#lecture

lechatdhokusai@diaspora.psyco.fr

Si c'était si mauvais...

Entrer une description pour l'image ici

C'était au début des années 1970, au plus haut de la dictature des généraux au Brésil.

L'un de ces satrapes aux lunettes noires, dans un élan de gloriole auto-promotionnelle, avait décidé de condescendre à visiter quelques concitoyens, dans un voyage (qu'il supposait triomphal) aux confins du Brésil, sur les terres arides du nordeste.

Et la grotesque caravane sinuait sur des routes qui n'en étaient plus, à travers des bourgades fantomatiques tant elles étaient écrasées de sécheresse et de misère. Une limousine sautant sur les cahots, suivis de véhicules poussiéreux emplis de journalistes aux bottes, de cameramen aux bottes, de militaires aux bottes, et de conseillers mestres puxa-sacos (1) pour montrer la puissance et la sagesse du régime à des légions de paysans en haillons, attirés par le larsen du micro et l'idée que, peut-être, de la nourriture serait distribuée.

On ne sais pas si de la nourriture fut distribuée, mais du haut de son estrade, le général fit un discours dispendieux et très long. Il discourut sur la gloire du Brésil, sur les dangers du communisme, sur l'avenir glorieux du Brésil, sur les horreurs du communisme, sur les bienfaits d'un régime paternaliste si soucieux du bien-être de ses administrés, sur l'impasse du communisme, sur l'image merveilleuse de la mère-patrie à l'étranger et sur les petits enfants mangés tout crus par le...

Puis, descendant dans la poussière, le bon général s'avança vers ses sujets et, avisant l'un d'entre eux, lui demanda :

- et toi, tu sais bien comme le communisme est une mauvaise chose !

Et l'humble paysan, triturant son chapeau, répondit :

- Excellence... je ne connais pas le communisme, mais je suis sûr d'une chose...

- Bien ! Bien ! Dis-nous-le donc ! s'enthousiasma l'uniforme.

- Et bien, si le communisme était si mauvais, il y aurait longtemps qu'on l'aurait ici au Brésil !

(1) être puxa-saco, en portugais c'est être lêche-botte. Littéralement, cela signifie "tireur de sac", celui qui est derrière à porter toutes les valises (et les casseroles) du maître.

Retrouvez ici de petites chroniques de Rio de Janeiro, rédigées au jour le jour parmi d'autres travaux d'écriture. Des chroniques plus anciennes sont aussi lisibles à l'adresse suivante :

https://epidaetia.bee.wf/lechatdhokusai

Et aussi...

Entrer une description pour l'image ici

#brésil #rio_de_janeiro #littérature #chronique #récit #récit_de_voyage #roman #livre #écriture #lecture #flânerie

frenchhope@framasphere.org

DUNE | ANNONCE IMPORTANTE | DELIRIUM - YouTube

J'ai enregistré Dune en livre audio. À partir de demain, retrouvez un chapitre par jour sur la chaîne, tous les jours à midi, jusqu'à la fin du livre. Voilà !

Je lis l'édition Pocket de Dune, le tome I comprenant les livres premier, second, et troisième (j'ai oublié de mentionner le troisième dans la vidéo).

N'hésitez pas à faire vos retours en commentaires et de liker/partager les vidéos si elles vous plaisent !

Bonne écoute !

https://www.youtube.com/watch?v=2MPhIAwSlZ4

#dune
#lecture
#livre
#culture

bruno_bellamy@framasphere.org

Remerciements pour les tipeuses et tipeurs de juillet, et pour toutes celles et tous ceux qui en veulent, le fond d’écran tiré de la #bellaminette du mois, « Lectures d’été 2 » : https://fr.tipeee.com/bruno-bellamy/news/124165
(allez sur le site pour récupérer la version en bonne définition)
#art #illustration #plage #lecture #aquarelle #Tipeee

renzol@diaspora.stemy.me

À Chacun sa légende : La Tartine - Une Histoire Vraie

Un livre d’Alain De Deyn & Donald George, fruit d’un travail d’aide à l’écriture biographique dans le cadre du programme "À chacun sa légende“ de la Maison de la Francité Maison de la Francité.

Alain De Deyn a découvert, dans une grande caisse en carton, une foule de documents administratifs et judiciaires, ainsi que des coupures de journaux d’époque. Croisées à ses souvenirs, ces archives lui révélèrent le secret si bien gardé par son père, Nestor De Deyn, résistant pendant le 2e Guerre mondiale.

Cet ouvrage est issu l’activité des "Biographes associés" qui s’adresse autant aux particuliers qu’aux entreprises, institutions et associations.

Aux particuliers: les Biographes associés s’adressent avant tout aux personnes qui ont envie de raconter leur histoire ou l’un ou l’autre moment de celle-ci. Parce que chaque vie recouvre une foule de trésors, parce que se livrer permet de se libérer; il y a mille et une raisons de témoigner et de laisser une trace…

Aux entreprises, institutions, associations…: les Biographes associés s’adressent également à toute personne morale qui a envie de faire connaitre son histoire, ses valeurs, ses objectifs. Pour chacune d’elles, nous nous conformerons à son cahier des charges, à ses besoins et à ses buts…

LA TARTINE - UNE HISTOIRE VRAIE parait chez 180° Éditions.

https://www.maisondelafrancite.be/?s=0000&p=267

#livre #lecture #résistance #biographie #Bruxelles #Belgique #MaisondelaFrancité #Francité

une_liseuse@framasphere.org

83ème jour : Héloïse à vélo

Entrer une description pour l'image ici

Dans la pharmacie,

c'est la file d'attente pour la caisse et le regard qui erre sur les promos de crème hors de prix malgré les promos (et) un homme entre,

il est bien habillé comme un bourgeois dans ce quartier bourgeois il entre il passe le vigile à l'entrée qui lui prend sa température il n'a pas de fièvre non il remonte les caisses puis s'arrête devant un frigo à la porte transparente ce sont des boissons énergisantes et autres sucs merveilleux pour l'énergie et la santé et la beauté et les cyclistes qui suent sur (qui sussurent peut-être) sur place dans les vitrines des académies sur plusieurs étages sans avancer d'un pouce ils doivent boire des hectolitres de ces boissons énergisantes et autres sucs merveilleux pour la santé et l'énergie et la beauté - et la bonté ? (1) - le ventre qui balonne sur les vélos immobiles et les machines dans les vitrines transparentes des académies les corps musclés et bronzés malgré et en sueur qui brillent sous les sunlights (musique) comme des stars qui brillent (re-musique) dans les vitrines des académies (activité essentielle - très essentielle - terriblement essentielle - affreusement essentielle - désespérément essentielle)

(et) il se tient droit devant le frigo transparent à la bonne température pas de coup d'oeil de côté (très sûr de lui) il ouvre la porte transparente et prend une bouteille de cette boisson énergisante et autres sucs merveilleux pour l'énerg... je le vois peut-être a-t-il vu mon regard mais je ne dois pas avoir l'air d'être une menace (moi, une menace ?) il ne me regarde pas (et) il prend une autre bouteille il la glisse cette fois-ci dans son sac à dos (une bouteille qu'on vole on ne la range pas on la glisse) et il repart alors,

à la sortie ostensiblement il pose la deuxième bouteille celle qu'il n'a pas glissée dans son sac à dos sur une pile de produits hors de prix de ceux qui sont en promo et puis il déclare au vigile qu'il a changé d'avis et que finalement il n'achètera pas la bouteille de boisson énergisante alors il la laisse là sur les crèmes en promo quel artifice,

et il sort de la pharmacie avec l'autre bouteille dans son sac à dos (volée).

(1) "le beau c'est le bon mis en activité" La nouvelle Héloise J.J. Rousseau.

Chaque matin, le grand peintre japonais Hokusai (1760-1849), dit-on, peignait un chat pour se mettre en train. À son exemple (dans une moindre mesure...), et à titre d'exercice, je rédige (ou corrige) et mets en ligne (presque) chaque jour une petite chronique de Rio de Janeiro, où j'habite depuis plus de 15 ans. Pour ensuite me plonger dans des travaux d'écriture en cours.

Si vous souhaitez soutenir mon travail, vous pouvez le faire sur Liberapay, plateforme de dons récurrents, où vous choisissez une durée et une valeur de don, que vous pouvez renouveler ou interrompre à votre guise.

Vous pouvez en savoir plus sur mes travaux ici :
https://fr.liberapay.com/le_chat_d_hokusai/

#brésil #rio_de_janeiro #littérature #chronique #récit #récit_de_voyage #roman #livre #écriture #lecture #flânerie

une_liseuse@framasphere.org

82ème jour : sinistre retour de plage

Entrer une description pour l'image ici

c'est tellement agréable sous le grand ventilateur devant les vitrines qui ondulent le long de la longue padaria (1) (et derrière) les employés s'affairent les jus les sandwiches à la viande au poulet les fours où dorent les crevettes en beignets (et) d'un geste sûr, ils les versent dans les plats sous nos coudes appuyés sur la vitre, cent grammes deux cent grammes à emporter ou non il faut payer d'abord faire la queue devant les petits guichets comme au cinéma ou au théâtre et puis retourner vers le bar transparent aux étages surchargés on se penche il faut choisir mais soudain,

on ne l'avait pas vu, tout à notre goûter bientôt ce petit creux délicieux en sortant de la plage les pieds ensablés la petite fatigue du soleil supporté la chaleur au visage on ne l'avait pas vu on n'avait pas noté que des chaises barraient le passage un peu plus loin avant le comptoir de l'autre côté là où l'on peut acheter du pain du café et les bricoles d'oubli du supermarché il y avait les chaises et une table aussi en se penchant nous l'avons vu,

à cinquante centimètres un couple assis mangeait il lui tournait le dos et puis à nos côtés des adolescents riaient,

nous n'avons pas goûté, nous n'avons pas fait la queue aux petits guichets comme au théâtre au cinéma nous ne sommes pas revenus vers le comptoir transparent et les beignets de crevettes et les parts de pizza et les croquettes au poulet,

nous sommes partis de la padaria qui n'avait pas jugé bon de suspendre son commerce après le malaise et la mort d'un client au milieu de la cohue de la fin d'après-midi,

quelques chaises quelques tables cachant un corps sous une bâche,

mon Dieu, dans quel monde vivons-nous ?

(1) Padaria : littéralement boulangerie. Établissement où l'on peut boire des jus de fruits et des boissons sans alcool et manger des sandwiches ou différents beignets, boulettes ou petites tourtes au fromage, à la viande, aux crevettes, au poulet etc., parts de pizza et autres "grignotteries" délicieuses.

Chaque matin, le grand peintre japonais Hokusai (1760-1849), dit-on, peignait un chat pour se mettre en train. À son exemple (dans une moindre mesure...), et à titre d'exercice, je rédige (ou corrige) et mets en ligne chaque jour une petite chronique de Rio de Janeiro, où j'habite depuis plus de 15 ans. Pour ensuite me plonger dans des travaux d'écriture en cours.

Si vous souhaitez soutenir mon travail, vous pouvez le faire sur Liberapay, plateforme de dons récurrents, où vous choisissez une durée et une valeur de don, que vous pouvez renouveler ou interrompre à votre guise.

Et à demain, pour une nouvelle chronique!

Vous pouvez en savoir plus sur mes travaux ici :
https://fr.liberapay.com/le_chat_d_hokusai/

#brésil #rio_de_janeiro #littérature #chronique #récit #récit_de_voyage #roman #livre #écriture #lecture #flânerie

une_liseuse@framasphere.org

81ème jour : délice d’auteur virtuose du remplissage

Entrer une description pour l'image ici

Le jingle de la publicité résonne alors chacun retourne à son ouvrage dans la pizzeria au fond du petit supermarché les employés servent les clients un œil sur l’écran accroché au-dessus des tables hautes et de leurs grands tabourets (et) bientôt, c’est la boulangerie et encore la télé qui boursoufle le mur, je remarque le silence les gens soudain n’ont pas fait qu’arrêter de parler ils ne bougent pas non plus et leur regard fixe un point là-bas que je ne vois pas mais j’ai deviné déjà, j’ai deviné que la publicité finie elle a reparu, celle qui depuis quarante épisodes nous trouble les manipule vous séduit les assassine, quarante épisodes de novela c’est un délice d’auteur virtuose du remplissage mais le feuilleton arrive à sa fin il va bien falloir que la brune meurtrière paye pour ses crimes (et) déjà, l’œil du policier qui l’arrête se brouille, trois ou quatre épisodes encore et la détermination du lieutenant s’effeuillera comme une grosse marguerite je suis la loi j’étais la loi ils sont la loi quelle loi déjà ? les menottes disparaîtront et la belle aussi par la porte de derrière entre les poubelles et puis on la rattrapera (de justesse toujours de justesse) et l’on bouclera une à une en couturière appliquée toutes les intrigues parallèles qui se sont épanouies depuis six mois, c’est un vrai ravissement cette narration tentaculaire tout le monde retient son souffle, et puis le jingle retentit le supermarché sort de sa stupeur

et nous passons à la caisse.

Chaque matin, le grand peintre japonais Hokusai (1760-1849), dit-on, peignait un chat pour se mettre en train. À son exemple (dans une moindre mesure...), et à titre d'exercice, je rédige (ou corrige) et mets en ligne (presque) chaque jour une petite chronique de Rio de Janeiro, où j'habite depuis plus de 15 ans. Pour ensuite me plonger dans des travaux d'écriture en cours.

Si vous souhaitez soutenir mon travail, vous pouvez le faire sur Liberapay, plateforme de dons récurrents, où vous choisissez une durée et une valeur de don, que vous pouvez renouveler ou interrompre à votre guise.

Vous pouvez en savoir plus sur mes travaux ici :
https://fr.liberapay.com/le_chat_d_hokusai/

#brésil #rio_de_janeiro #littérature #chronique #récit #récit_de_voyage #roman #livre #écriture #lecture #flânerie

bastamedia@framasphere.org

Sept ans après le scandale des « lasagnes à la viande de cheval », les conditions restent réunies pour que de telles fraudes aient lieu. Ingrid Kragl de l’organisation Foodwatch explique pourquoi dans l’ouvrage « Manger du faux pour de vrai ». Extraits.

Vous croyiez les lasagnes et autres plats préparés à base de cheval retirés des rayons ? Détrompez-vous ! Des canassons aux passeports falsifiés, des chevaux de course traités lourdement aux anti-inflammatoires, des bêtes maltraitées, malades, impropres à la consommation pénètrent aujourd’hui encore – et massivement – les circuits de distribution européens et français, sans que nous en soyons informés. Il existe en fait deux scandales dans le même scandale : du cheval a continué de se faire passer dans les supermarchés pour du bœuf, et ce bien des années après 2013.

https://www.bastamag.net/Le-scandale-jamais-termine-de-la-viande-de-cheval-falsifiee-fraude-alimentation-lasagne-Ingrid-Kragl-Foodwatch-Manger-du-faux-pour-de-vrai

#Viande #Cheval #Fraude #Alimentation #Foodwatch #Consommation #Scandale #DuFauxPourDeVrai #Livre #Lecture #Lasagne #spanghero

une_liseuse@framasphere.org

78ème jour : la vieille dame et les raccourcis

Entrer une description pour l'image ici

Elles étaient montées dans le taxi au Jardin Botanique et celle qui semblait la plus jeune (80 82 ans ?) lui avait demandé de les emmener dans une petite rue du quartier du Leblon au bout d'Ipanema où il s'était arrêté au pied d'un petit immeuble et les deux vieilles dames avaient trottiné vers l'entrée où un portier avait accueilli aimablement la plus âgée (90 93 ans ?) pour l'accompagner vers son appartement alors

la plus jeune (83 85 ans ?) était remontée dans le taxi et lui avait demandé de l'emmener à Tijuca, là-bas après les plages après le Pain de Sucre après le Christ après le Mangue après le Sambodrôme après le Maracanã loin après le Centre ville, alors

le chauffeur avait fait demi-tour et il avait pris la direction du Lac derrière Ipanema pour prendre le (sombre) tunnel Rebouças qui les mèneraient vers la zone nord et le quartier où elle habitait alors

la vieille dame (86 87 ans?) mais c'était la plus jeune des deux sœurs - il apprit plus tard qu'elle venait d'accompagner son aînée (95 96 ans?) faire des examens dans une clinique - lui tapa sur l'épaule et lui demanda de passer plutôt par la plage - c'est plus agréable n'est-ce pas ? on ne se baignera pas mais au moins on voit la mer et le sable c'est si beau alors

il avait rejoint la plage du Leblon à la continuation de celle d'Ipanema et puis ils avaient filé postos 12 posto 11 et les kiosques bariolés et le jardim de Allah son canal aux eaux douteuses et ses pêcheurs (d'un geste lent ils remontaient leur ligne oisives) posto 10 posto 9 posto 8 et la vieille dame tournée vers la mer les baigneurs et les joueurs de volley tout bronzés et les enfants qui courent et à la fin de la plage à la hauteur de la rue Vinicius de Moraes et son restaurant Garota de Ipanema (où le célèbre poète et son complice Antônio Carlos Jobim avaient composé la non moins célèbre chanson du même nom) le chauffeur de taxi s'était tourné vers la vieille dame perdue dans ses pensées :

- Voulez-vous maintenant que nous descendions vers le Lac pour rejoindre le (morose) tunnel vers Tijuca ?

- Non non, avait-elle répondu continuez la plage s'il vous plaît.

alors devant les rochers d'Arpoador d'où sautaient sans fin de petits garçons rieurs le taxi avait suivi la rue Francisco Otaviano et rejoint la plage de Copacabana le Fort du même nom le Club dos Marimbas les barques retournées les pêcheurs affairés posto 6 et leur petit kiosque pris d'assaut à 6 heures du matin les poissons remontés dès l'aurore face à la plage au Pain de Sucre au Christ et Copacabana toujours endormie,

et il s'était élancé sur l'Avenida Atlântica posto 5 posto 4 et la vieille dame avait salué le poète Drummond de Andrade sur sa statue - n'était-ce pas ?, pensa-t-elle : - J'ai passé une heure à penser à un vers - Que ma plume n'a pas voulu faire - Il est là pourtant (...) et puis arrivé à la rue Figuereido Magalhães le Vieux Tunnel qui pouvait les mener plus vite encore à destination il avait suffit au chauffeur que leur regard se croisent dans le rétroviseur pour qu'il comprenne que la vieille dame préférait continuer tout droit là-bas presque jusqu'au Leme (...) - Inquiet, vivant - Il est là dedans - Et ne veut pas sortir (...), passer devant le Copacabana Palace posto 3 _posto 2 et remonter la rue Princesa Isabel plutôt que de prendre le Vieux Tunnel et déboucher au (dans le) cimetière São João Batista alors

le chauffeur n'avait plus parlé à la vieille dame il ne lui avait plus rien demandé il n'avait pas tourné après l'Hôpital Pinel à droite prendre le toboggan à gauche vers Laranjeiras et (l'obscur) Tunnel Santa Barbara qui leur aurait évité le Centre-Ville il avait continué tout droit le long de la mer tout droit vers l'aterro tout droit face à l'anse de Botafogo et le Pain de Sucre qui se drapait des lumières du soir (...) - La poésie de ce moment - Inonde ma vie toute entière.

et lorsque arrivés au Centre-ville il n'y avait plus eu de raccourci vers Tijuca la vieille dame était sortie de sa rêverie et lui avait souri - Vous voyez lui avait-elle dit - J'ai 89 ans et je vais peut-être quitter ce monde demain. Pourquoi irai-je m'engouffrer dans de ténébreux tunnels et gagner une demi-heure et quelques dizaines de reais pour rentrer chez moi quand je peux profiter une fois encore de ce merveilleux spectacle ? Ne sommes-nous pas dans la Cidade Maravilhosa ?

Le chauffeur acquiesça (et fit une ristourne monumentale à sa passagère).

Je ne suis pas si âgée (et j'espère ne pas disparaître demain) mais comme cette vieille dame, quand je le peux je demande toujours aux chauffeurs de taxi (jamais d'uber !) de prendre par les plages par l'aterro par l'Anse de Botafogo par le Pain de Sucre par le Christ par la Praça XV par...

C'est si beau... Rio, quand tu nous tiens !

Chaque matin, le grand peintre japonais Hokusai (1760-1849), dit-on, peignait un chat pour se mettre en train. À son exemple (dans une moindre mesure...), et à titre d'exercice, je rédige (ou corrige) et mets en ligne (presque) chaque jour une petite chronique de Rio de Janeiro, où j'habite depuis plus de 15 ans. Pour ensuite me plonger dans des travaux d'écriture en cours.

Si vous souhaitez soutenir mon travail, vous pouvez le faire sur Liberapay, plateforme de dons récurrents, où vous choisissez une durée et une valeur de don, que vous pouvez renouveler ou interrompre à votre guise.

Et à demain, pour une nouvelle chronique!

Vous pouvez en savoir plus sur mes travaux ici :
https://fr.liberapay.com/le_chat_d_hokusai/

#brésil #rio_de_janeiro #littérature #chronique #récit #récit_de_voyage #roman #livre #écriture #lecture #flânerie

une_liseuse@framasphere.org

75ème jour (modifié) : c'est bien simple, tu dois choisir : c'est Marcel ou moi !

(à Tasty Bud : mais c'est toujours cornélien...)
Entrer une description pour l'image ici

Elle était très jolie, vraiment. Ils sortaient ensemble depuis peu de temps mais c'était une relation plaisante, pleine de rires et de la légèreté de la jeunesse. Et il restait lui-même, plein de ses enthousiasmes de jeune professeur, du monde du savoir qu'il approfondissait avec délectation par des lectures effrénées.

Il avait déjà remarqué que ses petites amies, la plupart du temps, tordaient un peu le nez sur ses loisirs. Passer un week-end entier sans sortir de sa chambre à lire Machado de Assis, Thomas Mann ou Descartes, lorsqu'il faisait beau et que la plage était bondée, était passablement excentrique voire relevait de la science-fiction mais... comme pendant la semaine il courait tous les matins sur la plage avant d'aller travailler, il était bronzé et musclé et n'avait rien de l'intellectuel chétif et besogneux.

Pourtant, il faut bien le dire, à un moment des relations qu'il entretenait avec ses jeunes amoureuses, ça finissait souvent par craquer. D'abord, il préférait acheter des livres que d'acheter une voiture (qui pourtant lui aurait évité les interminables trajets en bus surchauffés) et c'était souvent le premier sujet que ses conquêtes abordaient. De nombreuses fois il avait prétexté que sa voiture (inexistante) était en révision pour pouvoir espérer emmener au cinéma l'une des jolies étudiantes qu'il croisait le soir en allant à l'université (il donnait déjà des cours dans la journée).

Et puis, un jour, avec cette nouvelle petite amie, ils allèrent au cinéma (en taxi ? en bus ? savait-elle qu'il n'avait pas de voiture ? il ne me l'a pas dit). C'était la troisième fois qu'elle lui demandait d'aller voir ce film, et à chaque fois il lui avait expliqué qu'il lisait les écrits théoriques et les traductions de Stéphane Mallarmé, des poètes russes et des troubadours par le grand poète et théoricien de la poésie Haroldo de Campos, pour son plaisir mais aussi pour y trouver matière à des cours qu'il donnerait à ses étudiants de langue portugaise.

Mais cette fois, il était là, sans livre, sans copie à corriger, ils étaient là tous les deux, un couple de jeunes amoureux dans le hall bondé du cinéma en attendant la séance. Et il lui parlait, comme d'habitude, de tout, de rien, du temps, de l'université, du cinéma, de ses coups de coeur et de... ses lectures.

Alors, au milieu de la foule tranquille qui n'avait rien demandé, sa ravissante petite amie se transforma en furie et s'écria en hurlant (pléonasme) :

- C'est bien simple, tu dois choisir : c'est Haroldo ou moi !

Au milieu de la foule que ce cri avait rendu silencieuse, il baissa la tête. Il venait d'être victime de cette habitude brésilienne (très agréable par ailleurs) d'appeler tout le monde par son prénom. Les présidents João Goulard, Tancredo Neves, Fernando Henrique Cardoso sont pour tout le monde Jango, Tancredo et Fernando Henrique, Dilma Rousseff et Lula da Silva ne sont appelés que Dilma et Lula, personne ne connaît les noms de famille des joueurs de foot : Ronaldinho, Neymar, Robinho... (1)

Sa petite amie parlait bien sûr d'Haroldo de Campos, le grand théoricien de la poésie, le créateur, avec son frère Augusto, du mouvement de la Poésie Concrète, qui a profondément marqué la poésie brésilienne et que le jeune professeur lisait avec passion. Mais le prénom Haroldo, seul, est porté par des millions de brésiliens et l'équivoque était facile. Pour la foule muette tournée vers le jeune couple, il devait choisir entre cette ravissante jeune fille et un certain Haroldo, de sexe masculin, parmi des congénères pour lesquels il avait toutes les sympathies sans aller toutefois jusqu'à désirer les mettre dans son lit.

Un peu comme si votre petite amie, au milieu d'une foule, vous reprochait de trop aimer la lecture de Proust et se mettait à hurler :

- C'est bien simple, tu dois choisir : c'est Marcel ou moi !

(1) mais pas Bolsonaro ou Temer ; au Brésil on appelle peu les fascistes par leur prénom.

Cette chronique, déjà publiée, a été modifiée pour être rendue plus cohérente, car elle concernait le grand écrivain Machado de Assis. Parler d'un "Machado", concerne un homme mais ce n'est pas un prénom...

Chaque matin, le grand peintre japonais Hokusai (1760-1849), dit-on, peignait un chat pour se mettre en train. À son exemple (dans une moindre mesure...), et à titre d'exercice, je rédige (ou corrige) et mets en ligne (presque) chaque jour une petite chronique de Rio de Janeiro, où j'habite depuis plus de 15 ans. Pour ensuite me plonger dans des travaux d'écriture en cours.

Si vous souhaitez soutenir mon travail, vous pouvez le faire sur Liberapay, plateforme de dons récurrents, où vous choisissez une durée et une valeur de don, que vous pouvez renouveler ou interrompre à votre guise.

Et à demain, pour une nouvelle chronique!

Vous pouvez en savoir plus sur mes travaux ici :
https://fr.liberapay.com/le_chat_d_hokusai/

#brésil #rio_de_janeiro #littérature #chronique #récit #récit_de_voyage #roman #livre #écriture #lecture #flânerie

une_liseuse@framasphere.org

77ème jour : c'est trop tard, je les ai vus...

Entrer une description pour l'image ici

la kombi (1) me dépose au pied de la favela sur le chemin de Barra, j’en prends une deuxième pour monter vers le haut de Vidigal où toute la famille m’attend pour déjeuner (et) au deuxième arrêt, comme promis la petite fille est au rendez-vous, elle me prend par la main et nous nous enfonçons dans les ruelles, « il ne faut pas regarder » murmure-t-elle, quoi ? C’est trop tard c’est déjà fait je les ai vus, j’ai vu le groupe d’adolescents qui surveillent les abords mitraillette à la main,

au loin la plage est une vaste prairie caressée par la brise qui danse entre les parasols bariolés elle les entraîne dans sa ronde joyeuse c’est d’abord imperceptible ce mouvement qui va s’accélérant la plage ondule et tangue bientôt sous la force de milliers d’hélices elle s’élèvera dans le vent solaire

elle s’en va,

(1) kombi : taxi collectif

Chaque matin, le grand peintre japonais Hokusai (1760-1849), dit-on, peignait un chat pour se mettre en train. À son exemple (dans une moindre mesure...), et à titre d'exercice, je rédige (ou corrige) et mets en ligne (presque) chaque jour une petite chronique de Rio de Janeiro, où j'habite depuis plus de 15 ans. Pour ensuite me plonger dans des travaux d'écriture en cours.

Si vous souhaitez soutenir mon travail, vous pouvez le faire sur Liberapay, plateforme de dons récurrents, où vous choisissez une durée et une valeur de don, que vous pouvez renouveler ou interrompre à votre guise.

Et à demain, pour une nouvelle chronique!

Vous pouvez en savoir plus sur mes travaux ici :
https://fr.liberapay.com/le_chat_d_hokusai/

#brésil #rio_de_janeiro #littérature #chronique #récit #récit_de_voyage #roman #livre #écriture #lecture #flânerie