#pac

mlah@diaspora.psyco.fr

Une fois de plus la FNSEA a volé la révolte paysanne ! Ils et elles ont barré des autoroutes, bloqué des centrales d'achat, pour enfin obtenir une meilleure rémunération de leur travail. Ils et elles n'ont rien obtenu ! Pas un centime ! Ils et elles souhaitaient obtenir la garantie de revenus prenant en compte leurs coûts de production. Ils et elles ne l'ont pas obtenu ! #Luttes #paysans #agriculture #agrobusiness #com #propagande #merdias #invisibilité #biologique #pollutions #pac #ecophyto #Néconicotinoïdes #mégabassines

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dunoir@diaspora-fr.org

#Agriculture #Bruxelles #UE #Écologie #Économie #capitalisme #solidaritĂ©sinternationales #Luttedesclasses

AVEC LES PAYSAN.NE.S CONTRE LES ACCORDS DE LIBRE ECHANGE - NON A l’UE-MERCOSUR !

Publié le 30/01/2024

Mobilisation paysanne massive ce 1er février à 11h
Place du Luxembourg Ă  Bruxelles

Soutenons le monde agricole et les paysan.ne.s contre les accords de libre-Ă©change UE-Mercosur !

Le RĂ©seau de Soutien Ă  l’Agriculture Paysanne invite la sociĂ©tĂ© civile et les mouvements sociaux belges Ă  soutenir massivement la FUGEA et les membres de la Coordination EuropĂ©enne Via Campesina (ECVC) qui manifestent ce jeudi.

Faites tourner cet appel ainsi que son event facebook
et l’invitation à la presse

Nous nous mobilisons Ă  leurs cĂŽtĂ©s en tant qu’alliĂ©.e.s, pour faire entendre leurs revendications, notre mĂ©contentement et exiger des engagements politiques immĂ©diats pour un changement de paradigme. Ce jeudi, en parallĂšle, une rĂ©union du Conseil de l’UE se tient Ă  Bruxelles.

Les revendications des organisations paysannes sont claires :
- Stop aux accords de libre-échange et au traité UE-MERCOSUR
- Des prix justes pour les productions agricoles et pour tous les agriculteur.rices
- Stop aux incohérences des politiques européennes

La coordination europĂ©enne #ViaCampesina a demandĂ© de rencontrer la PrĂ©sidente de la Commission europĂ©enne Ursula Von Der Leyen et le PrĂ©sident du Conseil de l’UE Charles Michel jeudi pour obtenir des rĂ©ponses concrĂštes Ă  chacune de ces demandes. Une confĂ©rence de presse sera organisĂ©e lors de la mobilisation place de Luxembourg avec des leaders paysan.ne.s de diffĂ©rents pays europĂ©ens.

Profitons de cette opportunitĂ© historique pour maintenir le rapport de force contre les #politiques #nĂ©olibĂ©rales de l’ #Europe qui sont les principales responsables de la dĂ©tresse des #agriculteur.rice.s : accords de #libre-Ă©change, dĂ©rĂ©glementation des marchĂ©s, subventions de la #PAC distribuĂ©es de maniĂšre totalement inĂ©quitable, surcharge administrative, fausses solutions telles que le soutien insensĂ© Ă  la numĂ©risation, aux #OGM et aux marchĂ©s du carbone, et enfin une absence de vision globale pour une transition vers des modĂšles agricoles plus durables au bĂ©nĂ©fice de la population et des paysan.ne.s et pas pour l’ #agro-industrie.

Les jeunes agriculteur.ice.s trÚs mobilisé.es ont droit à un avenir pour vivre et non survivre.
Soyons nombreux.se.s Ă  leurs cĂŽtĂ©s toute la journĂ©e et durant la soirĂ©e et la nuit s’ il le faut !

Globalisons la lutte, globalisons l’espoir

Des organisations du RĂ©seau de Soutien Ă  l’Agriculture Paysanne - www.luttespaysannes.be
Faites tourner cet appel ainsi que son event facebook !

Invitation Ă  la presse

#OnMarcheSurLaTete #SauvonsLaTransitionDeNosFermes #JeSoutiensLesPaysanNEs

cgib@diaspora-fr.org

Quel avenir pour la ferme Europe ? | AOC

Un article issu de la revue en ligne AOC – Analyse opinion critique.

Par Matthieu Calame, ingénieur agronome.

Aux Pays-Bas, en Allemagne et dĂ©sormais en France, les agriculteurs manifestent. Contre l’Europe, contre les rĂ©glementations, contre les Ă©cologistes
 Mais cet Ă©pisode n’est que l’ultime rĂ©plique des nombreux mouvements qui ont Ă©maillĂ©s l’industrialisation de l’agriculture depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et si l’on en juge aux statistiques d’ñge c’est le dernier. Alors quelle agriculture demain ?

Aux Pays-Bas, en Allemagne, en France, l’Europe agricole est en Ă©bullition. Les problĂšmes des agriculteurs suscitent gĂ©nĂ©ralement un Ă©lan de communion quelque peu factice ou au moins Ă©phĂ©mĂšre. En France les plus lyriques ou cyniques aimeront Ă©voquer une Ăąme Ă©ternellement paysanne Ă  dĂ©faut que le pays en ait encore la structure sociale.

S’y ajoutent gĂ©nĂ©ralement des vigoureuses prises de position syndicales visant Ă  dĂ©noncer en vrac l’abandon des agriculteurs, la perversitĂ© de l’Europe, l’inconsĂ©quence des consommateurs, la duplicitĂ© de la grande distribution, les pulsions agricolicides des Ă©cologistes – pardon, des Ă©coterroristes – et l’incompĂ©tence de tous. Cette somme de clichĂ©s, mĂȘme en partie fondĂ©s, ne constitue pas un diagnostic et n’ouvre sur aucune thĂ©rapie.

Ce chƓur aguerri de mĂ©decins de MoliĂšre nous distrait de l’analyse des tendances de fonds et des causes de l’évolution prĂ©sente de l’agriculture europĂ©enne laquelle est effectivement assez inquiĂ©tante pour que toute personne soucieuse de bien public et de souverainetĂ© s’en prĂ©occupe. Le mouvement actuel de protestation n’est que l’ultime rĂ©plique des mouvements nombreux qui ont Ă©maillĂ©s l’industrialisation de l’agriculture depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et si l’on en juge aux statistiques d’ñge c’est le dernier. Nous sommes contemporains de la derniĂšre gĂ©nĂ©ration d’agriculteurs au sens d’une production menĂ©e dans un cadre individuel ou familial tant pour le capital que le travail. Ce qui rend inĂ©vitable de se poser la question du devenir de l’agriculture en Europe.

À vos ordres mon GĂ©nĂ©ral

DĂšs qu’il s’agit de politique agricole, est Ă©voquĂ©e la citation prĂȘtĂ©e au gĂ©nĂ©ral de Gaulle « un pays qui ne peut se nourrir n’est pas un grand pays » ou un Ă©quivalent, les formules variant. Soit. Il s’agit de suggĂ©rer que le prophĂšte de Colombey nous envoie ce message d’outre-tombe : soutenir les agriculteurs c’est soutenir l’agriculture et soutenir l’agriculture c’est soutenir la France.

J’ignore dans quel contexte De Gaulle aurait prononcĂ© cette phrase, mais on cite beaucoup moins d’autres phrases telles que : « N’étaient les alĂ©as que comportent les intempĂ©ries, l’agriculture n’est plus que la mise en Ɠuvre d’un appareillage automatique et motorisĂ© en vue de productions Ă©troitement normalisĂ©es. »[1] ou cette recommandation qu’il aurait faite Ă  Edgar Pisani en le nommant ministre de l’agriculture « vous n’ĂȘtes pas le ministre des agriculteurs mais le ministre de l’Agriculture de France. »[2] Ces deux expressions montrent deux choses, la premiĂšre c’est que le GĂ©nĂ©ral avait conscience que l’industrialisation de l’agriculture en changeait la nature, et la deuxiĂšme que « les agriculteurs » n’étaient pas les garants naturels de l’agriculture de France.

En France tout commence et tout finit par De Gaulle. L’exĂ©gĂšse de la pensĂ©e gaullienne joue un rĂŽle central dans la thĂ©ologie politique. Ayant donc sacrifiĂ© Ă  cette obligation, et montrĂ© que l’on pourra faire dire ce que l’on veut au GĂ©nĂ©ral, nous sommes autorisĂ©s Ă  analyser la question agricole, et plus largement alimentaire, au prisme des enjeux actuels.

ConsidĂ©rons le triptyque agriculteurs, alimentation, souverainetĂ©, non comme une Ă©vidence mais comme une sĂ©rie de questions. À quelle condition l’agriculture contribue-t-elle Ă  la souverainetĂ© d’une sociĂ©tĂ© ? Quelles formes sociales et quels acteurs sont Ă  mĂȘme de mener cette agriculture ? C’est Ă  la lumiĂšre de ces deux analyses que l’on pourra comprendre ce qui se joue dans la crise – rĂ©currente – du monde agricole et formuler quelques maximes politiques qui devraient guider les politiques europĂ©ennes, si l’Union trouvait effectivement en elle-mĂȘme le dĂ©sir et la force d’ĂȘtre souveraine au XXIĂšme siĂšcle.

Agriculture et souveraineté

Aucun groupe humain ne se maintient s’il n’est pas en capacitĂ© de se nourrir. Les militaires le savent, l’intendance joue dans l’effort de guerre un rĂŽle dĂ©terminant. C’est a fortiori vrai pour les groupes politiquement organisĂ©s en citĂ© ou en État. Les politiques frumentaires sont au cƓur du politique. Si vrai, qu’en 439 av. J.-C., le SĂ©nat romain pour faire face Ă  une famine accepte la nomination d’un magistrat particulier, l’ancĂȘtre du prĂ©fet de l’annone, qui va Ă  la fois lutter contre l’agiotage et acheter du blĂ© en Étrurie. Un riche chevalier romain en quĂȘte de popularitĂ© Spurius Maelius se mit alors en tĂȘte d’acheter Ă©galement du blĂ© pour le distribuer gratuitement. Mal lui en prit, le SĂ©nat, le suspectant de vouloir restaurer la monarchie, l’élimina[3]. Cette histoire romaine rappelle Ă  la fois le caractĂšre politiquement sensible de la question frumentaire et que la sĂ©curitĂ© alimentaire ne passe pas nĂ©cessairement par l’autarcie.

On peut identifier deux grands modĂšles Ă  travers le temps : les structures d’empires agraires qui visent Ă  l’autarcie voire Ă  l’exportation, et d’autre part les Thalassocraties marchandes qui assurent leur sĂ©curitĂ© alimentaire par l’importation et par la domination directe (politique) ou indirecte (Ă©conomique) des lieux de production et du commerce[4]. C’est le cas d’AthĂšnes, de Rome dans l’AntiquitĂ© et dans les temps modernes des Pays-Bas et de la Grande-Bretagne.

Il faut pour cela mettre en place un Ă©change inĂ©gal dont le principe, vieux comme le commerce, est explicitĂ© par Adam Smith Ă  propos des Pays-Bas d’une maniĂšre particuliĂšrement claire : « Au moyen du trafic et des manufactures, un pays peut annuellement importer chez lui une beaucoup plus grande quantitĂ© de subsistances que ses propres terres ne pourraient lui en fournir dans l’état actuel de leur culture. [
]. C’est ainsi que la Hollande tire des autres pays une grande partie de sa subsistance ; son bĂ©tail vivant, du Holstein et du Jutland, et son blĂ©, de presque tous les diffĂ©rents pays de l’Europe. Une petite quantitĂ© de produit manufacturĂ© achĂšte une grande quantitĂ© de produit brut. Par consĂ©quent, un pays manufacturier et trafiquant achĂšte naturellement, avec une petite partie de son produit manufacturĂ©, une grande partie du produit brut des autres pays ; tandis qu’au contraire un pays sans trafic et sans manufactures est en gĂ©nĂ©ral obligĂ© de dĂ©penser une grande partie de son produit brut pour acheter une trĂšs petite partie du produit manufacturĂ© des autres pays. L’un exporte ce qui ne peut servir Ă  la subsistance et aux commoditĂ©s que d’un trĂšs-petit nombre de personnes, et il importe de quoi donner de la subsistance et de l’aisance Ă  un grand nombre. »[5]

Soulignons la derniĂšre phrase. L’échange inĂ©gal n’est possible que si le pays producteur de denrĂ©es alimentaires est lui-mĂȘme inĂ©galitaire dans ses rapports internes. À cet Ă©gard l’essor des sociĂ©tĂ©s industrielles en Europe de l’Ouest s’accompagne du second servage en Europe centrale et orientale (Prusse, Pologne, Russie). Quand cette inĂ©galitĂ© ne se produit pas spontanĂ©ment, on peut la provoquer en favorisant au sein des nations dĂ©diĂ©es Ă  l’exportation la constitution d’une Ă©lite Ă©conomique liĂ©e aux intĂ©rĂȘts de la Thalassocratie, c’est ce que confesse benoĂźtement Allenby lors de l’indĂ©pendance Ă©gyptienne : « Les Anglais peuvent Ă©vacuer l’Egypte le cƓur tranquille : ils ont crĂ©Ă© en effet une classe de grands propriĂ©taires sur lesquels la Grande-Bretagne peut compter pour assurer sa politique en Egypte. »[6] . De ce trĂšs bref tour d’horizon, il ressort que produire beaucoup de matiĂšre premiĂšre agricole n’est pas le meilleur moyen pour assurer sa souverainetĂ© alimentaire ni sa souverainetĂ© tout court.

Mettons bout Ă  bout ce qui prĂ©cĂšde. PremiĂšrement l’agriculture industrielle est devenue tributaire des machines et d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale de facteurs de production (pĂ©trole, engrais, pesticides, semences) dont une partie sont ces produits manufacturĂ©s Ă  forte valeur ajoutĂ©e Ă©voquĂ©s par Smith. C’est le tĂ©moignage de De Gaulle. Produire beaucoup et vendre bon marchĂ© n’est pas une garantie de souverainetĂ©, c’est le constat de Smith. La production peut ĂȘtre contrĂŽlĂ©e par un groupe social politiquement liĂ© Ă  une puissance Ă©trangĂšre, c’est le constat d’Allenby. Appliquons ce crible d’analyse Ă  la question de la souverainetĂ© alimentaire de la France et au-delĂ  de l’Europe.

La dépendance aux facteurs de production

DĂšs qu’il est question du malaise agricole, l’accent est mis sur la responsabilitĂ© de l’aval, la transformation, la grande distribution et les consommateurs, coupables de non consentement Ă  payer le juste prix. Admettons. Cela n’est pas faux mais n’est qu’une partie du problĂšme. Le revenu d’un acteur Ă©conomique est liĂ© Ă  sa valeur ajoutĂ©e, c’est Ă  dire l’écart entre ce que lui coĂ»tent ses facteurs de production et ce que lui rapporte ce qu’il vend. Le flĂ©au de la balance a deux cĂŽtĂ©s qu’il faut regarder simultanĂ©ment. Pourquoi interroge-t-on toujours l’aval et jamais l’amont ? Un proverbe donnĂ© pour chinois affirme que « quand le sage montre la lune l’idiot regarde le doigt ». Je trouve qu’il y a une sagesse de l’idiot Ă  ne pas regarder ce qu’on lui montre mais Ă  regarder celui qui montre. Pourquoi me montre-t-il cela ? Pourquoi pas autre chose ?

Quand on regarde de prĂšs, les grands gagnants des politiques d’industrialisation de l’agriculture sont les secteurs en amonts : mĂ©canique, pĂ©trochimie, banque, etc, et demain les pourvoyeurs de donnĂ©es, les GAFAM. Chemchina, Dupont, Klaas, New Holland sont gĂ©nĂ©ralement inconnus du grand public. Pour la plupart ces entreprises ne sont pas ou plus europĂ©ennes et risquent de l’ĂȘtre de moins en moins Ă  l’avenir. La crise en Ukraine a Ă©galement mis en lumiĂšre la dĂ©pendance de la cĂ©rĂ©aliculture europĂ©enne vis Ă  vis des nitrates, grands consommateurs d’énergie, produits par les puissances pĂ©troliĂšres.

Pour rĂ©sumer, la politique agricole, massivement centrĂ©e sur la cĂ©rĂ©aliculture et son dĂ©bouchĂ© l’élevage industriel, subventionne une production qui importe des produits techniques Ă  forte valeur ajoutĂ©e ou des intrants Ă  base de pĂ©trole, pour produire et Ă©ventuellement exporter des produits agricoles Ă  faible valeur (cĂ©rĂ©ales, lait, viandes blanches). C’est Ă  dire que l’Europe subventionne l’échange inĂ©gal Ă  son propre dĂ©triment ce qui est assurĂ©ment la plus stupide des politiques de souverainetĂ©. L’argent public qui entre dans les fermes en sort immĂ©diatement pour aller dans les poches des producteurs de machines, d’engrais, de pesticides, de semences brevetĂ©es, de moins en moins europĂ©ens. Subventionner l’agriculture sous sa forme actuelle est anti-Ă©conomique.

La dilapidation des bioressources et des hommes

La production de masse pĂšse lourdement sur les territoires et les populations concernĂ©es, ce que les Ă©conomistes appellent pudiquement les externalitĂ©s nĂ©gatives. Le « modĂšle breton » magistralement analysĂ© par Nicolas Legendre7 en est l’illustration. Pour faire de la rĂ©gion une plate-forme de l’industrie alimentaire, on pollue l’eau, les sols, on essore les agriculteurs rĂ©duits au rĂŽle de sous-traitant et on crĂ©e un prolĂ©tariat d’ouvriĂšres et d’ouvriers dans l’alimentation travaillant dans des conditions extrĂȘmement difficiles et accablĂ© de maladies professionnelles, pour des produits Ă  faible valeur ajoutĂ©e, et absorbant, Ă  flux tendu, de l’argent public. Il est rare que l’on paye autant pour dĂ©truire autant. Pour rĂ©sumer nous polluons nos sols, notre eau et exploitons notre main d’Ɠuvre pour fournir de la poudre de lait et de la viande de porc et de poulet aux chinois. La Politique Agricole non contente de profiter Ă  un secteur amont de moins en moins europĂ©ens, subventionne aussi en aval les consommateurs des Ă©conomies concurrentes. Une telle posture est totalement perdante.

Un complexe agro-industriel dĂ©jĂ  satellisĂ© par l’extĂ©rieur

On demandera par quelle aberration une sociĂ©tĂ© en est venue Ă  une telle absurditĂ©. C’est lĂ  que l’axiome d’Allenby est Ă©clairant. Une sociĂ©tĂ© peut exercer un empire indirect sur une autre sociĂ©tĂ© tout simplement en s’associant un groupe social et en l’aidant Ă  devenir dominant (ou Ă  maintenir voire accroĂźtre sa domination). Ceci, traduit dans les termes modernes des sociĂ©tĂ©s industrielles, amĂšne Ă  interroger la cĂ©lĂšbre maxime prĂȘtĂ©e Ă  Charles Wilson, PDG de General Motors nommĂ© en 1953 secrĂ©taire Ă  la DĂ©fense par le prĂ©sident Eisenhower : « ce qui est bon pour General Motors est bon pour les États-Unis ». En fait, non.

Les complexes industriels constitutifs des sociĂ©tĂ©s industrielles, comme l’aristocratie fonciĂšre des empires agraires qui renforça le servage, peuvent avoir des intĂ©rĂȘts divergents voire contradictoires avec le reste de la sociĂ©tĂ©, mĂȘme si Ă©videmment ils seront toujours persuadĂ©s du contraire ou du moins essayeront de nous en persuader. Eisenhower en fut Ă©branlĂ© et son dernier message politique fut de mettre en garde la dĂ©mocratie amĂ©ricaine contre le complexe militaro-industriel ! Une sociĂ©tĂ© bien avisĂ©e analysera au cas par cas si un complexe industriel lui profite ou non. À l’heure actuelle de nombreux indices montrent que le complexe agro-industriel qui inclut le ministĂšre de l’agriculture est dĂšs Ă  prĂ©sent entrĂ© dans l’orbite Ă©conomique de l’Asie orientale et des pays du Golfe. C’est nettement le cas pour le bois : nous exportons des grumes et nous importons des meubles. On ne reprochera pas Ă  l’Asie aprĂšs avoir subi au XIXe siĂšcle un Ă©change inĂ©gal forcĂ©, d’inverser la dynamique. On s’étonnera par contre que les europĂ©ens qui le lui ont militairement imposĂ©s ne s’en prĂ©munissent pas.

La fin des agriculteurs

C’est dans ce gigantesque mouvement de constitution d’un complexe agro-industriel qu’il faut replacer le drame des agriculteurs qui fait souvent l’objet d’une couverture mĂ©diatique sensationnaliste – le nombre de suicides – dĂ©pourvue d’analyse. Les spĂ©cialistes du domaine connaissent le livre d’Henri Mendras, La Fin des paysans, publiĂ© en 1967 et qui provoqua, entre autres, des rĂ©actions de dĂ©ni. Son analyse essentiellement anthropologique Ă©voquait la fin d’une civilisation paysanne avec son rapport au temps, Ă  l’espace, Ă  la famille, etc. Mais deux ans avant, trois jeunes Ă©conomistes de l’INRA publiaient « Une France sans paysans »[8], qui dĂ©crivait d’un point de vue Ă©conomique le mouvement en cours dont l’issue Ă©tait Ă©vidente pour n’importe quel observateur honnĂȘte.

Le monde agricole français connaissait la transition industrielle qui avait bouleversĂ© l’artisanat un siĂšcle et demi avant et dont la caractĂ©ristique est l’expropriation des producteurs de leur outil de travail. L’agriculteur n’est qu’une forme transitoire entre l’économie paysanne – patriarcale – et l’économie de firme dominĂ©e par des sociĂ©tĂ©s de capitaux. Si les prĂ©lĂšvements des agriculteurs sont faibles c’est qu’une grande partie de la richesse qu’ils crĂ©ent paye un outil de travail de plus en plus coĂ»teux (terre, machines) portant les ratio capital/travailleur aux niveaux de l’industrie lourde. Il est erronĂ© d’assimiler le revenu de l’agriculteur Ă  ses seuls prĂ©lĂšvements. Il est aussi le dĂ©tenteur de l’entreprise dans laquelle il travaille. Le remboursement de sa dette doit ĂȘtre comptĂ©e dans son revenu, puisqu’à terme il est pleinement propriĂ©taire de l’actif si celui-ci a encore de la valeur, ce qui est souvent le cas.

La dette des agriculteurs est une dette solide car elle a sa contrepartie en terres, en matĂ©riel, en cheptel, toujours rĂ©alisable en cas de faillite. Les fermes ne sont pas des start-up ! Mais Ă©videmment la dette peut devenir asphyxiante, mortifĂšre mĂȘme. Notamment elle affaiblit les agriculteurs dans les nĂ©gociations avec l’aval : celui qui est obligĂ© de vendre pour rembourser ses dettes n’a pas de pouvoir de nĂ©gociation. Cependant, dans bien des cas illustrĂ©s par SolidaritĂ© Paysans, la sortie du piĂšge de la dette se fait par une revente d’une part des actifs et le redĂ©marrage sur une activitĂ© plus rĂ©duite mais Ă©conomiquement plus efficace. L’agriculteur est moins piĂ©gĂ© par sa dette que par son modĂšle de production.

A l’autre bout de la chaĂźne – les firmes en formation – la diminution attendue du nombre d’actifs est considĂ©rĂ©e avec flegme. Par accaparement des terres au sein d’unitĂ©s de plus en plus grandes, machinisme et intelligence artificielle elles se font fort de profiter de la fin des agriculteurs et de s’insĂ©rer dans l’économie-monde indo-pacifique. Toujours plus grosses, plus capitalisĂ©es, elles deviendront une proie tentante pour les capitaux extĂ©rieurs et candidates pour une intĂ©gration par l’amont ou l’aval. C’est d’ailleurs dĂ©jĂ  le cas en Europe centrale et orientale par oligarques interposĂ©s. La disparition des agriculteurs n’est que le processus de formation « de grands propriĂ©taires sur lesquels la Grande-Bretagne peut compter pour assurer sa politique en Egypte ». L’Europe tiendra le rĂŽle de l’Egypte. Qui sera la Grande-Bretagne ?

Inverser le rapport de la filiĂšre et du territoire

Cette Ă©volution n’est bien sĂ»r pas irrĂ©versible, mais il est urgent de rĂ©agir et de liquider la PAC actuelle qui est une politique d’infĂ©odation Ă©conomique. Par quoi la remplacer ? L’une des clefs passe par la restauration de la primautĂ© du territoire sur la filiĂšre – dĂ©finir ce qui est bon pour les Etats-Unis et l’imposer Ă  General Motors ! – et prĂ©server les bioressources et les populations de la prĂ©dation. C’est exactement ce que proposa en 1996 le commissaire europĂ©en Ă  l’agriculture l’autrichien Franz Fischler et ce que le complexe agroindustriel avec l’appui de plusieurs pays dont la France a refusĂ©. Pourtant, les agriculteurs soucieux de survivre ne pourront que rompre leur infĂ©odation vis Ă  vis de la filiĂšre amont et se tourner vers les centres urbains oĂč vivent leurs compatriotes pour un nouveau contrat social entre agriculture et territoire, voire d’accepter de discuter agroĂ©cologie avec un bobo europĂ©en et un nĂ©opaysan issu du monde urbain plutĂŽt qu’agroindustrie avec un investisseur chinois ou saoudien. Une vraie rĂ©volution, en effet. Mais pour valser il faut ĂȘtre deux, et malheureusement le monde agricole vote majoritairement et avec constance depuis prĂšs de trois quart de siĂšcles pour les syndicats qui ont conduit l’industrialisation et qui la poursuivent aujourd’hui. Bref, pour les syndicats qui cogĂšrent sa disparition. Malheureusement, les agriculteurs tiennent Ă  leurs syndicats comme le pendu Ă  la corde.

L’Europe a du soucis à se faire, mais on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.

[1] Charles de Gaulle, MĂ©moires d’Espoir II, Paris, Plon, 1971, p. 116.
[2] Edgar Pisani, Un vieil homme et la terre, Paris, Seuil, 2004, p. 30.
[3] Tite-Live, Histoire Romaine, livre IV, 12 Ă  14, Paris, Garnier Flammarion, 1991, p. 407 Ă  410.
[4] Matthieu Calame, Enraciner l’agriculture, Paris, PUF, 2020.
[5] Adam Smith, La Richesse des nations, tome II, Paris, Garnier Flammarion, 1991, p. 298.
[6] Cité par Pierre Blanc, Terres, Pouvoirs et Conflits, Paris, Presses de Science Po, 2018, p. 231.
[7] Nicolas Legendre, Silence dans les champs, Paris, Arthaud, 2023.
[8] M. Gervais, C. Servolin, J. Weil, « Une France sans paysans », Revue française de sociologie, juillet-septembre 1966, 7-3, pp. 404-405.

NDLR : Matthieu Calame a rĂ©cemment publiĂ© La RĂ©volution agro-Ă©cologique aux Éditions du Seuil.

#politique #agriculture #Ă©conomie #Ă©cologie #PAC #subvention #pollution #AOC

magdoz@diaspora.psyco.fr

Gluten, l'ennemi public ? | ARTE
(spoiler : non)
https://piped.video/watch?v=MuvAWDOGmg0 Rediffusé jusqu'au 13/11/2023

Jadis Ă©lancĂ©s, les blĂ©s ont rapetissĂ©. Pourquoi ? Parce que les variĂ©tĂ©s naines s’accordaient mieux avec les engrais Ă  base de nitrates et de phosphates, matiĂšres Ă  explosifs dont il fallait Ă©couler les stocks accumulĂ©s durant la Seconde Guerre mondiale
 Ces "petits blĂ©s" contiennent moins de gluten mais dotent celui-ci d'une Ă©lasticitĂ© renforcĂ©e que nous tolĂ©rons moins bien. Ce gluten tenace, nichĂ© dans de nombreux produits transformĂ©s, n'explique pourtant pas Ă  lui seul l'Ă©pidĂ©mie actuelle. Les rĂ©sidus grandissants de glyphosate, un herbicide, dans les aliments Ă  base de cĂ©rĂ©ales ont une part Ă©crasante de responsabilitĂ©.

Claude Bourguignon expliquait déjà en 2005 le fait qu'on a raccourci les blés :

Nous ne faisons plus de culture en #Europe, nous gérons de la #pathologie végétale. [...] On ne mettait pas un #pesticide en 1950 sur les blés en Europe...
On met des #hormones pour raccourcir les tiges, comme ça les blés sont bien plus bas qu'autrefois. Autrefois les blés faisaient 1m50, maintenant ils font 70cm...

Rappel : L'agriculture biologique produit autant sinon plus que l'agro-industrie. (2012)
#Agroécologie #écologie

#Alimentation #Alimentaire #Nourriture #Industriel #Agriculture #SantĂ© #Gluten #Bio #BlĂ© #Farine #BiĂšre #BiĂšres #Pain #PĂątes #Pasta #RĂ©gime #SansGluten #Maladie #CƓliaque #Civilisation #Reportage #Documentaire #Engrais #Nitrate #Phosphate #Guerre #Bombe #Pesticides #Glyphosate #Fongicide #ClaudeBourguignon #ProgrĂšs #Scientifique #Multinationales #Monsanto #Bayer #Capitalisme #Profit #Lobby #Lobbies #UE #EU #OMC #JacquesSapir #CETA #RĂ©glementations #Économie #PAC #EFSA #DansLeMur...

bliter@diaspora-fr.org

QUI VEUT LA PEAU DES #AGRICULTEURS ? (avec #PhilippeGrégoire) [Pas Content avec #Tabibian ! S02E08] - #PCAT

https://www.youtube.com/watch?v=xj8tnnx9IiI

▇ La #Chaine #Youtube de Philippe GrĂ©goire : https://www.youtube.com/@philippeestdanslpre3938/
▇ SOMMAIRE :
00:00:00 - Introduction
00:01:07 - Dans cet Ă©pisode
00:02:08 - Présentation de l'invité
00:03:20 - Les agriculteurs n'ont pas le #droit de faire leurs #factures !
00:09:12 - Le #systÚme est conçu pour soumettre les agriculteurs au #lobby #agro-alimentaire
00:13:35 - Les #accords de #libre-échange / La #démission de l' #Etat
00:17:18 - Combien touche un #agriculteur aujourd'hui ?
00:32:52 - La #FNSEA
00:41:34 - L' #Europe / La #PAC
00:47:57 - Que faudrait-il faire pour concrĂštement aider les agriculteurs ?
00:53:12 - Instant promo & Conclusion

#politique

basta.media@diaspora-fr.org

Quand le soutien Ă  l’agriculture industrielle et polluante fait consensus de l’extrĂȘme droite Ă  la Macronie

Qu'ont votĂ© les dĂ©putĂ©s français au Parlement europĂ©en ? La prise en compte du dĂ©fi climatique et des pollutions demeure l’un des sujets qui diffĂ©rencie le plus la droite, les macronistes et la gauche au Parlement europĂ©en. Petit flash-back sur ce qu’ont votĂ© les uns et les autres en matiĂšre d’écologie. https://basta.media/agriculture-industrielle-agrobusiness-PAC-pesticides-bien-etre-animal-parlement-europeen-extreme-droite-macronie

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Épandages, glyphosate, aides publiques : le bilan peu glorieux de Macron sur les pesticides

Consommation record de glyphosate, diminution des aides Ă  l’agriculture bio, dĂ©rogations pour l’usage de nĂ©onicotinoĂŻdes : le quinquennat d’Emmanuel Macron aura Ă©tĂ© sans effet sur la diminution de l’usage des pesticides. Basta! fait le bilan, le premier d’une sĂ©rie « bilan du quinquennat » tout au long de la campagne #Presidentielle2022. https://basta.media/pesticides-le-bilan-quinquennat-Macron-presidentielle-glyphosate-neonicotinoides-agriculture-bio

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The Corporate Insurrection: How companies have broken promises and funded seditionists

Since the insurrection, 717 corporations and industry groups have funneled over $18 million to the re-election of members of Congress who objected to the 2020 presidential election results. As calls for insurrection accountability reach the one year mark, one thing is for certain: our democracy cannot recover from the insurrection while Corporate America continues to spend millions of dollars bankrolling seditionist members of Congress.

#congress #politics #PAC #money #corruption #sedition #J6 #corporations #SeditionCaucus #CREW

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Recarbonner les sols, tout l'inverse de ce qu'on a fait ces 50 dernieres années ...


Espagne: le stockage du carbone dans les sols agricoles envisagé comme solution au problÚme climatique

L’Espagne cherche Ă  conserver le stockage du carbone dans les sols agricoles dans sa stratĂ©gie de lutte contre le changement climatique avec le soutien de la Politique agricole commune (PAC). Toutefois, les producteurs rĂ©clament davantage de fonds pour rĂ©tribuer leurs efforts.

#agriculture #spain #espagne #Europe #PAC #sol #carbonne

https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/espagne-le-stockage-du-carbone-dans-les-sols-agricoles-envisage-comme-solution-au-probleme-climatique/

haricot@diaspora-fr.org