La rentrée des classes eut lieu le matin. J'allai à l'école en suivant le conseil de Nani :
« Pour aimer l'école, il faut chasser de ton esprit tous ses points négatifs et te concentrer uniquement sur la raison pour laquelle tu y vas. »
Le midi, Maman vint me chercher et me ramena à la maison. Caki et Nani devaient revenir du lycée vingt minutes plus tard, ce qui laissait à Maman le temps de préparer le repas.
Dans la cuisine, je regardais silencieusement Maman qui se concentrait sur son nouvel emploi du temps et sur ses casseroles quand Nani arriva tout à coup.
Maman lui demanda :
« Ben, comment ça se fait que t'es déjà là ? »
Nani répondit, tout excitée :
« J'ai couru pendant tout le chemin : j'avais hâte que Doudoune me raconte sa première matinée d'école. »
Nani se tourna vers Doudoune et lui demanda :
« Alors, raconte ! C'était bien, l'école ? »
Doudoune, c'était moi.
Pauvre Nani ! Elle était si fière que sa Doudoune allât à l'école ! Du coup, je décidai de reporter à plus tard ce que j'avais à dire et répondis :
« Oui. »
Ma voix tremblante, mon absence de sourire et les larmes que je n'arrivais pas bien à contenir jetèrent quand même un froid. Maman détacha son attention de ses casseroles et Nani me demanda d'un ton hésitant :
« Alors, tantôt, t'y retournes ?
- Non, pas tantôt, expliquai-je. J'irai plutôt demain. »
En fait, il était tout à fait hors de question que je retournasse dans cette école, même pas pour faire plaisir à ma famille, même pas pour une heure. Tout ce que je pouvais faire, c'était leur dire, genre :
« J'irai plus tard… j'irai un autre jour… on verra… »
reculer l'échéance jusqu'à ce que cette histoire d'école tombât dans l'oubli.
Alors, un jour, je leur en reparlerais. Je leur dirais :
« Tu te souviens, l'école ? C'était pas pour moi, tu sais »…
Maman et Nani insistèrent :
« Tantôt aussi, faut y aller. »
Cela dura ainsi un long moment. Leur entêtement me faisait beaucoup souffrir. Les longues heures que je venais de passer dans cette école m'avaient fait tant de mal ! J'avais besoin d'aller dans ma chambre, de m'allonger, de fermer les yeux et de me dire :
« C'est fini. Tout va bien. »
Maman et Nani continuaient à me tarauder pour que j'acceptasse d'y retourner. Pour mettre fin à ce tourment, je demandai explicitement :
« Chuis pas obligée, d'y aller ?
- Non, l'école maternelle, c'est pas obligatoire. »
répondit Nani.
Ouf ! Quel soulagement, enfin ! Je n'avais plus qu'à conclure :
« Alors, j'y vais pas. »
Avant de parler, j'avais besoin de reprendre mes esprits et de respirer. J'étais encore sous le choc.
Pendant ce temps-là, j'entendis Maman dire à Nani :
« Ben non, faut pas lui dire ça. »
me replongeant dans l'angoisse.
Mon Dieu ! Qu'elle était lourde !
Moi, je savais que je n'étais pas obligée d'aller à l'école ; c'est ce qui avait été convenu. Vu ce qui se passait dans l'école maternelle, je ne pouvais pas accepter d'y retourner. Il fallait que Maman se mît ça dans la tête, que ça lui plût ou non. C'est comme ça, il y a des choses qu'on ne peut pas accepter.
Je la regardai droit dans les yeux et reformulai ma question :
« Chuis pas obligée d'y aller, à l'école ? »
Elle se mit à tergiverser, à dire je ne sais quoi, un blabla quelconque.
Je reformulai ma question :
« Chuis pas obligée d'y aller, à l'école ? »
Elle ne voulait pas répondre franchement. Elle cherchait à me faire craquer pour que je cédasse.
Oui, bien sûr, j'avais les nerfs qui lâchaient, étant donné ce que j'avais vécu tout au long de la matinée et subissant, maintenant, la menace d'y retourner.
J'explosai :
« Même si tu me donnes une fessée pour me faire dire que je veux bien retourner dans l'école maternelle, je le dirai pas. Chuis pas obligée d'y aller, à l'école ? »
Nani s'interposa :
« Oh non, Maman ! Lui donne pas de fessée, pas aujourd'hui, quand même ! »
N'ayant plus d'autre moyen de pression, Maman me répondit :
« Si, c'est obligé. Faut y aller. »
Je sentis en moi un effondrement total. Nani me retint pour ne pas que mon corps s'écroulât sur le sol.
Maman demanda :
« Qu'est-ce qui s'est passé ? Explique ! »
Je voulais en finir. Ressasser cette histoire par-dessus le marché, c'était au-dessus de mes forces. Pourtant, il fallait que je parvinsse à répondre à la question de Maman. C'était ma seule chance de faire respecter mon choix.
Il s'était passé beaucoup de choses qui me donnaient envie de pleurer mais il ne fallait pas que je pleurasse si je voulais arriver à parler. Il fallait que j'allasse à l'essentiel, que je dénonçasse le plus grave.
Oh ! je savais bien ce que c'était, le plus grave. J'ouvris la bouche pour l'exprimer mais aucun son ne put sortir de ma gorge.
SEX AND DESTROY un nouveau son rock ?
1ère partie : DATE ET LIEU DE NAISSANCE
Chapitre 4 : Les garçons de la maternelle
section 9 sur 10
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