#Auto-Gestion #démocratie-Direct #Action-Direct
#Syndicat #Projet #Lot #46 (voir tout en bas)
La Confédération Nationale du Travail
Introduction
Le nom de la CNT circule dĂ©sormais rĂ©guliĂšrement, sur les tracts, dans les manifestations, parfois dans les mĂ©dias. Mais si les trois lettres commencent Ă ĂȘtre connues, ce quâelles signifient reste souvent bien flou. Plusieurs Ă©lĂ©ments concourent Ă cela. " ConfĂ©dĂ©ration nationale du travail " indique bien quâil sâagit dâun syndicat, pour le reste les termes ne sont guĂšre explicite ; et comportent un " nationale " bien peu opportun, de nos jours, en France. Ensuite, les rĂ©fĂ©rences de la CNT, syndicalisme rĂ©volutionnaire, anarchosyndicalisme, laissent souvent la place Ă un " anarchisme " qui ne lui correspond pas. Enfin, son image sulfureuse, teintĂ©e dâune violence que les mĂ©dias prĂ©sentent volontiers comme gratuite, trouble la perception extĂ©rieure de sa rĂ©alitĂ© militante. Lâexistence dâune autre " CNT " dite CNT-AIT, survivance dâancienne scission, contribue Ă©galement, lorsquâon sâintĂ©resse Ă la CNT, Ă en compliquer lâapprĂ©hension. Alors, la CNT, câest quoi ?
I- Références historiques
Historiquement, la CNT a deux rĂ©fĂ©rences qui se complĂštent, le syndicalisme rĂ©volutionnaire et lâanarchosyndicalisme.
1) Le syndicalisme révolutionnaire
Le syndicalisme rĂ©volutionnaire de la CGT dâavant la guerre de 14-18, bĂątie en grande partie par des militants issus de lâanarchisme, avec certains principes hĂ©ritĂ©s de cet anarchisme (dĂ©mocratie directe), mais en rupture avec lâorganisation politique (principes classistes), et en dĂ©veloppant des modes dâaction propres : grĂšve gĂ©nĂ©rale expropriatrice. Le syndicalisme rĂ©volutionnaire est Ă©galement nĂ© contre le dĂ©veloppement dâun anarchisme individualiste exaltant la valeur de lâindividu au dĂ©triment de la sociĂ©tĂ© humaine, et usant paradoxalement de lâarme terroriste instrumentalisant la vie humaine. Le syndicalisme rĂ©volutionnaire, sâil a interprĂ©tĂ© lâanalyse Ă©conomique marxiste, sâest Ă©galement construit contre les partis politiques de cette obĂ©dience : marxistes, anarchistes, le premier combat de la CGT naissante a Ă©tĂ© dâempĂȘcher son instrumentalisation par les partis. Sa dĂ©faite, aprĂšs 1918, sera concrĂ©tisĂ©e par la victoire du courant social-dĂ©mocrate puis du Parti communiste. Câest ensuite, aprĂšs un Ă©pisode dans la CGT-U avec les " communistes ", la CGT-SR (" SR " pour syndicaliste rĂ©volutionnaire) qui a repris le flambeau du syndicalisme rĂ©volutionnaire, jusquâĂ la Seconde Guerre mondiale.
2) Lâanarchosyndicalisme
La seconde rĂ©fĂ©rence de la CNT, câest lâanarchosyndicalisme de la CNT espagnole, qui sâaffirme, depuis le dĂ©but du XXe siĂšcle jusquâĂ 1936, comme la principale organisation rĂ©volutionnaire espagnole. Contrairement Ă la plupart des pays occidentaux, la bolchevisation des courants rĂ©volutionnaires suite Ă la rĂ©volution russe nâest pas parvenue Ă absorber celui espagnol. La FAI (FĂ©dĂ©ration anarchiste ibĂ©rique) sâest crĂ©Ă©e pour assurer un contrĂŽle politique de lâorganisation syndicale. Le syndicalisme espagnol sâest ainsi affirmĂ© en inventant le projet de sociĂ©tĂ© communiste libertaire : la reconnaissance de la lutte de classe, et non de lâindividu, comme base dâorganisation sociale, mais selon des principes autogestionnaires, en pratiquant lâaction directe (sans dĂ©lĂ©gation par des "spĂ©cialistes", les ouvriers gardant le contrĂŽle). Les collectivitĂ©s dâAragon et dâailleurs ont Ă©tĂ© la rĂ©alisation historique de la CNT hĂ©gĂ©monique (1 million dâadhĂ©rents) dans la pĂ©riode rĂ©volutionnaire de 1936-39.
II- Références idéologiques
" Les anarchistes de la CNT ", Ă©taient jusquâĂ la fin des annĂ©es 90 la dĂ©nomination la plus courante qui servait aux mĂ©dias pour nous dĂ©signer. On est passĂ© ensuite Ă " Le syndicat anarchiste CNT ". Câest bien, ça progresse, mais câest pas encore ça ! Certains commencent Ă nous appeler " anarchosyndicaliste ". On se rapproche...
1) La CNT, libertaire ?
Se rĂ©fĂ©rant Ă lâanarchosyndicalisme et au syndicalisme rĂ©volutionnaire, la CNT aujourdâhui oscille entre la reconnaissance dâun projet communiste libertaire et le refus de toute Ă©tiquette spĂ©cifiquement idĂ©ologique : pas dâorganisation politique, de quelque obĂ©dience quâelle soit, comme tutrice de lâorganisation syndicale. Une logique dâadhĂ©sion qui est basĂ©e sur lâappartenance de classe, et non les rĂ©fĂ©rences idĂ©ologiques. Mais une proximitĂ© indĂ©niable avec un certain courant du mouvement libertaire, dont la proximitĂ© sâexplique par le mode de fonctionnement. Une proximitĂ© qui, avec dâautres composantes de ce mĂȘme " mouvement ", se transforme en hostilitĂ© manifeste : lâindividualisme, de quelque obĂ©dience quâil soit, nâest guĂšre compatible avec le communisme libertaire, fondĂ© sur la reconnaissance de lâĂȘtre humain comme " animal social ".
2) Lâaction comme idĂ©ologie.
Câest dans lâaction bien plus que dans les dogmes idĂ©ologiques que la CNT se construit. Parfois accusĂ©e dâactivisme, soupçonnĂ©e dâoublier la rĂ©flexion et dâĂ©touffer les dĂ©bats internes dans un mouvement perpĂ©tuel, elle assume ces critiques en considĂ©rant la rĂ©flexion comme fruit de lâaction, lâidĂ©ologie issue de la pratique, et non lâinverse. La force de cet Ă©tat de fait, câest de permettre de rĂ©unir des militants ayant des opinions parfois diffĂ©rentes, de ne pas paralyser lâorganisation par dâinterminables querelles, comme cela est trop souvent le cas dans les groupuscules. Câest un des piliers de notre dĂ©veloppement. La faiblesse est le risque de dĂ©tournement progressif du projet rĂ©volutionnaire, soit dans une fuite en avant activiste, soit dans un ramollissement rĂ©formiste. Contre ces dĂ©rives, il sâagit de rĂ©affirmer sans relĂąche nos principes fondamentaux (autogestion, refus de la cogestion, organisation rĂ©volutionnaire de lutte de classe, indĂ©pendance Ă lâĂ©gard des partis, action directe...). Cela se fait dans les pratiques plus que dans les discours. Pour nous, la rĂ©sistance se construit au sein mĂȘme de lâancien monde. Nous refusons de demeurer entre convaincus dans une tour dâivoire, ressassant des thĂ©ories sans rĂ©alitĂ©. Alors, oui, nous avançons dans la merde. Et nous prĂ©tendons le faire sans nous y noyer.
3) Lâaction directe.
Il est rĂ©vĂ©lateur que lâun de nos principes primordiaux soit un principe dâaction, lâ" action directe ". Que faut-il entendre par ce terme ? Souvent, il est dĂ©tournĂ© de sa signification subversive, en ne renvoyant quâĂ une idĂ©e erronĂ©e de " violence ", cette mĂȘme " violence gratuite " que lâon nous attribue rĂ©guliĂšrement dans les mĂ©dias. En rĂ©alitĂ©, si une action directe peut ĂȘtre violente, le plus souvent elle ne lâest pas. Lâaction directe, câest une forme de lutte, dĂ©cidĂ©e, mise en Ćuvre et gĂ©rĂ©e directement par les personnes concernĂ©es. GrĂšves, boycott, piquets de grĂšve, occupations, sont des formes dâaction directe, celles que nous pratiquons rĂ©guliĂšrement dans notre travail syndical.
III- CNT, de 1946 Ă la rupture avec lâAIT
La CNT est nĂ©e en 1946. Elle a pris le nom de CNT en rĂ©fĂ©rence Ă la CNT espagnole, bĂ©nĂ©ficiant dâun immense prestige. Le " nationale " sâexplique ainsi, qui Ă©tait justifiĂ© dans le contexte espagnol oĂč le rĂ©gionalisme Ă©tait utilisĂ© par les forces rĂ©actionnaires et oĂč ce terme affirmait lâunitĂ© de la classe ouvriĂšre. Dans la situation française, il Ă©tait certes nettement moins pertinent, dâautant plus aujourdâhui que la rĂ©fĂ©rence espagnole sâavĂšre moins prĂ©gnante.
1) La CNT groupusculaire
BĂ©nĂ©ficiant dâun essor considĂ©rable au lendemain de la guerre (100000 adhĂ©rents environ), rĂ©unissant tous ceux qui ne se reconnaissaient pas dans une CGT infĂ©odĂ©e aux bolcheviques, malgrĂ© une prĂ©sence indĂ©niable dans certains secteurs (bĂątiment, rĂ©gion lyonnaise...) et la participation active de ses sections syndicales lors des grĂšves de 1947, elle sâest Ă©croulĂ©e aussi rapidement quâelle a grandi, semble-t-il en raison dâaffrontements idĂ©ologiques de dogmatiques Ă©pris de puretĂ©, et la concurrence avec Force OuvriĂšre. Mais cette pĂ©riode, sur laquelle des camarades travaillent actuellement, est historiquement mal connue. Puis la CNT, si elle nâa jamais disparu, a connu jusquâaux annĂ©es 90 une longue existence de groupuscule, oscillant de quelques dizaines Ă quelques centaines dâadhĂ©rents. Nâayant plus de rĂ©alitĂ© syndicale, hormis quelques expĂ©riences ponctuelles, elle sâest naturellement repliĂ©e sur des activitĂ©s propagandistes.
2) Les scissions
Elle a connu durant cette pĂ©riode deux scissions. La premiĂšre, dite de la " Tour dâAuvergne ", du nom de la rue oĂč se trouvait le local de la CNT dâalors. Elle existe toujours, sous le nom de " CNT-deuxiĂšme UR ", elle rĂ©unit une dizaine dâadhĂ©rents, et sa principale activitĂ© semble ĂȘtre lâanimation dâun site Internet (http://www.cnt-2eme-ur.org/) et la propagande anarchiste. Les origines de cette scission sont assez floues et semblent relever essentiellement de querelles personnelles.
La seconde date de 1993. Il sâagit de la CNT-AIT (http://cnt-ait.info/) : le XXe congrĂšs de lâAIT (Association internationale des travailleurs), en 1996, a en effet exclu " notre " CNT, Ă 2 voix contre une ( !) et 3 abstentions... un vote minoritaire, bien peu reprĂ©sentatif de notre logique de fonctionnement, privilĂ©giant le consensus. Une fois encore, des oppositions de personnes ont jouĂ© un rĂŽle dĂ©terminant dans cette scission. Deux lignes cependant se dessinait, qui se sont encore affirmĂ©es par la suite : dâune part, une ligne dogmatique dure, sâopposant radicalement aux Ă©lections du personnel et donc Ă la stratĂ©gie de dĂ©veloppement des sections syndicales, se repliant de fait sur une ligne propagandiste anarchiste/anarchosyndicaliste ; dâautre part, une ligne cherchant Ă dĂ©velopper un syndicalisme de lutte, acceptant la participation ponctuelle aux Ă©lections pour protĂ©ger ses sections syndicales, refusant la rĂ©fĂ©rence idĂ©ologique unique Ă lâanarchisme, dĂ©fendue par notre organisation (souvent appellĂ©e CNT Vignolles). Des distinctions Ă relativiser : il est arrivĂ© par la suite que des syndicats de la CNT-AIT se prĂ©sentent aux Ă©lections de DP et effectuent un excellent travail syndical ; ceux de la CNT ne sây prĂ©sentent par ailleurs que trĂšs ponctuellement. Soulignons enfin que, localement, lorsque les vieilles rivalitĂ©s de personnes sont absentes, dâexcellentes relations existent, ainsi quâun travail commun fructueux.
IV- CNT, de #1995 Ă aujourdâhui
Sinon un dĂ©veloppement fulgurant, la CNT a, au long des annĂ©es 90, connu un dĂ©veloppement consĂ©quent. Lors de la scission de 1993, les deux branches qui se sĂ©paraient comptaient chacune une bonne centaine dâadhĂ©rents environ, ce qui Ă©tait plutĂŽt important en regard des effectifs connus jusquâalors. Dix ans plus tard, la CNT revendique environ 5000 adhĂ©rents sur toute la France. La rĂ©gion parisienne, qui rĂ©unissait Ă lâĂ©poque une dizaine dâadhĂ©rents, en compte aujourdâhui un millier, et parvient Ă composer des cortĂšges de plusieurs milliers de personnes (7000 le premier mai 2002 - 10000 selon lâenvoyĂ© spĂ©cial de France Info). Remarquons que la mobilisation pour les initiatives purement syndicales (retraites, licenciements, etc.) sont plus laborieuses - il y a dix ans, elles Ă©taient anecdotiques !
1) La FAU et novembre-décembre #1995
Paradoxalement, câest le dĂ©veloppement dâun syndicalisme universitaire CNT, composĂ© essentiellement dâĂ©tudiants (des "travailleurs en formation" pour la CNT) lĂ©gĂšrement antĂ©rieur aux luttes contre le CIP, qui a contribuĂ© pour une bonne part au dĂ©veloppement de la CNT dans le sens dâune organisation syndicale. Dans un premier temps, lâactivisme des sections universitaires (FAU-Formation action universitaire) a popularisĂ© la CNT et a contribuĂ© Ă la faire apparaĂźtre publiquement. Les grĂšves de novembre-dĂ©cembre 1995 ont Ă cet Ă©gard Ă©tĂ© dĂ©cisives. BasĂ©e sur ses quelques secteurs dâimplantation syndicale (PTT, Nettoyage, Education, SantĂ©-Social, militants isolĂ©s dans dâautres secteurs, etc.), bĂ©nĂ©ficiant de lâactivisme tous azimuts des Ă©tudiants, la CNT en peu de temps est apparue publiquement comme une organisation ayant un poids social indĂ©niable. Loin dâĂȘtre Ă©phĂ©mĂšres, ces sections universitaires se sont pĂ©rennisĂ©es, avec des hauts et des bas, Ă©tendues dans de nombreux campus, et les militants qui en Ă©taient issus sont venus en grand nombre renforcer les syndicats existants, voire en crĂ©er de nouveaux, dans toute la France. La fin des annĂ©es 90 a ainsi vu le renforcement des structures de la CNT.
2) Des apparitions publiques de masse
JusquâĂ mai 2000, qui a Ă©tĂ© lâĂ©vĂ©nement public symbolisant, en France, le renouveau de lâanarchosyndicalisme et du syndicalisme rĂ©volutionnaire. Durant une semaine, des concerts (dont Noir DĂ©sir), des dĂ©bats publics, des confĂ©rences, des projections, des expositions, des piĂšces de thĂ©Ăątre, se sont inscrits dans un festival baptisĂ© " Un autre futur ", organisĂ© par la CNT. Divers livres, brochures et journaux furent publiĂ©s Ă lâoccasion. Avec 5000 personnes dans la rue, le premier mai fut cette annĂ©e-lĂ rouge et noir, avec le plus grand cortĂšge depuis des dĂ©cennies, composĂ© de camarades venant de toute la France, de dĂ©lĂ©gations du monde entier. Dâautres apparitions publiques ont depuis confirmĂ© cette renaissance, en particulier les 10000 manifestants de Göteborg, qui, sous les drapeaux de la SAC, de la FAU, de la CGT-E et de la CNT-F, dĂ©filĂšrent en juin 2000 lors du contre-sommet europĂ©en.
3) Implantation syndicale et front social
Ces derniĂšres annĂ©es, la CNT a poursuivi cette Ă©volution. Non sans heurts, elle continue sa mue, de groupuscule de propagande en organisation syndicale. Sur le champ politique, elle est prĂ©sente sur tous les fronts : lutte contre la guerre, antifascisme, antisexisme, lutte contre les lois rĂ©pressives, mobilisation sur les sommets internationaux, soutien aux sans-papiers... Sur le champ syndical, elle Ă©largit son implantation, la nouveautĂ© de ces derniĂšres annĂ©es Ă©tant le dĂ©veloppement de contacts avec des syndicalistes de la CFDT ou de la CGT, sur des pratiques de lutte de classe. Lâimage de violence, lâĂ©tiquette dâ" anarchiste ", sâestompent peu Ă peu, au fil des pratiques communes lors des luttes au quotidien. les rapports avec les hiĂ©rarchies syndicales, en revanche, sont plus mauvais que jamais. De la CGT qui, en mai 2001, demande Ă la police de nous empĂȘcher de manifester, Ă lâintersyndicale CGT-CFDT-FO qui, en mai 2002, appelaient Ă un cortĂšge " unitaire "... sans nous ! la tension sâaccentue. Le dernier congrĂšs de la CGT, accentuant nettement la " cĂ©dĂ©tisation " (CFDT) de la confĂ©dĂ©ration, ne va pas manquer dâaccentuer encore ces tensions, rĂ©vĂ©latrices de la peur de se faire dĂ©border.
4) La question des Ă©lections professionnelles.
Cette question, comme nous lâavons vu, sâest trouvĂ©e au cĆur de la scission de 1993. Le problĂšme qui sâest posĂ© Ă nous Ă©tait simple. Soit nous maintenions des principes inflexibles de refus de participation Ă ces Ă©lections (en particulier parce que les Ă©lus ne sont pas rĂ©vocables), mais nous renoncions de fait Ă la possibilitĂ© de crĂ©er des sections syndicales (sans DP, il est pratiquement impossible dâacquĂ©rir la reprĂ©sentativitĂ©, sans reprĂ©sentativitĂ© il est impossible dâancrer une section syndicale en raison de la rĂ©pression patronale). Câest ce choix qui a Ă©tĂ© fait par la CNT-AIT. Soit nous nous rĂ©servions la possibilitĂ© dây participer, cela autorisait une stratĂ©gie de dĂ©veloppement de sections syndicales et de construction dâun syndicat de masse, tout en nĂ©cessitant une vigilance particuliĂšre. La CNT a fait ce dernier choix, elle sâest dotĂ©e dâune commission chargĂ©e de recueillir les bilans dâexpĂ©riences menĂ©es, qui sont diffusĂ©s Ă lâensemble des syndicats, afin que les dĂ©cisions puissent se faire en connaissance de cause et non selon des principes thĂ©oriques. Le sujet est encore dĂ©battu. Nous travaillons Ă la dĂ©finition des modalitĂ©s de prĂ©sentations, des types dâĂ©lections auxquelles il est possible de se prĂ©senter, des moyens de contrĂŽle permettant dâĂ©viter les dĂ©rives cogestionnaires. Entre le groupuscule et lâorganisation syndicale, la CNT cherche sa voie propre.
5) Printemps 2003 : enracinement de la CNT.
MĂȘme sâil est encore trop tĂŽt pour en tirer un bilan complet, le large mouvement social du printemps 2003 a rĂ©vĂ©lĂ© lâimmense chemin parcouru par la CNT depuis novembre-dĂ©cembre 1995. Nous Ă©mergions alors Ă peine, et câest seulement dans les universitĂ©s que nous avons participĂ© au mouvement de maniĂšre dĂ©cisive. Nous Ă©tions prĂ©sents sur dâautres fronts, mais surtout de lâextĂ©rieur. Le mouvement du printemps 2003 a dĂ©marrĂ© sur la fronde de lâEducation nationale, qui durait dĂ©jĂ depuis plusieurs mois. La lutte des emplois-jeunes et des surveillants, dans laquelle nous avons eu un rĂŽle central dans plusieurs rĂ©gions, a dĂ©butĂ© dĂšs la rentrĂ©e scolaire 2002. Le dĂ©veloppement du puissant mouvement de lâEducation nationale, initiĂ© dĂšs avril, voire mars, sâest fondĂ© sur les assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales dâĂ©tablissements en lutte et sur la recherche dâune convergence interprofessionnelle, dĂšs mai. LĂ encore, notre rĂŽle fut essentiel dans plusieurs rĂ©gions, grĂące Ă notre implantation construite ces derniĂšres annĂ©es, dans la foulĂ©e de 1995.Dans la culture, câest Ă©galement lĂ oĂč nous Ă©tions le mieux implantĂ© (BNF, La Villette, la CinĂ©mathĂšque...) que la participation au mouvement a Ă©tĂ© la plus forte. Les camarades du spectacle (en particulier intermittents) ont menĂ© des actions dĂ©terminantes, liĂ©es Ă la renĂ©gociations des annexes 8 et 10 (indemnisation chĂŽmage). Mais il nâest pas lâobjet ici de faire un catalogue : la rĂ©vĂ©lation essentielle est que nous existons rĂ©ellement maintenant comme syndicat, dans de nombreuses branches. Que notre prĂ©sence dans dâautres branches, oĂč nous ne sommes pas encore suffisamment influents, nous a au moins permis de propager largement lâinformation sur le mouvement et notre perspective propre (commerce, presse, mĂ©tallurgie...). Et que, lĂ oĂč nous avons jouĂ© un rĂŽle essentiel, le principe dâorganisation Ă©tait lâassemblĂ©e gĂ©nĂ©rale souveraine des travailleurs, lâĂ©largissement et la convergence des luttes. Ce qui sâest fait le plus souvent dans de trĂšs bonnes conditions avec la base dâautres syndicats, et dâexĂ©crables relations avec les bureaucraties, dont lâobjectif a, semble-t-il, Ă©tĂ© de freiner le plus possible lâextension du mouvement pour en garder le contrĂŽle absolu.
V- Organisation de la CNT
Le mode de fonctionnement de la CNT correspond Ă la maniĂšre dont nous prĂ©tendons que la sociĂ©tĂ© dans son ensemble peut ĂȘtre gĂ©rĂ©e. DĂ©cisions par la base, mandats impĂ©ratifs, rotation des tĂąches... Câest pas toujours facile, mais ça sâapprend par la pratique !
1) Le syndicat, structure de base
Les prises de dĂ©cisions sont effectuĂ©es au niveau des syndicats, qui constituent la base dĂ©cisionnelle de la CNT. La CNT est conçue comme une confĂ©dĂ©ration libre de ces syndicats. Le principe fondamental, dans la CNT, est le mĂȘme au niveau local que dans la perspective rĂ©volutionnaire : ce sont aux prolĂ©taires de travailler Ă leur Ă©mancipation, ce sont aux travailleurs concernĂ©s de prendre les dĂ©cisions les concernant, tant que le pacte confĂ©dĂ©ral est respectĂ©. Ainsi, les sections dâentreprise affiliĂ©es Ă un syndicat bĂ©nĂ©ficient Ă©galement dâune autonomie de dĂ©cision, toujours dans la mesure oĂč les principes gĂ©nĂ©raux du syndicat et de la confĂ©dĂ©ration sont respectĂ©s.Le syndicat est un syndicat dâindustrie : en clair, câest un syndicat interprofessionnel rĂ©unissant les diffĂ©rentes catĂ©gories de personnel travaillant dans une mĂȘme industrie. La section dâentreprise est Ă©galement interprofessionnelle. Ce principe est parfois difficile Ă concilier avec la rĂ©alitĂ© des formes dâexploitation : ainsi, dans le nettoyage, les travailleurs peuvent changer rĂ©guliĂšrement de chantier et ne sont pas forcĂ©ment attachĂ©s Ă une industrie, encore moins Ă une entreprise. Ces formes se dĂ©veloppent, les liens existant entre les diffĂ©rentes catĂ©gories de salariĂ©s sont rompus entre autre grĂące au recours massif Ă la sous-traitance et aux externalisations. Des formes de structuration sont Ă trouver pour Ă©viter le piĂšge corporatiste, qui favorise lâisolement et la concurrence entre mĂ©tiers au profit du patronat, sans ignorer la rĂ©alitĂ©.
2) Les structures de coordination
Il existe environ 200 syndicats confĂ©dĂ©rĂ©s dans la CNT aujourdâhui. Le bureau confĂ©dĂ©ral assure le lien entre les congrĂšs (tous les deux ans). Sa charge est uniquement technique, il veille au fonctionnement courant de la confĂ©dĂ©ration, Ă la circulation de lâinformation en interne et avec lâextĂ©rieur. Il applique les dĂ©cisions du congrĂšs, il organise le CCN (ComitĂ© confĂ©dĂ©ral national).Les syndicats sont par ailleurs Ă©galement regroupĂ©s en UR (unions rĂ©gionales), ainsi quâen UD et UL (unions dĂ©partementales et unions locales). Ce sont les unions rĂ©gionales qui se rĂ©unissent tous les six mois en CCN, elles veillent Ă lâapplication des dĂ©cisions de congrĂšs, contrĂŽlent les mandatĂ©s confĂ©dĂ©raux, prennent les dĂ©cisions techniques qui sâimposent, assurent le suivi des campagnes confĂ©dĂ©rales.Les syndicats sont enfin rĂ©unis en fĂ©dĂ©rations dâindustrie, lorsquâils sont suffisamment nombreux. Il en existe six Ă ce jour : Education, PTT, BĂątiment-Travaux Publics, Communication culture spectacle, SantĂ©-social et Terre-Environnement. La fĂ©dĂ©ration dâindustrie nâa quâun rĂŽle technique de coordination.
3) Lâinternational, une prioritĂ©
Au sein du bureau confĂ©dĂ©ral, le secrĂ©tariat international, composĂ© dâune quinzaine de camarades, travaille Ă dĂ©velopper les contacts internationaux, Ă coordonner les actions internationales, Ă mettre en rapport les syndicats de la CNT avec des structures Ă©quivalentes afin de concrĂ©tiser une rĂ©elle dynamique internationale issue de la base.Câest lors de notre congrĂšs de 2001 que nous avons finalement dĂ©cidĂ© de renoncer Ă la rĂ©fĂ©rence Ă lâAssociation internationale des travailleurs. MalgrĂ© notre exclusion en 1996, nous avions en effet conservĂ© cette rĂ©fĂ©rence Ă lâInternationale. Cependant, bien que nous nous rĂ©clamions toujours des principes de lâAIT, il fallait admettre que cela ne correspondait plus Ă rien, dans la rĂ©alitĂ©. Dâune part, lâAIT nâĂ©tait composĂ©e que de sections nationales dogmatiques et moribondes (Ă lâexception de lâItalie et de certains syndicats espagnols), et nâavait aucune rĂ©alitĂ© sur la scĂšne internationale. Dâautre part, nous-mĂȘmes avions constituĂ© un rĂ©seau international dynamique qui avait marquĂ© la renaissance de lâinternationalisme rouge et noir, avec des luttes syndicales menĂ©es au niveau international, avec dâimportants cortĂšges composĂ©s principalement, en plus de la CNT, des IWW, de la SAC suĂ©doise, de la CGT espagnole et de la FAU allemande (Amsterdam 1998, Köln 1999, Paris en mai 2000, Göteborg en 2001, SĂ©ville en 2002). Des rencontres syndicalistes internationales (San Francisco 1999, Göteborg 2001, Essen 2002, SĂ©ville 2003) nous ont Ă©galement permis de nouer des contacts avec des organisations pratiquant le syndicalisme rĂ©volutionnaire de tous les continents, ces rencontres ont dĂ©bouchĂ© sur de nombreuses actions de solidaritĂ© internationales (tout particuliĂšrement avec lâArgentine, depuis lâannĂ©e derniĂšre).Dans le cadre du G8 dâEvian, la CNT a Ă©tĂ© prĂ©sente avec des dĂ©lĂ©gations internationales. Elle a participĂ© Ă trois initiatives : le Village anticapitaliste (VAAAG), la CLAAAC (coordination des luttes anti-autoritaires) et les forums des luttes sociales.
4) Les commissions
La CNT se dote de commissions. Emanations des syndicats, elles peuvent ĂȘtre interne Ă lâun dâentre eux, ou sâĂ©largir jusquâau niveau confĂ©dĂ©ral. Elles nâont souvent quâune existence ponctuelle en rapport avec lâactualitĂ©. Quelques commissions parviennent cependant Ă se pĂ©renniser : la commission femmes est la plus ancienne, elle est mixte et travaille sur le sexisme et les rapports entre sexes ; la commission prison ; la commission juridique, qui se met en place afin de rĂ©pondre mieux aux besoins croissant des syndicats, particuliĂšrement pour les procĂšs en reprĂ©sentativitĂ© Ă lâoccasion des crĂ©ations de sections dâentreprise ; mais il y a aussi une commission prison, antimilitariste, etc...
Bon, alors, câest quoi, la CNT ?!
Alors, la CNT, câest quoi ? Une organisation qui a hĂ©ritĂ© dâune histoire riche, enracinĂ©e dans le mouvement ouvrier, mais qui se construit avant tout dans le prĂ©sent, dans les luttes auxquelles elle participe, quâelle impulse parfois. Une organisation encore bien proche du groupuscule dans le champ syndical, bien marginale face aux confĂ©dĂ©rations reprĂ©sentatives, mais qui Ă©largit son audience, son influence, et qui retrouve sur le terrain des pratiques de nombreux syndicalistes appartenant Ă dâautres organisations. Une organisation qui refuse les Ă©tiquettes idĂ©ologiques, les dogmatismes paralysants, toute asservissement Ă un parti politique, mais qui inclut dans son champs dâaction des luttes Ă©minemment politiques, rĂ©vĂ©latrices dâun projet de sociĂ©tĂ©, dâune autre forme dâorganisation sociale. La CNT a une grande ambition, lâĂ©mancipation des travailleurs, lâabolition des classes, lâĂ©galitĂ© et la justice sociale, la gestion de la sociĂ©tĂ© par les producteurs. Si la CNT dĂ©ploie beaucoup dâĂ©nergie, câest pour construire ce rĂȘve, lâancrer dans la rĂ©alitĂ© des luttes, le faire partager par tous ceux qui, un jour, mettront Ă bas le vieux monde. Vive la RĂ©volution sociale !
"LâĂ©mancipation des travailleurs, sera lâĆuvre des travailleurs eux-mĂȘmes !
tout cela me rappel beaucoup un texte d'un Anarchiste Italien #Errico-Malatesta : Le gradualisme révolutionnaire
Et, pour finir, un Syndicat CNT (Interpro) est en "Germination" ActuĂšlement dans le #Lot #46 et aimerai ĂȘtre present dans la rue, les luttes a venir, les entreprises, LycĂ©es .... donc si cela vous interesse, surveillĂ© Diaspora, nous vous donnerons, plus de dĂ©tails et, venez si vous le souhaitez grossir nos rangs, qui pour l'instant comporte 3 personnes moi inclus et peut ĂȘtre 4 en attendant sa rĂ©ponse
(je suis dispo sur ce fil, ou je préfÚre en MP, avant de créer une adresse mail certainement su riseup, mais nous en sommes, qu'aux balbutiment et, au tout debut, de ce beau projet
que crÚve ce monde et vive la révolution socoial
#ConfédératiopnNationaleduTravail #SyndicalismeRévolutionaire #AnarchoSyndicalisme #CommunismeLibertaire #AutoGestion #démocratieDirect #ActionDirect
Ping a @alexandrehedan@diasp.org @rancol@diaspora-fr.org @paco146@diaspora.psyco.fr (si tu peu transmettre ce post a Pasqual ?
et comme a tout les "vraie" camarades comme @wazoox@diasp.eu @anne_har@diaspora.psyco.fr @mlah@diaspora.psyco.fr @kristall@diaspora-fr.org @kindofblue53@diaspora-fr.org @flaccide@friendica.me @erdu@diasp.org @dandauge@fedi.thechangebook.org si vous pouvez relayez ce projet ? ca nous aiderait a faire germer cette jolie graine ;)
et a tous - toutes les autres que j'ai certainement oublié
merci a vous, si vous pouvez nous aidez :-)