On m'a rien dit... jusqu'au 13 janvier, y'a de l'humour sur Arte.
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Le dictateur
#film #arte
Ă la veille de la Seconde Guerre mondiale, Chaplin s'attaque Ă Hitler et au totalitarisme avec la seule arme dont il dispose : la dĂ©rision. Un grand classique irrĂ©sistible oĂč le gĂ©nie comique incarne Ă la fois le dictateur et un juif traquĂ©.
Ă son retour de la guerre de 1914-1918, un petit barbier juif a perdu la mĂ©moire. AprĂšs des annĂ©es dâhĂŽpital, il retrouve sa boutique dans le ghetto. Mais il dĂ©couvre un monde en proie Ă la folie. Un dictateur hystĂ©rique, AdenoĂŻd Hynkel, son parfait sosie, sĂšme la terreur dans le pays. Avec lâaide de sa compagne Hannah, le barbier rĂ©siste aux SS qui menacent la petite communautĂ©. Il se retrouve acteur malgrĂ© lui de cette tragique mascaradeâŠ
Deux Ăąmes pour un visage
Pour aiguiser sa satire du totalitarisme, Chaplin utilise un hĂ©ros double, qui a deux Ăąmes pour un seul visage. On ne soulignera jamais assez le gĂ©nie comique de cette trouvaille : Chaplin joue les deux rĂŽles ! Le juif traquĂ© et le dictateur criminel constituent les deux faces dâune mĂȘme humanitĂ©. Le mal absolu incarnĂ© par Hitler nâest donc pas inhumain : il est nĂŽtre. Plus de quatre-vingts ans aprĂšs, il nâest pas sĂ»r que la portĂ©e de cette rĂ©flexion soit encore assimilĂ©e. La caricature du dictateur, oĂč se rĂ©vĂšle le gĂ©nie du mimĂ©tisme de Chaplin, est dâune vĂ©ritĂ© saisissante. Au-delĂ des vocifĂ©rations de Hynkel devant le micro, Chaplin stigmatise son hypocrite douceur, ses sourires de commande, ses caresses aux enfants, ses Ă©vasions dans la musique et la solitude. Miracle : ce portrait rĂ©aliste provoque le rire. Le barbier juif est un lointain cousin de Charlot qui aurait perdu son insouciance et son universalitĂ©. La tragĂ©die du Dictateur nâest plus existentielle mais politique. Par son sens incroyable de la satire et son ironie mordante, Chaplin montre tout ce quâil y avait dâartificiel, de vaudevillesque dans lâatroce bouffonnerie de lâAxe, notamment Ă lâoccasion des trois ballets : celui du barbier sur un air de boĂźte Ă musique, la danse de Hynkel jonglant avec un monde en baudruche, la sĂ©quence chez le barbier.
On reprocha pourtant Ă Chaplin sa dictature Ă lâeau de rose oĂč les prisonniers dorment sur des couchettes confortables et reçoivent rĂ©guliĂšrement leur courrier. Câest oublier que cette parodie-ballet a la pudeur du drame. Ainsi, quand les SS pĂ©nĂštrent dans le ghetto, on devine la peur, les coups, mais lâĂ©cran ne montre que deux oiseaux paisibles dans leur cage. Ce premier film dialoguĂ© reprĂ©senta un dĂ©chirement pour Chaplin, qui nâassume pas encore le parlant. La langue imaginaire vomie par Hynkel sâoppose Ă lâextrĂȘme discrĂ©tion dâun barbier Ă©tranglĂ© par lâĂ©motion, qui semble toujours sâexcuser de ce nouveau don : sa montĂ©e Ă la tribune, pour lâhomĂ©lie finale, est le symbole Ă©vident de celui qui doit surmonter sa peur du parlant. Sur cette minute angoissante, Chaplin, comme le barbier, joue son avenir. La voix qui se dĂ©tache, limpide, de la tribune, devient celle de lâhomme persĂ©cutĂ©, par-delĂ les Ă©poques et les rĂ©gimes, qui crie sa souffrance et appelle Ă la pitiĂ©, invoque Dieu et cite lâĂvangile. Les rĂ©actionnaires y ont vu de la propagande communiste, les radicaux en ont rejetĂ© la naĂŻvetĂ©. Or, ce laĂŻus Ă©mouvant est le sens profond dâune Ćuvre candide et ingĂ©nue.
RĂ©alisation : #Charles-Chaplin
Scénario : Charles Chaplin
Production : Charles Chaplin Film Corporation
Producteur/-trice : Charles #Chaplin
Image : Karl Struss
Roland Totheroh
Montage : Willard Nico
Musique : Charles Chaplin / Meredith Willson
Avec :
Charlie Chaplin (le barbier juif/le #dictateur #Hynkel )
Paulette Goddard (Hannah)
Jack Oakie (Napaloni)
Reginald Gardiner (Schultz)
Billy Gilbert (Herring)
Henry Daniell (Garbitsch)
Grace Hayle (Madame Napaloni)
Pays :
Etats-Unis
Année :
1940