#colonie

fl@diaspora.psyco.fr

#fl-fleur24 #fl-juin24 #documentaire #France #Histoire #Libération #Guyane #colonie #femme #combattante #1940 #Afrique
J'ai regardé avec passion le documentaire qui relate l'histoire d'Eugénie Eboué-Telle

Parcours d'une combattante : Eugénie Tell-Éboué, une héroïne française

Née le 23 novembre 1889 à Cayenne, Eugénie Tell est petite-fille d’esclaves émancipés en 1848 et fille d’Hypollite Herménégilde Tell, le premier directeur noir du bagne de Guyane. Son appartenance à la bourgeoisie locale lui permet de partir en métropole afin d’y réaliser ses études secondaires au lycée pour jeunes filles de Montauban. Elle y acquiert un certificat d’aptitudes pédagogiques avant de retourner en Guyane comme institutrice à Saint-Laurent du Maroni.

parcours d'une combattante

d3@diaspora.psyco.fr

Les jolies colonies de vacances russes

Merci maman, merci Poutine !
Tous les ans, je voudrais que ça r'commence,
You kaïdi aïdi aïda !
(D'après Pierre Perret)

La future chair à canon de généraux et de dictateurs vieillissants...
https://www.opnminded.com/2017/01/17/originales-colonies-de-vacances-militaires-russie-camps-doctrine-armee-patriotisme-soldats.html

Au fait comment on appelle ce type de régime politique dans lequel on embrigade, militarise et endoctrine avec des discours militaristes, nationalistes et xénophobes les jeunes dès leur plus jeune âge ?

#fascisme #colonie #colonie-de-vacances #camp-des-patriotes #russie #enfance #droits-de-l-enfance #CIDE #éducation-non-violente #Poutine #putinisme #putin #nowar #noputin #Ukraine #politique #standwitkukraine

angeliqueandthehord@joindiaspora.com

LES VACANCES RATÉES

Comme la première fois, c'est dans l'allée ombragée que nous fûmes tous regroupés pour le choix de nouveaux ateliers. Les divers ateliers étaient listés sur un tableau. Les moniteurs avaient installé des flèches partout afin que chacun pût se diriger vers l'atelier de son choix.

Moi, je savais ce que je voulais faire : fabrication de paniers en osier. Tous les sentiments de la première fois revinrent très vifs dans mon cœur. J'avais plus que jamais besoin de me raccrocher à cette consolation pour pouvoir enfin partir du bon pied.

Nous fûmes invités à nous rendre à nos ateliers en des consignes parfaitement claires :
« Ne courez pas ! »

Je vis autour de moi tous les enfants désobéir, courir, se bousculer, me bousculer. Je me reculai pour qu'on ne me fît pas tomber puis je me rendis à l'atelier de fabrication de paniers en osier, confiante parce que j'obéissais parfaitement bien.

Pourtant, quand j'arrivai à mon atelier, on m'y refusa sous prétexte que j'arrivais trop tard et qu'il n'y avait plus de place.

C'était impossible. C'était incompréhensible. J'insistai, les larmes au bord des yeux.

« C'est moi. Vous m'reconnaissez pas ? La s'maine dernière, vous m'aviez dit que j'pourrais l'faire cette semaine.
- Fallait être plus rapide.
- J'ai obéi. J'ai pas couru.
- Eh ben, c'est qu't'y tenais pas tant qu'ça.
- Si, j'y tiens. C'est ma consolation. »

Après un moment de veine insistance, l'incohérence, l'injustice et la souffrance morale me firent faire ce malaise que les grandes personnes nomment péjorativement un caprice. Le moniteur qui avait dit de ne pas courir se moqua de moi parce que je me plaignais d'être punie pour avoir obéi, la monitrice qui animait l'atelier m'assura qu'il y aurait une place pour moi la semaine suivante et on m'emmena à un autre atelier.

Je n'avais vraiment plus qu'une envie : rentrer à la maison. Pourtant, il fallait attendre la fin de cette sale colonie pourrie. L'après-midi, l'aire de jeux m'était d'un ennui mortel. J'en avais marre.

Ras l'bol ! Ras l'bol ! Ras l'bol !!!

Je n'avais aucune envie de marcher mais je me résolus quand même à aller faire le tour du bâtiment pour tuer le temps. L'allée ombragée me parut lugubre.

Tout au bout, au moins, la belle piscine bleutée était toujours là. Nous y étions allés une fois, au cours de la première semaine. Ça avait été super chouette. Un moniteur avait joué avec moi, on s'était drôlement bien amusés, tous les deux. Mais il avait fallu abréger notre partie de plaisir parce que des enfants n'avaient plus envie de nager. Ils étaient sortis de l'eau, ils s'ennuyaient et ils avaient froid.

Si on avait été dans la vraie vie, ils seraient partis faire autre chose tandis que nous, on serait restés à la piscine le temps qu'il nous faisait envie ; puis on se serait rejoints plus tard. Mais la colonie, ce n'est pas la vraie vie, c'est la collectivité, tout comme l'école. En collectivité, il faut tous rester collés les uns aux autres. De fait, les enfants qui n'avaient pas envie de nager devaient rester bêtement à attendre au bord de la piscine que les autres eussent fini de s'amuser ; puis, ceux qui s'amusaient dans la piscine durent s'interrompre pour écourter l'attente des premiers. En somme, le principe de la collectivité, c'est de faire en sorte qu'on soit tous les boulets les uns des autres.

C'est nul, la collectivité. C'est pas des vacances.

Suite de la promenade : je longeai la façade sans m'approcher du portique. Pourtant, cette bande de garçons qui ne faisaient que rigoler entre eux me virent passer et me firent leur cinéma habituel :
« Hé, la fille ! dis qu't'es amoureuse d'Éric.
- T'as pas intérêt à l'dire. »

Comme si j'avais de l'amour dans mon cœur broyé par le chagrin !

Pis d'abord, j'm'appelle pas la fille, j'm'appelle Angélique.

« Non, chuis pas amoureuse d'Éric. »

Et qu'on me fiche la paix.


SEX AND DESTROY un nouveau son rock ?
2ème partie : LA PRINCESSE DANS LE DONJON
Chapitre 14 : Créons le mouvement !
section 8 sur 28


#colonie #vacances #moniteurs #injustice #chagrin

angeliqueandthehord@joindiaspora.com

ACTION

Juste derrière moi, il y eut un peu de bruit, puis de plus en plus. Au bout d'un moment, le chahut était tel qu'un moniteur vint du fond du car et houspilla les garçons. En fait, ils n'étaient plus assis chacun à sa place, comme ils auraient dû. Le garçon aux cheveux blonds et bouclés s'était poussé contre son voisin de gauche pour faire asseoir un autre de ses copains à sa droite. Les places qui étaient juste derrière eux étaient occupées par d'autres garçons qui étaient debout au lieu d'être assis. Avec ça, ils avaient encore d'autres copains, supposés être assis sur des sièges de la rangée de droite, qui étaient debout dans la travée centrale.
Le moniteur fit rasseoir chacun à sa place et retourna au fond du car. Le calme dura quelques instants. Le blond aux cheveux bouclés fit signe au troisième copain qui revint se glisser discrètement à sa droite. Ceux de derrière se relevèrent et passèrent doucement la tête au-dessus des dossiers pour participer à la conversation. Ceux de la rangée de droite ne voulurent pas être en reste… et le chahut revint bien vite.
Au bout d'un moment, un moniteur vint hausser la voix et remettre tout le monde à sa place. À peine était-il retourné au fond du car que l'attroupement s'était reformé, à l'appel du garçon aux cheveux blonds et bouclés qui, malpoli, ne cessait de dire :
« Les monos, c'est tous des cons. »
Quand il y eut un peu trop de turbulence derrière moi, un moniteur reparut en râlant :
« Vous aurez toutes les vacances pour vous amuser. Vous pouvez tout de même attendre qu'on soit arrivés. Dans le car, faut rester assis. C'est comme ça.
- Si on avait les places du fond, on aurait pas besoin d'se lever pour être ensemble »

rétorqua malaimablement le garçon aux cheveux blonds et bouclés.
« Oui, ben je veux pas d'chahut. »
À peine le moniteur fut-il retourné au fond du car que l'attroupement se reforma. Seulement, cette fois, dès que les garçons commençaient à faire un peu trop de bruit, ils se disaient entre eux :
« Chut ! Taisez-vous ! Y a les monos qui vont venir. »
Effectivement, pas de bruit, pas de mono. Ainsi restèrent-ils tous ensemble, regroupés autour du garçon aux cheveux blonds et bouclés, juste derrière moi ; tandis que la fille à côté de moi lisait son livre et que je regardais se succéder les paysages séparant Courbevoie de Champlitte.
Soudain, j'entendis derrière moi les garçons appeler :
« Hé ! la fille. »
La fille qui était à côté de moi leva le nez de son bouquin et se retourna, passant la tête dans l'échancrure des dossiers.
« Nan, pas toi, t'es moche. Appelle ta copine ! »
entendis-je, alors que je regardais toujours par la fenêtre.
Je m'attendais à ce que la fille protestât pour avoir été traitée ainsi mais elle n'en fit rien. Je la sentis me tapoter le bras, alors je me tournai vers elle et la regardai, me demandant en quoi les garçons la trouvaient plus moche que moi. Tout ce que je vis, c'est qu'elle me dévisageait d'un air bizarre.
Je passai la tête dans l'échancrure des dossiers et les garçons qui étaient debout dans la travée centrale me dirent :
« Dis qu't'es amoureuse d'Éric ! »
Déjà ? L'on me donne un amoureux ? À moi ? Parce que chuis belle ?

Je ne voulus pas rater le coche.
« Chuis amoureuse d'Éric. »
Tous les garçons rirent aux éclats, à part le garçon aux cheveux blonds et bouclés qui me dit avec agressivité :
« T'as pas intérêt à dire ça. Sinon, j'te casse la gueule. »
Qu'est-ce qu'il a, lui ? Il est jaloux ? Qu'est-ce que ça peut lui faire, à lui, que je sois amoureuse d'Éric ? Pas question que je laisse ce méchant se mettre entre mon amoureux et moi.
Je fis donc comme la maîtresse, quand elle interroge une élève et que c'est une autre qui répond ; c'est-à-dire que je regardai le garçon aux boucles blondes et lui dit sèchement :
« C'est toi, Éric ?
- Ben ouais, c'est moi. »
Quoi ?! Mais non ! Ys se sont trompés, les garçons. C'est pas un amoureux pour moi, lui. En plus, j'avais dit : « pas un avec les cheveux blonds et bouclés ». Chuis abonnée au club des Lucifer ou quoi ?

Que faire ? Maintenant que j'avais dit que j'étais amoureuse d'Éric, je ne pouvais plus me dédire ; sinon, j'aurais été celle qui donne sa parole et la reprend l'instant d'après et je n'aurais pas pu, de toute la colonie, dire valablement que j'étais amoureuse d'un garçon. D'autant que si je me proclamais amoureuse d'un garçon dans la colonie, Éric pouvait aller raconter partout que j'avais dit la même chose de lui, tellement il était méchant.
Ce qu'il fallait, dans ce cas-là, c'était que je pusse répondre à Éric : « Mais toi, t'as dit qu'tu voulais pas que j't'aime. Alors, tant pis pour toi, j'ai donné mon amour à un plus gentil qu'toi ».
C'est ça, l'astuce. Seulement, il l'a pas dit, pas clairement. C'est ça, le truc : faut pas que ce soit moi qui reprenne ma parole, faut que ce soit lui qui me la rende.

Aussi, insistai-je finement :
« Pourquoi tu dis qu'tu veux m'taper ? C'est gentil, d'être amoureux. »
Les garçons rirent de plus belle et Éric me dit méchamment :
« T'as pas intérêt à l'dire. Pis d'abord, j'veux pas qu'tu m'parles. Retourne-toi ! »
Je me remis le nez au carreau mais je n'avais plus plaisir à regarder le paysage.
Eh ben dis donc ! èe commence pas bien, la colonie.
Là-dessus, j'entendis derrière moi les garçons - ces idiots - qui disaient :
« Hé ! dis que t'es amoureuse d'Éric.
- Eh ben nan, j'peux pas. Sinon, y va m'taper. J'veux pas qu'on m'tape, moi.
- Nan. Nan, j'vais pas t'casser la gueule. »
Quoi ?! Il insiste, en plus ? Y va pas dire qu'y veut être mon amoureux, maintenant, non ?

Je me retournai et passai la tête dans l'échancrure des dossiers.
Alors, cherchant ses mots, Éric me dit :
« Nan, j'te casserai pas la gueule… mais t'as raison d'avoir peur, parce que si tu oses dire que t'es mon amoureuse, j'te f'rai encore pire… j'vais t'faire passer des mauvaises vacances… méfie-toi !… »
Bon, alors j'ai l'droit d'avoir un autre amoureux, il doit m'rendre ma parole…
« … parce que tu m'connais pas, moi. Tu sais pas qui chuis. Si tu dis qu'tu m'aimes, tu sais c'que j'vais t'faire ?… »
… À moins qu'il demande quelque chose qui peut aller avec l'amour. Dans ce cas-là, y s'ra bien eu parce que moi, j'irai jusqu'au bout et, du coup, y s'ra obligé de m'aimer, y s'ra mon prisonnier d'amour. Un prisonnier d'amour ? C'est encore mieux qu'un amoureux ordinaire, tout compte fait.
« … Si tu dis qu'tu m'aimes, j't'obligerai à baisser ta culotte devant moi et j'regarderai tes fesses tous les jours.
- Ha ! Ha ! Ha ! Alors, c'est toi qui devrais avoir peur, parce que si tu regardes mon papafe, chuis tellement belle que tu s'ras obligé d'm'aimer. »

Éric devint tout blanc. Étais-je allée trop loin ? Non. Il me sembla que non parce que tous ses copains, autour de lui, riaient de bon cœur.
« Retourne-toi, dit-il en colère, et dis pus rien… jusqu'à ce que je t'appelle. »
J'obéis.
Regardant par la fenêtre, je pensai à tout cela avec inquiétude. Allais-je gagner la partie ? Et si ça ne marchait pas ? Si je le laissais regarder mon papafe et qu'il ne tombait pas amoureux de moi ? Ce serait grave !
Intérieurement, je priai l'ange de l'amour qui m'était apparu en rêve et m'avait promis de m'aider.
« Fais qu'Éric soit mon prisonnier d'amour ! Il l'a mérité. C'est juste pour les vacances. J'le libérerai à la fin de la colonie. Aide-moi ! »
À moins qu'il renonce…

De temps en temps, j'entendais les garçons lancer des :
« dis qu't'es amoureuse d'Éric »
mais je ne répondais pas, jusqu'à ce que j'entendisse Éric appeler :
« Hé ! la fille. »
Alors, je me retournai, passai la tête dans l'échancrure des dossiers et demandai :
« Qui ? Moi ?
- Ben évidemment, toi. Comment tu t'appelles ?
- Angélique, parce que chuis un ange »

répondis-je avec une voix et un sourire du même nom, ce qui ne manqua pas de faire son petit effet ; si bien qu'Éric voulut que je me remisse encore un moment le nez au carreau avant de m'appeler de nouveau, par mon prénom, cette fois.
« Oui ?
- Vas-y, dis-le ! »

défia-t-il.
Alors, je le regardai droit dans les yeux et déclamai un très hollywoodien :
« Je t'aime, Éric. »
Il en fut soufflé. J'avais osé ! Il tendit un doigt autoritaire et ordonna :
« Fais-le ! tout de suite. T'as intérêt à l'faire.
- J'peux pas : avec le dossier, tu verrais pas.
- M'en fous. Débrouille-toi ! Monte sur le siège !
- Tu crois que chuis pas cap ? »

Il se détendit et sourit.
« Fais-le ! »
Je me mis debout sur mon siège, baissai ma culotte, remontai ma jupe et lui montrai tout mon papafe en me dandinant et en fredonnant ma chanson préférée :
« La musica, la la la la la la la, la la la… »
Entendant la voix d'un moniteur qui accourait du fond du car, je remontai très vite ma culotte et me rassis, bien sagement, comme si rien ne s'était passé, tandis que le jeune homme grondait :
« Non mais vous pouvez pas laisser cette pauvre petite fille tranquille, non ! Allez ! retournez tous à vos places. Et si y a encore une bêtise, j'punis tous les garçons. Ah ! on n'est même pas encore arrivés. Ça promet, la colonie. »
Il arriva, par la suite, que j'entendisse quelque garçon dire derrière moi :
« Dis qu't'es amoureuse d'Éric !
- J'peux pas. Sinon, vous allez être punis. »

Quant à Éric, il ne faisait plus de bruit.


SEX AND DESTROY un nouveau son rock ?
2ème partie : LA PRINCESSE DANS LE DONJON
Chapitre 12 : C'est mes potes
section 20 sur 20


#chahut #amoureux #colonie #voyage #enfants

angeliqueandthehord@joindiaspora.com

MOTEUR

Ma mère me reprochait tout le temps d'être longue à me préparer, le matin. Il faut dire que les jours d'école, quand elle me réveillait, ce brusque retour à la réalité me glaçait le sang et me figeait. Je pensais à tout sauf à ce que je faisais parce que voir où me menaient mes pas m'angoissait.
Bref, ma mère se faisait du souci parce que le départ du car pour la colonie était prévu un matin, de bonne heure, à Paris. Plein de fois, elle me répéta qu'il ne faudrait pas que je nous mette en retard, sinon, le car partirait sans moi et finie la colonie ; si bien que j'en arrivai à avoir peur de ne pas pouvoir être prête à temps.
Le matin du départ, dès que j'entendis : « c'est l'heure ! », je me préparai en quatrième vitesse, encouragée et aidée par la voix qui me parlait ; je bondis dans mes chaussures et… où donc était ma mère ?
« Maman, chuis prête. »
Pas de réponse.
« Maman ! Maman ! »
criai-je de plus en plus fort. Nous n'allions tout de même pas être en retard à cause d'elle, maintenant !
Au bout d'un moment, je la vis sortir de sa chambre, aussi blanche que sa chemise de nuit, les cheveux ébouriffés. Cette fois, j'en étais sûre, on allait être en retard.
« Qu'est-ce qui t'arrive ? me demanda-t-elle d'une voix pâteuse.
- Chuis prête.
- Prête pour quoi ?
- Ben, pour aller en colonie. C'est aujourd'hui.
- Ben non, t'es pas prête. Regarde-toi ! T'es pas coiffée, t'es en pyjama, t'as ton cartable à la main, t'es pieds nus dans tes chaussures et tes lacets sont même pas attachés. »

Je me regardai et je m'aperçus que j'étais exactement dans l'état que ma mère s'était plu à décrire. La panique m'envahit.
« On est en r'tard ! On a raté la colonie.
- Mais non, c'est pas l'heure. Y fait encore nuit. Va t'recoucher.
- Pourtant, j'm'étais préparée. J'm'en souviens. J'me r'vois même prendre mon p'tit déjeuner.
- T'as rêvé. Allez ! Retourne au lit et rendors-toi ! »

conclut ma mère en retournant se coucher.
Cherchant en moi le souvenir de ce qui s'était réellement passé, la première chose que j'y retrouvai fut le rire du lutin. C'est lui qui était venu dans mon rêve et qui m'avait fait une farce. C'est lui qui m'avait dit « c'est l'heure » et qui m'avait raconté l'un après l'autre tous les gestes qu'on fait le matin pour me faire croire que je me préparais pour de vrai, à toute vitesse. Et c'est en écoutant sa voix, en suivant ses instructions que j'avais ouvert les yeux, comme hypnotisée, j'étais sortie de mon lit, j'avais attrapé mon cartable, sans même savoir ce que je faisais ; j'avais mis les pieds dans mes chaussures et je m'étais crue prête.
C'était une blague du lutin qui était venu dans mon rêve, au petit matin, pour me faire savoir qu'il ne m'avait pas oubliée, qu'il serait bien là, avec moi, et que je pouvais compter sur lui.
Ce n'est que quelques heures plus tard que ma mère me réveilla et que, finalement, j'eus tout le temps de me préparer à mon rythme habituel. Même, mes parents et moi arrivâmes au rendez-vous dans les premiers ; mon père s'en réjouit parce que comme ça, me dit-il, je pouvais choisir ma place dans le car et m'installer tranquillement.
Je me mis dans la rangée de gauche, près de la fenêtre. Aussitôt, quelques garçons montèrent ensemble dans le car. Eux aussi se réjouirent d'être arrivés dans les premiers, surtout celui qui était monté devant les autres. C'était un garçon aux cheveux blonds et bouclés.
Tout de suite, en le voyant, je pensai que je ne voulais pas de lui pour amoureux parce que mon amoureux de maternelle aussi avait les cheveux blonds et bouclés. Alors, cette fois, j'en voulais un autrement, pour changer. De toute façon, celui-là n'avait rien d'un gentil amoureux. Ce garçon était agité, il parlait fort à ceux qui le suivaient.
« Ouais ! On prend les places du fond. Venez, vite ! Les places du fond sont encore libres. On prend les places du fond. »
Les autres garçons qui le suivaient, je ne m'attardai pas à les regarder parce que mon papa était encore dans le car, à côté de moi, et n'avait pas l'air d'apprécier que je regardasse les garçons.
Le car se remplit petit à petit. Une fille, sage selon mon papa, aux cheveux châtain clair, s'assit à ma droite.
Un jeune homme monta à son tour et demanda à mon papa de bien vouloir descendre parce que le passage était étroit ; Papa se dépêcha donc de descendre après m'avoir fait un gros bisou.
Puis, le jeune homme regarda dans le car et dit à voix forte :
« Hé, les mômes ! vous virez d'là. Les places du fond, c'est pour les monos. »
Au lieu d'obéir poliment comme il se doit, le garçon aux cheveux blonds et bouclés, assis à la place du milieu au fond du car, répondit d'une voix aussi forte que celle de l'adulte :
« Alors ça, pas question. C'est nous qu'on était là les premiers. On y est, on y reste. »
Le moniteur marcha jusqu'au fond du car pour les déloger. Ça rouspéta.
« Mé ! On est bien, là. On est tous ensemble. »
Effectivement, ils formaient tout un groupe occupant les cinq places du fond et quelques autres devant.
« Oui, ben justement, j'veux pas d'chahut. C'est les monos qui s'mettent au fond. Comme ça, on pourra surveiller tout l'monde. Allez, ouste ! »
Les garçons durent donc se déplacer mais le garçon aux cheveux blonds et bouclés, rouge de colère, n'en rouspéta que plus fort.
« C'est inadmissible. Nos parents ont payé. C'est nous les clients, ici. Ça s'passera pas comme ça… Bon, alors, on prend les places de devant.
- Nan, les places de devant, c'est aussi pour les monos. »

Le garçon aux cheveux blonds et bouclés continua de râler et, finalement, le moniteur le fit asseoir juste derrière moi parce qu'il me trouvait calme. Plus exactement, le garçon s'assit derrière la fille qui était à côté de moi, près de la travée centrale, parce qu'il voulait avoir tous ses copains autour de lui ; tandis que derrière moi, côté fenêtre, s'installa un copain à lui, un brun aux cheveux raides coupés au carré.
Le problème, quand on arrive dans les premiers, c'est que l'attente est longue avant le départ mais ça y était enfin, le moteur tourna, le car démarra et nous échangeâmes le coucou final avec nos chers parents restés sur le trottoir.
Quand ils furent hors de portée de notre vue, je me tournai vers la fille qui était à côté de moi. Elle ne m'inspirait pas de sentiment particulier, c'était juste pour si elle avait envie de parler. Je la vis ouvrir un sac, en sortir un livre et se plonger le nez dedans, comme si je n'étais pas là. Très bien ! Je fis donc ce que j'avais envie de faire : coller mon nez au carreau et regarder défiler le paysage.


SEX AND DESTROY un nouveau son rock ?
2ème partie : LA PRINCESSE DANS LE DONJON
Chapitre 12 : C'est mes potes
section 19 sur 20


#départ #préparatifs #car #voyage #colonie

angeliqueandthehord@joindiaspora.com

UNE PETITE CRÉATURE IGNORANTE

Quand on reçoit un bel outil en cadeau, on pense à tout ce qu’on va pouvoir faire avec. Plus le cadeau fait plaisir, plus on rêve à l’utilisation qu’on va lui donner et, vite, on se met à l’ouvrage.
Quand on possède une intelligence, il faut la mettre au service d’une quête.
Tu te rappelles le coup des petites fourmis ? Moi, mon intelligence, j’avais envie de la mettre au service des animaux, pour les protéger contre l’indifférence des adultes.
Tu te rappelles, aussi, l’histoire de la mouche, en colonie ? Non. Cherche pas ! Je ne te l’ai pas encore racontée.
C’était quand j’avais huit ans. J’étais partie trois semaines en colonie. Je n’avais pas aimé du tout. Ça ressemblait beaucoup plus à une ambiance d’école qu’à une ambiance de maison ou de rue. Du coup, j’étais tout le temps toute seule dans mon coin.
Sûr qu’à l’heure du repas, j’étais à table comme tout le monde mais je ne parlais pas.
Je ne sais plus si c’était au cours du repas du midi ou du repas du soir. Un garçon était assis en face de moi, le poing posé sur la table. Une petite mouche marchait sur la nappe, juste à côté de lui. Il la regardait passer gentiment - apparemment - mais, brusquement, il retourna son poing sur la pauvre bête et l’écrasa.
Il s’exclama :
« Ouais ! J’ai réussi ! J’l’ai eue ! »
Moi, je trouvais ça vachement méchant mais je n’osai rien dire. Si c’était pour que tout le monde se moquât de moi, ce n’était pas la peine.
Je me sentais seule et incomprise au milieu d’enfants méchants. Je les imaginais déjà tous se livrant à un concours de tuerie de mouches quand la fille à côté de moi dit au garçon :
« T’es vachement méchant, toi ! Pourquoi t’as tué la mouche ? »
Une autre fille démarra :
« Ouais ! Elle t’avait rien fait, d’abord. Méchant ! »
Le garçon crut pouvoir se défendre en arguant que les filles sont bêtes mais un garçon se leva et l’incrimina à son tour… puis un autre… et encore un autre.
Le garçon qui avait tué la mouche demanda en rigolant bêtement :
« Y en a pas un qu’est de mon côté ? C’était rien qu’une mouche. »
L’excitation monta. Tous les enfants de la tablée - sauf moi - parlèrent tour à tour contre lui. Rien qu’une mouche ? C’était une petite créature ignorante ; elle ne méritait pas la mort. Voilà ce qui se disait mais…
« Mais demande à Angélique ! C’est la seule qu’a rien dit. Peut-être qu’elle, elle est de ton côté. »
proposa un garçon.
Tous les regards se tournèrent vers moi, alors je fis non de la tête.
« Quoi, "non" ? Qu’est-ce que tu veux dire ? Parle ! »
demandèrent les enfants.
Alors, j’ouvris la bouche et dis d’un ton grave :
« Fallait pas tuer la mouche. C’était méchant. »
Malgré mon air très sérieux, je fis marrer tout le monde, même le garçon qui était en face de moi (celui qui avait tué la mouche). Moi seule ne riais pas.
Notre table était devenue si bruyante et agitée que les moniteurs commencèrent à s’en inquiéter. Pourtant, ce ne fut pas eux qui intervinrent pour calmer le jeu. Le garçon qui avait, tout à l’heure, demandé mon avis sur la question - ce n’était pas lui, mon amoureux - se mit debout sur sa chaise et réclama le silence.
Dès qu’il l’eut obtenu, il expliqua que, selon lui, ma réponse n’était pas significative parce qu’il était probable que je fusse influencée par la majorité.
Il réitéra sa question, me précisant qu’il ne fallait pas que je me laissasse intimider par le nombre. J’avais le droit d’être du côté du garçon tout seul mais il fallait que je disse la vérité.
Tous les regards, avides de réponse, se tournèrent vers moi. Pour le coup, je tenais la tablée en grand silence. Cette pensée me fit rigoler et mon rire énerva tout le monde. L’agitation refit surface.
Est-ce que je me moquais de tous ? Et puis, d’abord, qu’est-ce qui permettait de croire que, cette fois, j’allais dire la vérité ? Qu’est-ce qui le prouverait ? Et puis, d’abord…
« … pourquoi c’est à Angélique de trancher ? »
Les garçons firent taire les pipelettes - les accusant de jalousie parce que moi, j’avais un amoureux et pas elles - on me demanda de me lever et je pus enfin m’exprimer :
« D’un certain côté, dis-je, je comprends le garçon qui a tué la mouche parce qu’il s’est comporté comme… mes parents ; comme tous les adultes que je connais. Ils trouvent que les mouches, c’est sale-alors-faut-les-tuer. Ils achètent des "tapettes" pour mieux les écraser, des "tue-mouches"… Ils sont majeurs et en majorité mais moi, chuis pas d’accord. C’est méchant de tuer les petites mouches : èes ont rien fait de mal. »
Notre tablée retentit en cris de joie : mon discours faisait l’unanimité.
Visiblement ému (bien qu'amusé), le garçon qui avait tué la mouche cria, pour se faire entendre au milieu de l’euphorie générale :
« Pardon ! Je suis une petite créature ignorante. J’implore le pardon. »
et nous pardonnâmes.


SEX AND DESTROY un nouveau son rock ?
1ère partie : DATE ET LIEU DE NAISSANCE
Chapitre 5 : Génération précoce
section 11 sur 13


#enfance #colonie #animaux #mouches #politique