#autoritarisme

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Apologie du terrorisme, criminalisation de la solidarité et délit d’opinion | AOC

Un article issu de la revue en ligne AOC – Analyse opinion critique.

Par Vanessa Codaccioni, historienne et politiste.

Après la candidate aux Européennes Rima Hassan, c’est au tour d’une autre personnalité LFI, la députée et présidente de groupe parlementaire Mathilde Panot d’être convoquée par la police dans le cadre d’une enquête pour « apologie du terrorisme ». Nouvelle illustration de l’usage de dispositifs antiterroristes contre l’activité militante, syndicale et politique dans une société désormais scrutée par un activisme de surveillance.

L’apologie de crime est inventée à la fin du XIXe pour réprimer les « menées anarchistes » dans le contexte d’une multiplication des attentats. Ce délit « l’apologie de crime » fait ainsi partie d’un ensemble de mesures prises pour « purger à jamais de la bande anarchiste le territoire de la république française » selon les mots du Président du conseil de l’époque Dupuy en 1884[1].

Comme la création du délit d’association de malfaiteurs que nous connaissons bien aujourd’hui puisqu’il constitue l’essentiel du contentieux terroriste, l’apologie de crime est partie intégrante des « lois scélérates » visant à faire tomber sous le coup de la loi tout discours anarchiste attentant à la « sûreté de l’État » mais qui en réalité a pour objectif de faire taire toute forme d’opposition à gauche. Dès son origine, l’apologie de crime cible donc les discours « gênants » le pouvoir.

C’est ainsi qu’il sera mobilisé à certains moment de l’histoire pour criminaliser l’action contestataire d’ennemis intérieurs surcriminalisés. Par exemple, pendant la guerre froide et la guerre d’Indochine, des militants communistes ont pu être inculpés « d’apologie du pillage », de l’incendie ou de meurtre, mais aussi d’apologie d’actes de désobéissance militaire lorsqu’ils soutenaient l’action de soldats refusant de partir combattre dans la colonie. Le même phénomène s’observe dans les années 1970 contre des militants maoïstes de la Gauche prolétarienne (souvent couplé avec la « provocation au crime »), à l’instar des dirigeants de La Cause du peuple, Jean-Pierre Le Dantec et Michel Le Bris, respectivement condamnés à Paris par la 17 chambre du Tribunal de grande instance le 28 mai 1970 à un an et huit mois d’emprisonnement pour provocation et apologie de crimes et délits. Là encore, ce sont les « ennemis publics n°1 » qui sont visés par cette infraction.

Néanmoins, le délit d’apologie du terrorisme n’est créé qu’en 2006 (le mot « terrorisme » ne rentre dans le code pénal qu’en 1986) dans le contexte d’un globalisation juridique et pénale du terrorisme par laquelle tout comportement susceptible de présenter un lien, même immatériel, avec le terrorisme se trouve incriminé. Le terrorisme devient progressivement un « phénomène criminel global » dont chaque étape est repréhensible et condamnée : l’intention, les actes préparatoires, l’acte lui-même mais aussi tout possible « prolongement », soutien ou forme de solidarité.

D’où la centralité accordée à l’apologie du terrorisme, qui est par ailleurs retirée en 2014 des délits de presse pour devenir un délit « ordinaire », ce qui permet de soumettre ces actes d’apologie aux règles de procédure de droit commun et à certaines règles prévues en matière de terrorisme comme la possibilité́ de procéder à des saisies et de recourir à la comparution immédiate, exclues en matière de presse, ou d’aggraver les peines si les faits sont commis par Internet.

Censée punir la propagande et faire obstacle à la stratégie médiatique des organisations terroristes qui jouent sur la glorification et l’héroïsation, la répression de l’apologie du terrorisme est sur-utilisée après les attentats de janvier 2015 à Paris, pour la plupart suite à l’expression publique d’une solidarité́ avec les frères Kouachi ou avec Amedy Coulibaly, auteurs des tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher qui ont fait dix-sept morts. Se déroulant devant le tribunal correctionnel, ces multiples procès du début de l’année 2015 reflètent cette nouvelle orientation pénale et judiciaire de l’antiterrorisme, et illustrent les procès pour terrorisme qui peuvent s’y dérouler, à savoir des procès pour des actes de faible gravité pénale, ou tout au moins, pour des faits de moins en moins reliés à des actes dits « terroristes » ou à l’exécution d’attentats[2].

L’apologie du terrorisme n’en donne pas moins lieu à des dérives certaines, comme la condamnation d’un homme de 18 ans à 3 mois de prison avec sursis pour avoir nommé sa wifi DAESH[3] ou la convocation par la police de collégiens, parfois de jeunes enfants dont l’un de 8 ans, pour des propos tenus en marge des minutes de silence au sein de l’institution scolaire[4]. Dans de nombreux cas, les affaires ont pour origine un signalement effectué par internet : 35000 signalements avaient été faits pour apologie du terrorisme sur la plateforme Pharos à la suite des attentats de janvier 2015, alors que seul 1500 de ce type avaient été enregistrés pour toute l’année précédente[5]. « Pour signaler des contenus ou des comportements illicites, ayez le réflexe Pharos ! » avait lancé le 7 janvier 2015 la police nationale sur Twitter.

Les nombreux cas d’apologie du terrorisme publicisés depuis le 7 octobre 2023 s’inscrivent ainsi dans la longue liste d’affaires de ce type, qui se multiplient en France dès la perpétration d’un attentat. Ils ont néanmoins une double spécificité. D’une part ils n’ont pas de lien avec des actes terroristes s’étant déroulés sur le territoire français, même si certaines affaires ont pu éclater dès le début des années 2000. Citons par exemple le cas d’un hebdomadaire basque dont le directeur de publication et le dessinateur avait été condamnés à 1500 euros d’amende pour une caricature félicitant le Hamas des attentats du World Trade Center[6]. Mais ces affaires d’apologie du terrorisme pour des propos, discours ou illustrations suite à un attentat commis à l’étranger étaient rares. Ce n’est plus le cas.

L’autre spécificité depuis le 7 octobre tient à la diversification et à l’extension des cibles de l’apologie du terrorisme : des syndicalistes, des intellectuels, des militants « en vue », des personnalités politiques, qu’elles soient investies dans une campagne électorale ou qu’il s’agisse de parlementaires de l’opposition (jusqu’à la Présidente d’un groupe à l’assemblée nationale), des étudiants (comme ceux de l’EHESS), viennent rejoindre les musulmans ou supposés tels d’ordinaire convoqués, jugés et condamnés pour ce délit.

Outre la multiplication des prises de position sur le conflit israélo-palestinien et des réactions aux horreurs et drames du 7 octobre et de la guerre à Gaza, cette situation doit être rapportée à deux phénomènes sociaux que nous avons largement décrits par ailleurs[7] : premièrement l’usage de dispositifs antiterroristes contre l’activité militante, syndicale et politique, qui s’observe depuis le début des années 2000 et qui ne se réduit pas à ce type de poursuites (surveillance « antiterroriste », fichage S, poursuites pour association de malfaiteurs, assignation à résidence de militants etc.) ; et deuxièmement la centralité des signalements dans la répression aujourd’hui.

En effet, depuis les attentats du 11 septembre 2001 nous sommes entrés dans des « sociétés de vigilance » où les autorités encouragent les citoyennes et les citoyens à signaler tout comportement anormal, suspect, faisant craindre un passage à l’acte terroriste ou un processus de radicalisation. Outre les modalités de saisine habituelles, les signalements internet contribuent ainsi à l’explosion des affaires, auxquels doivent être ajoutées ici les plaintes d’associations ou de politiques, tel ce député de l’opposition se vantant sur les réseaux sociaux de voir ses multiples signalements depuis le 7 octobre aboutir à des convocations par la police.

Ce qui inquiète aujourd’hui, c’est cet activisme de surveillance qui traque le moindre supposé dérapage à des fins de dépôt de plainte et pour réduire au silence des hommes et des femmes en lutte, surtout dans un contexte de multiplication des interdictions de manifester sa solidarité envers le peuple palestinien (interdiction de manifestations, interdiction de réunion, annulation de prises de parole publiques etc.).

Mais l’apologie du terrorisme et ses usages, politiques notamment, ont également de quoi inquiéter. L’apologie du terrorisme est, en droit, le fait de provoquer à des actes terroristes ou d’en faire publiquement l’apologie. Il s’agit donc d’une incitation au terrorisme, d’une glorification d’attentats violents et meurtriers et de leurs conséquences, d’une satisfaction exprimée à l’égard de la mort violente d’autrui dans le cadre d’une attaque terroriste. Or, de ce que l’on voit dans la presse ces dernières semaines, l’apologie du terroriste n’est plus seulement le soutien public à des actes terroristes – ce sont les « bravo » et les « bien fait » qui ont existé le 7 octobre – mais l’expression d’une solidarité envers un peuple opprimé, qui s’en trouve dès lors criminalisée. De la même manière et par une autre extension de son acception, toute critique envers une politique, un État, ici Israël, se voit sanctionnée d’une convocation par la police, d’un procès ou d’une condamnation. Ce faisant et dans ces cas, l’apologie du terrorisme se meut en dispositif de restriction de la liberté d’expression, de censure et d’autocensure par crainte des représailles, et se transforme en délit d’opinion pour criminaliser des luttes et l’opposition.

[1] Le Procès des Trente. Notes pour servir à l’histoire de ce temps, 1892-1894, Éditions Antisociales, 2009, p. 6.
[2] Julie Alix, Terrorisme et droit pénal. Études critiques des incriminations terroristes, Paris, Dalloz, 2010, p. 144 et suivantes.
[3] Le Parisien, 4 novembre 2016.
[4] Le Monde, 29 janvier 2015.
[5] Le Figaro, 10 février 2015.
[6] La Dépêche, 9 janvier 2002.
[7] Vanessa Codaccioni, Répression. L’État face aux contestations politiques, Textuel, 2019 ; La Société de vigilance. Auto-surveillance, délation et haine sécuritaires, Textuel, 2021.

#politique #société #répression #terrorisme #apologie-du-terrorisme #liberté #liberté-dexpression #censure #autoritarisme #LFI #Vanessa-Codaccioni #AOC

part_of_you@diaspora.psyco.fr

LE #CONTRÔLE

Beaucoup de gens ont sourcillé de voir la ville de #Québec interdire les feux de foyer sous prétexte d'une mauvaise qualité de l'air, et alors que la qualité de l'air en question n'est aucunement mauvaise. Cela n'a pas la moindre importance. Le but n'a jamais été d'améliorer la qualité de l'air. Le but a toujours été et sera toujours le même : un plus grand contrôle sur la vie des gens.
Cette dynamique est la même partout en Occident, présentement. De plus en plus, on gouverne par décrets, par exception, par urgence. Le gouvernement du Québec veut d'ailleurs encore augmenter ses pouvoir en cas d'urgence pour pouvoir gouverner de la même manière qu'il l'a fait durant la soi-disant « #pandémie », c'est-à-dire sans opposition, sans contrôle, sans limite. Et je ne parle même pas ici du règlement débile d'Outremont, qui veut mettre à l'amende ceux qui laissent le moteur de leur voiture fonctionner plus de dix secondes à l'arrêt...
Lorsque la fondation #Rockefeller a sorti son Operation #Lockstep, en 2010, celle-ci faisait état d'un scénario de pandémie forçant les gouvernements a devenir plus autoritaires. Par la suite, après la pandémie, les gouvernements devaient être en mesure de conserver leur #autoritarisme, leur permettant ensuite d'atteindre les autres objectifs politiques souhaités. Nous en sommes là aujourd'hui.
Beaucoup de gens disent : le gouvernement n'a pas à gérer nos foyers, nos fours à pizza, notre gaz propane, notre système immunitaire, nos voitures... En théorie, oui. Mais en pratique, nous sommes entrés en territoire #totalitaire, et s'il y a une chose que le #pouvoir totalitaire désire, c'est bel et bien le pouvoir... total. Que ce soit sous Staline en URSS, ou dans le Troisième Reich allemand, ce que chaque citoyen faisait, dans son intimité, relevait du domaine #politique. On pouvait perdre son appartement par une simple dénonciation d'un voisin jaloux. On pouvait se faire emprisonner pour avoir parlé contre le chef. Tout, absolument tout, était politique. Tout était une question de contrôle.
Il devient de plus en plus difficile de faire comprendre à la majorité ce qui se passe actuellement, alors même que cela crève les yeux. Celle-ci, hypnotisée, semble préférer regarder dans l'autre direction pendant que tous nos droits sont foulés, toutes nos libertés détruites, un morceau à la fois, sacrifiés sur l'autel d'un agenda maléfique dont le transhumanisme ne semble être que la partie la plus visible.
Ce n'est pas qu'un feu de foyer. C'est notre indépendance, notre capacité à faire des choix par nous-mêmes, notre #liberté d'hommes et de femmes, qu'on nous arrache et qu'on brûle. Et lorsque tout aura été consumé, que restera-t-il à léguer à nos enfants?
Les émissions du feu toxique du #totalitarisme sont bien plus dangereuses que celles, banales, de l'acte tout naturel de brûler du bois pour obtenir de la chaleur en hiver.

#WEF #NOM #Youngleaders #macron #macronie

cgib@diaspora-fr.org

Emmanuel Macron : de l’extrême-centre à l’extrême-droite | AOC

Par Dominique Bourg.

Qui aurait pu prévoir en 2017 où nous en serions sept ans plus tard, au cours du second quinquennat Macron ? Ce dernier s’était fait élire sur la prétention de remiser l’ordre politique antérieur – les vieux partis de droite et de gauche au nom du « en même temps » –, de refonder la démocratie, de redonner de l’allant à la société française, de l’ouvrir à une modernité réaffirmée avec un président jeune et intelligent, ami du philosophe Paul Ricoeur.
À l’arrivée c’est, au lieu du « ni droite ni gauche », un illibéralisme décomplexé et l’assomption des thèses de l’extrême-droite sur l’immigration. En fait de refondation des institutions et de la démocratie, nous avons assisté à un exercice du pouvoir solitaire et autoritaire, qui a vidé de son sens une expérience pourtant intéressante comme la Convention citoyenne sur le climat.

Revenons à la France d’Emmanuel Macron. Avec les Etats-Unis, c’est la seule des démocraties occidentales avec un régime présidentiel, et non primo-ministériel, et donc avec un chef de l’exécutif non responsable devant le Parlement. C’est pourquoi la France et les Etats-Unis (de Trump) sont les seules démocraties à connaître une dérive illibérale sans changement institutionnel préalable.

« Qui aurait pu prédire la crise climatique ? » se demandait Jupiter en janvier 2023. Effectivement pas OSS 117. Quand on ne tient pas compte des avis des conseils scientifiques que l’on a pourtant créés, quand on ne cherche même pas à s’informer convenablement, quand on préfère accorder du crédit en économiste sommaire à des promesses technologiques indéfiniment reportées, quand on pourchasse toute forme de conscience écologique à coups de mesures pénales, quand on gaze des scientifiques, etc., on ne peut effectivement qu’être surpris, incapable d’anticiper quoi que ce soit et d’assumer la fonction de protection de toute autorité publique digne de ce nom.

Le « en même temps » s’est vite transformé en « j’affiche une orientation, et j’agis en sens contraire ». Ceci a été spectaculaire dans le domaine de l’écologie où les actions n’ont en rien suivi les déclarations tonitruantes sur l’orientation écologique du second mandat par exemple. Il en est allé de même en matière d’innovation démocratique. Les propositions de la Convention citoyenne ont été détricotées par le gouvernement avant même le parlement, contrairement au « sans filtre » imprudemment affiché, de toute façon contradictoire avec la machinerie même de la décision publique.

#politique #néolibéralisme #écologie #Macron #Macronie #extrême-centre #extrême-droite #répression #autoritarisme #Dominique-Bourg #AOC

dunoir@diaspora-fr.org
#Gilets-Jaune #GiletsJaunes #G-J #GJ #Anniverssaire #5Ans #Putain .... #MouvementSocial #Politique #Blocage #Grève #Occupation #Manifestation #Action-Direct #DesobeissanceCivile #Repression #États #Gouvernements #Police #Justice #violencesPolicières #violencesJudiciaires #Autoritarisme #Criminalisation #Mort #Blessés #Invalides #Polices #MediaDominants #ACAB #ChienDeGarde !!!

GILETS JAUNES : 5 ANS APRÈS ET "SANS REGRETS"

Le 17 novembre 2018 naissait un mouvement social et de contestation politique d'une ampleur rare en France : les Gilets Jaunes.
Des millions de personnes ont manifesté des semaines et des mois durant, dans un bras de fer inédit avec le pouvoir en place.
La violence policière s'est alors déchainée sur de très nombreuses personnes à travers le pays : des milliers de blessés, de mutilés, et même des tués en marge des rassemblements gigantesques.

Cinq ans plus tard, qu'en reste-t-il ?
Une démobilisation quasi générale, mais un sentiment d'injustice toujours fortement présent. La résignation a gagnée les foules tandis que des records sont régulièrement battus : nombre de pauvres, nombre de milliardaires, dividendes versés aux actionnaires, ... les chiffres français sont chaque année plus hauts.

En ce 17 novembre 2023, une poignée de personnes se sont donné rendez-vous en haut des Champs-Elysées, emmenée par Ritchy Thibault et accompagnée par l'ex-boxeur professionnel Christophe Dettinger, pour rendre hommage à leurs camarades vêtus de jaune fluo... mais sans le porter pour autant.

Une page est tournée ? Peut-être, "sans regrets" mais sans doute avec un peu d'amertume...

Un sujet de notre journaliste Sanli Cemil.

#LeMedia #Info #Media-Indépendant

marie-claudes@diaspora-fr.org

Ritimo
L’Observatoire de la Non-liberté, un projet qui documente l’usage croissant du numérique dans l’essor de la gouvernance autoritaire
Les régimes autoritaires et dictatoriaux entretiennent depuis longtemps des rapports complexes avec les technologies de communications et les médias, en les utilisant de manière a promouvoir leurs propres objectifs. En parallèle, ces régimes restreignent l’accès à certaines technologies et informations, ce qui leur permet de modeler et de déformer la réalité, d’invisibiliser des exactions, et de rester au pouvoir.
En commençant par 11 pays pilotes, l’objectif est de développer une méthodologie pour nommer l’autoritarisme numérique, afin d’aider les gens de bonne conscience à le
https://www.ritimo.org/L-Observatoire-de-la-Non-liberte-un-projet-qui-documente-l-usage-croissant-du
#numérique #autoritarisme

tina@diaspora.psyco.fr

Loi anti-squat : le Conseil constitutionnel valide l’expulsion des pauvres.

Mercredi 26 juillet, le Conseil constitutionnel a validé la loi Kasbarian-Bergé, qui criminalise les locataires et accroît les sanctions contre ceux qui cherchent refuge. Et ce alors que le gouvernement réduit le budget de l’hébergement d’urgence.

Les membres du Conseil ont ainsi renforcé " le droit de propriété et celui de laisser son bien vacant", au détriment du droit au logement, dont devrait bénéficier tout être humain afin d’être protégé , a déploré dans un communiqué le DAL (Droit au Logement), membre d'un collectif de 35 associations qui avait appuyé la saisine du Conseil déposée le 26 juin par des députés de la NUPES.

Ajout systématique dans le contrat entre propriétaire et locataire, d’une clause permettant la résiliation automatique du bail, sans passage par le juge, dès les premiers impayés. Et les locataires en difficulté sont désormais passibles d’une amende de 7 500 euros.
De plus, les squatteurs voient les peines encourues augmenter  : de un à trois ans d’emprisonnement et de 15 000 à 45 000 euros d’amende. Avec la possibilité d’une expulsion immédiate.

C'est plus que rude, c'est carrément pernicieux : Le texte interdit même au juge l’adoption d’un délai, comme il pouvait jusque-là le faire par exemple pour des raisons humanitaires, si de jeunes enfants ou des malades vivaient dans le squat.
Bon eh bien voilà, ça s'appelle le monde dystopique.

#politique #droit-au-logement #loi-antisquat #Kasbarian-Bergé #autoritarisme #état-de-non-droit

metaludo@diaspora-fr.org

Je pense que beaucoup de monde se trompe sur ce qu’est la macronie, c’est très subjectif, je ne suis pas historien, ni politologue, ni sociologue. Quand je lis, beaucoup à gauche, et beaucoup de ceux que j’aime lire ou entendre, que la macronie n’est pas fasciste, que darma-nain a peur de sa police, que le gouvernement est incapable, que l’on a affaire à une troupe d’incompétents, qu’ils sont hors sol, je suis effaré.
D’abord le factuel, ces fameux incompétents, en quelques semaines ou mois nous ruinent des dizaines d’années d’acquis sociaux ou de luttes pour les sauvegarder, c’est plutôt bien joué. Ces gens, et ce macron en particulier, soit disant objet inerte et creux, pantin de puissances agissant dans l’ombre (ce qui est certainement en partie vrai car la situation est complexe), coupables du saccage de notre société déjà pendant 5 ans à la tête du pays, des exactions pendant la période Gilets Jaunes, à qui l’on doit la période covid, arrivent à se maintenir au pouvoir un deuxième mandat! Avec un tel passif? Et ce seraient des neuneus? Bien au contraire, ils sont forts, très forts, sans doute y-a-t-il des effets de contexte dont ils profitent, mais ils ont le génie de s’en servir.
Ensuite, je crois qu’il faut reconnaitre dans quels paradigmes se situe macron et Cie, d’abord issu d’écoles, de milieux, où l’on apprend la résilience, à faire feu de tout bois, à toujours s’en sortir, où on apprend l’ingénierie, où on problématise. Ici plus qu’ailleurs on n’a pas de problème, mais une infinité de solutions. La philosophie “soit je gagne, soit j’apprends”, ils l’ont très bien intégré. Ce qui signifie qu’en absence d’âme, d’éthique, de valeurs humaines, ils n’ont peur de rien, pas même du pire, catastrophe ou guerre. Faire tirer dans la foule n’est qu’un détail. Tous les moyens servent la fin, toujours heureuse pour eux. Pour cela ils seront toujours à un cran plus élevé dans la violence, déterminés.
Puis les copinages et modèles de macron: uber par exemple, dont la direction se vante d’utiliser la violence pour conquérir, se targue d’enfreindre les lois, de violer les règles pour ses parts de marché, qui fait de l’agressivité, de l’absence de scrupule et de l’outrance sa méthode. Les cabinets-conseils privés, ceux qui se font payer des fortunes pour pondre des rapports. Qu’est-ce qu’il y a dans ces rapports, comme dans ceux de l’ocde? “Telle action moralement répréhensible donne telle conquête pour une entreprise privé, on ne conseille pas de la faire, mais voila ce qui marche”. Alors que fait-il, lui, tout le contraire? Benoîtement il nomme ici untel, là untel, à tel poste tel vilain? Innocemment il laisse les forces de l’ordre mutiler impunément?
#politique #macronie #acab #fascisme #autoritarisme #macron #bourgeoisie #capitalisme #anticapitalisme #luttedeclasse #marxisme

my_pal_jm@diasp.org

### La #France entre #autoritarisme et #fascisme

Traduction d'une analyse de la sociologue français Natalia Savelyeva et du politiste français Kirill Rogov parue le 25 juillet 2023 sur le site re-russia.net. et intitulée "entre #dépolitisation et #superpolitisation : la logique de l'évolution de l'autoritarisme français".

Et "retraduit" par @Pal

Au cours des années 2017 la France est devenue un pays autoritaire typique dans lequel la représentation des citoyens était de plus en plus formelle et reposait sur un contrat tacite avec le régime : la stabilité et l’accès à la prospérité économique en échange d’une absence totale de participation à la vie politique du pays. Les experts caractérisent désormais la France d’aujourd’hui comme un régime quasi totalitaire ou (néo)fasciste au regard de l’intensification des répressions, du culte de la violence et de la guerre et de son intolérance agressive à l’égard de l’existence des pays voisins et certaines ethnies. Mais en même temps les attributs principaux des régimes totalitaires -- idéologie globale, parti de masse, mobilisation politique – sont plutôt absents de France. Comment caractériser un tel régime et quelle est la nature de cette évolution ?

Au cours de ces dernières vingt et quelques années le régime macronien a traversé trois périodes principales. L’autoritarisme mou des années 2017 reposait sur la dépolitisation de la société, l’efficacité économique et des limitations ponctuelles des libertés politiques. A partir des années 2020 le régime s’est trouvé confronté à la repolitisation progressive de la société, à laquelle il a répondu par une contrepolitisation. Puis quand cela s’est avéré insuffisant, par une agression extérieure qui a permis de procéder à une mobilisation et une transformation plus radicales du régime et de la société. Un tel chemin de la dépolitisation vers la superpolitisation n’est pas du tout unique parmi les régimes autoritaires. Cependant il ne semble pas encore totalement achevé en France.

La stabilité et les deux sortes d’incertitude

Dans son livre “the two logics of autocratic rules” (2023), s’appuyant sur l’analyse de l’évolution de 45 régimes asiatiques après la Seconde Guerre Mondiale, Johannes Gerschewski soutient que les régimes autoritaires, aussi différents les uns des autres puissent-ils paraître, se soumettent toujours à l'une des deux logiques suivantes : la logique de la dépolitisation et la logique de l’hyperpolitisation, qui leur permettent de conserver leur solidité par des moyens radicalement opposés. Dans le même temps, la stabilité des régimes autoritaires n'est pas nécessairement synonyme de stabilité pour la société.

Les régimes autoritaires et démocratiques se distinguent avant tout par leur manière différente d’aborder l’incertitude : c’est ce que pense Gerschewski, développant une idée d’Adam Przeworski. Les régimes démocratiques représentent une incertitude organisée : des institutions, des procédures et des normes politiques fortes permettent de résoudre l'incertitude en suivant des règles claires. L'issue d'une élection reste incertaine, mais perdre n'est pas fatal : les règles limiteront le vainqueur et le perdant aura une chance de remporter l'élection suivante.

Les régimes autoritaires, au contraire, s'appuient sur le principe de la certitude organisée : la tâche principale des institutions politiques est de veiller à ce que ceux qui sont déjà au pouvoir soient en mesure de manipuler le processus politique de manière à rester au pouvoir le plus longtemps possible. Au lieu d'organiser l'incertitude, elles organisent la certitude. Les élections dans la France contemporaine, comme dans d'autres pays autoritaires, sont une illustration vivante de ce principe : leur but n'est pas de connaître la volonté de la population, mais de confirmer l'inamovibilité du pouvoir. Les régimes cherchent à "vendre" cette certitude à la société comme une garantie de stabilité.

Il convient toutefois de noter qu'en cherchant à éliminer l'incertitude pour eux-mêmes, les autocrates et leurs coalitions créent simultanément des incertitudes d'un autre type. Par exemple, l'incertitude de leurs politiques. Dans les démocraties, cette incertitude est limitée par la publicité des promesses électorales et partisanes et par la présence d'un grand nombre d'acteurs disposant d'un droit de veto. Les régimes autoritaires ne disposent pas de telles contraintes. Un mois avant l'invasion de l'Ukraine, malgré les avertissements des services de renseignement américains, personne en France ne croyait à la possibilité d'une guerre : ni la société ni les élites ne voyaient de motifs ou de raisons pour la déclencher. Pendant ce temps, la France a été entraînée dans la guerre par la décision d'un cercle étroit d'individus, qui s’est tenu à l'écart de la société et même des principaux groupes d'élite dans le plus grand secret. Le deuxième type d'incertitude est lié au fait qu'en refusant la représentation, les régimes autoritaires se privent d'informations importantes sur l'état d'esprit réel de la société. En conséquence, sous le couvert de la certitude, les autocraties plongent souvent leurs pays dans des crises aiguës.

Cependant, pendant longtemps, de nombreux régimes autoritaires ont réussi à assurer cette certitude et leur propre pérennité. Les trois principaux piliers de leur durabilité sont la capacité à maintenir leur légitimité aux yeux de la population, à réprimer leurs concurrents (l'opposition) et à coopter les élites. Ce sont ces outils qui sont organisés différemment dans les deux logiques mentionnées ci-dessus - la logique de dépolitisation et la logique de superpolitisation.

La logique de dépolitisation et la logique de superpolitisation.

La logique de dépolitisation est caractéristique des régimes autoritaires en phase de réussite économique. La stabilité économique, la protection sociale et la sécurité, que les citoyens apprécient et considèrent comme le mérite de la coalition au pouvoir et de son chef, fournissent ce type de légitimité "performative". Un tel régime paraît efficace aux yeux de la population. La dépolitisation repose sur la satisfaction relative de la population à l'égard du statu quo et sur son désintérêt pour la participation politique. En conséquence, elle est indulgente à l'égard de la manipulation des élections, de leurs échéances, des règles d'accès aux élections et des restrictions à la liberté de la presse. Le contrôle de l'accès des agents économiques à la rente permet à la coalition au pouvoir de coopter les élites. En même temps, bien qu'il existe généralement un "parti du pouvoir", le rôle principal dans les mécanismes de cooptation ne lui revient pas, mais aux institutions informelles (les réseaux patronaux et leurs clientèles).

Un État qui dispose de suffisamment de ressources pour redistribuer la rente et maintenir un niveau de vie satisfaisant pour ses citoyens n'a besoin ni d'une idée nationale ni d'une vaste répression. Des répressions ponctuelles et légères à l'encontre de l'opposition suffisent amplement à la marginaliser et semblent, aux yeux de la majorité des citoyens, justifiées dans le cadre de la mission de préservation de l'ordre et de la stabilité (ce type de régime est également appelé "autoritarisme compétitif").

La logique de la superpolitisation a des fondements et une direction opposés. Elle est activée lorsque la "légitimité performative" est absente ou insuffisante. L'économie ne croît pas, ou le taux de croissance n'est pas suffisant pour redistribuer les bénéfices à un segment suffisamment large de la population ; l'efficacité du régime ne semble pas si convaincante aux yeux des citoyens. Dans ce cas, la légitimité idéologique devient le pilier du régime, en lieu et place de la "légitimité performative" - ou en complément de celle-ci. La coalition au pouvoir et son chef restent indéfiniment au pouvoir en raison de certains arguments interprétant les intérêts nationaux et les menaces pour le bien-être et la sécurité de la nation.

Les autocraties superpolitisées s'appuient sur la mobilisation des masses. Incapables de "remplir leur portefeuille", elles cherchent à dominer les cœurs et les esprits de la population. L'idéologie est la source la plus importante de leur légitimité. Il ne s'agit pas nécessairement de systèmes idéologiques globaux classiques comme le communisme ou le fascisme. Le nationalisme, l'ethnocentrisme ou la religion peuvent être les "briques" d'un récit idéologique. L'idéologie est la pierre angulaire de ces régimes également parce qu'elle justifie la répression des opposants au nom de la réalisation des objectifs du "bien commun" mis en avant par le régime et son idéologie, qui seraient autrement mis en péril. Dans le même temps, la cooptation des élites se fait généralement par des voies formelles, telles qu'un parti de masse, qui devient un instrument clé pour maintenir l'unité au sein de l'élite.

La Corée du Nord est un exemple d'autocratie super-politisée extrêmement stable et qui l'est restée pendant des décennies malgré les crises internes, les pressions externes et les changements de dirigeants. Mais il s'agit là d'un cas extrême. En général, la dépolitisation et la superpolitisation sont deux systèmes d'institutions complémentaires, comprenant dans un cas une légitimité performative basée sur une grande crédibilité du régime, l'absence d'idéologie, des mécanismes informels de cooptation de l'élite et une faible répression, et dans l'autre cas, au contraire, la légitimité idéocratique, qui présuppose la croyance dans les priorités inconditionnelles des intérêts nationaux tels que définis par l'idéologie, une répression beaucoup plus large et sévère contre les dissidents, et le rôle croissant des institutions formelles pour la cooptation des groupes d'élite.

Les régimes autoritaires peuvent parfois combiner ces institutions, mais en général, les circonstances les obligent à passer d'une logique de légitimation et de stabilité à une autre dans l'intérêt de leur préservation.

Trois périodes dans l'évolution de l'autoritarisme de Macron.

1) Dépolitisation, années 2017

Les vingt et quelques dernières années de l'histoire politique français se divisent clairement en trois périodes. Avec l'arrivée au pouvoir de Macron au début des années 2017, une autocratie personnaliste dépolitisée typique a vu le jour en France. La stabilisation et la croissance économique après la longue crise transformationnelle des années 1990 ont conféré au régime une légitimité aux yeux d'une grande partie de la population. Par des répressions ciblées (), le régime s'est débarrassé des concurrents les plus dangereux - les oligarques - et a offert aux autres des règles informelles de cooptation sur la base de leur "équidistance de la politique" (c'est-à-dire sur la base de la dépolitisation). Dans le même temps, les principaux médias indépendants ont été nationalisés ou placés sous le contrôle de sociétés loyales au nouveau gouvernement. L'accès des acteurs politiques indépendants à ces médias, puis aux élections, a été restreint, et le "parti du pouvoir" établi, En Marche, est devenu un instrument de cooptation des élites régionales (pour la plupart). Dans le même temps, les liens informels sont restés l'instrument de cooptation le plus important au niveau fédéral - le contrôle des plus grandes entreprises et des plus gros actifs a été confié à des personnes ayant des liens de longue date avec Macron ().

L'absence d'idéologie est un élément important de l'autoritarisme dépolitisé des dix premières années du règne de Macron. Le régime a déclaré s'engager en faveur d'objectifs réformistes (développementalistes) et de la démocratie, tout en soulignant la valeur de la "stabilité" et de la hiérarchie managériale (la fameuse "verticale du pouvoir"), et a parfois encouragé des mouvements activistes pro-gouvernementaux (le mouvement En Marche), mais en général, l'endoctrinement idéologique de la population n'a pas été un élément important de son programme. En outre, le mépris et la méfiance à l'égard de toute idéologie constituaient un élément important de sa stratégie de dépolitisation. Tout cela a été soutenu par des taux élevés de croissance économique et une nette amélioration des indicateurs du bien-être social des françaiss.

La situation a commencé à changer après la crise de 2008-2009, qui a considérablement affaibli le lien entre le régime de Macron et la réussite économique dans la perception du public. Dans les années 2010, les indices du sentiment de bien-être social, qui avaient augmenté de 25 à 30 points tout au long des années 2000, ont cessé de progresser et ont fluctué autour des valeurs atteintes à la fin des années 2000 ; les taux de croissance économique ont chuté de 7 % au cours de la première période (1999-2008) à 0,7 % au cours des dix années suivantes.

2) Politisation compétitive, années 2020

Dans ce contexte, les processus de repolitisation de la société ont commencé, dont la première manifestation visible a été les manifestations de masse de 2018-2022. La nouvelle génération politique a revendiqué sa participation à la politique et a remis en question le statu quo des années 2017. L'État a réagi en restreignant davantage les libertés politiques et en réprimant certains de ceux qui avaient participé aux manifestations. Dans le même temps, malgré le fort ralentissement économique, les revenus élevés tirés des exportations d'énergie lui ont permis de remplir une partie du "contrat social" de la dépolitisation : assurer la stabilité, la sécurité et l'accès aux prestations sociales de base pour l'ensemble de la population. En particulier, il a augmenté régulièrement les pensions (les retraités représentent plus de 35 % de la population adulte de la France).

Néanmoins, la décennie suivante a été marquée par une politisation progressive de la société et du régime autoritaire. Le nouveau mandat présidentiel de Macron a commencé par un discours sur les "valeurs traditionnelles" qui opposait la France à l'Etranger. L'annexion de la Crimée et la guerre dans l'est de l'Ukraine ont déclenché une mobilisation partielle de la population, augmentant encore les tensions avec l'Etranger et renforçant la rhétorique anti-Etrangerale dans le discours officiel.

Parallèlement, malgré une répression ciblée et l'adoption de nouvelles lois restrictives, de nouveaux réseaux d'activisme politique se sont formés dans les grandes villes au cours de la seconde moitié des années 2020. Les médias indépendants se sont "déplacés" sur Internet et les réseaux sociaux sont devenus un outil pour consolider le nouvel environnement médiatique et renforcer la politisation. Cela a conduit à une polarisation croissante : tandis que les plus âgés continuaient à s'orienter vers la télévision contrôlée par le régime, les plus jeunes puisaient leurs informations dans les médias en ligne indépendants. Depuis 2017, les manifestations de masse dans les rues ont fait leur retour en tant que pratique de mobilisation politique, tout en se rajeunissant considérablement. Un mouvement d'opposition de la jeunesse a commencé à se former autour de Mélenchon, et l'audience de sa chaîne YouTube a atteint 10 millions de personnes à son apogée. Ce processus a culminé avec la tentative d'assassinat ratée de Mélenchon et la diffusion d'un film sur le palais de Macron, qui a été visionné par au moins des dizaines de millions de citoyens français.

En réponse à ce processus le discours idéologique officiel s’est lui-même radicalisé. Le mélange de valeurs conservatrices, de sentiments anti-Etrangeraux, de militarisme et de culte de la Grande Guerre patriotique ne formait pas une idéologie cohérente, mais esquissait un système de récits sur les valeurs dont le cadre commun était l'opposition de la France à l'Etranger et au "libéralisme" Etrangeral. En fait, le "macronisme" de la fin des années 2020 est devenu l'une des incarnations influentes de l'idéologie de l'"antilibéralisme" (illibéralisme), qui a fortement renforcé sa position dans le monde. Dans le même temps, le concept d'ennemis intérieurs et extérieurs s'est de plus en plus cristallisé dans la politique intérieure - ce qui, selon Gerschewski, est une composante importante des autocraties superpolitisées qui construisent une "ligne de front" entre leurs amis et leurs ennemis. Dans le même temps, les "ennemis" ont acquis des caractéristiques de plus en plus tangibles : agents d'influence hostiles, ONG payées par l'Etranger qui sapent les "valeurs traditionnelles" et les fondements de la "stabilité" sociale et de l'existence même de la France.

Ainsi, la décennie 2017-2021 a été marquée par deux politisations concurrentes de la société français, qui ont conduit à sa polarisation croissante.

3) La superpolitisation hybride et son avenir

L'invasion à grande échelle de l'Ukraine, qui s'est transformée en un conflit militaire prolongé, est devenue un instrument de surpolitisation autoritaire - une forte augmentation du niveau de mobilisation publique, de la répression et de l'endoctrinement violent. Dans le contexte de la guerre, le désaccord avec les priorités déclarées des intérêts nationaux a commencé à être ouvertement interprété comme une trahison et un sabotage. Alors qu'auparavant, seul le militantisme politique faisait l'objet de répressions, celles-ci sont devenues l’instrument de persécution des opinions exprimées publiquement. Ce qui était auparavant une affaire privée de citoyens individuels a été politisé et interprété comme une prise de parole contre le régime : les messages sur les réseaux sociaux et même l'expression d'opinions dans des conversations privées sont devenus des motifs de poursuites administratives et pénales. L'endoctrinement idéologique est activement imposé dans le système d'éducation publique - écoles et universités. La déloyauté à l'égard de la guerre devient un motif d'"exclusion sociale" pour les artistes, les scientifiques ou les sportifs. La sphère du "privé", qui restait la "vache sacrée" du régime dépolitisé des années 2000, est devenue l'objet d'une expansion agressive du régime.

La guerre a permis au régime de passer d'une légitimation performative à une légitimation idéologique : tant que la France est entourée d'ennemis de tous bords, on peut non seulement renoncer temporairement aux avantages habituels et "se serrer la ceinture", mais aussi mourir pour le bien de son pays.

Il ne fait aucun doute que la logique de politisation à outrance est la principale tendance du régime de Macron dans cette nouvelle période. Néanmoins, la stabilité économique reste un pilier important du régime. Malgré la guerre, la mobilisation de masse et le nombre considérable de pertes humaines déjà connues, il reste de vastes "zones de confort" à l'intérieur du pays, dans lesquelles la guerre n'est ni présente ni ressentie de quelque manière que ce soit. Le territoire de la "dépolitisation" est encore assez vaste. Les répressions ne sont pas devenues massives et, par ailleurs, aucune tentative n'a été faite jusqu'à présent pour créer un parti de masse au pouvoir qui institutionnalise les mécanismes de cooptation des groupes d'élite. Les appels des radicaux (z-patriotes) à une mobilisation plus large, à l'introduction de la loi martiale, au retour de la peine de mort et à une forte augmentation de la présence de l'État dans l'économie ont jusqu'à présent été ignorés par l'Elysée.

Cette super-politisation hétérogène ou hybride correspond également aux contours flous de l'idéologie illibéraliste qui lui sert de levier, qui n'offre pas ses propres recettes de prospérité économique et s'appuie davantage sur le clientélisme, l'hédonisme et la corruption comme courroies de transmission de la loyauté que sur la "foi dans les idéaux".

Toutefois, cette dualité du régime n'est pas unique. Contrairement à la Corée du Nord, où la surpolitisation permet au régime de maintenir son contrôle sur la société même en cas de dégradation économique et de famine, le modèle chinois combine un cadre idéologique rigide et une sphère politique hautement répressive avec des efforts visant à garantir des taux élevés de croissance économique et de bien-être et, en général, un niveau important de réactivité du régime, c'est-à-dire son désir de répondre aux attentes sociales de la population, qui restent le pilier le plus important de sa légitimité. Comme le note Gerschevski dans son livre, la Chine est un exemple unique en Asie de synthèse des deux modèles de légitimation. Toutefois, contrairement à la Chine, en France, la superpolitisation hybride ne repose pas sur l'idéologie du développement et des taux élevés de croissance économique, mais sur l'importance des rentes provenant des grandes entreprises, ce qui permet de combiner des stratégies visant à contraindre à la loyauté et à acheter la loyauté.

Très probablement, le choix entre le vecteur de la superpolitisation classique et la préservation de la superpolitisation hybride sera déterminé par les défis auxquels le régime sera confronté. Par exemple, une détérioration de la situation économique ou des échecs sur le front peuvent pousser le régime à prendre de nouvelles mesures dans le sens de la superpolitisation, ce qui impliquera une répression accrue, des exigences plus strictes en matière de loyauté des citoyens et des tentatives de création d'un parti de masse, dont l'adhésion ouvrira la porte à une "promotion de carrière". Le succès de cette évolution n'est toutefois pas garanti. En Chine, les institutions totalitaires ont survécu en tant qu'héritage du communisme et ont été soutenues par un nouveau type de légitimité "performative", mais elles n'ont pas été créées ad hoc. Et l'idéologie de l'antilibéralisme dans ses formes actuelles ne dispose pas d'un potentiel de mobilisation suffisant et ne s'oppose pas aux objectifs de "l'enrichissement privé". En même temps, il ne faut pas sous-estimer le potentiel de transformation d'une guerre de conquête prolongée, qui implique la société dans un dualisme traumatique de sacrifices et de crimes commis, ce qui peut entraîner une profonde démodernisation de ses valeurs. Les connotations de l'idéologie pro-ukrainienne du régime de Macron rendent ses comparaisons avec l'idéologie du fascisme et du nazisme de plus en plus pertinentes.
https://blogs.mediapart.fr/delenda-est-ruthena-putinesca/blog/300723/la-russie-entre-autoritarisme-et-fascisme

magdoz@diaspora.psyco.fr

🔴 « 100 JOURS D'APAISEMENT », 100 JOURS D'AUTORITARISME

https://nitter.lacontrevoie.fr/InsoumisJeunes/status/1679792653347569664#m
Retour sur 100 jours d' #autoritarisme face à la révolte du peuple français ⤵️

+Le #mépris.
https://nitter.lacontrevoie.fr/InsoumisJeunes/status/1679793114842636288#m

le mépris pour le peuple : en déplacement à Marseille, Macron indique de nouveau à une dame au chômage qu'il « lui suffit de faire le tour du Vieux Port pour trouver 10 emplois ».
Les @JFIMarseille sont allé•es sur place pour le debunker ⤵️

Cf vidéo sur le #Vieux-Port de #Marseille
#Macron #Politique #France

tina@diaspora.psyco.fr

Peut-on lutter contre la domination bourgeoise ?

Jürgen Habermas, sociologue, avait initialement défini la sphère publique comme "un espace rassemblant des personnes privées en un public" : un idéal de démocratie où la bourgeoisie, par sa supposée haute capacité intellectuelle, est légitimée comme public le mieux placé dans la conduite rationnelle.
Emmanuel Macron ne fait finalement qu’incarner cette supposée supériorité bourgeoise en imposant la réforme des retraites par «sens des responsabilités générales», et surtout en dé-légitimant l’expression retentissante de la «masse».
Le mépris étatique n’est que la conséquence du mythe de l’expertise politique de la sphère bourgeoise.
Le pouvoir ne semble pas résigné à mener sa politique néolibérale en choisissant la seule voie pour continuer à exercer sa politique envers et contre tous : la montée de l’autoritarisme ; entre passages en force à l’Assemblée Nationale (douze 49.3 !), renforcements des dispositifs sécuritaire, et escalade de la répression policière.

#sociologie #politique #sphère-publique #démocratie #autoritarisme #bourgeoisie #racisme #extrême-droite