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Pourquoi publier une revue antispéciste ? | AOC

Un article de Martin Gibert, philosophe, accessible gratuitement sur inscription sur le site d’AOC.

Des militantes francophones contre le spécisme publient pour la première fois une revue papier. À quoi pense le mouvement animaliste ? Quels débats le nourrissent ? Réponse argumentée et présentation de ce numéro par la corédactrice en chef de L’Amorce.

Ce printemps 2024, paraît une nouveauté, L’Amorce, au sous-titre sans équivoque : revue contre le spécisme. Sous une couverture orangée, on y trouve des articles en forme de questions : « Faut-il se fier aux intuitions spécistes ? » ou « Pourquoi la droite tient-elle tant à son verre de lait ? ». On peut aussi y lire une entrevue avec le philosophe Peter Singer, auteur du fameux Animal liberation (1975). Et qui analyse la polémique sur Sandrine Rousseau et les barbecues ? Nulle autre que l’autrice de La Politique sexuelle de la viande, l’écoféministe Carol J. Adams.

Je le sais parce que je suis co-rédactrice en chef de L’Amorce. Cette revue, en ligne depuis 2018, est le fruit d’un collectif de philosophes, sociologues, intellectuelles et militantes qui s’intéressent de près au spécisme. (Nous utilisons le féminin par défaut pour certains groupes mixtes ; c’est étrange au début, mais c’est comme pour le tofu : on s’habitue). Ce qui est nouveau ce printemps, c’est que la revue est pour la première fois publiée en un volume papier aux éditions Éliott. Voilà donc l’occasion de répondre à une question aussi simple que légitime : pourquoi publier une revue antispéciste ?

À bien y penser, je vois au moins quatre raisons.

La première raison, c’est que nous avons raison. Il existe bel et bien une oppression massive, violente et omniprésente, contre les animaux. Qui plus est, cette oppression passe largement inaperçue. Il faut donc en parler. Le spécisme, cette discrimination en fonction de l’espèce, n’est pas seulement un concept abstrait : des dizaines de milliards d’animaux terrestres (sans compter d’innombrables animaux aquatiques) sont élevés et envoyés chaque année à l’abattoir alors que l’on sait pertinemment qu’on pourrait s’en passer.

Dire, un peu crânement, je vous l’accorde, que nous avons raison, c’est dire que le spécisme existe et qu’il y a d’excellentes raisons morales de le combattre. C’est assumer son identité de revue militante. Comment rester indifférents et ne pas vouloir amorcer (et oui) un changement culturel lorsqu’on prend la mesure des violences spécistes ?

En philosophie morale, presque personne ne soutient sérieusement qu’il est légitime de discriminer les individus en fonction de l’espèce. Comme le montre François Jaquet dans son dernier livre, Le Pire des maux : éthique et ontologie du spécisme, le spécisme, tout comme le racisme, viole un principe fondamental d’égal traitement des individus. Nous avons raison, mais nous savons aussi que les gens s’en remettent rarement à la raison dans leurs jugements moraux. Dans ce premier numéro de L’Amorce, le philosophe suisse interroge la psychologie morale des intuitions spécistes, celles-là mêmes qui conduisent à minimiser ou ignorer les intérêts des animaux.

Ces intuitions, constate-t-il, s’expliquent par le tribalisme et la dissonance cognitive. On perçoit moralement les animaux comme des membres d’une autre tribu, et on ajuste nos croyances à nos pratiques – culinaires notamment. Puisque ces facteurs explicatifs sont sans rapports avec la vérité des intuitions spécistes, il s’ensuit qu’elles ne sont pas fiables. Pour penser le spécisme, il faut donc se méfier de nos intuitions – qui correspondent au système 1 du psychologue Daniel Kahneman – et examiner des arguments en mobilisant le système 2, la raison. À la réflexion, n’est-ce pas ce qu’essaye de faire une revue ?

La seconde raison de publier, c’est de rassembler. Car un volume papier, c’est d’abord ça : réunir sous une même couverture des auteurs et des autrices dont on juge la parole pertinente. Et ce faisant, créer du lien, constituer un « nous ». Car ce rassemblement a bien sûr un sens politique. Il signale une présence : nous sommes nombreux, y compris dans le monde universitaire, à penser que nous avons un gros problème avec le spécisme. En ce sens, publier une revue antispéciste, c’est donc participer à un mouvement social et politique, à un projet collectif.

La revue s’ouvre d’ailleurs avec un texte collectif, La Déclaration de Montréal sur l’exploitation animale, lancé le 4 octobre 2023. Signée par plus de 500 philosophes moraux et politiques, elle ne plaide pas pour la viande locale ou bio, mais condamne explicitement toute forme d’exploitation des animaux sentients, c’est-à-dire capables d’éprouver du plaisir, de la douleur ou des émotions. Lorsqu’il m’arrive d’avoir des doutes (déformation professionnelle), je me souviens qu’il existe une expertise philosophique, et que ce n’est pas demain la veille que 500 philosophes moraux et politiques seront prêts à se commettre pour défendre l’exploitation animale.

Mais quand bien même les antispécistes auraient tout faux, cela ne changerait rien à la troisième raison de publier : c’est intéressant. Contrairement à ce qui se passe pour la plupart des gens – ce qui inclut la plupart des journalistes et des intellos – il faut bien comprendre que, pour les animalistes, la question de l’éthique de l’exploitation animale est réglée depuis longtemps. Nous nous intéressons aujourd’hui à d’autres questions, plus pragmatiques, plus politiques.

D’ailleurs, où situer politiquement l’animalisme ? Si les organisations féministes manifestent souvent leur soutien à Black Lives Matter, aux immigré·es ou aux homosexuel·les, « les groupes animalistes restent en dehors de ces solidarités progressistes », constate Will Kymlicka. Cela viendrait d’une croyance profondément enracinée en chacune, à savoir que la valeur de l’humanité réside dans sa différence avec l’animalité.

On le voit bien avec les métaphores et les insultes animalières utilisées pour dévaloriser, en les déshumanisant/animalisant, des groupes vulnérables (femmes, musulman·es, Noir·es), ceux-là même que défend la gauche. Et le philosophe canadien de résumer : « L’argument le plus courant en faveur des droits des animaux repose sur la continuité entre les humains et les animaux ; à l’inverse, l’argument le plus courant pour les droits des groupes déshumanisés repose sur une discontinuité radicale entre les humains et les animaux. » Qui l’eut cru, l’humanisme de la gauche possède un revers embarrassant : le suprémacisme humain.

Un écho très concret de ces préoccupations résonne dans la lettre ouverte qu’adressent des militantes antispécistes – des orphelines de la gauche – aux féministes. Les autrices proposent à leurs alliées une « solidarité passive », le respect d’un principe de non-nuisance. Concrètement, cela implique par exemple « de cesser d’alimenter le spécisme via des slogans suprémacistes humains (« nous ne sommes pas des animaux », ou encore « nous ne sommes pas du bétail », « ni viande ni objet ») » ou que l’option végétalienne soit offerte par défaut dans les rassemblements militants.

De même, au Brésil, explique Sandra Guimarães en entrevue, le mouvement du « véganisme populaire » construit des ponts avec la lutte des paysans sans terre et d’autres mouvements de justice sociale. L’activiste brésilienne du réseau antispéciste UVA (União Vegana de Ativismo) s’empare de thèmes comme la réforme agraire, l’agroécologie, la souveraineté alimentaire ou la décolonisation des pratiques agricoles. Pour elle, toute bonne stratégie doit tenir compte des besoins des gens : « La vie du peuple est tellement difficile que si la lutte n’améliore pas concrètement la vie des classes populaires dans le présent, elle ne fera jamais sens pour nous. »

En Amérique du Nord, les masculinistes se moquent des soy boys, ces hommes véganes soi-disant féminisés par le soja. Mais ce n’est pas tout. Comme le rappelle Élise Desaulniers, l’extrême droite instrumentalise aussi un fait biologique, à savoir que tous les êtres humains ne sont pas égaux devant la digestion du lait, pour valoriser la « race blanche ». En effet, seules les populations (adultes) qui possèdent une mutation génétique capitale, la « persistance de la lactase » peuvent digérer le lait. Pour les personnes d’ascendance européenne et des peuples nomades d’Afrique, c’est un héritage de leur ancêtre ayant domestiqué les vaches. Ajoutez à cela la couleur du lait et voyez comment l’extrême-droite peut en faire un symbole qui conjugue suprémacisme humain et suprémacisme blanc. Avouez que c’est intéressant.

Publier une revue antispéciste, c’est rassembler en créant des juxtapositions inédites : c’est touiller de l’information et lancer des idées. Que se passera-t-il dans la tête des lectrices qui liront un article sur l’intelligence artificielle, un autre sur la souffrance des animaux dans la nature et un troisième sur le Black veganism ? Quelles connexions inédites vont s’enclencher ?

Quant à la quatrième raison, c’est qu’il y a de la place pour nous. Hélas. La couverture médiatique est en effet saturée de spécisme : presque tous les vecteurs d’information tiennent pour acquis que l’espèce est un critère de discrimination légitime. Or, pour avoir un marché libre des idées, il est crucial que toutes les positions soient exprimées (et en particulier les bonnes !). Cette dernière raison, même nos détracteurs devraient l’endosser. Brisons les monopoles idéologiques et accueillons, sous vos applaudissements, une nouvelle perspective cohérente et radicale.

La revue mérite en particulier d’exister dans l’espace informationnel francophone. Car L’Amorce n’est pas particulièrement une revue française. Cinq d’entre nous vivent à Montréal ou sont québécoises, l’un vient de Suisse, deux vivent en Angleterre et une demeure même à la campagne, en Ardèche. De fait, nous sommes bien placées pour apprécier la lenteur d’allumage relative des intellos aux enjeux animalistes dans divers pays. Et la France ne nous impressionne pas beaucoup.

Dans les journaux, lorsqu’on s’aventure à parler d’antispécisme, on équilibre aussitôt le papier avec « l’autre côté de la médaille ». Des ouvrages publiés par des journalistes (par exemple du Figaro ou de Philosophie magazine) prétendent invalider l’antispécisme. Ils agitent le spectre de la panique morale et hurlent au loup, ce qui ne contribue pas à élever le débat. Je me souviens en particulier d’un dialogue de sourds lorsque Valéry Giroux fut invitée par Alain Finkielkraut sur France Culture à défendre son Que sais-je ? sur l’antispécisme.

Notre projet consiste à offrir des analyses que l’on n’entend pas à la radio. Ainsi, Valéry Giroux pose dans ce numéro une question qui fâche, impubliable ailleurs : les véganes qui, comme moi, se privent au quotidien des délices tirées de l’exploitation animale, ne le feraient-ils pas pour rien ? Quelle est l’efficacité réelle du boycott végane? Avec sa rigueur habituelle, la philosophe québécoise analyse la plus récente littérature scientifique sur le sujet et conclut qu’il existe de bonnes raisons non seulement déontologiques, mais aussi conséquentialistes de se priver (ouf !). Elle s’inscrit par-là dans le courant très « esprit critique » ou zététique qui se développe depuis quelques années dans le monde animaliste – et dont Florence Dellerie est une autre représentante, en plus d’avoir paré ce premier numéro de ses croquis animaliers.

En définitive, je crois que c’est une certaine reconnaissance intellectuelle que l’on va chercher lorsqu’on décide de publier une revue contre le spécisme. C’est la responsabilité de contribuer au débat et le droit de répliquer lorsqu’on juge que des intellos disent n’importe quoi sur le sujet. Ce qui arrive plus souvent qu’autrement. Thomas Lepeltier, dont la revue papier reprend une tribune contre certaines thèses environnementalistes, a écrit tout un livre sur le sujet, L’Imposture intellectuelle des carnivores.

Les intellos sont responsables de ce qu’ils écrivent. Ainsi, lorsque Baptiste Morizot attaque l’antispécisme avec un mauvais argument, nous estimons devoir lui répondre (« Un philosophe confondant »). Lorsque l’anthropologue Charles Stépanoff cire les bottes des chasseurs français, nous pensons qu’une riposte est requise (« Un anthropologue chachant chacher »). Publier une revue contre le spécisme, c’est assumer le contre. C’est tenir son cap dans la bataille des idées et donner le change aux défenseurs du spécisme.

En résumé, je vois au moins quatre raisons, en 2024, de publier une revue francophone contre le spécisme : parce qu’il y des raisons morales de combattre cette discrimination, parce que c’est politiquement rassembleur, parce que c’est intéressant et pour donner à la critique du spécisme la place légitime qui lui revient dans le monde des idées. Gageons que ce sont autant de raisons de lire une revue antispéciste.

NDLR – Après cinq ans d’existence en ligne, le revue L’Amorce a publié un premier numéro papier paru le 17 avril.

#politique #animalisme #spécisme #antispécisme #LAmorce #AOC

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Blast - VINCENT, L’HISTOIRE D’UN MEC QUI A VOULU REDEVENIR UN ANIMAL

Exploité en tant que bénévole dans le club de basket de sa ville, lessivé au travail dans un poste de ressources humaines. Il en avait oublié la rivière. Il y venait quand il était gamin, il l’avait pas vu depuis un moment. C’est vrai, si on l’avait pas forcé à s’arrêter, il n'aurait peut-être jamais revu la rivière, il n'aurait jamais vu les cygnes.
Il a sauté dans l’eau comme il aurait sauté dans le vide. La rivière à ce moment-là c’est toute la mort qu’il a pu.

#animal #animalisme #cygne #blast

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« Ensemble pour l'abolition de la corrida »

La proposition de loi pour l'abolition de la corrida portée par Aymeric Caron sera discutée à l'Assemblée nationale le 24 novembre.
Pour soutenir cette proposition, 130 associations de défense des animaux organisent une action coordonnée nationale dans plus de quarante villes de France les 19 et 20 novembre.


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L’étrange logique derrière la quête d’énergies « renouvelables »

Article de Nicolas Cassaux sur partage-le.com le 4 Juillet 2017

Pour commencer, quelques questions, trop rarement posées :

  • La destruction en cours des différents biomes de la planète, leur contamination par d’innombrables substances et produits toxiques, les pollutions massives des milieux naturels sont-elles davantage les conséquences de la manière dont la civilisation industrielle produit l’énergie qu’elle consomme ou les conséquences de ce qu’elle fait de cette énergie (ou les deux) ? Et en quelles proportions ?
  • Le déversement annuel de millions de tonnes de plastique qui asphyxient les océans dépend-il du type d’énergie utilisée par les usines et les zones industrielles ?
  • Les millions de tonnes de déchets toxiques annuellement générées par les différentes industries (cosmétique, électronique, chimique, agricole, vestimentaire, forestière, de la construction navale, de la construction automobile, etc.) sont-elles les conséquences de la manière dont est produite l’énergie qu’elles utilisent ?
  • La destruction d’écosystèmes, leur pollution, et l’extirpation de millions de tonnes de ressources non-renouvelables (métaux, minerais en tous genres) des entrailles de la planète par l’industrie des extractions minières sont-elles liées à la manière dont est produite l’énergie qu’elle utilise ?
  • L’abattage des dernières forêts d’Afrique (et d’ailleurs) afin de fournir du bois d’œuvre (ou l’abattage des forêts d’Amérique du Sud afin de dégager de l’espace pour l’élevage et d’autres activités industrielles) est-il lié à la manière dont est produite l’énergie utilisée par les usines de traitement du bois ?
  • Inversement, si toute la production d’énergie industrielle était, ou plutôt, pouvait être, « verte » ou « propre » ou « renouvelable », l’humanité industrielle cesserait-elle de détruire, polluer, contaminer, et épuiser la planète ?
  • Pensez-vous que leur développement puisse résoudre le problème de la surexploitation des ressources non-renouvelables comme renouvelables, ou le problème des inégalitées sociales croissantes, ou celui de la sixième extinction de masse, principalement liée à l’étalement urbain de la société industrielle qui détruit les habitats naturels des animaux non-humains (et qui détruit tous les biomes et tous les habitats sains en général, donc ceux des humains) ?
  • Ou pensez-vous que la seule solution cohérente au conglomérat des problèmes que nous connaissons relève avant tout d’une diminution drastique à la fois de la production (donc de la consommation) de produits high-tech, d’électricité, d'extractions minières et de combustibles fossiles, avec en ligne de mire un retour à un mode de vie simple, low-tech, basé sur un artisanat local, écologique, permettant un maximum d’autonomie, un respect complet des équilibres biologiques et des espèces vivantes non-humaines ?

https://www.partage-le.com/2017/07/04/letrange-logique-derriere-la-quete-denergies-renouvelables-par-nicolas-casaux/

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Même au sein des mouvances les plus radicalement critiques de la société capitaliste, on remarque que la plupart sont malgré tout assez fiers d'être légataires de la glorieuse civilisation occidentale. Tout en se défendant de tout racisme ou suprémacisme, la plupart estiment qu'entre les humains et le reste du vivant, il existe une sorte de hiérarchie au sommet de laquelle trône les humains, et entre eux encore, l'humain civilisé, dont l'intelligence supérieure à tout de même produit l'écriture, peint de splendides tableaux, édifié d'incroyables monuments, composé de merveilleux opéras, reliés les continents par la fibre optique, et juge avec une facilité déconcertante ses productions bien plus valeureuses que tout ce que font tous les autres êtres vivants et la nature.

Cet orgueil, cette absence profonde d'humilité, semble témoigner d'une bêtise fondamentale, laquelle s'exprime de nombreuses autres manières, dont résultent par exemple l'auto-destruction de la civilisation, les innombrables calamités écologiques ou iniquités sociales qui la constituent. En ce siècle où l’homme civilisé s’acharne à détruire d’innombrables formes vivantes, il est plus que jamais nécessaire de dire qu’un humanisme bien ordonné ne commence pas par soi-même, mais place le monde avant sa propre vie, l'amour de l'être avant l'amour-propre : Peut-être l’humanité finirait-elle alors par s’élever jusqu’à l’animal.

Le respect de l’homme par l’homme ne peut pas trouver son fondement dans certaines dignités particulières à l'humanité (car alors, une fraction de l’humanité pourra toujours décider qu’elle incarne ces dignités de manière plus éminente que d’autres), mais Il faudrait plutôt poser au départ une sorte d’humilité principielle : l’humain, commençant par respecter toutes les formes de vie en dehors de la sienne, se mettrait à l’abri du risque de ne pas respecter toutes les formes de l’humanité.

~Texte de Nicolas Casaux, modifié par moi-même

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« L214 obtient la dissolution de la cellule Demeter »

La justice considère que ses missions vont à l'encontre de la liberté d'expression.

L214 écrit :
Le tribunal administratif de Paris a rendu aujourd'hui sa décision concernant le recours déposé par L214 contre la cellule Demeter et contre la convention signée entre la gendarmerie, le ministère de l'Intérieur, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs : les juges demandent au ministre de l'Intérieur de faire cesser les activités de la cellule de gendarmerie dans un délai de deux mois à compter de la notification du jugement, sous astreinte de 10 000 € par jour à expiration du délai. Les juges ont considéré que ses missions, telles que « la prévention [...] des actions de nature idéologique », y compris les « simples actions symboliques », méconnaissent le principe de liberté d'expression. L214 se réjouit de cette victoire importante pour les lanceurs d'alerte.

Lors de l'audience, le mardi 18 janvier 2022, deux recours ont été examinés par le tribunal :
- le premier recours, visant la convention de partenariat, a été rejeté pour irrecevabilité des associations requérantes (L214 d'une part, et Pollinis et Générations futures d'autre part) ;
- le second recours, porté par L214, demandait l'annulation de la décision du ministre de l'Intérieur refusant de dissoudre la cellule Demeter.

En donnant gain de cause à L214, les juges enjoignent de fait au ministre de mettre fin aux activités de la cellule Demeter.
Pendant l'audience, la rapporteure publique avait rappelé plusieurs cas d'intimidation de militants écologistes ou animalistes par la gendarmerie. Convoqués par la gendarmerie pour avoir donné une interview, interrogés lors d'une réunion associative, appelés à répétition, de nombreux activistes étaient dissuadés de s'exprimer publiquement. Un déploiement de moyens démesuré aussi observé par L214 : auditions à répétition, accès aux relevés téléphoniques, bornage de téléphone…
Pour la rapporteure, cela ne faisait aucun doute : les missions de la cellule Demeter, détaillées dans le dossier de presse du ministère de l'Intérieur, méconnaissent le principe de la liberté d'expression puisqu'elles ne visent pas seulement la prévention d'actes illégaux mais également la surveillance et la dissuasion de toute critique formulée à l'encontre de notre modèle agricole.
Le représentant du ministère de l'Intérieur lui-même avait dû reconnaître une « maladresse évidente » dans la rédaction des missions, ne remettant pas pour autant en question la collaboration arbitraire de cette cellule de gendarmerie avec les deux principaux syndicats productivistes (la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs).


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