#luxe

elijah7777@diaspora-fr.org
magdoz@diaspora.psyco.fr

[Conférence 2022] Pablo Servigne - L’entraide en temps de #crise, une nécessité
De 49min20 à 58min29 : https://piped.adminforge.de/embed/NuSP6jJGKcQ?start=2960&end=3510
ou https://invidious.fdn.fr/embed/NuSP6jJGKcQ?start=2960&end=3510
(attention, le "start" fonctionne, mais sous piped, le "end" n'est pas respecté, la vidéo ne s'arrêtera pas au repère de temps indiqué. Cela marche par contre sous invidious/fdn.)

❤️❤️ Clause de défense du logiciel libre : Expert ou novice, le logiciel libre a besoin d'une chose : qu'on le fasse vivre ‼️ Donc n'hésite pas à donner la priorité à Peertube au lieu de Youtube, quand c'est possible, n'hésite pas à privilégier une info diffusée par un site avec peu ou pas de traqueur, plutôt qu'un site capitaliste putaclic, bref, mets en avant ce qui fait notre force ici sur Diaspora, le logiciel libre et décentralisé. Et ne t'inquiète pas, les GAFAM et autres twitter/X ne disparaîtront pas, laisse aux autres les mauvaises habitudes. Avec bienveillance pour nous tous, car trop de youtube et hop, le jour où ton message dérange, couic, censure : veille à préserver, pour notre bien, le logiciel libre, en le faisant vivre. ❤️❤️ Cela dit sans diffamation, harcèlement de messages répétés partout, bref, un message tout innocent 😜 ‼️ Mots clés : Recherche Peertube - Framalibre - Clients youtube - LibRedirect - Protéger sa navigation sous Firefox - Fediverse - Logiciel Libre : à diffuser autour de vous ! - Rien à cacher | Nothing To Hide -

Long commentaire (t'es prévenu-e) :

J'aime beaucoup le travail que fait #PabloServigne. Son action est très utile.
Toutefois, j'émets 2-3 pensées à propos de cet extrait vidéo d'environ 9 minutes.

On ne souffre pas encore assez, c'est évident, les bobos en particulier, ceux qui sont dans leur SUV, là, pour partir loin pour 4-5 jours....
Mais quand la #pénurie viendra (et c'est imminent), les habitants en France auront beau se serrer les coudes, ils crèveront quand même en masse, car le #luxe que nous avons construit, l'a été en exploitant le reste de la planète.
Or, quelques #droitards qui crient et appellent au #souverainisme #Souveraineté blabla, n'ont toujours pas compris le message principal de #Servigne : nous n'avons pas chez nous les #ressources stratégiques et nous dépendons donc totalement des chaînes d'approvisionnement, très longues et complexes, qui vacilleront très vite dès les premiers facteurs irréversibles.
(Tout se paye, #colonisation, #exploitation etc et ça vient pour nous...)
D'autre part, cette #entraide, on la voit déjà, elle a lieu entre membres d'une même caste sociale, contre les autres castes.
Ces castes, cette #hiérarchie chez les #humains, dont parle Servigne à la fin de l'extrait, qui permet d'exploiter d'autres humains, c'est peut-être la limite de la comparaison des humains à des manchots : les humains sacrifieront les humains exploités sur d'autres continents. Et ça a déjà lieu....
Logique exponentielle qui nous poussera au plus loin et au plus haut dans la #croissance (et la bêtise), avant de s'inverser brutalement, à l'échelle de la planète... avec pertes et fracas pour tous...
Servigne le dit à d'autres occasions : les #riches n'auront qu'un répit, pas plus.

Les guerres viennent et viendront, c'est inévitable.
Dans l'ancien temps, si les gens étaient chasseurs-cueilleurs-pêcheurs, ils étaient aussi systématiquement guerriers, car il fallait se protéger, au moins ça, des pillages d'autres groupes.
Nous avons rajouté l'échelle : on tue et on sait tuer à une échelle industrielle, mondiale.
(reculer pour mieux sauter... on ne tue pas sur des décennies, puis... ?)

Je crains juste une chose.... ce que feront les plus armés de cette planète, pour subsister plus longtemps que les autres... Et la France fait partie des plus armés.. La " #France" j'ai dit, pas les " #Français"...

En d'autre terme, l'entraide viendra, mais pas en premier...
Rapport #Meadows.
Les limites à la croissance - ÉDITION SPÉCIALE 50 ans. (2022)

Une fois que le #déclin se sera généralisé, les forces qui s’évertuent à entretenir la croissance faibliront, de même que celles qui s’y opposent. Ainsi, c’est la génération actuelle qui subira les traumatismes majeurs dus aux diverses forces qui causeront le déclin de la population et du capital productif.

#Collapse #Effondrement

magdoz@diaspora.psyco.fr

#Bahreïn : l'archipel de la démesure du golfe Persique

#Documentaire 52min : https://piped.adminforge.de/watch?v=r6squJlmX9M
Langues : #Français #English (choix possible avec #Piped - voir le menu de la vidéo)

#Riches #Héritiers #ArabieSaoudite #Iran #Irak #Koweit #Qatar #Déclin #Pétrole #Luxe #Immobilier #Bahrain #Golfe #Golf #Gulf #Dubaï #Discrimination #Monarchie #Alcool

-- Quelles sont les différences entre #sunnites et #chiites ?
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/06/20/au-fait-quelle-difference-entre-sunnites-et-chiites_4442319_4355770.html

Une majorité de musulmans soutiennent Abou Bakr ( #sunnite), qui devient le premier calife. Depuis, les sunnites ont toujours été majoritaires. Ils représentent aujourd’hui environ 85 % des musulmans du monde. Les seuls pays à majorité #chiite sont l’Iran, l’Irak, l’Azerbaïdjan et Bahreïn, mais d’importantes minorités existent au Pakistan, en Inde, au Yémen, en Afghanistan, en Arabie saoudite et au Liban.

https://img.lemde.fr/2014/06/20/0/0/1202/601/800/0/75/0/ill_4442424_4897_chiites-01.png

magdoz@diaspora.psyco.fr

Clip vidéo.... pris au hasard sur youtube....
https://piped.adminforge.de/watch?v=lxgzbRXQELQ

C'est pas ma tasse de thé, musicalement parlant... mais là n'est pas la question.
Ce que je pointe, c'est le côté affligeant de ce que montre cette vidéo : l' #idéal à atteindre : plein de #femmes objets autour de toi, dans une grande maison avec piscine et avec plein de #voitures de #luxe.
Il s'agit de rêver, à la vie que tu n'as pas. Et il s'agit de te faire croire que ça t'est accessible, pour peu que tu te mettes à faire le DJ, ou que sais-je encore...
Du reste, il y a longtemps, les pseudos-stars qui défilaient au Top50, puis 2-3 mois après, qui se retrouvaient à vendre des merdes en tête de gondole dans les supermarchés (c'était une caricature du canard enchaîné, de mémoire), ce n'était pas différent, bien sûr.
C'est #pathétique, de #pathos... mais cela montre une #société #malade, plus que des gens malades... qui eux ne font que subir...
C'est pour cela que le mot #espoir me dérange.
Je préférerais vraiment une réelle prise de conscience, quitte à souffrir une bonne fois, puis stopper les afflux dans les stades de #foot, et verser toute cette #énergie, dans une vraie action, pour infléchir notre destinée...

Sait-on seulement comment se donner les moyens de cela... ?

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Inégalités, luxe et décence : penser les limites sociales et écologiques de la croissance | AOC

Un article issu de la revue en ligne AOC – Analyse opinion critique.

Par Delphine Pouchain, économiste, maîtresse de conférences en Sciences économiques à Sciences Po Lille

Crise des inégalités et crise environnementale sont étroitement liées. Nous connaissons déjà l’idée de limites écologiques de la croissance ; pouvons-nous donc, aussi, en conceptualiser les limites sociales ? Ces limites sociales, qui sont atteintes au moment où davantage de croissance n’augmente plus la satisfaction des agents, peuvent être repoussées via le luxe, une économie peu étudiée jusqu’alors. Comprendre le caractère « indécent » de la consommation de luxe, pour mieux la penser, permet en miroir de mieux appréhender les limites sociales de la croissance, et d’enrichir l’analyse des inégalités.

Éloi Laurent évoquait en 2020 les « crises jumelles du XXIe siècle – les crises de l’inégalité et de la biosphère[1] ». Ces deux crises s’entremêlent, la montée des inégalités étant tout à la fois l’une des causes et l’une des conséquences de la dégradation des conditions d’habitabilité de la planète. Les quelques chiffres donnés par Jason Hickel illustrent parfaitement cette situation plus que préoccupante. Par exemple, entre 1980 et 2016, les 1 % les plus riches au niveau mondial ont capté 27 % de la croissance. Globalement, on peut donc dire que « Le quart du travail que nous accomplissons, le quart de toutes les ressources que nous extrayons et de tout le CO2 que nous émettons servent à enrichir les plus riches[2] ».

Un tel constat incite à ré-interroger tant les limites écologiques et planétaires de la croissance que ses limites sociales. Les limites planétaires sont maintenant bien identifiées depuis les travaux des chercheurs suédois du Stockholm Resilience Centre en 2009. On sait que depuis mai 2022, ce sont six limites planétaires qui sont franchies sur les neuf mises en évidence (le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, le cycle de phosphore et d’azote, les changements d’utilisation des sols et enfin le cycle d’eau douce verte). Le concept de « limites sociales de la croissance » est moins usité, il renvoie à l’ouvrage du même nom publié par le keynésien Fred Hirsch en 1976, soit tout juste quatre ans après la publication du rapport Meadows. Dans cet ouvrage, Hirsch théorise également une économie dite positionnelle sur laquelle nous reviendrons.

Or l’ignorance et/ou le dépassement de ces limites, parallèlement à une augmentation des inégalités « par le haut » (id est l’enrichissement plus rapide des plus riches), font apparaître la pertinence, voire la nécessité, d’un ré-examen de la notion de luxe, jetée trop rapidement dans les oubliettes de la pensée économique. Dans cette perspective, nous posons également la question de savoir si les analyses d’Avishai Margalit datant de 1996[3] peuvent être fructueuses pour penser le luxe comme comportement potentiellement indécent. L’imbrication des questions environnementales et sociales pourrait alors se comprendre comme justifiant une réflexion sur l’indécence de certains « besoins » et de la « sur-consommation », question délaissée par la science économique dominante.

Ainsi, dans un monde à la fois fini et très inégalitaire, le contexte est doublement propice à un nouveau questionnement réactualisant certains arguments mobilisés au XVIIIe siècle durant la querelle du luxe. Enfin, penser le luxe comme l’envers de la décence pourrait enrichir des débats anciens mais que la situation actuelle nous invite à redécouvrir, sous la forme du limitarianisme proposé par la philosophe Ingrid Robeyns [2017, 2019, 2022]. D’où l’hypothèse suivante soulevée ici : les « crises jumelles du XXIe siècle » sont aggravées par une économie dite positionnelle théorisée par Hirsch, qui elle-même entretient et est entretenue par le luxe qu’il s’agit donc de re-questionner.

Après avoir présenté les limites sociales de la croissance et l’économie positionnelle, nous aborderons le rôle des inégalités et du luxe dans ce double processus de franchissement des limites. Nous rappellerons que le luxe est pourtant une catégorie économique oubliée, et qu’il gagnerait à être repensé comme consommation indécente. Le limitarianisme éthique et politique propose des perspectives intéressantes pour gagner en décence et lutter contre les limites tant écologiques que sociales de la croissance.

Des limites sociales de la croissance à l’économie positionnelle

Selon le principe de l’économie positionnelle, « La satisfaction que les individus tirent des biens et services qu’ils consomment ne dépend plus seulement de leur propre consommation, mais aussi, et de plus en plus, de la consommation des autres[4]. » Pour le dire autrement, quand l’utilisation d’un bien se généralise/démocratise, ses conditions d’utilisation tendent à se détériorer : la satisfaction liée à ma consommation diminue quand le bien est également consommé par autrui et qu’apparaissent des effets de congestion. L’embouteillage est le meilleur exemple de cette congestion, mais il n’est qu’un cas particulier d’un phénomène beaucoup plus large de congestion sociale. La conséquence est que ma satisfaction diminue quand l’accès à ces biens et services dits « positionnels » se généralise.

Ainsi, « on peut parler de l’existence de limites sociales dès lors que l’extension de l’accès à des biens et services finit par altérer leurs caractéristiques de telle façon qu’à partir d’un certain seuil d’utilisation le degré de satisfaction qui découle de cette utilisation décroît [p. 77]. » On trouve le meilleur résumé de ce que veut dire Hirsch lorsqu’il cite les propos d’un quidam disant, concernant la démocratisation des vols en charters rendant accessibles des lieux touristiques réputés : « Maintenant que je peux y aller, je sais que c’est parce que ça ne vaut plus le coup [p. 301]. » Dès lors, l’utilité que l’agent économique tire d’un bien dépend de la position de l’agent par rapport aux autres agents dans la possession du bien (on peut alors parler également d’externalités de position).

Les conséquences de ces « limites sociales de la croissance » sont potentiellement énormes et dévastatrices quant au mode de fonctionnement actuel de nos économies. Selon Hirsch, les limites sociales de la croissance se traduisent par une mauvaise allocation des ressources et des activités, ainsi que du gaspillage. La croissance devient un jeu à somme nulle : l’apparent progrès économique s’apparente à une course truquée puisque tous les participants avancent en réalité (plus ou moins) au même rythme et restent à la même place relativement aux autres. Dès lors, « à l’échelle de la société, chacun se retrouve, tel un hamster dans sa roue, engagé dans une course absurde et sans fin [p. 167]. » Cela invite à repenser totalement la croissance économique et ses bienfaits supposés : dans une économie dominée par la compétition positionnelle, la croissance est de moins en moins pertinente comme indicateur de la satisfaction et du bien-être. Cela entraîne une frustration dans l’abondance, un « paradoxe de l’abondance » [p. 53]. L’abondance ne crée pas d’augmentation de la satisfaction mais plutôt de la frustration. Les biens positionnels constituent donc un frein à l’extension du bien-être économique, même en période de croissance.

Le rôle des inégalités et du luxe dans ce double processus de franchissement des limites

Hirsch évoque donc le développement d’une croissance non plus démocratique mais devenue aujourd’hui oligarchique. L’économie positionnelle participe à l’augmentation des inégalités, cette dernière favorisant les processus à l’œuvre dans une telle économie. Hirsch ne relie pas explicitement ses réflexions à la question du luxe – peu mobilisée par les économistes. Cependant, les limites sociales de la croissance entraînent bien le développement du luxe, qui lui-même accélère le dépassement des limites écologiques. Dans une économie « positionnelle », il devient en effet de plus en plus difficile de trouver des biens dont la consommation est susceptible de faire augmenter mon utilité. Quels biens sont susceptibles d’échapper (un certain temps) à la congestion ?

Les biens « positionnels » le permettent, du moins tant qu’ils demeurent inaccessibles pour les autres consommateurs : ils augmentent d’autant plus mon utilité qu’ils sont peu consommés, id est que les autres consommateurs ne peuvent y avoir accès. Or c’est typiquement le cas des biens de luxe, qui doivent rester disponibles uniquement pour une élite. Hickel [2021] note justement que « Les personnes vivant au sein de sociétés inégalitaires sont plus enclines à acheter des produits de luxe que celles qui vivent au sein de sociétés plus égalitaires. » [p. 199].

Lukasz Walasek et Gordon Brown[5] ont mis en évidence un lien de causalité entre inégalité des revenus et mal-être social. L’accroissement des inégalités augmente les préoccupations pour des questions de statut et de position sociale. C’est dans leurs termes « l’hypothèse du rang social » : dans les sociétés plus inégalitaires, les individus consacrent davantage de ressources à l’acquisition de biens positionnels. On voit bien ici que les inégalités posent problème, y compris lorsqu’elles augmentent « par le haut », c’est-à-dire même lorsque la situation des plus défavorisés ne se dégrade pas dans l’absolu.

Mais le luxe est une catégorie économique refoulée

La querelle du luxe opposa au XVIIIe siècle les arguments mis en avant par les apologistes du luxe tels que Mandeville et sa fameuse « fable des abeilles » (1714), Melon (1734 et 1736), Hume (1752), Voltaire (1736 et 1737), et Butel-Dumont (1771), mettant l’accent sur la possibilité que le luxe soit facteur de développement économique et de progrès social, aux critiques du luxe développées principalement par le chef de file de la physiocratie Quesnay (1766) et Rousseau (1755 ), quoique dans des registres très différents. Depuis cette querelle du luxe et son épilogue, le luxe a acquis une nouvelle signification, débarrassée de toute connotation morale car délestée de tout lien avec l’excès et l’ostentation. Si la querelle du luxe avait permis de poser la question de la définition et de la nocivité de la consommation des biens de luxe, elle s’est pourtant conclue sur une éviction de la notion. Ainsi, dans l’article « luxe » du Nouveau dictionnaire d’économie politique, Courcelle-Seneuil estimait en 1900 que « l’économie politique n’admet point, dans un sens absolu, cette distinction du superflu et du nécessaire, parce qu’il n’existe aucun moyen pratique de la faire ressortir des faits. ». Nul ne pourrait juger objectivement de ce qui relève du nécessaire, du superflu, ou du luxe.

Ainsi, la querelle du luxe a finalement mis en exergue la banalité et l’innocuité du luxe, et la vacuité et la relativité de la notion. L’impossible définition semble déboucher nécessairement sur une éviction de la notion. Suite à la querelle du luxe, « la pensée économique n’aura plus de raison d’attacher au luxe une importance spécifique. Elle aura toutes sortes de bons motifs pour l’”oublier”[6] », et même pour en faire un objet refoulé au sens psychanalytique du terme. Le refoulement de la notion s’apparente donc pour la science économique à un mode de défense : elle a mis à distance des idées ou représentations considérées comme désagréables. Par ce processus de refoulement, on pourrait dire que la science économique est sortie de la querelle du luxe en abandonnant tout jugement moral sur les préférences et toute possibilité de hiérarchisation des besoins. La distinction entre l’utile et le non utile disparaît, tout comme la possibilité de différencier les besoins des désirs. La souveraineté du consommateur devient non négociable, le consommateur étant le seul juge de ce qu’il souhaite consommer.

Repenser le luxe : le luxe comme consommation indécente

Selon Margalit, les inégalités stricto sensu ne sont pas le problème le plus grave, mais ce sont les questions d’honneur et d’humiliation qui sont le cœur du problème de nos démocraties libérales. Avant de réfléchir, avec Rawls et d’autres, à la mise en place d’une société juste et/ou équitable, il existe en amont une exigence prioritaire de décence. Margalit définit une société décente comme étant « une société dont les institutions n’humilient pas les gens. » [p. 13]. L’humiliation est le concept central de la société décente, elle se définit comme une atteinte au respect de soi et à la dignité (même si la définition de la dignité varie forcément selon l’histoire et les sociétés comme Margalit le note). Humilier quelqu’un, c’est le traiter comme un non humain. Les conditions de vie peuvent aussi être humiliantes.

Margalit consacre d’ailleurs quelques pages au chapitre XI à ce qu’il nomme le snobisme. La question posée est de savoir s’il existe une relation entre le snobisme d’une part et l’humiliation d’autre part. Pour Margalit, « le snobisme est fondé sur l’élaboration continuelle de signes d’appartenance à un groupe, de telle sorte que ceux qui n’en font pas partie soient toujours exclus de la société qui compte. » [p. 182]. Margalit critique la « société snob », qui « peut certainement favoriser et encourager l’humiliation individuelle mais aussi institutionnelle. » [p. 182]. Margalit, qui n’est pas économiste, ne relie pas le snobisme au luxe (ni le snobisme à sa dimension économique), même si nous pouvons facilement en inférer que de telles relations existent.

On peut ainsi supposer que dans la société actuelle, les institutions économiques et politiques ne sont pas décentes au sens où elles autorisent la diffusion de ce sentiment d’humiliation, notamment en permettant ces consommations qui humilient et nuisent aux autres. On peut penser ici à l’exemple de la plaisance de luxe telle que Grégory Salle[7] l’analyse en 2021, pratique dont l’une des fonctions implicites consiste bien à identifier un groupe duquel la majorité d’entre nous sommes exclus. Ici, il y a alors indécence si ceux qui se sentent exclus de cette consommation en ressentent de l’humiliation et un sentiment d’atteinte à leur dignité. La même question se pose a fortiori concernant le tourisme spatial, pratique certes confidentielle mais en plein essor. À travers ces deux exemples, superyachts et tourisme spatial, ne peut-on pas considérer qu’il y a directement ou indirectement un traitement indigne des autres êtres humains, ne serait-ce que si l’on prend en considération les conséquences écologiques de ces pratiques ? Et dans ce cas, comment y mettre fin ?

Renoncer aux consommations indécentes par le limitarianisme ?

Pris de manière globale, le limitarianisme théorisé par Ingrid Robeyns[8] depuis 2017 est une doctrine éthique et/ou politique, qui défend l’idée selon laquelle il existe des limites supérieures au montant de revenu et de richesse qu’une personne devrait pouvoir détenir. Le limitarianisme considère qu’il existe une possession de ressources/richesses que nous devons considérer comme « excédentaire » (surplus money), c’est-à-dire de l’argent dont on dispose en plus – ou plus exactement en trop – comparativement à ce dont nous avons besoin pour mener une vie pleinement épanouie. Au-delà d’un certain seuil donc, mener une vie accomplie ne nécessite plus de ressources matérielles supplémentaires : « En résumé, le limitarianisme soutient qu’il n’est pas moralement permis d’avoir plus de ressources que ce qui est nécessaire pour s’épanouir pleinement dans la vie. Il considère que la richesse est l’état dans lequel on a plus de ressources que nécessaire, et soutient que, dans une telle situation, on a trop, d’un point de vue moral. » [Robeyns, 2017, p. 1, notre traduction]. Ainsi, au-delà d’un certain seuil de richesse, l’augmentation des richesses ne contribue plus à l’épanouissement (ou tellement peu que dans tous les cas, il serait préférable d’utiliser cette richesse autrement, en la redistribuant).

Le limitarianisme peut avoir une valeur intrinsèque ou une valeur instrumentale [Robeyns, 2017]. Dans le premier cas, il s’agira de dire qu’être riche serait intrinsèquement condamnable : le limitarianisme est une doctrine davantage éthique, invitant à des changements de comportement individuels ; dans le second cas, la richesse est moralement inadmissible pour des raisons renvoyant à d’autres considérations : le limitarianisme non intrinsèque s’apparente à une doctrine politique, là où le limitarianisme intrinsèque relèverait davantage d’une doctrine morale (même si la distinction est souvent subtile). Tout en défendant davantage le limitarianisme instrumental, qui lui semble mieux adapté au monde tel qu’il est, Robeyns reconnaît l’existence de solides arguments en faveur d’un limitarianisme intrinsèque, qui peut nous guider quant à la façon dont nous devrions vivre une « bonne vie », notion tombée en désuétude.

Concernant le limitarianisme instrumental, Robeyns mobilise deux types de justifications, politique et économique. Selon le premier, des écarts de richesse trop importants sapent l’idéal d’égalité politique ; le second argument est basé sur l’existence de besoins urgents non satisfaits. Dans le monde non-idéal tel que nous le connaissons, plusieurs circonstances peuvent justifier le limitarianisme instrumental : la persistance d’une grande pauvreté (dans les pays « pauvres » et/ou au sein de certains pays riches) que des ressources financières pourraient faire disparaître, ou encore l’existence de problèmes urgents d’action collective (mondiale) pouvant partiellement être résolus par les gouvernements s’ils avaient les ressources financières nécessaires. On pense ici évidemment à la crise écologique et au changement climatique.

Les implications du limitarianisme instrumental sont nombreuses et complexes, notamment en termes de politiques publiques et notamment fiscales. Une politique publique s’inscrit dans le limitarianisme si son objectif est de mettre en place des structures empêchant l’apparition de richesses « excédentaires ». Robeyns[9] se prononce également en faveur d’une « taxe de crise écologique mondiale », sur les super-riches, afin de financer des fonds d’action pour le climat. Le limitarianisme intrinsèque possède également des implications concrètes : ici, il s’agit d’encourager le développement d’un certain ethos incitant ceux qui ont un surplus d’argent à le diriger vers la satisfaction de besoins urgents besoins non satisfaits. Ainsi, « Le limitarianisme peut contribuer à esquisser une vision d’un monde à la fois moins injuste et écologiquement plus durable. » [Robeyns, 2019, p. 263, notre traduction]. On peut donc concevoir le limitarianisme comme une version « moderne » de la critique du luxe. On retrouve l’idée d’un excès de richesses comme atteinte à la dignité, comme outil d’une domination, et le limitarianisme rejoint et dépasse la volonté de rendre la société décente.

À leur façon, ces réflexions rejoignent des questions explicitement posées dans le rapport Meadows, mais auxquelles les économistes continuent de refuser de se confronter : « Croissance de quoi ? Pour qui ? A quel prix ? Financée par qui ? De quel type de besoin parle-t-on vraiment et quel est le moyen le plus direct et le plus efficient de le satisfaire pour ceux qui ressentent ce besoin ? Comment déterminer ce qui est suffisant ? Quelles obligations avons-nous de partager[10] ? ». Ainsi, si l’illimitation de notre consommation nous fait basculer dans la mauvaise chrématistique et l’injustice comme le montraient déjà les réflexions aristotéliciennes, elle fait aussi augmenter de manière non légitime les émissions de CO2, et ce faisant nous fait basculer également dans l’injustice climatique.

[1] Éloi Laurent, « La transition juste. Un nouvel âge de l’économie et de l’environnement », Revue de l’OFCE, Vol. 3, n° 165, p. 16.
[2] Jason Hickel, Moins pour plus. Comment la décroissance sauvera le monde, Marabout, Époque épique, 2021.
[3] Avishai Margalit, La Société décente, Champs Flammarion, 1996.
[4] Fred Hirsch, Les Limites sociales de la croissance, 2016, p. 43.
[5] Lukasz Walasek et Gordon Brown, 2015, « Income Inequality and Status Seeking: Searching for Positional Goods in Unequal U.S. States », Psychological Science, Vol. 26, n°4, pp. 527-533.
[6] Serge Latouche, 2005, L’invention de l’économie, Bibliothèque Albin Michel Economie, p. 181
[7] Grégory Salle, 2021, Superyachts. Luxe, calme et écocide, Editions Amsterdam/Multitudes.
[8] Ingrid Robeyns, 2017, « Having Too Much », Nomos, Vol. 58, pp. 1-44.
[9] Ingrid Robeyns, 2019, « What, if Anything, is Wrong with Extreme Wealth? », Journal of Human Development and Capabilities, Vol. 20, n°3, pp. 251-266.
[10] Meadows Dennis, Meadows Donatella, Randers Jorgen, 2017 (2012), Les limites à la croissance (dans un monde fini), L’écopoche, p. 103.

#politique #écologie #social #économie #inégalités #limites #limitarianisme #décence #consommation #luxe #distinction #croissance #Delphine-Pouchain #AOC

xrlavache@diaspora.psyco.fr
fiel@diaspora-fr.org

Chantier La Clusaz, retenue collinaire

#Zad la #Clusaz #retenue-collinaire #méga-bassine #bourgeois #ski #montagne #enneigement-Artificielle

Appel à soutien : ZAD de la Clusaz

Depuis le 23 septembre, nous occupons la forêt de #Beauregard, sur le plateau du même nom, en amont de la Clusaz. Cette forêt est menacée de #destruction par un projet de #retenue-collinaire, une sorte de méga-bassine d’eau destinée à enneiger artificiellement les pistes de la station de la Clusaz. La région est spécialisée dans les paradis d’hiver pour bourgeois : Hôtels de #luxe, immobilier hors de prix et station de ski tout confort. En enneigeant artificiellement les pistes, les élus régionaux veulent perpétuer une vision obsolète de la montagne, déconnectée des enjeux et des besoins actuels. Ils souhaitent imposer une vision à court terme, faites pour satisfaire les envies démesurées des #élites-économiques.

la Cluzas vallé de luxe ...

la Cluzas vallé de luxe ...

En bétonnant toujours plus la montagne, ils détruisent de manière irrémédiable les milieux vivants. (Ce projet s’inscrit dans une continuité d’aménagements qui se sont fait ces dernières années, et qui se préparent pour celles à venir.) Dans les environs de la Clusaz, 4 retenues sont déjà construites et plus de 100 sont prévues dans la région #Auvergne-Rhône-Alpes. Le plan d’aménagement de la montagne inclut d’autres projets destinés à faire de la montagne un produit de #consommation de #luxe.
Si nous nous opposons à cette bassine précisément c’est aussi pour critiquer cette façon de considérer et de capitaliser au dépend des milieux naturels. A partir du 1er décembre, les travaux sont interdits et suspendus pour protéger les espèces locales. C’est pourquoi nous pensons qu’il est important de venir défendre ce lieu, pour montrer que nous n’accepterons pas un projet inutile de plus. Si nous montrons une opposition forte, il est possible de contrer ce projet et ceux à venir. Pour cela nous vous appelons à nous rejoindre sur la #ZAD pour nous aider à #occuper et #lutter pour la sauvegarde de la forêt.

#ZadPartout !

N’hésitez pas à prendre du matos de grimpe si vous en avez, votre matériel de protection et de quoi vous protéger du froid.

P.-S.
Pour avoir les informations techniques et pour nous rejoindre, voici le lien Telegram :
canal n°1 « Radioccupe le bois de la colombière » https://t.me/+tiCRUyArI5A2MWQ0 ;
canal n°2 « rejoins le bois de la colombière » https://t.me/+tcsGLYWbppgzZWY0 .

basta.media@diaspora-fr.org
nor@diaspora-fr.org

« Les humains pensent qu’ils vont vivre moins bien en revenant vers leur milieu naturel? Iels sont fous et folles! » dirait la vache stupéfaite.

Vivre ! Heureux.se ! #ultraluxe (documentaire)

Vous savez, je suis de plus en plus surpris lorsque j’entends ou lis que « le monde va devenir plus compliqué », qu’il va falloir se serrer la ceinture, se sacrifier pour polluer moins et limiter le réchauffement climatique autant que possible afin que les générations futures décèdent au moins après 40 ans en moyenne. Je suis surpris car, depuis plus de trois ans, il se trouve que j’expérimente exactement l’inverse ! 😀

Lire la suite: https://capitalsupreme.com/vivre-heureux-se-ultraluxe-documentaire/

#fr #ecologie #climat #changer #luxe #solution #environnement #capitalisme

valentinmattia@diasp.org

Today a custom jewelry will cost you an arm and several months of waiting. I remember the engagement ring I had custom made for my beloved. I provided the gold and the stone. 500-600€ and 5-6 months to make it. And this, in different local jewelry stores.
Now I am a jeweler. I make all my jewelry in 7-10 working days. And I offer prices much more interesting than most.
You understood it, if you, a member of your family or a friend needs a jewelry, ask me for a quote.

🇫🇷 Aujourd'hui un bijoux sur mesure vous coutera un bras et plusieurs mois d'attente. Je me rappelle de la bague de fiançailles que j'avais fait sur mesure pour ma bien aimée. Je fournissais l'or et la pierre. 500-600€ et 5-6 mois pour la fabrication. Et ce, dans différentes bijouteries locales.
A présent je suis joaillier. Je fabrique tous mes bijoux en 7-10 jours ouvrés. Et je propose des prix beaucoup plus intéressants que la plupart.
Vous l'avez compris, si vous, un membre de votre famille ou un amis a besoin d'un bijoux, demandez moi un devis.

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Emerald 18k gold ring
🇫🇷 Bague émeraude 18k or

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