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(Journal intime tombé du ciel dans mon jardin alors que je binais mes fraisiers. Après sa lecture - qui m'a bouleversé - je ne pouvais décemment garder cet émouvant témoignage pour moi. C'est pourquoi j'ai décidé aujourd'hui de vous révéler ce déchirant cri d'amour et de fraternité)
Trente-huitième jour – tout ça pour du menu crottin
Le pouf sur lequel je m'étais assis n'était pas du tout confortable. Mais la situation des deux papes (parce qu'il y en avait deux : le neuf et celui d'occasion qui ne sort qu'à de rares occasions), l'était encore moins.
En effet, était apparu entre les deux un énergumène juché sur un cheval caparaçonné (et non, comme on pourrait le croire carapaçonné – comme vêtu d'une carapace, car le mot vient de l'augmentatif du bas-latin caparo, chaperon (voy. CHAPERON) : c'est-à-dire sorte de chape ; espagn. caparaçon. Le mot Carapace, de son côté, vient de l'espagnol carapacho, et comme calebasse se dit en catalan carabassa, et en sicilien caravazza, il n'y a pas loin pour passer de là, quant à la forme et quant au sens, à carapace) ; et donc, écrivais-je, était apparu entre les deux papes à cette occasion un énergumène juché sur un cheval CAPAraçonné comme pour la guerre de cent ans, flanqué d'une armure comme pour la guerre de trente ans, et brandissant un oriflamme aux couleurs de l'OTAN, comme pour la guerre d'une demi-heure(1).
Effectivement, c'était sûrement l'aliène Blingue-Blingue qui faisait un retour remarqué sur la scène humanoïde, en volant complètement la vedette aux deux vedettes, et ce n'était pas faute de belles toilettes, que Fellini(-Roma) n'aurait certainement pas reniées.
Blingue-Blingue laissa l'assemblée tétanisée (et nous aussi devant ce spectacle mondioluniovision). D'abord à cause de cet oriflamme guerrier - qui sait si sous ce casque en fer blanc se trouvait le général Faiseurd'amour (ça ne s'invente pas) chef de cette martiale (et irresponsable) coterie ? (2) Personne n'avait envie de subir les foudres de ce sbire de la Grande Puissance Nortuaire, déjà apoplectique d'ordinaire, alors imaginez avec la chaleur sous le casque !
Les gardes du Vatican hésitaient à s'avancer, car le viril chevalier appartenait peut-être à l'ordre du Saint-Sépulcre, ce qui lui donnait tout le droit d'entrer dans une église à cheval. Vraiment, le mieux, c'était de faire comme si de rien n'était.
Pour les deux papes, c'était facile, ils avaient l'habitude. L'un avait traversé des années de dictature dans son pays comme si de rien n'était, et l'autre avait laissé le monde s'embourber dans la plus crasse et dangereuse médiocrité aussi comme si de rien n'était, plongé qu'il était dans d'insondables questions dogmatiques, qui ont toujours fait avancer considérablement le schmilblick humaniste (d'où un progrès patent, on le voit tous les jours, dans les domaines de la paix, de la justice, du dialogue, du droit - sans parler de celui de l'avortement etc.)
Le pape le plus récent, qui voudrait bien faire « peuple », fit semblant de siffloter en regardant les anges du plafond, mais comme ils sont tout nus, il rabaissa les yeux vers la foule, et en particulier vers le gotha composé de personnalités politiques dont l'obscénité semble passer inaperçue au commun des mortels (mais jusqu'à quand ?) Les prières en latin se succédaient et chacun regardait ailleurs en faisant semblant de ne pas entendre les coups de sabots claquant sur le marbre et le léger floc du crottin qui parfumait les dalles roses à intervalle régulier. Mais, les caméras s'étendant sur la foule entassée, nous vîmes que la Plume Sanguinaire et sa fille aînée de l'église jetaient un oeil furibond vers le cheval et son cavalier qui, c'est vrai, sans l'oriflamme de l'OTAN, faisaient beaucoup penser à Jeanne d'Arc.
Blingue-Blingue s'était fait là des ennemis mortels, en leur subtilisant leur championne, celle qui leur servait pour leur détestable rassemblement annuel du premier mai.
Qu'allait donc faire l'aliène streep-teaser quand les deux sanguinaires l'attraperaient dans la ruelle ? (Car heureusement pour les téléspectateurs et pour les deux papes qui avaient suffisamment à faire chez eux, il n'avait pas répété le déshabillage qu'il nous avait infligé lors de son précédent transport interstellaire.) Blingue-Blingue loucherait-il vers les extrêmes ? (Puisqu'il faut avoir une vision particulièrement tordue pour suivre le père et la fille dans leurs hallucinations autoritaires et nationales.)
Bref, l'aliène Blingue-Blingue pactiserait-il avec le diable ?
Ça, nous le saurons peut-être un jour...
Bon, la suite, à demain.
(1) qu'elle nous prépare activement.
(2) Souvenez-vous, larmoyants lecteur, qu'à l'époque où ce douloureux journal fut écrit, l'OTAN en Europe était dirigée par un général nommé Breedlove. Ça ne s'invente pas !
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Les épisodes précédents : {Trente-huitième jour - tandis qu’on canonise](https://diaspora.psyco.fr/posts/bac58e400519013ad82f001e67d879df) Trente-septième jour - une soirée télé qui commence bien Trente-sixième jour - fermenter n’est pas jouer Trente-cinquième jour – J’ai fait un rêve… Trente-quatrième jour – réunion au sommet du sous-sol Trente-troisième jour – le retour de Fomka Trente-deuxième jour – réunion au sommet du cagibi Trente-et-unième jour - le bal des serpillières Trentième jour – la vache et le prisonnier Vingt-neuvième jour – l’escalade Vingt-huitième jour – ce ne sont que des pyongs ! Vingt-septième jour - la piste de la banane empaillée Vingt-sixième jour – Les torchons ne sont plus ce qu’ils étaient ! Vingt-cinquième jour – Que faire ? Vingt-quatrième jour - mais faites-la taire ! Vingt-troisième jour - Washington ! Vingt-deuxième jour – ne suivez pas le guide ! Ving-et-unièmejour - ils arrivent ! Vingtième jour – les visiteurs sonnent toujours deux fois Dix-neuvième jour – deux frères et une mission Dix-huitième jour – la face cachée de la Terre sur la Lune Dix-septième jour – la Terre au bout du tunnel Seizième jour – L’Énéide sur la Lune Quinzième jour – le jugement dernier de la ciboulette Quatorzième jour – sauvés par un mauvais titre ! Treizième jour – l’espion qui venait du surgelé Douzième jour – La grande évasion Onzième jour – un troc en échange de la paix Dixième jour – où Ferdinand révèle sa véritable identité Neuvième jour – catastrophe ! Huitième jour – où la limace saute de joie Septième jour – interview-réalité Sixième jour - Le Comte de Monte Cristo Cinquième jour - une idée formidable ! Quatrième jour - description mon pied-à-terre lunaire Troisième jour - les raisons de mon «expatriation» Deuxième jour - description de «l’élastique» Premier jour - Mon arrivée sur la lune