#philosophie

lizzischmidt@pod.geraspora.de

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Is he up to his neck in water, or is he keeping his head above water despite everything? what do you think ?

the rules of the game are simple - choose a photo (preferably your own), edit with gimp and tag #sundaygimp on a Sunday ;-) … and follow the tag.

#sundaygimp

(and also #Sunday-photo-edit )

Note: if you do not use gimp, but still want to play along, just use the tag #Sunday-photo-edit and edit the images with your favorite image editor

#AB, #AB24, #AB-10-24, #AB-SG, #AB-06-10-24, #gimp, #gmic, #Sundaygimp, #Karl_Marx, #philosophy, #Philosophie, #Symbolbild, #Image-symbole, #symbol_image, #Kapitalismus, #Capitalism, #Capitalisme, #Kunst, #Bildbearbeitung, #Bildmanipulation, #manipulation-de-photos, #image-editing, #retouche-d-image, #photo, #Foto, #myphoto, #mywork (CC BY-NC-SA 4.0)

wazoox@diasp.eu

(3) JACQUES ELLUL - PROPAGANDE , LA FORMATION DE L'OPINION (1962)

#philosophie #livre #propagande #propagande #histoire #livre #podcast #cours #philosophie

Jacques Ellul cherchait avant tout à alerter le public sur les dangers réels et profonds que la propagande représente pour la société et les individus. Pour lui, la critique de la propagande ne visait pas à condamner aveuglément le système en place, mais à éclairer les citoyens sur les mécanismes de manipulation auxquels ils sont confrontés.

Ellul considérait que la première étape pour lutter contre les effets néfastes de la propagande était la reconnaissance et la compréhension de ces dangers. Il soulignait qu'avant de pouvoir se défendre contre quelque chose, il est essentiel d'en être conscient. En exposant les techniques et les impacts de la propagande, Ellul avait pour but de rendre ces dangers visibles et compréhensibles, permettant ainsi aux individus et à la société de prendre des mesures pour se protéger et maintenir leur autonomie ainsi que leur jugement critique.

https://invidious.fdn.fr/watch?v=lfBEMPzGK6k
https://www.youtube.com/watch?v=lfBEMPzGK6k

spektrum@anonsys.net

Was gehört zum Kanon wissenschaftlicher Allgemeinbildung? Jens Botts Antwort auf diese Frage überzeugt in der Themenauswahl und bei der Darstellung der Fachgebiete. Eine Rezension

Jens Bott gibt einen verständlichen und kompakten Überblick über zentrale Wissensgebiete und ihre Erkenntnisse. Seine Themenauswahl überzeugt. Eine Rezension (Rezension zu Was wir von der Welt wissen sollten von Jens Bott)#Naturwissenschaft #Mensch #Natur #Physik #Chemie #Mathematik #Biologie #Geisteswissenschaft #Philosophie #Sozialwissenschaft #Soziologie #Relativität #Atomphysik #Allgemeinbildung #Kanon #ErdeUmwelt #Kultur #PsychologieHirnforschung
»Was wir von der Welt wissen sollten«: Auf 300 Seiten um die Welt

spektrum@anonsys.net
reverendelvis@spora.undeadnetwork.de

Nobody believes me. I wrote an essay about how we can live together in a meaningful way and learn from each other despite the many nations, cultures and religions. And all this without giving up our own identity. And the crazy thing is, it wasn't my idea. I just wrote it down the way I was taught and the way it is inevitable if we want to survive as the #human race.

HERE --> https://undeadnetwork.de/bookstack/books/radical-enlightenment-a-world-of-open-sources-translation

#oss #foss #philosophie #philosophy #politik #politics #history #opensource #literature

wazoox@diasp.eu

La Tronche en Biais on X: "Rendez-vous ce soir à 20h pour un débat sur l'IA et ses limites, telles que présentées par Raphaël ENTHOVEN dans son livre "L'esprit artificiel", critiqué par Thibaut GIRAUD sur sa chaîne Monsieur Phi. Soyez sympa, ne gardez pas l'info pour vous. https://t.co/bNhyc6Kzhv https://t.co/vBj0Q5Rm1w" / X https://x.com/TroncheBiais/status/1838880897816232219

Enthoven va se faire défoncer ça va être magnifique.


Tags: #dandelíon #philosophie #IA

via dandelion* client (Source)

wazoox@diasp.eu

« Mandeville est le vrai maître à penser du néolibéralisme » -Dany-Robert Dufour - Élucid

#philosophie #politique #néolibéralisme

Laurent Ottavi (Élucid) : Vous accordez une grande importance à Bernard de Mandeville dans votre travail. Qui était-il ?

Dany-Robert Dufour : Bernard de Mandeville était très oublié lorsque je m'y suis intéressé de près, il y a déjà une vingtaine d'années. Il est né à Rotterdam en 1670, héritier d'une famille de médecins d'origine française. Il a suivi des études de médecine à Leyde et a obtenu son doctorat en 1689. Il a fait également des études en philosophie et soutenu une Dissertation discutant la doctrine cartésienne selon laquelle les corps animaux sont de simples automates dépourvus d'âme. Puis il est parti s'installer à Londres, s'est marié et est devenu père de deux enfants. Il a été rapidement connu comme spécialiste des maladies nerveuses, c'est-à-dire « médecin de l'âme », comme on disait depuis l'Antiquité, « psy », dirait-on aujourd'hui.

Il savait assez de français pour traduire et publier en 1704 une trentaine de Fables de La Fontaine. Le genre lui a plu puisqu'il écrit aussitôt, en 1705, une fable intitulée La Ruche mécontente ou les Fripons devenus honnêtes. Nous sommes au début de la première révolution industrielle au cours de laquelle va naître le capitalisme moderne. Ce texte décrit une ruche florissante où prospèrent non seulement tous les métiers, mais aussi et surtout tous les vices. Cependant, les habitants de la ruche, qui se sentent coupables, décident d'opter pour l'honnêteté. Résultat : plus les vices disparaissent et plus les abeilles deviennent contentes, mais plus les métiers disparaissent et plus la ruche dépérit.

Mandeville développera pendant vingt-quatre ans, sur des dizaines de textes et des centaines de pages, toutes les implications de ce poème initial de 433 octosyllabes. À terme, cela donnera un texte en plusieurs volumes intitulé La Fable des abeilles ou Vices privés, Vertus publiques.

Élucid : Quelle place ce texte occupe-t-il dans la confection de ce que vous appelez le « récit libéral » et de ce que vous appelez aussi « l’utopie capitaliste » ?

Dany-Robert Dufour : J'y vois la naissance de l'anthropologie libérale. Elle s'exprime parfaitement dans l'un des sous-titres que Mandeville a donnés à sa fable, « Les vices privés font la vertu publique », contenant plusieurs discours qui montrent que les défauts des hommes, dans l'humanité dépravée, peuvent être utilisés à l'avantage de la société civile, et qu'on peut leur faire tenir la place des vertus morales. Vous avez bien entendu : les vices peuvent tenir la place des vertus.

Mandeville n'étant pas avare de sous-titres pour qualifier son propos, en voici un autre qui explicite clairement le premier : « Soyez aussi avide, égoïste, dépensier pour votre propre plaisir que vous pourrez l'être, car ainsi vous ferez le mieux que vous puissiez faire pour la prospérité de votre nation et le bonheur de vos concitoyens ». Mandeville dit en somme que ceux qui, dans les échanges, cherchent à prélever un peu plus que leur part sont à considérer comme des bienfaiteurs : ils créent des poches d'argent qui devront être dépensées, ce qui fera tourner le commerce et l'industrie − et accroîtra la richesse collective et donc le bien commun.

Mandeville s'offre aussi des excursions vers des questions connexes. C'est ainsi qu'en 1711, il publie un ouvrage médical, Le Traité des Passions hypocondriaques et hystériques, dans lequel, devançant Freud de deux siècles, il recommande aux médecins de parler avec le patient, le seul moyen pour le libérer des contraintes morales qui pèsent sur lui et qui le font souffrir.

Mais il reviendra à la fable originale en la commentant partie par partie, ce qui donne des Remarques classées et identifiées selon les lettres de l'alphabet. Ces textes seront réunis dans une première édition en 1714 de La Fable des abeilles, complétés par un court écrit intitulé Recherches sur l'origine de la vertu morale. En 1720, il publie Pensées libres sur la religion, l'Église et le bonheur national.

En 1723, sort une deuxième édition de La Fable des abeilles avec de nouveaux textes : Recherche sur la nature de la société, quelques Remarques supplémentaires et un Essai sur la charité et les écoles de charité. Ce dernier texte provoque un véritable tollé, car Mandeville y dénonce les Écoles de charité recueillant les jeunes pauvres, alors qu'elles sont fort appréciées dans l'opinion et qu'elles correspondent à la forme la plus populaire de la bienveillance dans l'Angleterre du XVIIIe siècle. Mandeville, arguant entre autres considérations moqueuses à l'endroit de la charité, que l'industrie (qui se développe rapidement) a besoin de bras jeunes et vigoureux, recommande tout simplement leur fermeture.

« Dévoilant crûment les ressorts du capitalisme moderne, Mandeville était fort apprécié de Marx, au point que celui-ci croyait qu'il dénonçait ces ressorts là où il ne faisait que les énoncer. »

Comment le texte est-il alors accueilli ?

C'est précisément à ce moment-là que La Fable est mise en accusation par le « Grand Jury du Middlesex ». Mais Mandeville persiste et signe, puisqu'il publie en 1724 d'autres textes polémiques et une Apologie des maisons de joie (Modeste défense des maisons publiques). Le texte est ironiquement précédé d'une préface où l'auteur, qui se désigne sous le pseudonyme narquois de Phil‑Pornix, s'adresse aux « membres » d'une société pour la « réformation des mœurs ».

Il publie ensuite en 1729 une deuxième partie de La Fable des abeilles, composée de six dialogues entre Cléomène (porte-parole de Mandeville) et Horace (disciple de Shaftesbury, fameux philosophe moraliste anglais). Mandeville y aborde des thèmes comme l'origine du langage, de la société et des valeurs et, alors même que l'industrie se développe, la question de la division du travail qu'il sera le premier à étudier. Il publie ensuite en 1732 une troisième partie de La Fable des abeilles, qui contient un texte intitulé Enquête sur l'origine de l'honneur, où il entreprend de démontrer que l'honneur, prôné par la religion, ne répond en fait qu'à des intérêts privés.

Mandeville meurt en janvier 1733. Il exercera une influence philosophique fondamentale sur les penseurs anglais de la génération suivante : David Hume, Adam Smith, Jeremy Bentham et John Stuart Mill. Et même au-delà puisque Mandeville, dévoilant crûment les ressorts du capitalisme moderne, était fort apprécié de Marx, au point que celui-ci croyait que Mandeville dénonçait ces ressorts là où il ne faisait que les énoncer.

« Mandeville avait une conception assez pessimiste de l'humanité. Les hommes étant vicieux et dépravés. Mieux valait utiliser leurs vices pour le bien commun. »

Qu’a-t-il compris des liens entre économie psychique et nouvelle économique politique et marchande ?

Il a compris que ce qu'il voyait se mettre en place, et qu'on n'appelait pas encore « capitalisme », mobilisait autrement les passions au sens où il n'y avait plus à les refouler, mais à les utiliser. Il était, je le rappelle, d'abord médecin des passions de l'âme, « psy », et c'est à ce titre qu'il a proposé une toute nouvelle conception de l'économie. Avant lui, on pensait qu'il fallait que les parties soient vertueuses pour que le tout le soit aussi. Il a proposé l'inverse : on peut faire un tout sain (c'est-à-dire une civilisation assez riche pour développer les sciences et les arts) avec des parties vicieuses.

Il suffit pour le comprendre de reprendre la maxime de la fable. Avancer que « les vices privés font la vertu publique » veut dire qu'il faut laisser aller les pulsions, notamment d'avidité, à leur finalité pour que de la richesse se crée chez quelques-uns avant qu'elle ne ruisselle ensuite sur les autres. Des « vices », il donne une liste assez conséquente dans la « Remarque G » de La Fable. On y trouve le vol, la luxure, la destruction, la prostitution, les drogues, la pollution et le luxe extravagant de quelques-uns…

Je rappelle que Mandeville était calviniste et qu'il avait une conception assez pessimiste de l'humanité. Les hommes étant vicieux et dépravés, c'était peine perdue que d'essayer de les moraliser. Mieux valait utiliser leurs vices pour le bien commun. Le système qu'il construit est éminemment rusé : c'est en utilisant leurs vices qu'on fera contribuer les hommes au bien commun, sans même qu'ils ne le veuillent expressément. Le lien entre économie psychique et économique politique est ainsi établi : les pulsions qui traversent l'Homme, bien dirigées, peuvent produire de la richesse.

La question cruciale de l’époque de Mandeville est celle de la pénurie. Quelles sont les deux réponses, promises à un riche avenir, qu’il apporte ?

Il y a d'abord la réponse idéale, donnée dans la première partie de La Fable : pour que la ruche devienne riche, il suffirait que chacun soit un peu voleur sur les bords. Ainsi, beaucoup de poches d'argent se créeraient qu'il faudrait alors dépenser sous les formes les plus diverses − ce qui ferait tourner le commerce et l'industrie. Cependant, dans la seconde partie, Mandeville doit bien constater que, dans ce système, les gens souffrent de culpabilité. Ils redeviennent donc honnêtes et la ruche s'appauvrit jusqu'à péricliter. C'est alors que Mandeville s'avise que le beau système de la ruche s'auto-développant à l'infini, n'est pas fait pour tout le monde. L'opulence de la ruche achoppe en effet sur l'écueil de la culpabilité.

C'est justement pour résoudre ce problème que Mandeville a publié, en même temps que sa Fable, dès sa première édition de 1714, un autre texte complémentant cette Fable, intitulé Recherches sur l'origine de la vertu morale. Ce texte avait été à peu près complètement oublié ; je l'ai ressorti des oubliettes pour montrer combien il était important, car il permettait de comprendre, non pas seulement l'économie capitaliste, mais la politique qu'il fallait mettre en œuvre pour que ce projet de développement réussisse.

Elle procède de ce que, dans la ruche, tous, loin s'en faut, ne sont pas pervers. Il faut donc, pour que cela réussisse, composer avec une grande partie de la population qui tient à sa culpabilité – c'est le seul bien qu'ils possèdent – tout en donnant satisfaction à une toute petite partie qui ignore ce sentiment. La seule solution sera donc de confier le destin de la Nation à ceux que Mandeville appellent « the very worst of them » (les « pires d'entre les hommes » − quel autre nom leur donner que « pervers » ?). Car eux, dénués de culpabilité, n'hésiteront pas à s'enrichir par tous les moyens possibles.

Quant à ceux qui sont sujets à la culpabilité (les « névrosés »), pour les calmer et les tenir dans l'obéissance, il suffira de les dédommager avec une monnaie… qui ne coûte rien – sinon un peu de vent. C'est en effet en parole qu'on devra les payer, avec des flatteries célébrant l'étendue de leur entendement, leur merveilleux désintéressement personnel, leur noble souci de la chose publique – en bref, l'élévation de leurs âmes. Cette façon de circonvenir les hommes constitue, selon Mandeville, l'essence du Politique, le cœur de l'économie politique.

« Adam Smith reprend tout Mandeville, mais en le blanchissant de toute forme de diabolisme. »

En quoi Adam Smith reprend-il Mandeville, condamné comme « étant l’homme du diable », de manière camouflée ?

Oui, la fameuse « main invisible » d'Adam Smith sort directement de la première partie de ce texte (Adam Smith développe ce concept dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Livre IV, chapitre 2). Sauf qu'Adam Smith − c'est ce qui fera son succès et le posera comme créateur des sciences économiques − oblitérera la notion de « vice », en critiquant le système de Mandeville comme « licencieux », et la remplacera par la notion, beaucoup plus innocente, de « self-love ». On pourrait donc dire qu'Adam Smith reprend tout Mandeville, mais en le blanchissant de toute forme de diabolisme. Oublions Mandeville, Man Devil, l'homme du diable comme il fut surnommé, et entrons, semble dire Adam Smith, dans les eaux pures de la nouvelle science qui se crée.

Qui d'ailleurs pourrait reprocher à quiconque d'avoir de l'amour pour soi-même ? Chacun ne vise dans chaque transaction que cette estime de soi qui lui fait défendre ses propres intérêts. Nous voici revenus dans un système dont le tout est vertueux, parce que chaque transaction l'est également et ce, d'autant mieux que les égoïsmes de chacun sont harmonisés par la « main invisible » pour contribuer au bien commun. Le but de Smith sera donc de faire disparaître l'axiomatique de la cupidité, que Mandeville avait si bien et même trop clairement exposée. Et ceci a fonctionné pendant deux siècles jusqu'à ce que Mandeville soit ressorti du relatif oubli où il avait été plongé par Friedrich Hayek (1899-1992), d'origine autrichienne, comme d'autres grands économistes du XXe siècle (Carl Menger, Ludwig von Mises…).

Hayek a été à l’origine de la création de la fameuse Société du Mont-Pèlerin en 1947, où il a développé une thèse très mandevillienne. Selon lui en effet, le marché résulte d’un ordre spontané (à l’inverse de la thèse de Karl Polanyi). Ce penseur d’origine viennoise, très érudit, économiste, philosophe, psychologue, historien, politologue, visaient précisément à cette époque à reconstruire le libéralisme après la Seconde Guerre mondiale, et ce à partir de fragments, disait-il, perdus de vue depuis des siècles.

Il y a tellement bien réussi qu’il est devenu ensuite le chef de file de l’école néolibérale de Chicago, revendiquant le libre marché, le monétarisme et s’opposant au keynésianisme et à toute régulation. Et de fait, Hayek a trouvé ces fragments décisifs dans les propositions de Mandeville, qu’il présente dans une fameuse conférence à la British Academy, « Lecture on a Master Mind » (1966), comme un « Master Mind », un « grand esprit », voire un « maître à penser ».

« La Société du Mont Pèlerin a souterrainement diffusé l’idée néolibérale jusqu’à ce que celle-ci s’empare du monde pour le reconfigurer entièrement à partir des années 1980. »

Hayek est-il le chaînon manquant entre Mandeville, Smith et Hume et notre monde ?

En effet, pour Hayek, Mandeville conduit directement à Adam Smith (et à son concept de « main invisible » harmonisant les intérêts privés) et à David Hume (et au rôle moteur dans notre vie, non de la raison, mais des passions). C’est en s’appuyant sur le « grand esprit » de Mandeville que cette petite société d’économistes, en rupture de ban par rapport aux règles usuelles (la Société du Mont-Pèlerin), s’est mise à fonctionner sur le mode du « prophétisme religieux », c’est-à-dire à la manière d’une sorte de « secte » qui cherchait à promouvoir une « utopie », selon le mot même de Hayek.

Cette utopie a si bien réussi qu’elle a inventé la religion qui s’est mondialement imposée, et dans laquelle nous sommes encore, celle, comme je l'appelle, du « divin Marché », cet « ordre dit spontané » si parfait selon Hayek qu’il doit absolument être tenu à l’abri de toute tentative humaine de régulation. Hayek tient en effet de Mandeville que les hommes peuvent bien décider ce qu’ils veulent, par exemple la probité (2e partie de la Fable des abeilles), cela ne pèse rien par rapport à leur nature qui les pousse à accomplir, en dépit d’eux-mêmes, des formes de socialité complexes et très évoluées qui les dépassent de toute part et qui ne peuvent s’édifier qu’en laissant libre cours à leurs passions — ce qui découle de la formule-phare de Mandeville : « Les vices privés font la vertu publique ».

Sur la base de cet axiome, Hayek, entouré de trente-cinq membres dont huit reçurent des prix Nobel d’économie (Friedrich von Hayek lui-même, Milton Friedman, James Buchanan et Gary Becker, entre autres…), entreprendra de faire advenir l’utopie mandevillienne. Cette petite Société du Mont-Pèlerin, financièrement soutenue dès l’origine par de grandes entreprises, a essaimé et donné naissance à de nombreux think tanks : on en comptera environ 200 dans les années 1970. Ces derniers, en lutte contre le keynésianisme dominant de l’après-guerre, ont souterrainement diffusé l’idée néolibérale jusqu’à ce que celle-ci s’empare officiellement du monde pour le reconfigurer entièrement à partir des années 1980.

On sait aujourd’hui que deux des think tanks issus du Mont-Pèlerin ont joué un rôle décisif dans les arrivées au pouvoir de Margaret Thatcher en Grande-Bretagne en 1979, et de Ronald Reagan aux États-Unis en 1980. On pourrait donc parler d’un projet mandevillien revu, corrigé et amplifié par Hayek, pour passer de la pénurie à l’abondance sous l’égide d’un marché sans limite.

« La réussite du projet mandevillien n’engage rien moins que la possible destruction d’un monde physique habitable par les humains. »

Vous citez dans De l’utopie à l’effondrement, comme effets du récit libéral, l’abondance, l’alphabétisation, mais aussi les inégalités, l’impasse écologique (et psychologique, sociale ?), la transformation en marchandise de la terre, du travail de la monnaie. Cela signifie-t-il que l’accomplissement de la promesse portée par ce récit est « en même temps » ce qui la sabote ?

Force est de constater que, d’une certaine façon, le projet mandevillien, repris et développé par Hayek, a réussi. Le monde de 2020 est en effet globalement cent fois plus riche que celui de 1700, avec dix fois plus d’habitants en moyenne dix fois plus riches. L’espérance de vie à la naissance est passée d’environ 25 ans à 72 ans en 2020. Le taux d’alphabétisation est passé, entre 1700 et 2020, de 12 % à 85 % (ces chiffres sont tirés du livre de Thomas Piketty, Capital et idéologie, Paris, Seuil, 2019, p. 40-50).

Mais il y a un prix à payer pour la réussite d’un tel prodige, et ce prix est exorbitant : car il n’engage rien moins que la possible destruction d’un monde physique habitable par les humains, et ce dans un contexte d’inégalités sociales qui s’aggravent. En effet, pour que le marché fonctionne, il a fallu que tout ce qui pouvait être exploité le soit, sans retenue. Le monde, au fil de ces trois siècles, est devenu un immense complexe de ressources à exploiter de façon rationnelle et industrielle. Or, quand on exploite à outrance ce monde, on détruit inexorablement l’environnement et on dérègle les équilibres naturels des écosystèmes.

Quant aux inégalités, elles s'aggravent depuis quarante ans, jusqu'à atteindre des seuils sidérants : selon le dernier rapport de l’ONG Oxfam, les 1 % les plus riches de la planète aujourd’hui possèdent deux fois plus que les richesses cumulées de 90 % de la population mondiale, soit près de sept milliards de personnes. Près de la moitié de la population mondiale vit avec moins de cinq dollars cinquante par jour. L’utopie mandevillienne revue, corrigée et prolongée par Hayek, est manifestement en train de tourner à la dystopie.

Vous me demandez si ce qui accomplit la promesse mandevillienne est « en même temps » ce qui la sabote. Tout d'abord, comment ne pas remarquer votre malicieux « en même temps » − il est bien connu dans la clinique que ce syntagme est la marque par excellence du pervers qui dénie ce qui est pour affirmer ce qui n'est pas. Ou, le contraire, disant que ce qui n'est pas, est. Comme cela, il reste toujours maître de la situation. C'est effectivement un système pervers qu'a construit Mandeville. Il le dit d'ailleurs clairement en affirmant qu’il faut confier la direction du monde aux pervers. Et en disant en même temps que tout le monde en profitera. Ce qui est manifestement faux : croyez-vous que les pervers qui ont joué tous les coups les plus pendables pour satisfaire leur cupidité seront un jour disposés à partager leurs gains avec quiconque ?

Cela m'amène à votre question, renvoyant à ce que Nicolas Postel a abordé dans son texte, celle des trois objets de la sphère économique, la terre, la monnaie et le travail, que Polanyi considère comme ayant été pervertis pour devenir des marchandises fictives. On se trouve donc en quelque sorte dans une problématique généralisée de la perversion. C'est là où, je crois, cette rencontre avec Nicolas Postel a été très fructueuse.

Reprenons ces trois objets. Le travail a donné la force de travail vendable et achetable sur laquelle s’est fondé le capitalisme industriel − ce qui s'aggrave considérablement avec l’actuelle ubérisation du travail. La monnaie, elle, est devenue cette marchandise achetable et vendable sur laquelle s’est constitué le capitalisme financier, notamment, à partir de la fin de la convertibilité or-dollars décidée par Nixon en 1971, car on a pu acheter et vendre de la monnaie. Or, lorsqu'une monnaie, qui mesure la valeur des marchandises, devient elle-même une marchandise, alors tout devient relatif – ça flotte – et plus aucune valeur n'est assurée. Quant à la terre, elle est devenue, nonobstant la vie, la faune, la flore qu’elle porte, une simple matière exploitable à merci, avec l’agro-industrie, avec les terres rares, avec le lithium que l’on exploite en excavant des pays entiers, etc. La « terre », c’est donc la troisième marchandise fictive, qui désigne aussi, sous ce terme générique, les océans, l’espace, etc., c’est-à-dire le milieu de vie global des êtres humains que nous sommes.

Certes Polanyi, dans La Grande transformation, n'a pas bien compris Mandeville et n'a voulu voir en lui que quelqu’un qui avait monté une sorte de farce théorique avec son histoire de conversion des vices en vertu. Mais, aujourd’hui, on s'aperçoit qu'on doit mettre en continuité Mandeville et Polanyi – l'un parce qu'il révèle et soutient le système pervers qui se met en place avec le capitalisme moderne, l'autre parce qu'il montre jusqu'où la perversion peut aller. L'un et l'autre sont à l'opposé, mais lorsqu'on les aboute adroitement, on comprend comment ce système pervers est aujourd'hui en train de détruire le monde.

« Emmanuel Macron est pervers mais pas vraiment intelligent, car trop imbu de sa personne. Trop centré sur lui et ses certitudes, il ne voit pas l'autre ni ne sait lui parler. »

Dans Le code Jupiter, vous évoquiez déjà beaucoup Mandeville pour comprendre Emmanuel Macron. Quels liens faites-vous, plus généralement, entre ce que vous appelez la politique de la flatterie de Mandeville et la politique de l’actuel Président ?

J'ai écrit Le Code Jupiter en 2018. Je décrivais au début de ce livre la politique (masquée), menée par Emmanuel Macron, pour construire un nouveau capitalisme avec, d'un côté, le développement de la finance pour soutenir des startup afin d'alimenter en produits nouveaux la grande industrie et, de l'autre, l'asphyxie des services publics. Et je disais que cette politique, si elle était découverte, pourrait conduire « à des jacqueries [et à] à de brusques accès de fièvre politique à l'issue imprévisible ». Je ne croyais pas si bien dire : deux jours après la sortie de ce livre, commençait le mouvement des Gilets jaunes.

À l'époque, je pensais déjà qu'Emmanuel Macron était pervers, mais intelligent. Aujourd'hui, je pense toujours qu'il est pervers, mais pas vraiment intelligent, car trop imbu de sa personne. Trop centré sur lui et ses certitudes, il ne voit pas l'autre ni ne sait lui parler. Il a certes essayé à ses débuts de Président d'appliquer les principes mandevilliens : flatter le Peuple pour le mettre dans sa poche et stigmatiser les supposés profiteurs (des aides et autres services sociaux). Mais comme il ne sait guère distinguer le Peuple et les profiteurs, il s'est vite embrouillé et a fini par stigmatiser le Peuple. Grave erreur.

Lorsqu'il parlait des « fainéants », de « ceux qui ne sont rien », de « ceux qui aiment foutre le bordel », des « cyniques », des « extrémistes », des « chômeurs multirécidivistes du refus d'embauche », de « ceux qui feraient mieux de travailler pour se payer un costard », de ceux qui « se contentent d'être illettrés », de « ceux qui ne sont rien et heureux de l'être », etc., il essayait d'inventer une classe dangereuse jouant le rôlùe d'effet repoussoir pour le plus grand nombre. Mais il s'est très vite mélangé les crayons puisqu'il s'est mis à stigmatiser des gens du Peuple gagnant peu ou au chômage.

Il est alors apparu à tous pour ce qu'il était, un banquier d'affaires méprisant les pauvres : « On met un pognon de dingue dans les minima sociaux », « Moi, je traverse la rue et je vous en trouve (du travail) »… Aujourd'hui, il est cuit. Il est hors sol, isolé, sans projet autre que celui de faire de temps en temps un coup de com alambiqué qui tombe à plat ou qui s'avère totalement contre-productif − comme la dissolution.

Le Peuple est déboussolé. Or, il risque de rester dans cet état pendant trois ans, un temps suffisant pour qu'il en surgisse des monstres. On entend déjà des appels à l'érection de grands semblants soi-disant forts, puissants, féroces qui rappellent ceux que le monde a connus dans la première moitié du XXe siècle.

Karl Polanyi expliquait l’irruption du fascisme par les conséquences de ce que vous appelez le récit libéral. Pouvez-vous rappeler ses analyses et craignez-vous la répétition du même aujourd’hui ?

Polanyi montre que la marchandisation des éléments essentiels de la société, la terre, le travail et la monnaie, ayant désintégré les structures sociales traditionnelles, n'a pu qu'entraîner une profonde insécurité et instabilité pour les individus et les communautés, contraints d'entrer comme des automates dans le Marché. C'est là où, selon Polanyi, le fascisme a pu apparaître, en promettant de rétablir l'ordre et la sécurité par le rejet du libéralisme économique et le retour vers une forme d'État fort.

Polanyi voit donc le fascisme non pas simplement comme une idéologie extrémiste isolée, mais comme une réaction historique et sociale au déracinement et à la désintégration provoqués par un Marché dérégulé. Il s'agit selon lui d'une tentative désespérée de « protéger » la société, mais d'une manière destructrice et totalitaire. Une société qui n’arrive plus à faire société parce que ses membres doivent se tourner vers la logique de l’accumulation, devient une société anomique qui s’effondre en tentant de se ressouder par le sang, par la race et par l’homme providentiel…

Donc, à votre question, je réponds oui : je crains aujourd'hui la répétition de la même impasse.

Peut-on encore, et si oui comment, « obvier au pire », pour reprendre un mot qu’on retrouve beaucoup dans vos travaux précédents ?

Oui, il y a toujours, heureusement, des façons individuelles de s'en sortir. En se donnant des objets de travail, de pensée, de création. Quant aux façons collectives de s'en sortir, je doute : les esprits sont aujourd'hui tellement « hackés » par les réseaux sociaux que je ne voie guère d'issues vers l'accès à une pensée critique. Nous nous croyons libres mais jamais nous n'avons été sous une telle emprise. C'est sur cette question que je travaille actuellement.

https://elucid.media/economie/mandeville-bernard-hayek-liberal-capitalisme-neoliberalisme-vrai-maitre-penser-dany-robert-dufour

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Wolfram Eilenberger übersetzt das Denken von Adorno, Foucault, Sontag und Feyerabend in prägnante Bilder. Das Porträt eines philosophischen Quartetts in seiner Zeit. Eine Rezension

Mit viel Mut zur Metapher gelingt Wolfram Eilenberger ein spannendes Porträt eines philosophischen Quartetts. Eine Rezension (Rezension zu Geister der Gegenwart von Wolfram Eilenberger)#Eilenberger #Philosophie #Geist #Epistemologie #Erkenntnistheorie #Logik #Metaphysik #OntologieMichelFoucault #SusanSontag #TheodorWAdorno #PaulFeyerabend #FrankfurterSchule #Strukturalismus #Poststrukturalismus #Postmoderne #Aufklärung #JürgenHabermas #MaxHorkheimer #PsychologieHirnforschung #Kultur
»Geister der Gegenwart«: Wider die Stumpfheit

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#philosophie #anarchisme #Liberté #émancipation

★ SUR LA PHILOSOPHIE ANARCHISTE : CHOISIR LA LIBERTÉ...

" Sur le plan philosophique, l'anarchisme se définit clairement et sans ambiguïté par rapport à tous les autres systèmes philosophiques : il s'oppose au principe d'autorité et lui oppose le principe de liberté.
À ce niveau, son argumentation est irréfutable : elle s'appuie, en effet, sur une très longue expérience vécue : celle de l'histoire humaine prise dans la totalité de ses dimension temporelles et géographiques. Et ce avec une telle constance que nulle réfutation n'apparaît possible. L'Histoire est là, en effet, pour démontrer que, partout et toujours, dans tous les temps et tous les lieux, l'autorité et la liberté se sont constamment opposées. Cette opposition permanente, on la retrouve dans toutes les branches de l'activité humaine, en politique aussi bien qu'en religion, en art aussi bien qu'en science : contre l'autorité qui prétend imposer le silence et l'immobilité, la liberté se dresse pour contester et revendiquer la parole et le mouvement. Mieux encore, cette opposition fondamentale, on la retrouve à l'état mythique dans la plupart des grandes théologies : c'est la révolte de Prométhée contre Zeus, aussi bien que celle de Satan contre Dieu. Au-delà des mythes, qui sont toujours la transposition imagée d'une réalité, l'Histoire démontre ainsi que l'autorité a toujours été l'idéal, le moteur et l'arme des gouvernements, des dominateurs, des maîtres ; la liberté, l'idéal, le moteur et l'arme des gouvernés, des opprimés, des esclaves (...)
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#anarchisme #philosophie

🆕 ★ SUR LA PHILOSOPHIE ANARCHISTE : LA LIBERTÉ ENTRE LA PUISSANCE ET LA JUSTICE...

" La vie humaine, l'existence de l'humain sur la terre dans son comportement social --et, au-delà, par extension et multiplication dans les expressions morales d'une société et un temps et un milieu déterminés-- sont conditionnées en partie par trois facteurs psychologiques qui se définissent par trois "volontés" : la volonté de puissance, la volonté de liberté et la volonté de justice.
Toute l'aventure humaine, du couple jusqu'aux grands ensembles, depuis ses origines jusqu'à nos jours, toute sa longue et douloureuse histoire dans la lente succession de ses paix éphémères et de ses tueries renouvelées, de ses guerres et de ses révolutions, de ses saints et de ses tyrans, de ses régimes et de ses morales, est imbriquée dans le jaillissement et les heurts de ces trois volontés, tour à tour créatrices et destructrices, aussi bien des individus que des peuples (...)
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#anarchisme #philosophie

🆕 ★ SUR LA PHILOSOPHIE ANARCHISTE : LE BIEN ET LE MAL…

" Le survol de la déjà longue histoire humaine montre qu’il a toujours existé au sein des sociétés, même les plus primitives, au moins un embryon de morale, dont la singularité est de vouloir distinguer le bien du mal.
À travers les époques comme à travers tous les régimes, les religions successives furent sans cesse le support privilégié, sinon unique, de ce besoin impératif qu’éprouve toute collectivité humaine de réglementer son existence en l’insérant dans un cadre strictement codifié.
Je ne pense pas que les religions aient “inventé” la morale. Je suis plutôt porté à croire que les religions naissantes se sont servies, pour imposer leur domination, de cette espèce d’instinct qui, sous l’aiguillon de la nécessité, pousse toute société d’êtres vivants, animale aussi bien qu’humaine, à se discipliner pour survivre (…) Désacraliser la morale en la débarrassant des inutiles mythes religieux ou laïques qui l’ont défigurée et mutilée…
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Heino und Dagmar Falcke beantworten unterhaltsam, lehrreich und kindgerecht die großen Fragen zum All. Gareth Ryans liefert dazu stimmungsvolle Illustrationen. Eine Rezension

Heino und Dagmar Falcke finden in ihrem erzählenden Kindersachbuch profunde und unterhaltsame Antworten auf die ganz großen Fragen zum Universum. Eine Rezension (Rezension zu Kekskrümel im All von Dagmar Falcke, Heino Falcke)#Weltall #Universum #Astronomie #Kinder #MINT #Vorlesebuch #Sonne #Himmel #Stern #Astrophysik #Milchstraße #Galaxie #Philosophie #Religion #Falcke
»Kekskrümel im All«: Intergalaktische Antworten für Kinder

mishal@diaspora.psyco.fr

La modernité a abandonné #Aristote : c'est là que le bât blesse !

Alexandre Douguine

La pseudo-science de l'ère moderne a commencé par l'élimination de trois des quatre causes d'Aristote. Une seule, la causa efficiens, la cause du mouvement, a été retenue. En conséquence, l'objet a perdu ses trois dimensions : l'eidétique, l'hylistique et, surtout, l'entéléchique. L'objet a cessé d'être déterminé par sa signification spirituelle, son lien malléable avec les éléments, et a perdu le but du mouvement, qui synthétisait les trois causes précédentes. L'objet est devenu un objet en mouvement non pertinent (inconnu). Cela signifie qu'il n'existe qu'en mouvement - déconnecté de l'identité éternelle (causa formalis), de la malléabilité/élasticité chaotique (causa materialis) et, surtout, sans but (causa finalis). Un tel mouvement n'a pas de point final ; il est fondamentalement sans but. « Ce sont les atomes et les tourbillons de Démocrite et le fondement de l'enseignement d'Épicure », dira quiconque connaît la philosophie grecque. Et il aura raison.

En supprimant la cause finale, on supprime l'axe autour duquel tourne le monde et on prive le temps de son orientation. Au fond, la physique de la Renaissance (Galilée, Newton) a posé dès le départ les bases du postmodernisme : recyclage, post-histoire, citation, dissolution du sens, ironie nihiliste.

L'aspect le plus faux de la culture de l'ère moderne n'est pas sa #philosophie, mais sa #science. C'est la source du déclin de la civilisation. Le lauréat du prix Nobel Werner Karl Heisenberg, un physicien vraiment brillant qui a travaillé sur la théorie quantique, a déclaré un jour : la science ancienne assemblait le monde, le rendait entier, alors que nous, les scientifiques de la modernité, le désassemblons en fragments dépourvus de sens ; en nous efforçant de le conquérir, nous le détruisons. La science moderne est destructrice. C'est l'idéologie destructrice la plus dangereuse. Elle prive tout de sens, cherchant à soumettre l'ontologie subtile du monde à ses calculs illusoires.
Si nous supprimons la causa finalis, alors la réalité devient isomorphe - rien ni personne n'a la bonne voie. Une voie n'est pas meilleure qu'une autre. En même temps, l'insignifiance globale est soumise notamment à un fatalisme mécanique irréversible. ...
...Cette logique sous-tend les deux idéologies occidentales les plus totalitaires : le libéralisme (qui est sans doute le champion de la dégénérescence mentale) et le communisme. Elles conduisent, par la force des choses, à un cauchemar planétaire absolu. Mais le #nazisme n'est pas mieux. Juste moins dogmatique et « scientifique ». Mais il suit la même logique, seulement appliquée non pas à l'individu et à la classe (deux faux méga-concepts des libéraux et des communistes) mais à la race.


On peut critiquer #Douguine, son influence sur la #Russie, ... Mais on ne peut lui retirer sa dimension radicale.

Je suis d'accord avec lui que l'élimination de trois des quatre causes d'Aristote a engendré le relativisme et le nihilisme. Et encore le scientisme qui en est l'emballage religieux.

Je ne suis pas d'accord avec lui sur le #communisme. Je ne crois pas que nous ayons besoin de le confondre avec le #totalitarisme qui en a capturé le concept et l'a vidé le son sens.

l'individu et la classe :deux faux méga-concepts des libéraux et des communistes.

Pas plus que je trouve ici utile de jetter le bb avec l'eau du bain. Là encore c'est l'abus de pouvoir, d'usage, sur ces deux concepts qui en empoisonne le sens.

#nihilisme

taz@squeet.me

Straßenradrennen in Spanien: Hegel vs. Marx

Beim Straßenradrennen Vuelta wird es philosophisch. In der zweiten Woche geht es darum, ob ein Außenseiter dank Vorsprung aus der Fluchtgruppe gewinnt.#Radsport #Vuelta #Philosophie #Sport
Straßenradrennen in Spanien: Hegel vs. Marx

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