Courriel adressĂ© Ă la mĂ©diatrice de Radio France au sujet dâune infox sur France culture
â Il faut dâabord Ă©couter une partie du [journal de 18 heures du 28 mai](www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/journal-de-18h/journal-de-18h-emission-du-mardi-28-mai-2024-6898220) Ă partir de 14â55.
Madame,
Dans le journal de France culture de 18 heures du 28 mai 2024, ont Ă©tĂ© citĂ©s des propos de Marion MarĂ©chal : « Câest donc un homme qui reçoit Ă Cannes le prix dâinterprĂ©tation fĂ©minine. »
Dâabord, la journaliste AurĂ©lie Kieffer dit que Marion MarĂ©chal « a tenu des propos visantâŠÂ », ce qui sous-entend une attaque. Ensuite, avec son collĂšgue Antoine Marette, elle a affirmĂ© que ces propos Ă©taient transphobes. Enfin, celui-ci a insistĂ©Â : cette personne « est bien une femme ».
Factuellement, les mots « femme » et « homme » font rĂ©fĂ©rence au sexe, lequel est immuable. Dans le monde rĂ©el, un homme ne peut pas devenir une femme, et inversement. Affirmer le contraire relĂšve de lâinfox (que lâon appelle Ă©tonnamment sur France culture des « fake news »). Dire dâun homme quâil devient une « femme trans » est de la pure novlangue.
âą Je considĂšre que toute personne doit ĂȘtre respectĂ©e telle quâelle est, donc ne doit pas ĂȘtre discriminĂ©e en raison de sa ou ses spĂ©cificitĂ©(s). Et je ne nie pas le droit des personnes trans Ă lâĂȘtre. Je ne suis donc pas transphobe.
âą Par ailleurs, jâaccorde une grande importance au sens des mots. Seul le respect de leur signification nous permet de nous comprendre. PrĂ©cisĂ©ment, je le rĂ©pĂšte, un homme ne peut pas devenir une femme, mĂȘme sâil est lĂ©gitime Ă se prĂ©senter comme fĂ©minin sâil le souhaite.
âą Enfin, je combats toutes les discriminations, et en lâoccurrence dans cette situation, le sexisme. Lâinversion du sens des mots ci-dessus Ă©voquĂ©e permet ici Ă des hommes qui sont trans (ou transidentifiĂ©s) et sâaffirment « femmes » de revendiquer la lĂ©gitimitĂ© Ă intĂ©grer des espaces rĂ©servĂ©s aux femmes, qui sâagisse des toilettes, douches, vestiaires, dortoirs, foyers, et prisons, ou encore les compĂ©titions sportives. On perçoit aisĂ©ment ce que les femmes ont Ă y perdre. Dâailleurs, lorsquâelles sont trans, et peut-ĂȘtre Ă quelques exceptions prĂšs, celles-ci ne demandent pas la rĂ©ciprocitĂ©, câest-Ă -dire Ă intĂ©grer les espaces masculins. Pas folles ! Cela montre la dissymĂ©trie des situations, et, concrĂštement, le sexisme de ces revendications.
âą Ces reprĂ©sentations et revendications trans, si elles sont acceptĂ©es, impliquent une insĂ©curisation et une invisibilisation des femmes. Il est alors inadmissible de soutenir ces positions sexistes, qui dâailleurs renforcent le patriarcat, lâemprise des hommes sur tous les espaces.
Comment peut-on dâun cĂŽtĂ© lutter contre les discriminations envers les personnes trans et dâun autre favoriser lâatteinte aux droits des femmes ? Câest ce quâont fait les deux journalistes nommĂ©s.
Le sexisme comme la transphobie sont inadmissibles. Mais contester des reprĂ©sentations frauduleuses et des revendications sexistes des mouvements trans nâa rien de transphobe. Ce nâest pas « nier lâexistence mĂȘme des personnes transgenre » comme lâaffirme outranciĂšrement lâavocat que citent les journalistes.
Que la probable transphobie (outre sa probable homophobie) de la candidate dâextrĂȘme droite la conduise Ă tenir ces propos nâefface pas leur vĂ©racitĂ©. Je me situe Ă lâautre bord politique et suis nullement transphobe, mais je soutiens cette position pour la simple raison quâelle correspond Ă la rĂ©alitĂ© incontestable.
Et je mâoffusque que les journalistes expriment ainsi des opinions personnelles si marquĂ©es et relaient des infox. Jâai alors lâimpression de vivre dans un monde orwellien dans lequel on manipule le langage, oĂč on inverse le sens des mots Ă des fins de manipulation. On peut lutter contre la transphobie tout en combattant les postures sexistes et sans se soumettre Ă cette forme de fascisme. Câest sur cette ligne de crĂȘte que je me situe, et jâaimerais que le service public fasse de mĂȘme.
Meilleures salutations,
signature
N. B. : Ce courriel est une lettre ouverte.
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