Jean-Pierre Colombies a été policier pendant 34 ans. Il a notamment travaillé à la brigade criminelle et à la brigade des stupéfiants du SRPJ de Marseille.
Pendant notre entretien, il est revenu sur le décès de Nahel Merzouk, tué par un policier à Nanterre le 27 juin à la suite d’un refus d’obtempérer. « Sur le tir en lui-même, on va être très clair, il n'aurait jamais dû avoir lieu. Est-ce que le policier est en danger ? Est-ce qu'il ne l'est pas ? En se couchant sur le capot du véhicule, j'ai l'impression qu'il se met lui-même en danger. » « Après, il y a aussi la personnalité du jeune homme. Est-il normal que nous ayons énormément d'adolescents qui s'installent dans la délinquance ? Ce n'était pas la première fois qu'il était mis en faute. Il avait été interpellé deux jours avant, déjà en conduite sans permis. Ce qui n'explique pas ni n'excuse le fait qu'on lui tire dessus, mais il est intéressant de se demander comment une partie de la jeunesse s'installe dans le monde de la délinquance », précise l’ancien policier. Si plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer un racisme systémique dans la police, l’ancien commandant de police estime que ces accusations sont infondées : « C'est d'une mauvaise foi absolue. Allez dans les commissariats, regardez les patrouilles de police et vous verrez quelle est la couleur des gens qui les composent. Vous avez une grande diversité. » « Qu'il y ait des bavures, c'est incontestable, on ne va pas dire que la police ne commet pas de fautes. Il y a des bavures, elles doivent être sanctionnées », poursuit-il.
Tandis que le décès de Nahel a donné lieu à des émeutes spectaculaires, Jean-Pierre Colombies considère qu'elles sont le produit de plusieurs facteurs, évoquant notamment « le résultat d’une évolution de plusieurs années » pendant lesquelles les forces de l'ordre ont « complètement déserté les quartiers ». « Il n’y a plus de dialogue, il n’y a plus rien. Ces quartiers n'ont plus la notion de ce que sont le service public, la police ou l'autorité. On a tout cassé dans ce pays. »
« Il faut être #Darmanin ou #Macron pour croire que la République va partout. Quand elle y va, c’est à grand renfort de forces d'intervention. Il y a des quartiers tenus par des voyous », renchérit-il. « Si les policiers ne vont plus dans ces quartiers, les habitants victimes d'agression, de violences ne sont plus protégés, c'est dégueulasse. C’est plus facile de matraquer les Gilets Jaunes ou ceux qui défendent leurs droits à la retraite. Dans ces cités, il y a des gens qui se lèvent à 4 ou 5h du matin pour bosser. Ils sont les otages des voyous, on les a abandonnés. » Interrogé sur le fait de savoir si la police faisait un usage légitime de la force,
Jean-Pierre Colombies est revenu sur les manifestations de ces dernières années. « Je ne parle pas de violences policières mais de violences politiques, ce n'est pas la même chose. Il n'y a de violence policière que lorsqu'il y a un pouvoir politique qui l’ordonne ou qui le cautionne », explique-t-il. « Il y a une manipulation des masses. On focalise les images sur les blacks blocs, alors que vous avez 3 millions de manifestants derrière. [...] C'est de la mise en scène, du théâtre, observe l'ancien policier. On laisse le chaos s'installer. Les incidents tournent en boucle sur BFM, CNews et LCI. Ça s'appelle de la propagande. »
« Emmanuel Macron est dans une dynamique de protection de son pouvoir et de sa gouvernance. Il utilise les forces de sécurité comme rempart à sa politique. Jusqu'à quand cela va-t-il tenir ? Que se passera-t-il lorsque cela ne tiendra plus ? »