez pas… ou ne voulez pas comprendre. »

Comme il faisait chaud, il retira sa casquette pour s'essuyer le front et je pus constater que son crâne était un peu dégarni. Il n'avait plus toutes ses boucles.

J'étais en train d'enjamber le dernier muret qui devait me faire disparaître du décor quand je vis le monsieur boire une gorgée de sa potion ; puis, je l'entendis, derrière moi, reprendre son discours à zéro pour les nouveaux passants. Quel courage !

En d'autres temps, en d'autres lieux, cet homme aurait été appelé prophète, philosophe, grand orateur.

Mon Dieu, dans quel monde m'as-tu envoyée ?


SEX AND DESTROY un nouveau son rock ?
1ère partie : DATE ET LIEU DE NAISSANCE
Chapitre 5 : Génération précoce
section 6 sur 13


#enfance #Maman #prophète #philosophe #orateur

angeliqueandthehord@diaspora-fr.org

LA FILLE DU ROCHER

Une autre fois, Maman m'emmena au jardin d'enfants sous prétexte de profiter du beau soleil.

Je maugréais en chemin : ce n'était pas la peine de marcher jusqu'à là-bas si je n'avais même pas le droit de jouer avec les enfants. Le soleil, je le voyais très bien de la fenêtre de ma chambre.

Maman, apparemment de bonne humeur, me répondit d'un ton léger :
« On verra bien ce qui va se passer. »

Ce qui se passa ce jour-là dans le jardin d'enfants était peu ordinaire : Maman adressa la parole à une dame qui se trouvait là, comme si c'était son amie, genre :
« Quel beau temps on a, aujourd'hui ! »

La dame lui répondit sur le même ton. Pourtant, elles ne se connaissaient pas. Ce n'était vraiment pas le genre de Maman de discuter avec des étrangers. Je n'y comprenais rien.

Maman demanda à la dame si elle voulait bien que je jouasse avec sa fille. Jouasse ? Tout le monde le fut, apparemment. La dame demanda à sa fille de m'emmener jouer avec elle.

La fille me prit par la main et m'emmena non pas sur le tourniquet mais sur le grand rocher qui était derrière les jeux parce qu'elle voulait jouer à se promener… m'enfin bon… en plus, étant moi-même une fille, j'aurais préféré rencontrer un garçon… m'enfin bon… en plus, je ne la trouvais pas très belle… m'enfin bon… en plus, je ne la trouvais pas très intelligente… m'enfin bon… je voulais bien quand même faire sa connaissance et la suivre dans ses jeux… si ça pouvait faire plaisir à Maman.

Son jeu préféré, c'était parler, parler beaucoup. Moi, je lui posais des questions. C'est comme ça que j'appris qu'elle venait souvent au jardin d'enfants et qu'elle y rencontrait toujours du monde : un jour moi, un jour quelqu'un d'autre… elle jouait indifféremment avec tous les enfants qu'elle trouvait sur son rocher. Sa mère ne s'y opposait jamais ; elle était libre.

Ça, c'était les réponses à mes premières questions. Après, ses réponses devinrent vaseuses ; même, elle ne me répondit plus du tout. Elle parlait, elle parlait beaucoup mais ne disait que des choses vides, répétait plein de fois les mêmes choses.

Elle parlait fort. Ça, oui. Était-ce seulement à moi qu'elle parlait ? Elle semblait poursuivre des aventures imaginaires dans lesquelles je ne figurais pas.

Quand je parvins à la sortir de ses rêveries, elle me dit :
« T'as qu'à y aller, sur ton tourniquet. Moi, je suis celle qui joue sur le rocher. Quand tu auras envie de jouer à mon jeu, tu reviendras. »

Elle avait raison. J'aurais volontiers suivi cette stratégie mais avec ma mère derrière, je n'osais pas m'y risquer. Je ne voulais même pas retourner auprès d'elle pour lui demander si j'avais le droit d'aller sur le tourniquet. Si c'était pour qu'elle me refît le coup de la fois précédente, non merci !

Ma mère avait voulu que je devinsse amie avec la fille du rocher. Pourquoi ? Je n'en savais rien mais il fallait que j'y parvinsse si je ne voulais pas qu'elle me traitât encore de sauvage et qu'elle m'obligeât à rester assise avec elle, sur son banc.


SEX AND DESTROY un nouveau son rock ?
1ère partie : DATE ET LIEU DE NAISSANCE
Chapitre 4 : Les garçons de la maternelle
section 4 sur 10


#fille #Maman #jardind'enfants #parler #liberté

virghygie@framasphere.org

[BILLET D'HUMEUR]

PLAIDOYER POUR LES BEBES

Ma vie personnelle inspire la plupart du temps mes contenus ici, vie du quotidien, du concret, du réel…
Si depuis peu de temps j’ai le bonheur d’être tata, la situation actuelle, ma conscience des choses et mon instinct protecteur (lionne oblige, on ne se refait pas…) m’inquiète encore davantage dans cette posture. Alors, un petit écrit transmutera-t-elle ma colère ?
Au vue de la tendance actuelle, vous pourrez penser que je vais parler des vaccins infantiles. Ce n’est pas le sujet de cet article, car je travaille sur une vidéo en ce moment et elle sera bien plus efficace que mes mots. J’écris au sujet de l’alimentation des nouveaux nés, en guise d’amuse-bouche !

Le déclenchement de cet article est la vision du pincement de cœur d’une grand-mère qui ne comprend pas la façon dont on nourrit les enfants aujourd’hui, confronté à un « maman, c’est la maternité qui nous a dit de faire comme ça ».
Les maternités et corps médical donnent les conseils aux jeunes parents pour faire au mieux. Des règles universelles prisent comme la parole divine, avis d’expert ! Lorsque le nouveau-né n’est pas allaité, des règles d’alimentation sont appliquées aujourd’hui de façon uniforme, pour les bébés, de la même façon que nous appliquons le « un symptôme = un traitement » ou LE régime alimentaire pour tous.

Pourtant, ces règles changent aussi rapidement à chaque génération… pourquoi ? Une histoire de progrès ? Observons les nourrissons. Ont-ils aujourd’hui une meilleure digestion qu’antan ? Est-ce mieux pour les enfants ? Dans l’allaitement abandonné, c’est la chaleur maternelle abandonnée, l’immunité relayée à des piqures, l’hygiène alimentaire cabossée. Mon but ici n’est pas de fustiger le choix du non-allaitement, ni de culpabiliser les mères. Je ne suis personne pour le faire, quoiqu’en soit les raisons, choix de la maman, problème de santé, organisation, impossibilité… En revanche, je souhaiterais juste mettre en avant les conséquences et les dérives de ce qui est censé être une « alternative », qu’elle soit de choix ou de force, pour justement apporter la réflexion sur le sujet.
Aujourd’hui, voilà le concept actuel : du lait maternisé biberonné potentiellement délayé à l’eau non réchauffée (température ambiante), pour éviter les brulures, gagner du temps, gagner en praticité et rapidité… Les formules de lait maternisé répondent aujourd’hui à cette norme et c’est la reco de la mater. Pendant des années, il a été recommandé de stériliser les biberons. A présent, il recommandé de ne pas les stériliser. On est d’accord, le bisphénol ce n’est pas la panacée !

Avec de la hauteur, peut-on s’interroger : comment ces règles peuvent ainsi changer du tout au tout ? Comment cela n’interpelle-t-il pas davantage ? Est-ce pour le bien de l’enfant ? Sa santé s’en trouve-t-elle améliorée ? La digestibilité meilleure ? Pourtant, tous ces nouveaux nés avec des problèmes de régurgitation, de constipation, colites, crise de pleures à cause des douleurs abdominales… la quête « de la bonne formule que bébé accepte, avec ou sans caroube ? Enrichi ou pas ? N’est-ce pas l’absurdité à son paroxysme ? On cherche du pratique, du rapide, pour finir on rencontre stress, prise de tête et un bébé en souffrance. Et si ce n’était que ça…
Nos modes de vie nous mènent à exclure la chaleur, la fusion de l’amour avec l’enfant dès ses premiers mois de vie. A présent, on donne à boire froid, mais pourquoi autant de froideur ?! Comment le corps et le cœur d’un bébé peut-il digérer cela ?

On pourra me rétorquer aussi : « mais au moins ils sont nourris ! Dans d’autres époques, dans d’autres contrées du monde, ils n’ont pas cette chance… ». C’est vrai ! Nous nous avons l’accès au choix. Alors choisissons bien !
On dira « mais oui, c’est un bébé, son système digestif doit s’habituer, c’est normal ». Ah bon ? c’est au bébé de s’habituer à ses problèmes digestifs ? Aux formules de laits infantiles ? A nos modes de vie ? A notre méconnaissance ? Soit !
Mangerait-on nous de la nourriture en poudre réhydratée à température ambiante qui nous donne des coliques et nous fait vomir ?

Si pour les adultes les principes de l’hygiène sont là, ils se valent autant pour l’enfant, certainement encore davantage car elle jouera des conséquences toute sa vie. Si pour un adulte, on ne peut naturellement recommander LE régime alimentaire « bonne-santé » standardisé (cf mes précédentes publications), il en va de même pour le bébé, « puissance 10 ». Le lait maternel est LA seule alimentation préconisée pour le bébé, car il présente l’extraordinaire faculté d’être parfaitement naturellement assimilable par l’enfant et adapté à ses besoins, riche des nutriments et facteurs d’immunité (remplacé par vous savez quoi), composition auto-régulé en fonction de la fréquence et durée de l’allaitement etc… l’ingénierie de pointe de la Nature.

"Malgré l’amélioration de la qualité des laits infantiles, la composition nutritionnelle et l’apport en substances biologiques du lait maternel ne peuvent être reproduits. Aucun autre lait que le lait d’une mère ne peut s’adapter de façon permanente aux besoins du nourrisson en croissance" (- communiqué du Ministère de la Santé)
La composition et l’adaptabilité du lait maternel ne peut être reproduit, c’est une alchimie parfaite.
Maintenant, s’il y a pas d'allaitement, choisi ou non, comment recréer au mieux cette alchimie de pointe ? Je ne vais pas rentrer dans le détail des compositions et des cas particuliers, mais simplement réévoquer l’exemplarité de la Nature et l’adaptation au mieux de l’alimentation en fonction du tempérament du bébé (fréquence, durée, composition, température, etc) parce qu’en réalité, à moins d’être un « chimiste aguerri », on peut bien s’accrocher pour reproduire la Nature...

Pardonnez-moi si ce billet d’humeur semble jugeant, mais c’est davantage un cri du cœur qui cache râle d’alerte douloureux sur des sujets qui deviennent pour moi insupportable à la longue.

#santé #bien-être #pediatrie #verslacoupedhygie #hygiène #maman #permaculture