Le gouvernement veut installer des dark stores partout, mais les maires s'y opposent - Numerama
One person like that
2 Shares
#travail #capitalisme #salariat #exploitation #domination > #anarchisme #anticapitalisme #autogestion #émancipation
« S’en aller, le matin, dès l’aurore, à l’usine
Puis s’atteler, ainsi qu’une inerte machine
A quelque dur labeur qui ne change jamais,
Répéter tel un rite ennuyeux — comme un faix
Ecrasant qu’on ne peut jeter bas — une lâche,
La semblable toujours. Se tenir humble, lâche,
Devant l’arrogant chef dont l’impérieuse voix
Ordonne et qui veut être écoutée. Point de choix :
Obéir ou partir. La besogne est stérile (...) "
▶️▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2022/07/e.armand-le-travail-1908.html
#politique #travail #exploitation
via @Laurent Nours
https://twitter.com/Elise_000/status/1552330976059183108
Une DRH d'hôtel : "Je ne vais quand même pas payer une femme de chambre 2000€ net par mois !".
— Le prolétaire (@Elise_000) July 27, 2022
Sachant que 3 chambres sont fermées en raison d'une pénurie d'esclaves, représentant une perte financière de 60 000€, la madame devrait réfléchir un brin. pic.twitter.com/Xc693v96yk
Experts warn against calling #sex #trafficking “slavery.” According to Gelya Bessmertnaya, coordinator of the Eurydice feminist initiative, the term breeds the widespread stereotype that #exploitation occurs only when a person is kept somewhere by force:
“According to statistics, in most cases #women are exploited during recruitment and not through abduction. The same thing happens with #refugees – they’re cheaper and easier to recruit than to kidnap. How they’re later harbored is another question. But the main factor of coercion is psychological.”
https://russiapost.net/society/human_trafficking #war #crisis #ukraine #russia #violence #humanrights #belarus
https://twitter.com/Francois_Ruffin/status/1549811933561454593
Ce n'est pas au gouvernement d'augmenter les salaires ? Mais si on avait laissé faire la bonne volonté du patronat, il y aurait toujours le travail des enfants ! On n'aurait ni congé, ni retraite, ni SMIC, ni Sécu ! Aujourd'hui vous refusez de faire la loi qui affranchit ! pic.twitter.com/wbR4zb5eis
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) July 20, 2022
Les ravages de la sous-traitance.
Des compagnons exploités, virés, et plusieurs décès : de nombreuses personnes passées par le village Emmaüs de Lescar-Pau dénoncent d’insupportables conditions de vie et de travail infligées par le directeur du village. Celui-ci récuse les accusations.**
j'en est entendue de bien belles aussi sur #Emmaus #Cahors par des gens qui y on travaillé ....
#société #exploitation #proxénétisme #NSFW #NSFL
Attention récit très éprouvant.
Surprise, emprise, viols et violences : les récits livrés au « Monde » par certaines des plaignantes mettent à mal toute la stratégie d’image de l’empire du porno, basée sur le fantasme d’un libertinage consenti par des « femmes ordinaires ».
C’est la définition psychiatrique d’un traumatisme : la trajectoire de la victime reste figée au moment du point d’impact. Le temps n’efface aucune blessure. Corinne (les prénoms des victimes ont été modifiés pour préserver leur anonymat) semble n’être jamais sortie de cette chambre d’hôtel attenante à la gare Montparnasse à Paris, où elle a participé à un tournage en mai 2013. Presque dix ans après, à la question de ce qu’elle a ressenti face à la mise en examen de Michel Piron, le propriétaire du plus grand site pornographique français Jacquie et Michel, pour complicité de viol et traite d’êtres humains en bande organisée, sa voix a tenu deux phrases, le temps de bredouiller quelque chose autour de son « soulagement » puis s’est brisée.
Son avocate avait prévenu : Corinne voulait s’exprimer, mais ne pourrait le faire qu’une seule fois, parce que c’est « trop dur ». « Je crois qu’elle est cassée à jamais. Quand on en parle avec elle, on a l’impression que les faits ont eu lieu la veille », raconte Me Camille Martini. « Ils m’ont pris une partie de mon être, je suis marquée au fer rouge, ils m’ont volé mon humanité », tente de décrire cette assistante comptable du sud de la France. Un mois après le tournage pour Jacquie et Michel, elle fait une tentative de suicide médicamenteuse. Son frère et sa mère la sauvent in extremis. Depuis, elle n’a plus de vie sociale : elle reste cloîtrée chez ses parents. Plus de relations sentimentales non plus. Elle lutte avec ses cauchemars, ses insomnies, les flashs et l’envahissement permanent. Son existence bloquée dans cette chambre du 4e étage de l’hôtel Pullman.
Le Monde a eu accès aux témoignages de certaines des plaignantes du dossier Jacquie et Michel, dont les récits circonstanciés battent en brèche la ligne de défense du groupe Ares, qui, par la voix de son avocat Me Nicolas Cellupica, a fait savoir que Michel Piron « s’est toujours dit du côté des victimes si des actrices ont subi des actes de violence sexuelle qu’il ignorait parfaitement ». Contacté, le conseil de la société Ares, propriétaire du groupe, convient qu’« au début de l’activité vidéo Michel Piron s’est rendu sur quelques tournages pour comprendre ce qu’il lançait et pour affiner le concept », mais maintient que le groupe « n’est que diffuseur de vidéos ».
Un diffuseur d’au moins une nouvelle vidéo par jour, « sachant qu’une fille peut en faire trois maximum, ça fait à peu près cent filles par an qui passent à la casserole après avoir été recrutées avec des méthodes de proxo. Je serais curieux de savoir comment elles vont toutes aujourd’hui », éclaire un ancien réalisateur du site. L’actrice Marion Lew confirme : « J’ai fait quinze scènes pour Jacquie et Michel. A la fin, ils m’ont demandé de mettre une cagoule, car on m’avait trop vue. Ils ont instauré cette course aux nouveaux visages, qui fait que des femmes qui n’auraient jamais dû finir dans un porno s’y retrouvent, ils jouent sur la misère sociale. »
Cet argumentaire de diffuseur ignorant des errements de ses sous-traitants met Corinne en colère : « Michel Piron était là pendant tout mon tournage. C’est lui qui a ordonné les choses et les directives, ce n’est pas juste un diffuseur. Et, par ailleurs, un diffuseur est responsable de ce qu’il diffuse. » L’avocat de Michel Piron, Me Yves Levano, assure, pour sa part, que « la plaignante ne dit pas la vérité. Ce sera démontré. » Pourtant, à en croire son récit, la rencontre de Corinne avec la plate-forme pornographique répond aux mêmes logiques que celles à l’œuvre dans le recrutement des jeunes femmes dans les réseaux de proxénétisme traditionnels. Si Me Cellupica martèle qu’il « n’a jamais été question de ruse pour faire venir les actrices », car « les candidatures spontanées sont nombreuses et continuent de l’être », les témoignages des plaignantes face aux enquêteurs racontent une autre histoire.
En 2012, Corinne divorce d’un mari avec qui elle a eu deux enfants et dont elle a l’impression d’être la « boniche ». Elle se sent seule et s’inscrit sur un site de rencontres, Badoo, où elle discute avec un militaire qui dit s’appeler Bastien et être originaire de Bayonne. Il est gentil et attentionné avec elle, devient son confident. Elle tombe amoureuse de lui, a un premier rapport avec lui dans un hôtel Formule 1 proche de là où elle vit. Puis il vient à son domicile, et lui montre un site qu’elle ne connaît pas, Jacquie et Michel, dont les participants seraient « canadiens ». Pendant un acte sexuel, il lui demande de tourner tous les deux une vidéo pour le site. Elle accepte – « mon but était d’être avec Bastien. J’aurais fait n’importe quoi pour lui », dépose-t-elle.
Le rôle de Bastien dans ce type de réseau est connu : les policiers le qualifient de « lover boy ». C’est le recruteur qui séduit des femmes fragiles affectivement et leur fait accepter la prostitution ou les tournages pornographiques comme une preuve d’amour. Corinne contacte Michel Piron : « Je lui ai clairement expliqué que je voulais faire l’amour devant la caméra de manière traditionnelle avec mon petit copain Bastien. »
Rendez-vous est pris à Paris le 18 mai 2013. Bastien la prévient qu’elle va avoir une surprise. « Je pensais que la surprise, c’était lui. » Sur le quai de la gare Montparnasse, Michel Piron l’attend avec Rick Angel, ancien conseiller technique au ministère de l’intérieur de l’époque de Michèle Alliot-Marie, devenu producteur de porno. Dès sa descente du train, ils la filment, lui font montrer ses sous-vêtements devant tout le monde. Arrivée à l’hôtel, Corinne réclame de contacter Bastien, elle veut l’attendre. Michel Piron la rassure, Bastien va arriver.
Le piège se referme sur Corinne. Elle est entourée d’hommes nus et en érection dans la chambre. Michel la contrôle. Plusieurs pénétrations vaginales et anales lui sont imposées par Rick Angel puis d’autres acteurs. Elle est fouettée avec une ceinture, proteste, tente même de s’échapper. Michel la rattrape. L’épouse de Michel intervient pour lui dire que Corinne a mal. Ils lui mettent une ceinture autour du cou pour la tenir en laisse. Et finissent par tous lui éjaculer sur le visage en lui demandant de dire « merci Jacquie et Michel ».
La nuit, Corinne reste seule terrorisée dans la chambre. « J’ai placé les deux petits fauteuils du salon devant la porte et j’ai pleuré. » Le lendemain, elle rentre chez elle, sans n’avoir rien touché pour sa prestation. Le 24 mai 2013, la vidéo est mise en ligne. Les images se répandent sur Internet, jusque dans le regard des clients de l’entreprise pour laquelle elle travaille qui la reconnaissent, et surtout jusqu’à son dossier de divorce. Elle perd la garde permanente de ses enfants. « Mon frère a appelé Michel Piron pour lui dire que j’avais tout perdu à cause de lui, que j’avais des idées suicidaires.
« Qu’attendez-vous aujourd’hui des suites de votre démarche ? », ont demandé en décembre 2020 les policiers du 1er district de police judiciaire de Paris à Jessica. « J’attends qu’ils arrêtent d’exploiter des femmes et de les casser, et ce gros porc de Michel fait de l’argent sur la douleur des femmes et c’est sur cela qu’il fait son capital. »
La vie de Jessica commence par des viols commis sur elle par son beau-père, puis par une plainte classée sans suite quand elle dénonce à la police ce qu’elle a subi enfant. A 15 ans, elle rencontre le père de son fils, qui l’emmène deux ans plus tard se prostituer dans les bars à champagne de Genève. Il l’abandonne ensuite chez un ami en Italie qui la viole et la contraint là encore à la prostitution. « Toutes ces expériences m’ont traumatisée et, en fait, toute ma vie, je n’ai subi que des violences, tant au niveau sexuel que personnel », constate-t-elle.
Jessica s’enfuit, rentre en France et trouve un travail dans un camping, qui lui permet d’avoir une vie normale. Le camping ferme, elle n’a plus rien pour payer son loyer, manque d’être expulsée de chez elle. Sur un site Internet, elle trouve une petite annonce qui promet beaucoup d’argent pour tourner un film pornographique, dans lequel l’anonymat est garanti. Elle se rend chez Dorian, l’un des réalisateurs désormais en détention provisoire dans le cadre de cette affaire. Là-bas, lui et sa copine insistent beaucoup pour le tournage. Ils la font boire et consommer de la MDMA pour la détendre. S’ensuivent de multiples scènes de contraintes, dans lesquelles la sodomie et le nombre de partenaires sont forcés.
Très abîmée psychiquement, Jessica devient l’une des incarnations de Jacquie et Michel, l’une de ces femmes envoyées dans les boîtes de nuit aux soirées de la marque. « Lorsque nous allions dans ces établissements, nous étions des objets. Je touchais 300 euros par soirée et, à chaque soirée, le patron de l’établissement avait le droit à sa fellation, c’était compris dans le prix, c’était humiliant », décrit-elle.
Dans une gradation courante dans le milieu, Jessica est sollicitée pour réaliser des vidéos de plus en plus violentes. Dorian lui parle de « soumission », elle refuse en expliquant être « non violente », il l’amadoue : « Ça n’est que du fake. » Elle tombe sous la coupe d’un réalisateur de films sadomasochistes « hard-core » – il écrit en ces termes sur son site Internet –, Maître TSM, par ailleurs informaticien dans le département du Gard et lui aussi diffusé sur Jacquie et Michel. Le récit devient plus violent encore : selon Jessica, Maître TSM l’attache à des arbres, à des machines agricoles, la fouette. « Et là huit hommes sont arrivés, tous cagoulés », poursuit-elle. Ils la violent, l’injurient. « Moi, j’avais mal et je tentais de repousser mes agresseurs et je pensais que j’allais vivre ma dernière heure », raconte Jessica aux policiers. Suite à cette scène, Jessica s’enferme chez elle. « J’ai même essayé de me suicider par pendaison mais le câble a cédé. Je me sentais sale et soumise, je n’avais plus envie de vivre. »
Rejetée par tous ses proches, sans argent – « je me dégoûtais », répète-t-elle plusieurs fois devant les enquêteurs –, Jessica met des années à se défaire de l’emprise du système Jacquie et Michel. « Pourquoi ne pas avoir dénoncé les faits plus tôt ? », l’interrogent les policiers. « J’avais peur des représailles. On m’a dit que ma parole ne vaut rien, qu’ils ont du pouvoir et qu’à côté d’eux, je ne suis rien. Et je viens aujourd’hui car j’ai vu que d’autres femmes sont venues déposer plainte et je ne dois pas les laisser seule et je dois prendre mon courage à deux mains. »
Valérie, une troisième victime, a également mis plusieurs années à trouver le courage de déposer plainte. En 2009, cette étudiante cherche un peu d’argent et accepte de poser pour des photos de lingerie. Le photographe, Jack Wood – mis en examen en même temps que Michel Piron en juin 2022 – , la fait venir à Paris pour une première séance sans histoire. Mais lorsqu’elle revient, quelques semaines plus tard, tout change : selon son témoignage, l’homme profite de son sommeil pour la violer une première fois, puis l’emprise s’installe. « Les soirs qui ont suivi, il me jetait sur le lit, me déshabillait de force et me pénétrait (…) J’étais coincée, j’avais peur de violences physiques, je me laissais faire. » Le « viol d’abattage » destiné à briser la psyché et la volonté de la victime, est une pratique courante permettant le proxénétisme. Comme le recrutement par ruse, qui consiste à manipuler les femmes et ne jamais vraiment leur dire ce qui les attend. Ainsi, durant des semaines, Valérie est traînée par son ravisseur dans plusieurs appartements où elle subit d’autres viols, souvent filmés.
Un jour, Jack Wood et deux hommes, qui lui expliquent travailler pour Jacquie et Michel, lui demandent de jouer un rôle, celui d’une employée sortant de son travail. Valérie est face à un mur percé de trous, desquels dépassent des pénis masculins. « L’enregistrement a duré cinq heures, j’ai dû pratiquer des fellations sur chaque sexe. » Elle subit aussi une série de pénétrations, vaginales puis anales. « J’ai crié, hurlé, je leur ai demandé d’arrêter, c’était encore plus violent que vaginalement. Ça a duré tout un après-midi. » A la fin, Valérie est obligée de prononcer la phrase emblématique du site, « merci Jacquie et Michel ». Elle fera encore six tournages de ce type avant de réussir à s’enfuir.
A la violence des tournages s’ajoute encore celle de la diffusion. « Dans mon village, tout le monde parle dans mon dos. » Comme pour Jessica et Corinne, la santé mentale de Valérie est gravement atteinte. « J’ai fait des tentatives de suicide (…) de nombreux malaises, crises d’angoisse. La sexualité me dégoûte, je suis toujours sur les nerfs, à fleur de peau. Je veux tout le temps être seule. »
Ces témoignages qui s’accumulent mettent à mal toute la stratégie d’image de Jacquie et Michel, basée sur le fantasme d’un libertinage consenti par des « femmes ordinaires ». En réalité, comme le résume une autre victime, Fabienne, qui a tourné plusieurs scènes pour le site, « les vidéos doivent répondre à un certain cahier des charges (…), on nous impose ces pratiques abominables assimilables à de la torture, moqueries, insultes ». Même le fameux slogan, « merci Jacquie et Michel », « on m’imposait de le dire. J’avais envie de pleurer, mais je devais faire semblant que tout allait bien », assure encore Fabienne.
Le 17 juin 2022, une information judiciaire a été ouverte contre le plus grand site pornographique français, et confiée à la section de recherches de la gendarmerie de Paris. le même service d’enquête que celui qui a déjà porté la précédente affaire dite de « French Bukkake », dans laquelle une cinquantaine de femmes ont déposé plainte pour viol et traite aggravée d’être humains et une dizaine de personnes sont actuellement en détention provisoire.
#politique #travail #exploitation
Etudiants saisonniers dans la restauration: «On veut bien travailler, mais pas à n’importe quelles conditions»
Horaires à rallonge, heures supplémentaires non-payées et salaires de misère n’attirent guère les postulants à l’heure où 100 000 jobs restent à pourvoir dans l’hôtellerie-restauration cet été.
«Les patrons qui paient bien, qui te respectent et qui te proposent un logement trouvent des employés», assure Marvyn, qui enchaîne les saisons estivales dans des restaurants depuis dix ans.
«Je travaillais 80 heures par semaine, j’étais payé 35 heures et le reste, c’était du bénévolat», se souvient Florent, écœuré. Pendant trois ans, cet homme de 25 ans, tout juste diplômé d’une fac de géographie, a travaillé l’été dans les cuisines d’un restaurant de Dordogne pour payer son loyer et ses frais de scolarité. «Je gagnais 1 500 euros par mois en bossant tous les jours avec une seule matinée de repos dans la semaine. J’étais surexploité mais je n’avais pas le choix. J’ai essayé de travailler pendant l’année scolaire mais évidemment mes notes ont dégringolé. Mes parents ne pouvaient pas m’aider et ce n’était pas mes 100 euros de bourses qui allaient suffire», expose Florent, marqué par des services «sans répits dans une cuisine où la température montait très vite». Finalement, il a abandonné la restauration au profit d’un boulot à la réception d’une base de canoë.
Comme Florent, cette année, de nombreux saisonniers semblent refuser de se plier aux conditions de travail imposées par les employeurs de la restauration. Si bien qu’il reste encore «un peu plus de 100 000 postes à pourvoir pour la saison», dénombre Thierry Grégoire, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) saisonniers. Pourtant, ce ne sont pas vraiment les bras qui manquent. Plutôt qu’une pénurie de main-d’œuvre, certains évoquent une pénurie de conditions de travail acceptables.
«Il ne faut pas être regardant»
«Les patrons qui paient bien, qui te respectent et qui te proposent un logement trouvent des employés», assure Marvyn, qui enchaîne les saisons estivales dans des restaurants depuis dix ans. «Le boulot ne manque pas mais il ne faut pas être regardant sur les conditions de travail, résume le serveur de 28 ans, embauché jusqu’à la fin du mois de septembre dans un restaurant de l’Hérault. Les trois quarts des patrons proposent d’office le minimum car il y a un réservoir de main-d’œuvre précaire et prêt à travailler pour peu cher qui est priorisé : les étudiants.»
Aujourd’hui, avec dix ans d’expérience de «saisonnier professionnel», Marvyn se «satisfait» de gagner 1 800 euros par mois. Et lorsqu’il estime qu’un contrat est sous-payé, il se paye le luxe de le refuser. Ce qui n’est pas le cas de tous les saisonniers. Les étudiants en recherche de jobs d’été, dont beaucoup ont besoin d’argent pour financer leurs études, sont souvent prisonniers des conditions imposées par leurs employeurs.
«Un jeune qui travaille deux mois l’été dans un bar est très captif et a peu de chances de faire valoir ses droits. L’employeur peut prendre le risque qu’il ne revienne pas l’année prochaine, donc il peut choisir de ne pas payer tout ou partie des heures supplémentaires, de lui imposer des conditions de travail très difficiles, souligne Claire Vivès, sociologue au centre d’études de l’emploi et du travail. Une fois qu’il a effectué ses deux mois, il n’a pas de moyen de pression sur l’employeur. Il prend le salaire et s’en va.»
Un constat partagé par Louise (1). Cette étudiante de 23 ans ne garde pas un bon souvenir de sa première saison, en 2017, dans un restaurant du Finistère. Entre réprimandes en public, salaire de misère et sexisme ordinaire, cette serveuse était «prête à tout accepter pour gagner un peu d’argent» : «Je n’osais rien dire car j’étais précaire et j’avais besoin de ce salaire. A la place, je me suis fermée.»
D’été en été, les contrats saisonniers continuent d’être très utilisés par les employeurs pour leur flexibilité mais ils laissent le champ libre à nombre d’abus. «C’est souvent un rythme et des plages horaires journalières au-delà de l’entendable, des heures supplémentaires non payées, le tout sans prime de précarité à la fin du CDD», peste Patrice Bossart, membre de la direction nationale de la CGT en charge des saisonniers.
Cette année, le rapport de force entre saisonniers et employeurs semble néanmoins s’être inversé. «Je pense que les restos ont encore la sensation d’être tout-puissants, comme avant le Covid, où c’était possible d’imposer des périodes et des horaires à leur convenance», avance Mathis. «Mais la balle a changé de camp. Maintenant que ce sont eux qui sont en demande, ils devraient peut-être s’adapter à l’offre d’emploi que nous leur proposons, parce qu’on veut bien travailler, mais pas à n’importe quelles conditions», poursuit l’étudiant à Sciences-Po avec fermeté. Côté patrons, on met surtout en avant la reconversion de nombreux salariés du secteur, après le premier confinement en 2020, qui aggrave la pénurie de saisonniers cette année. 237 000 salariés ont quitté le secteur entre février 2020 et février 2021, d’après la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares).
De faibles propositions collectives
Loi du marché oblige, avec cette pénurie de main-d’œuvre, ce sont désormais les travailleurs qui semblent pour une fois en position de force. Toutefois, ce «renversement, s’il existe bien, se cantonne au niveau individuel, au cas par cas. Lors des dernières négociations de branche, les propositions des employeurs sont restées très faibles», nuance la sociologue Claire Vivès. En avril, l’hôtellerie-restauration avait augmenté sa grille de salaire de 16,3 % en moyenne… mais l’échelon le plus bas, lui, n’a été revalorisé qu’à hauteur de 4 %, passant à 11,01 euros de l’heure, quelques centimes seulement de plus que les 10,85 euros du smic.
Cette hausse des salaires n’est probablement pas suffisante pour répondre à la perte d’attractivité du secteur. Et les saisonniers l’ont bien compris. «Je ne remettrai plus jamais les pieds dans un restaurant pour y travailler», jure Louise. Pour arrondir ses fins de mois, la jeune femme préfère aller chercher loin de la restauration et donner des cours particuliers à partir de la rentrée.
Mais les conditions de travail des saisonniers ne sont pas forcément meilleures dans les autres secteurs. Après avoir refusé plusieurs contrats dans des restaurants, Mathieu, étudiant en sciences politiques, a été embauché dans une grande surface de Haute-Corse. «J’enchaîne sept heures et demie de travail, toujours debout, à soulever des cartons lourds, le tout avec seulement un quart d’heure de pause. J’ai commencé il y a dix jours mais je n’ai toujours pas de contrat de travail, je ne sais même pas combien je suis payé», énumère le jeune homme, en colère. Aujourd’hui, il assure préférer travailler toute l’année, en plus de mener ses études à bien, plutôt que de «gâcher» ses mois de juillet et août dans «le bourbier que sont les jobs d’été».
(1) Le prénom a été modifié.
#économie #politique #exploitation
Inflation : les salariés, éternels dindons de la farce
Avec la poussée inflationniste, les salariés sont sommés d’accepter un recul de leurs revenus réels pour éviter l’emballement des prix. Mais lorsque les prix étaient bas, les salariés devaient accepter la modération salariale au nom de l’emploi. Un jeu de dupes que seules les luttes pourront renverser.
« Vous semblez oublier mes amis que vous n’êtes que des salariés, les êtres les plus vulnérables du système capitaliste. […] C’est pourquoi, si vous avez des revendications de salaires à formuler, vous me faites une note écrite, je la mets au panier et on n’en parle plus. » Cette réplique célèbre de Michel Audiard tirée du nanar Un idiot à Paris, sorti en 1967, et prononcée par Bernard Blier, qui campe le patron autoritaire d’un abattoir face à une grève sauvage, semble résumer à elle seule la situation dans laquelle les salariés se trouvent depuis quatre décennies.
Avec l’accélération des prix en 2021 et encore plus au début de 2022, la priorité des politiques menées en France, mais aussi dans la plupart des pays avancés, est la même : contenir les salaires nominaux pour éviter la fameuse « boucle prix-salaires ». Il est donc demandé aux salariés d’amortir le choc.
Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau exhorte les salariés à la raison : « Tout le monde serait perdant en cas de hausses de salaire », a-t-il déclaré le 11 mai sur France 5. En attendant, ce sont les salariés qui trinquent. Les salaires réels se sont effondrés : selon la Dares, durant le premier trimestre 2022, le salaire mensuel de base du secteur privé a reculé de 2,3 %.
On peine à prendre conscience du choc que cet « ajustement » représente. Au cours des douze dernières années, les baisses de salaires en termes réels, autrement dit en prenant en compte l'inflation, ont été des phénomènes exceptionnels. Les salaires nominaux ont plutôt stagné quand les prix, eux, restaient faibles. C'est pour cette raison que le phénomène actuel est particulièrement rude pour les salariés : la baisse du salaire réel atteint un niveau inédit depuis longtemps. La réalité de la politique actuelle de lutte contre l’inflation se traduit donc par la plus grande violence sociale.
C’est face à cette réalité qu’il faut comprendre la stratégie du précédent gouvernement et du nouveau. Le « chèque énergie », le nouveau « chèque alimentation », annoncé dans le prochain collectif budgétaire, ou même le « bouclier tarifaire » ne sont, en réalité, que des mesures d’accompagnement visant à faire accepter cette baisse de revenus réels.
Évidemment, en période de campagne électorale, les bras s’agitent et les moulinets succèdent aux effets de manche. Ce lundi 23 mai, Bruno Le Maire a réuni le patronat pour demander aux entreprises de faire quelque chose. Mais les « demandes » de Bercy sont surtout et avant tout le reflet de son impuissance volontaire. D'ailleurs, dans son entretien inaugural du dimanche 22 mai au Journal du Dimanche, la première ministre Élisabeth Borne, n'a même pas daigné évoquer la question des salaires.
En face, les entreprises ont beau jeu de faire valoir la compétitivité, l’investissement, leurs intérêts et le rapport de force décrit par Bernard Blier ci-dessus pour renvoyer le ministre à ses chères études. Tout le monde est content : le ministre a essayé, mais ce n’est pas possible. Aux salariés, donc, de continuer à ajuster. Si l’on cherche un adjectif pour qualifier ce type de politique économique, on pourrait aisément tomber sur le terme « cynique ».
L’inflation faible exige la modération salariale
Mais il y a davantage. Car la position des salariés n’est, en réalité, guère plus enviable lorsque l’inflation est modérée. On peut aisément s’en souvenir, cela ne date que de quelques années. Lorsque la hausse des prix est modérée ou basse, la « modération salariale » est de rigueur. Il en va bien sûr de notre compétitivité et, faute de hausse des prix, il faut bien pouvoir assurer les bénéfices par la compression des salaires.
Le 14 juillet 2020, lors de son entretien suivant la nomination de Jean Castex au gouvernement et alors que l’inflation était au plus bas, le président de la République avait d’ailleurs revendiqué cette politique de « modération salariale ». Dans cet entretien, Emmanuel Macron faisait aussi rêver les salariés en leur promettant en retour de leurs « efforts » de l’intéressement et de la participation. « Si on accepte de la modération salariale pour un temps, moi, je souhaite qu’elle s’accompagne et on a mis en place ces dispositifs, d’intéressement et de participation », affirmait-il. Ce que le salarié perd en salaire, il le gagnerait en forme de dividende.
Mais comme avec les chèques divers distribués en période d’inflation, le salarié lâche alors la proie pour l’ombre. Il abandonne la rémunération de son travail, fondement de la valeur, pour un partage avec les actionnaires, de la plus-value, autrement dit ce qu’il a travaillé pour le capital. À ce petit jeu, la perte est assurée.
"C’est donc un bien à un jeu de dupes que les salariés sont désormais soumis : pile, ils perdent, face, ils perdent."
Au reste, la « grande modération » de l’inflation a un bilan très décevant en termes de revenus réels. Il est d’ailleurs intéressant de se plonger dans l’historique de l’Insee des évolutions du « pouvoir d’achat », autrement dit du revenu disponible brut réel par unité de consommation. On constate que, entre 1960 et 1980, ce revenu a progressé de 100,8 %. Mais entre 1980 et 2020, soit sur une période deux fois plus longue, ce même revenu a, lui, progressé de 45,5 %, soit plus de quatre fois moins vite. Dans la deuxième décennie du XXIe siècle, la situation a même été désastreuse : entre 2011 et 2013, la chute a été telle qu’il a fallu attendre 2017 pour revenir au niveau de 2010. Sans inflation, cette fois.
Comme on peut donc le constater, la promesse de la modération salariale est une fausse promesse : elle se traduit par des gains faibles ou négatifs en termes de revenus réels. Dès lors, ce que demandent aujourd’hui les économistes orthodoxes, le patronat et le gouvernement revient à demander aux salariés de perdre du pouvoir d’achat pour pouvoir ne pas en gagner par la suite.
C’est donc bien à un jeu de dupes que les salariés sont désormais soumis : pile, ils perdent, face, ils perdent. Inflation ou désinflation, ils doivent renoncer à toute revendication de hausse des salaires. Et le tout en supportant un discours dominant qui fait du salariat une sinécure pleine de sécurité et d’avantages face à un entrepreneur qui, lui, « prendrait des risques » et « jouerait sa vie ».
Évidemment, une telle situation n’est pas le fruit du hasard. En désarmant le monde du travail à force de « réformes structurelles » et de répressions syndicales, on a renforcé cette fameuse « vulnérabilité » structurelle du salarié dont parle Audiard. Il suffit de faire jouer la crainte du chômage pour faire accepter une politique unilatéralement favorable au capital. Car, bien sûr, cette politique de répression des salariés ne se fait jamais qu’au nom de « l’emploi » et de la « valeur travail ». Ce lundi 23 mai encore, Élisabeth Borne pouvait ainsi se lancer dans un éloge abstrait du travail qui « libère » et « rend digne ». À condition, évidemment, qu’il reste bon marché.
La situation actuelle agit naturellement comme un révélateur de la condition salariale que le consumérisme du dernier demi-siècle avait cherché à dissimuler. Du point de vue du capital, les salaires sont toujours trop élevés et les salariés toujours trop gourmands et trop paresseux. Cette règle ne signifie pas qu’il puisse y avoir des exceptions, mais lorsque, comme c’est le cas aujourd’hui, la croissance de la productivité du travail est faible, la lutte pour le partage de la valeur est nécessairement plus intense. Mais lorsque cette lutte n’est pas menée par un des deux camps, ici le travail, ce dernier devient nécessairement la dernière roue du carrosse économique.
Vers une prise de conscience par la lutte sociale ?
Si les années 1950-1970 peuvent, de ce point de vue, apparaître comme une exception, c’est en raison d’une triple conjoncture exceptionnelle dans l’histoire du capitalisme : une croissance inédite de la productivité, un besoin d’élargir la consommation de masse pour renforcer la rentabilité du secteur privé et un rapport de force unique en faveur d’un travail revendicatif et organisé.
Une fois cette exception passée, la réalité du statut salarial (qui d’ailleurs n’avait jamais complètement disparu) revient dans toute sa violence. Seuls les salariés de soutien direct au capital (les PDG des grandes entreprises) sont protégés, précisément parce qu’ils sont les artisans de cette soumission des salariés (le dernier bilan du CAC 40 publié par l’Observatoire des multinationales pour 2021 permet de s’en rendre compte). Mais cette réalité rappelle aussi que la lutte sociale est plus que jamais indispensable. Et c’est bien l’intérêt de cette période.
La démission de l’État semble complète. Ce lundi 23 mai, la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, a déclaré que « le gouvernement n’a pas le pouvoir direct d’augmenter les salaires des Français en appuyant sur un bouton ». C’est précisément ce que l’on peut lui reprocher. En refusant de restaurer tout mécanisme d’indexation, qui avait permis de sauvegarder les revenus réels jusqu’à sa suppression en 1982, le gouvernement renonce à protéger des salariés qu’il a, par ailleurs, en 2016 et 2017, encore affaiblis avec les ordonnances travail.
Laissés seuls face aux employeurs et à la violence de l’ajustement qui leur est demandé, les salariés n’ont d’autre option que de lutter pour maintenir leur niveau de vie. Ce combat se répand déjà dans les entreprises, que ce soit parmi les secteurs à bas salaires (lire ici l’article de décembre 2021 de Khedidja Zerouali) ou dans des secteurs plus « haut de gamme » comme chez Thales.
Ce mouvement est celui d’une nouvelle prise de conscience qui, après quatre décennies de répression et de guerre culturelle, sera forcément progressive. Mais elle peut permettre aussi d’interroger cette condition de salariés qui, à chaque variation de la conjoncture, devraient toujours s’oublier. Ce qui revient avec la particularité de l’inflation actuelle, c’est la remise en avant de la guerre sociale au cœur de la dynamique capitaliste, de cette lutte de classes que des générations de politiques ont voulu nier.
En 1847, un an avant la grande vague de révolutions qui emportera l’Europe avec, pour la première fois, un contenu social, Marx répondait à Proudhon dans sa Misère de la philosophie sur la défense des grèves et des « coalitions » que le penseur anarchiste critiquait si vivement. Pour le Trévois, les luttes sociales sont toujours politiques, elles permettent de mener ce combat interne au système productif et de modifier ainsi l’ordre social. Sans elles, l’ordre règne, au détriment du salariat.
On comprend donc l’intérêt du gouvernement à faire croire que quelques chèques régleraient le problème et permettraient d’oublier la violence de la politique actuelle qui n’est rien d’autre qu’une politique de classe. « Ne dites pas que le mouvement social exclut le mouvement politique. Il n’y a jamais de mouvement politique qui ne soit social en même temps », écrivait Marx dans le texte qu’on a cité. Peut-être le vrai combat politique se joue-t-il alors sur ce nouveau front des salaires.
Romaric Godin
https://www.mediapart.fr/journal/france/230522/inflation-les-salaries-eternels-dindons-de-la-farce
source: https://www.bbc.co.uk/news/business-61465605
In a memo sent to staff globally, the bank said workers would be required to spend at least three weeks on leave annually from next year, with at least one week of consecutive days off.
Imagine you have unlimited holiday and are only allowed to take 3 weeks of it. #Capitalism is a damn #exploitation #system ...
#fail #health #problem #economy #work #labour #news #humanrights
Dans l'indifférence quasi générale, la France est le leader européen de la mort au travail. Un graphique réalisé par le journal l'Humanité montre que notre pays est proportionnellement le premier en ce qui concerne des décès causés par le travail.
C’est même le seul pays où le nombre d’accidents du travail mortels a explosé et continue d’augmenter. Passant de 537 en 2010 à 803 en 2019. Et avec la réforme des retraites promise par Macron, la situation va encore s’aggraver,
N’oublions pas aussi les centaines de milliers de blessures, dépressions, burn out provoqués par des conditions d'emploi insupportables.