#news #cinéma #ciné #film #culture #festival #télérama #drame #déprime #noir #dramatique #mytext
Deux films du festival Télérama vus ces derniers jours :
« The quiet girl » de Colm Bairéad et « Les feuilles mortes » de Aki Kaurismäki. Durs et Oppressants. Ambiance gris/ noir, du lourd, du très très lourd. Pour les feuilles mortes je suis sortie en pensant tout simplement au suicide. L’atmosphère des deux films est angoissante pour l’un, déprimante pour l’autre. Le climat post-soviétique de la Finlande est sans doute très bien rendu, mais relève à mes yeux de l’asile psychiatrique. Vie-travail-amitié englués, piégés dans une simple survie. J’ai cru au début être dans les années 50/60, mais les infos sur la guerre en Ukraine étaient bien contemporaines. L’Irlande n’est qu’un décor, à peine entrevu mais qui plombe largement l’atmosphère. On a froid pour cette petite fille délaissée et pourtant c’est l’été.. Dur, très dur. Aucun espoir à attendre, même le peu d’amour en filigrane est bancal. Si vous êtes sous Prozac à éviter… Mireille MOUTTE
#télérama
“Albator”, de Leiji Matsumoto : de Harlock à Daft Punk, chronologie d’un manga culte
Alors que son créateur vient de s’éteindre à l’âge de 85 ans, retour sur le parcours tumultueux du corsaire le plus célèbre de la galaxie manga.
Début 1970, la traduction de plusieurs oeuvres de science fiction américaine fait découvrir le genre au Japon. Surfant sur cette nouvelle mode, la maison d’édition Hayakawa Shobo acquiert les droits de plusieurs romans de l’américaine Catherine Lucille Moore et en confie l'illustration à un certain Leiji Matsumoto. Ce dernier commence à se faire un nom en tant que mangaka (dessinateur de manga). Parmi les personnages de Moore, le dessinateur découvre #NorthwestSmith, héros hors-la-loi, vivant à bord de son vaisseau spatial, voguant de planète en planète, et qui l'aurait largement influencé pour le côté rebelle au grand coeur d’Albator. L'idée d'un corsaire de l'espace trotte en effet dans la tête du Japonais depuis un certain moment. « On devrait d'ailleurs parler de pirate, car Albator n'est pas à la solde d'un roi, mais cela fait tout de suite moins romantique » précise Julien Pirou, créateur d'un site référence sur Matsumoto.
Le style Matsumoto
Né en 1938, #LeijiMatsumoto commence à dessiner à 15 ans. Déjà, le design du drapeau pirate, plus tard utilisé comme pavillon noir de l’ #Arcadia (le vaisseau d’Albator, #Atlantis en français), est couché sur le papier. En 1954, il publie son premier manga Les aventures d’une abeille. Dès lors, Matsumoto va faire preuve d’une productivité à toute épreuve. En France, l’auteur est principalement connu pour ses œuvres de science fiction, qui ne sont qu’une petite partie de son travail. Au Japon, il s’inscrit dans une mouvance beaucoup plus réaliste. Nombre de ses mangas sont des satires sociales sur de jeunes tokyoïtes ayant du mal à s’en sortir. Mais Matsumoto, c’est avant tout un style graphique identifiable, qui fut inspiré par le « père » du manga, #Tezuka ( #AstroBoy, Le Roi Léo), mais aussi par des auteurs francophones comme Jean-Claude Forest (Barbarella) ouJean-Claude Mézières (Valérian), et qui conjugue des objets mécaniques très détaillés aux côtés de personnages aux traits enfantins et au physique caricatural. Sur le fond, pour Julien Pirou, « la caractéristique d'Albator, ce sont ses récits emplis de poésie ».
En 1969, le manga Dai Kaizoku #CaptainHarlock (« Captain Harlock le grand pirate ») est la première apparition officielle d'Albator, sans lien avec celui que l'on connait aujourd'hui. Comme dans les comics, il n'existe pas spécifiquement de lien entre le différentes histoires.
Albator devient un dessin animé
En parallèle d'Albator, Matsumoto s’essaye à partir de 1974, à l’animation avec la série #Yamato dont il conçoit les personnages et les vaisseaux. Très intéressé par son travail, la TOEI, célèbre studio japonais, lui propose de l'adapter en version animé. C’est donc en 1977 que Matsumoto créé une suite à son héros balafré et qui donnera naissance à #Harlock78, directement inspiré des mangas, qui continueront à être publié dans le même temps. Dès les premiers épisodes, c’est un immense succès au Japon, qui ne mettra pas longtemps à arriver en France, « même si peu de gens savaient que l'anime venait du Japon à cause de son style plus occidental » note Julien Pirou.
En 1978, la série est diffusée durant l’émission #RécréA2 sous le nom d’Albator 78, et malgré de bonnes audiences, les trois derniers épisodes ne sortent pas chez nous, les batailles spatiales étant jugées trop violentes. Il n’y a d’ailleurs qu’en France que le nom du héros a été adapté, considéré comme trop proche du Capitaine Haddock de Tintin. La légende raconte que c'est #ÉricCharden, compositeur et interprète du générique français, qui aurait proposé ce nom après avoir assisté à un match de rugby. L’un des joueurs se nommait Jean-Claude Ballatore, et le chanteur aurait ainsi déclamé « Ballatore fend les airs tel un albatros ».
Clash entre la TOEI et Matsumoto
L'année suivante, Matsumoto crée son #manga le plus populaire au Japon à ce jour, #GalaxyExpress999, l'histoire d'un train parcourant l'espace à la recherche d'une planète offrant l'immortalité. Et par deux fois, dans les films d'animation tirés de la série, Albator apparaît dans cet univers en tant que personnage secondaire. La TOEI qui croit encore à la popularité du héros demande à Matsumoto d'écrire de nouvelles histoires, qui déboucheront sur deux nouveaux longs métrages d'animation : Le mystère de l'Atlantis (1978) et L'Atlantis de ma jeunesse (1982).
Encore une fois, le succès populaire d'Albator au Japon ne se dément pas, et c'est donc en toute logique que le studio d'animation japonais demande une suite à #Albator78. Mais une divergence de point de vue sur la direction à donner à Albator 84 mettra fin, en 1982, à la collaboration entre la #TOEI et Matsumoto. Ce différent aura pour conséquence « une baisse significative de la qualité des épisodes », estime Julien Pirou. Diffusé à 19h au Japon face à un autre « gros » manga de l'époque, #UruseiYatsura (diffusé sous le titre #Lamu en France), la série obtient de mauvaises audiences et s'arrête au bout de 22 épisodes. Du coup, Matsumoto prend une décision radicale : quitter le monde de l' #animation.
La nouvelle vie d’Albator
Au début des années 2000, le duo électro Daft Punk, fan de son univers, demande à #Matsumoto de superviser une série de clips pour accompagner la sortie de leur album Discovery (2001), qui seront rassemblés en un long métrage, Interstella 5555 (2003). En dehors de cette collaboration prestigieuse qui lui offre une visibilité méritée auprès des plus jeunes, le génial #dessinateur se fait discret. Aujourd'hui, le personnage du capitaine Harlock reste néanmoins une référence dans l'univers de la science fiction nippone et l'influence de Matsumoto est intacte. Un reboot d’Albator a été réalisé en images de synthèse (2013) par Shinji Aramaki, et une nouvelle série de mangas a vu le jour à l'été 2014. Matsumoto en supervise l'écriture des scénarios et a délégué l'illustration à #KôichiShimahoshi. Qu'on se rassure, #Albator n'a donc pas fini de veiller sur la galaxie...
L'envers des marches / Under stairs
Toiles estivales
Saison de salles désertes
Oripeau mondain
Pictures in summer
Season of deserted screens
Festival discard
#photo #photographie #photography #maphoto #myphoto #mywork #CC #BY-NC-ND 4.0
#Sunday-photo-edit (not #sundaygimp) #NB #BW #monochrome #colorkey
#cinéma #theatre #transat #gardenChairOfSolitude #Télérama
#haiku #HaikuDominical #HaikuSunday
Quand l' #Allemagne de l'Est était championne du dopage
Propos recueillis par Hélène Rochette
Publié le 03/11/14 mis à jour le 08/12/20
La #RDA pratiquait à grande échelle le #dopage d'Etat sur des très jeunes #sportifs. Sandra Kaudelka raconte cette monstrueuse dérive dans un film glaçant, “Jamais vaincu !”. Nous avons fait réagir le spécialiste du dopage Jean-Pierre de Mondenard aux révélations de ce documentaire.
Née en 1977 à #Leipzig, dans l’ex-Allemagne de l’Est, #SandraKaudelka a été éduquée, bien malgré elle, dans le culte du sport et de la performance. Repérée dès l’école maternelle pour sa sveltesse, elle a intégré l’académie du sport de sa ville, véritable fabrique de #champions, censée la transformer en reine du plongeon acrobatique... Se remémorant l’emprise de cet #entraînement intensif sur sa jeunesse, la documentariste a recueilli dans un film poignant (diffusé lundi 3 et dimanche 9 novembre sur Histoire) les souvenirs de quatre anciens médaillés de RDA. Deux d’entre eux, la relayeuse #InesGeipel et le lanceur de poids Udo Beyer, évoquent sans fard les pratiques de dopage systématisé auxquelles ils ont été soumis. #Jean-PierredeMondenard, médecin du sport et auteur de nombreux ouvrages sur le dopage (dont un Dictionnaire du dopage, Masson, 2004) revient sur deux thématiques abordées dans le documentaire Jamais vaincu !.
Les femmes, principales victimes
Dans ce premier extrait, Ines Geipel dévoile les effets secondaires des #stéroïdes #anabolisants androgéniques ( #hormones mâles) sur la santé des sportives qui ont été dopées. Elle décrit aussi la manière dont ces produits ont été administrés aux jeunes #athlètes, lors des entraînements.
Jean-Pierre #deMondenard : « Le dopage en #AllemagnedelEst était systématique, mais il concernait surtout les jeunes nageuses, dès l’âge de 10 ans. Les athlètes n’étaient pas informées de ce qu’elles prenaient. C’était des boissons, des pilules multicolores pour les plus jeunes, toujours présentées sous le vocable de “vitamines”. Si les filles étaient massivement visées, c’est parce que le #dopagehormonal est plus efficace sur la #femme que sur l’homme. Ce qui fait la différence, dans le sport, c’est l’ #hormonemâle. Donc, donner des hormones mâles aux femmes permet d’améliorer considérablement leurs performances et d’avoir des progrès immédiats car les femmes, qui ont naturellement peu d’hormones mâles, réagissent vite quand on leur administre des anabolisants... En clair, il est plus facile de viriliser des femmes que de surviriliser des hommes pour améliorer les performances. La caractéristique de l’Allemagne de l’Est était justement de dominer le #sport féminin, et non le sport masculin, où elle était au même niveau que les autres. Il y avait des athlètes masculins de haut niveau en RDA mais ils étaient peu nombreux, au regard de toutes les #championnes d’athlétisme et de natation qui ont hissé le pays aux premières places des podiums olympiques.
Avec les femmes, les dirigeants est-allemands étaient d’autant plus sûrs d’obtenir des #médailles que les autres nations avaient de fortes réticences à doper leurs #sportives, de peur de perturber à jamais leur fonction génitale. Les autorités et les médecins de RDA n’ont eu, pour leur part, aucun scrupule à doper massivement des femmes, des enfants... Sans se préoccuper de la vie #future de ces sportifs ! Dans le camp d’en face, aux Etats-Unis et ailleurs, on se dopait également, mais on épargnait les jeunes femmes pour ne pas risquer de provoquer des répercussions irréversibles. Un grand nombre de sportives est-allemandes qui ont pris des hormones sur un long terme sont d’ailleurs devenues stériles : cela a bloqué leur production d’ #ovocytes. »
Un douloureux héritage
En 2000, à Berlin, deux anciens responsables sportifs est-allemands, Manfred Ewald, ex-président de la Confédération des sports de RDA, et Manfred Höppner, ex-directeur adjoint du service de la médecine sportive, sont jugés et condamnés. Comme l’indique cette séquence du film, ils écopent respectivement de 22 mois et de 18 mois de prison avec sursis.
Jean-Pierre de Mondenard : « Au moment du procès en 2000, on a surtout évoqué les malformations spécifiques sur les fœtus. On a mis en évidence les effets #tératogènes des traitements sur la descendance des femmes #dopées. Il s’agit de malformations qui apparaissent pendant la gestation de l’enfant chez une mère qui a subi antérieurement un traitement dopant ou qui est soumise à un dopage pendant sa #grossesse. Ces effets tératogènes ont permis à certaines athlètes #est-allemandes de faire valoir, devant la commission ad hoc du procès de Berlin, la reconnaissance des #malformations de leurs fils ou de leurs filles, qui étaient nés avec des pieds bots, ou sans bras ni avant-bras...
Après la réunification, il y a eu nettement une volonté de minimiser ces pratiques de dopage, car le camp #ouest-allemand se dopait aussi ! La grande différence, c’est qu’en RDA on avait affaire à un dopage d’Etat, organisé de façon pyramidale. Les instances dirigeantes avaient mis en œuvre tout un système de sélection, d’entraînement et de dopage massifs. Le régime #communiste a même fait fabriquer par un laboratoire un produit spécifique, et ce fut une nouveauté : jusqu’alors, tous les #dopants utilisés par les sportifs étaient des médicaments dérivés de leur justification médicale et consommés dans un but de #performance. En Allemagne de l’Est, les chercheurs ont modifié des anabolisants pour qu’ils soient indétectables : cela a donné ces produits maintenant connus dans le monde entier, l’ #Oral-Turinabol, les fameuses pilules bleues, et le #Turinabol en injections. Il s’agit de #testostérone légèrement modifiée, pour demeurer indécelable au contrôle anti-dopage.
Les performances de l’ #athlète étaient par ailleurs déterminantes pour que la décision de le doper soit prise. Si le #sportif s’approchait de 30 % d’un record du monde, on l’inscrivait dans un programme global. Il fallait donc atteindre un certain niveau pour être dopé, avoir franchi les différents stades de sélection dans les académies du #sport. On a parlé de 10 000 victimes du dopage en RDA. Il est toujours difficile de donner des estimations, mais cela me paraît être un minimum ! ».
Jamaisvaincu ! sur Histoire, lundi 3 et dimanche 9 novembre 2014 à 20h40.
Egypt papiers.
Pour celleux qui, comme moi, ne suivent pas l'actualité au quotidien (grand bien nous fasse), sachez que Télérama révèle cette semaine, en partenariat avec le média Disclose, des informations sur la vente de technologies d'espionnage par des entreprises françaises au gouvernement égyptien d'al-Sissi, afin que celui-ci puisse mieux surveiller et réprimer sa population.
Question, certainement bête : ces transactions prouvant l'existence et la maîtrise de techniques de surveillance de masse dans l'Hexagone, y a-t-il encore des citoyens français pour croire qu'elles ne sont ou ne seront pas employées pour les espionner ?
Mort de Michael K. Williams, sublime Omar de “The Wire” et acteur militant
#PierreLanglais le 07/09/21
Il restera à jamais #OmarLittle, gangster culte à belle gueule balafrée. Michael Kenneth Williams, comédien à la jeunesse douloureuse, devenu danseur, mannequin et second rôle marquant du petit écran américain, est mort subitement lundi 6 septembre. Il avait 54 ans.
La cicatrice lui barrait le visage, coupant son front en deux pour finir sur sa pommette droite. Un souvenir d’une bagarre qui avait mal tourné, la trace d’un passé violent. #MichaelKennethWilliams savait jouer les gangsters, de #TheWire (2002-2008) à The Night Of (2016) en passant par #BoardwalkEmpire (2010-2014). Il a été retrouvé mort lundi 6 septembre dans son appartement new-yorkais, possiblement d’une overdose, selon la police. Il avait 54 ans.
Élevé dans un quartier défavorisé de Brooklyn, toxicomane au début de sa vie d’adulte, il aurait pu lui-même devenir criminel. Il s’est en sorti grâce à la danse. À 23 ans, fasciné par l’album de Janet Jackson Rhythm Nation 1814, il plaque ses études, enchaîne les auditions pour des labels new-yorkais, dort dans la rue une nuit sur deux, et parvient à décrocher une place dans les troupes qui accompagnent Madonna et George Michael en tournée. Son visage marqué et son sourire carnassier lui offrent des petits rôles de truands dans des clips, puis attirent l’œil des photographes, dont David #LaChappelle, qui l’immortalise au début des années 1990. Le rappeur Tupac Shakur tombe sur un de ces portraits, et le fait embaucher dans son film Bullet, en 1996. Sa carrière d’acteur est lancée.
Dans The Wire, la série qui relança sa carrière alors qu’il s’apprêtait à changer de voie.
Michael K. Williams restera à jamais #Omar, personnage atypique du polar politique The Wire de #DavidSimon, braqueur de dealer au « code » inflexible, craint de tous dans les cités de #Baltimore, et – petite révolution – gay. « J’ai débarqué sur le tournage complètement ignorant, incapable de considérer une œuvre dans toute sa complexité », nous racontait-il lors d’une rencontre au festival CanneSéries, en 2018. Il en ressortira acteur culte, célébré par Barack Obama, sa carrière relancée alors qu’il s’apprêtait à changer de voie à la veille du tournage.
“Je veux qu’on puisse comprendre tous mes personnages, même les ‘méchants’.”
Aperçu dans une foule de séries au lendemain de The Wire, d’Alias aux Experts en passant par New York, police judiciaire, il pose à nouveau ses valises en 2010 pour Boardwalk Empire, #série sur la prohibition produite et réalisée par Martin Scorsese. Il y incarne Chalky White, puissant gangster d’Atlantic City. En 2016, il joue le codétenu du personnage principal de The Night Of, minisérie dans les entrailles du système judiciaire américain, avant d’incarner l’an dernier un des héros de Lovecraft Country, aventure historico-fantastique dans l’Amérique raciste des années 1950 – un rôle qui lui vaut une nomination aux prochains #EmmyAwards, qui auront lieu le 19 septembre.
« Je cherche inlassablement la compassion des téléspectateurs. Je veux qu’on puisse comprendre tous mes personnages, même les “méchants” », nous expliquait-il de sa voix grave, silhouette affûtée, collier de barbe blanche et regard attentif. Le gangster de fiction était devenu grand frère dans la réalité. Il continuait à fréquenter la cité de son enfance, produisait des documentaires, dont il était le narrateur, pour souligner les injustices dont souffrent ceux qui sont nés, comme lui, dans ces zones oubliées de l’Amérique (1). Il se dégageait de lui une douceur, une fragilité insoupçonnable, qui se transformait en passion quand il parlait de ses engagements. « Je suis acteur avant d’être militant, insistait-il pourtant lors de notre rencontre. Je n’arrive pas sur un tournage pour défendre des idées, mais pour réfléchir à la condition humaine. Je ne me demande pas quel message véhicule la série, mais qui est ce type qu’on me demande d’incarner : d’où vient-il ? Quels sont ses défauts ? Ce qui m’attire, ce sont les failles. J’aime les personnages brisés. » La mort subite de #MichaelKWilliams le fait entrer, plus que jamais, dans cette catégorie.
Il y a trente ans, les dernières heures d’insouciance de l’underground américain
Du 20 au 25 août 1991, la vigoureuse scène #alternative du rock indépendant américain se réunissait dans l’État de Washington, autour d’une éthique et d’une poignée d’accords communs, lors de l’International Pop Underground Convention. Un absent remarqué allait quelques jours plus tard renverser leur monde : Nirvana.
Il y a trente ans, le 24 septembre 1991, la planète découvrait Nirvana. Les faux airs de clowns tristes sous leurs tignasses crades des trois musiciens, et les douze compositions de Nevermind, plus sophistiquées dans leur sauvagerie et habilement produites que tout ce que la scène rock indépendante avait créé jusque-là. Un avènement pour Kurt Cobain et ses deux comparses qui sonnait le glas d'une ère arrivée à son paroxysme à peine un mois plus tôt, lors d'un micro-Woodstock de la nation alternative des années 1980 tenu dans l'Etat de Washington. Une semaine de célébrations sans prétention qui marquait l'aboutissement d'une décennie de production musicale autonome, anti-consumériste, et d'un maillage de la scène musicale underground américaine, de New York à Seattle, de D.C. à la Californie, grâce aux labels #SST, Dischord, #Epitaph, K ou Sub Pop. La grande fête de l'école des punks, des nerds et des féministes de tout poil, la fabuleuse parade des losers, des asociaux et des parias. Ils ne le savaient alors pas encore, mais le « cool » et le système s'apprêtaient à les embrasser de gré ou de force.
La petite ville universitaire d'Olympia, 35 000 habitants, à cent bornes au sud-ouest de Seattle, a donc accueilli, du 20 au 25 août 1991, l'International Pop Underground Convention. Nirvana est absent, et pourtant l'ombre du groupe plane au dessus des salles de concert, notamment le luxueux #CapitolTheater, bâtiment de style Beaux-Arts qui trône dans le centre-ville depuis 1924. « La sortie imminente de Nevermind fut le sujet de discussion principal durant toute la convention », raconte Ira Collins, envoyé spécial de Rolling Stone pour couvrir l'événement. Le premier disque du trio, Bleach, sorti sur #SubPop en 1989, avait fait l'unanimité dans le milieu. La signature de Nirvana sur une major, à laquelle s'ajoutait l'arrivée du batteur Dave Grohl – transfuge des respectés Scream –, avait fait de Nevermind, dans le milieu, l'album le plus attendu de l'année. Mais Cobain, Novoselic et Grohl sont déjà loin, en Europe, en tournée avec #SonicYouth où ils y présentent en live les premiers extraits de l'album à venir, à des lieues d'imaginer que le bébé nageur de sa pochette deviendrait un jour la vedette des T-shirts des marchés aux puces du monde entier. « Pas trop dégoûté de ne pas être à la convention ? », avait demandé #ThurstonMoore à #KurtCobain. « Carrément ! »
“Un système culturel autosuffisant”
L'International Pop Underground Convention est organisée par #CalvinJohnson et #CandicePedersen, propriétaires de #KRecords, futur maison de Beck, Modest Mouse ou Built To Spill. Le label indépendant se fait le promoteur d'une scène underground locale expérimentale qui prône l'amateurisme et le minimalisme pop là où celle de Washington, D.C., son pendant sur la côte Est, s'est concentrée tout au long des années 80 sur le #punk-hardcore revendicatif du label Dischord ( #MinorThreat, #Void, Rites Of Spring). L'objectif de l'événement est de rassembler en un même lieu tous les acteurs – groupes, labels et fans – d'un réseau « do-it-yourself » national entretenu par la distribution de disques, l'échange de fanzines et les coups de main donnés aux artistes en tournée.
« Ce qui les unissait, c'était d'avoir bâti à partir 1981 un système culturel autosuffisant et totalement indépendant », explique Michael Azerrad, auteur de plusieurs livres (1) sur #Nirvana et la scène #rock alternative américaine des années 1980 et 1990. Ils seront 900 à rejoindre Olympia en cette fin d'été, débarquant non seulement de tout le pays, mais aussi du monde entier.
Sur scène, un son aussi lourd que celui des Melvins côtoie la pop naïve de Beat Happening, avec, en commun, une racine : le #punk. La cinquantaine de groupes invités – parmi lesquels Fugazi, #L7, #NationOfUlysses, #Unwound et cinq non-Américains – sont payés par les organisateurs, ce qui n'était pas le cas dans les rassemblements similaires qui se déroulaient à la même époque à New York.
“Une colonie de vacances rock'n'roll”
L'affiche n'a pas été annoncée à l'avance. L'accès à chaque concert, qui rassemble entre quatre et vingt groupes, coûte quatre ou cinq dollars. Aucun spectacle n'a lieu dans des bars, ceux-ci étant interdits aux moins de 21 ans. Aucun service de sécurité n'est engagé. Aucune accréditation n'est délivrée aux journalistes, qui payent leur place comme les autres. « Ce fut un moment rare, qui n'avait rien à voir avec le business, rappelle le patriarche de la côte Est, #IanMacKaye, cofondateur du groupe #Fugazi et de #DischordRecords. Il ne s'agissait que de partager notre amour de la musique au sein de notre communauté. »
Veillée pour la paix, projection marathon de la saga La Planète des singes, soirées dansantes et barbecue gratuit géant ponctuent cette « colonie de vacances rock'n'roll », comme l'écrit #IraRobbins dans Rolling Stone. « C'était idyllique et euphorique mais relativement discret, se souvient-il aujourd'hui. Il ne faut pas l'imaginer comme un festival classique, mais une manifestation modeste étalée sur divers lieux de la ville. Mais c'était absolument magique. » Dans une atmosphère de franche camaraderie, les #Melvins donneront un concert gratuit dans un parc. Dans la foule, on apercevait les parents et grands-parents des musiciens, tous vêtus de T-shirts du groupe.
L'activisme politique et la créativité culturelle de la scène d' #Olympia, encouragés par les programmes alternatifs de sa très progressiste université, avaient aussi permis l'émergence d'un mouvement féministe, les #riotgrrrls, qui prendra son envol à l'occasion de la convention. La soirée d'ouverture, baptisée « Love rock revolution girl style now » sera même le concert le plus marquant des six jours. Une succession de groupes féminins dont #BikiniKill, #Bratmobile et Heavens To Betsy (première formation de #CorinTucker de #Sleater-Kinney) démontraient crânement que les femmes avaient leur place à tenir dans le circuit alternatif – mieux, que si on ne leur donnait pas, elles la prendraient elles-mêmes.
Des losers bientôt cools
« Personne ne pouvait imaginer qu'on vivait la fin d'une époque, observe #MichaelAzerrad. Mais dans les semaines qui ont suivi la convention, le succès prodigieux de Smells Like Teen Spirit a tout changé. Cette communauté underground s'est transformée en potentielle vache à lait, ce qui l'a bouleversée à jamais. » Les quatre power chords du single phare de Nirvana débarquent à la radio le 27 août 1991, deux jours seulement après la fin de l' #InternationalPopUndergroundConvention. Tout bascule, pour le meilleur – le mainstream s'intéresse enfin à cette scène florissante et un #rock non frelaté domine à nouveau les radios – comme pour le pire – l'étiquette #grunge devient un outil marketing commode pour vendre baskets qui clignotent et colorations pour cheveux sur MTV. Le mouvement Riot grrrl, les mains encore pleines de l'encre de ses foisonnants fanzines photocopiés, se retrouve à la une de revues pour adolescentes, vidé de sa substance par des médias qui le réduisent à un phénomène de mode. « Les conversations ont changé après 1991, finit par déplorer, laconique, l'incorruptible Ian MacKaye. Avant, les gens échangeaient des idées et de la musique. Après, ils ne parlaient plus que d'argent et de contrats. »
« Aucun laquais de l'ogre corporate ne sera admis. » Cet avertissement péremptoire figurait au bas des invitations à l'International Pop Underground Convention pour sa première édition. Il n'y en aura pas d'autre. Et pour cause : qui, trente ans plus tard, pourrait en passer les portes ?
(1) Our Band Could Be Your Life: Scenes from the American Indie Underground 1981-1991 et Come as You Are: the Story of Nirvana.